Abbé Pierre
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Abbé PierreL’abbé Pierre photographié en 1999 par le Studio Harcourt.
Fonction Député français
Meurthe-et-Moselle-
Biographie Naissance Décès Sépulture Nom dans la langue maternelle Henry GrouèsNom de naissance Marie Joseph Henry GrouèsSurnoms Castor méditatif, Le père, l'Abbé PierreNationalité Formation Activités Prêtre catholique (à partir du ), homme politique, résistant, aumônier catholique militairePériode d'activité -
Autres informations Nom en religion Frère PhilippeOrdre religieux Parti politique Membre de Conflit Personne liée Distinctions Liste détailléeMédaille de la Résistance ()
Croix du combattant volontaire de la Résistance ()
Médaille de la résistance armée ()
Grand prix de l'Académie des sciences morales et politiques ()
Prix Balzan ()
Grand officier de l'Ordre national du Québec ()
Grand-croix de la Légion d'honneur ()
Médaille commémorative de la guerre 1939-1945
Officier de l'ordre national du Cèdre
Croix de guerre 1939-1945
Médaille des Évadés
Docteur honoris causa de l'Université LavalArchives conservées par Henry Grouès, dit l’« abbé Pierre », né le à Lyon 4e et mort le à Paris 5e, est un prêtre catholique français.
Vicaire du diocèse de Grenoble en 1939, il est mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale, puis résistant. Il est passeur de familles juives, puis maquisard. À la Libération, il est élu député de Meurthe-et-Moselle sous l'étiquette du Mouvement républicain populaire.
Il est connu pour être le cofondateur du mouvement Emmaüs, une organisation non confessionnelle de lutte contre l'exclusion comprenant la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés et de nombreuses autres associations, fondations et entreprises de l'économie sociale et solidaire en France.
Un rapport commandé par Emmaüs International a révélé en juillet 2024 que l'abbé Pierre aurait commis des agressions sexuelles sur des femmes entre la fin des années 1970 et 2005. Des faits plus anciens, jusque dans les années 1950, ont aussi été rapportés par la presse et par un second rapport, qui fait également état de violences sexuelles, y compris sur des mineures.
Biographie
Abbé Pierre
Marie Joseph Henry Grouès[1] naît le au domicile de ses parents, petite-rue des Gloriettes[note 1] à Lyon (4e)[2]. Il est issu d'une famille aisée de la bourgeoisie catholique lyonnaise de négociants en soie, originaire, du côté paternel, du hameau de Fouillouse à Saint-Paul-sur-Ubaye et de Tarare dans le Rhône du côté maternel. Il est le cinquième de huit enfants. Il est baptisé à l'église Saint-Eucher de Lyon, dans le 4e arrondissement. Il passe son enfance à Irigny, une commune au sud-ouest de Lyon. Dès l'âge de six ans, il suit son père chaque dimanche pour s'occuper des sans-abris et des mendiants aux alentours du quai Rambaud[3]. À douze ans, il accompagne son père à la confrérie séculaire des hospitaliers veilleurs où, le dimanche, les bourgeois se font coiffeurs barbiers pour les pauvres.
Élève des Jésuites à l'internat Saint-Joseph (actuel lycée Saint-Marc), il est scout de France : il reçoit le totem de « Castor méditatif ». Il se lie alors d'amitié avec François Garbit[4]. Il connaît, à cette époque ce qu'il appelle des « illuminations » qui orientent sa vie. En 1928 à seize ans, à l'occasion d'un pèlerinage de Rome, il est frappé d'un « coup de foudre avec Dieu » selon ses propres mots, à la suite duquel il souhaite entrer chez les franciscains[5]. Selon une autre version avancée par son biographe Bernard Violet, c'est à cet âge qu'il tombe follement amoureux d'un condisciple. Cette passion homosexuelle qu'il cherche à réfréner par des mortifications est en partie la cause de sa décision d'entrer dans la vie religieuse[6].
Entrée dans les ordres
En 1931, il fait sa profession religieuse chez les capucins. Par vœu de pauvreté, il renonce à sa part du patrimoine familial et donne tout ce qu'il possède à des œuvres caritatives. En religion, il devient frère Philippe. En 1932, il termine sa période de noviciat et est assigné au couvent des Capucins de Crest dans la Drôme[7].
Le , Henry Grouès est ordonné diacre par Camille Pic, évêque de Valence, dans la chapelle du Grand Séminaire qui abrite aujourd'hui le lycée privé catholique Montplaisir.
Il est ordonné prêtre catholique le dans la chapelle de son ancien collège, le lycée Saint-Marc de Lyon, en même temps que le jésuite Jean Daniélou, futur cardinal. En accord avec ses supérieurs, il quitte l'ordre des Capucins le et intègre le diocèse de Grenoble où il est incardiné le et nommé le suivant vicaire à la basilique Saint-Joseph de Grenoble par l'évêque Alexandre Caillot[8].
Seconde Guerre mondiale
Il est mobilisé comme sous-officier dans un régiment du train des équipages, en , au début de la Seconde Guerre mondiale. Souffrant de pleurésie, il passe la totalité de la drôle de guerre à l'hôpital. En , il est nommé aumônier de l'hôpital de La Mure (Isère) puis de l'orphelinat de La Côte-Saint-André[9].
Selon sa biographie officielle issue des archives du ministère de la Défense nationale[10], « vicaire à la cathédrale Notre-Dame de Grenoble[11], [il] recueille des enfants juifs dont les familles sont arrêtées lors des rafles des Juifs étrangers en zone sud, en »[note 2][source insuffisante].
En , il fait passer en Suisse le plus jeune frère du général de Gaulle, Jacques de Gaulle, ainsi que son épouse qu’il confie au réseau de l’abbé Marius Jolivet, curé de Collonges-sous-Salève[12]. Il participe à la création de maquis, dont il est l'un des chefs, dans le massif du Vercors et dans le massif de la Chartreuse. C’est à cette époque qu’il rencontre Lucie Coutaz, qui le cache sous un faux nom et devient sa secrétaire particulière jusqu'à son décès en 1982. Elle est considérée comme la cofondatrice du mouvement Emmaüs.
Il aide les réfractaires au service du travail obligatoire. Dans la clandestinité, il adopte le nom d'abbé Pierre, qu'il garde jusqu'à la fin de sa vie. En 1944, il est arrêté par l'armée allemande à Cambo-les-Bains, dans les Pyrénées-Atlantiques. Relâché, il passe en Espagne et rejoint par Gibraltar le général de Gaulle à Alger en Algérie française[13]. Il devient aumônier de la Marine sur le cuirassé Jean Bart à Casablanca (Maroc). Toute sa vie il gardera sa croix d'aumônier de la marine sur la poitrine.
À la Libération de la France, ses actions dans la Résistance lui valent la croix de guerre 1939-1945 avec palme.
Parcours politique
Henri Grouès
Henri Grouès en 1955Fonctions Député français –
(5 ans, 7 mois et 27 jours)Élection 21 octobre 1945 Réélection 2 juin 1946
10 novembre 1946Circonscription Meurthe-et-Moselle Législature Ire Constituante
IIe Constituante
Ire et IIe (Quatrième République)Groupe politique MRP (1945-1950)
Gauche indépendante (1950-1951)Biographie Parti politique MRP (1946-1950)
JR (1950-1951)modifier Après la guerre, sur les conseils de l’entourage du général de Gaulle et avec l’approbation de l'archevêque de Paris, il se présente aux élections législatives et est élu par trois fois député en Meurthe-et-Moselle comme indépendant apparenté au Mouvement républicain populaire (MRP) : le 21 octobre 1945 puis le 2 juin 1946, dans les deux assemblées nationales constituantes successives ; puis à l'Assemblée nationale, de 1946 à 1951, où il siège d’abord au sein du groupe MRP[14]. Sa profession de foi politique soutient un programme dit de troisième force (« ni capitaliste, ni collectiviste »)[15]. Il siège sous le nom de Grouès (M. l'abbé Pierre) puis, à partir du , est enregistré au nom de Pierre-Grouès (M. l'abbé)[16].
L'abbé Pierre déconcerte vite son parti politique par ses prises de position de gauche[17]. Pacifiste convaincu, il contribue à la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme de 1948, se bat contre la peine de mort, la guerre et l'arme nucléaire, tout en militant pour la reconnaissance et la protection de l’objection de conscience[18]. Déjà, il se bat pour le droit au logement : « Il existe une misère extrême. C'est là que doit porter notre effort d'abord », défend-il[17].
Le , il fonde le groupe parlementaire fédéraliste français avec 80 autres députés[19]. Il participe ensuite au Congrès de Montreux des - à la fondation du mouvement fédéraliste mondial[20]. Il en devient le vice-président. Avec Albert Camus et André Gide, il fonde en 1948 le comité de soutien à Garry Davis, fondateur des Citoyens du Monde. En 1966, il lance avec des personnalités internationales un appel à s'inscrire dans le registre international des citoyens du monde[21].
Il se désolidarise de son parti politique après l'incident sanglant de Brest, en , qui provoque la mort d'un ouvrier, Édouard Mazé. Dans sa lettre de démission du , Pourquoi je quitte le MRP, il dénonce les positions politiques et sociales du mouvement. Il rejoint ensuite la Ligue de la Jeune République, mouvement chrétien socialiste, ainsi que le groupe de la Gauche indépendante[14].
Il se présente aux élections législatives de 1951, à la tête d’une liste de Défense des intérêts démocratiques et populaires, sans le soutien du MRP ni celui de la hiérarchie catholique. Il n'est pas réélu[14].
L'abbé Pierre retourne à sa vocation première de prêtre-aumônier et s'investit, avec sa petite rente d’ex-député, dans ses actions caritatives. Il dit plus tard qu'il est plus intéressant d'être « ex-député » que député[22]. Il participe néanmoins à certaines campagnes, en parrainant par exemple, lors de la guerre d'Algérie, le Comité pour la défense du droit à l'objection de conscience créé par Louis Lecoin, aux côtés d'André Breton, Albert Camus, Jean Cocteau et Jean Giono. Ce comité obtient un statut, restreint, en pour les objecteurs.
Fondation d'Emmaüs
Il fonde en 1949 le mouvement Emmaüs (en référence à Emmaüs, village de Judée apparaissant dans un épisode du dernier chapitre de l'Évangile selon Luc). Ce mouvement est une organisation laïque de lutte contre l'exclusion. Il commence ainsi dès l'été 1949 par fonder la communauté Emmaüs de Neuilly-Plaisance, au 38 avenue Paul-Doumer, au départ une auberge de jeunesse[23].
La rencontre avec un certain George, homme désespéré qui a perdu toute raison de vivre, et à qui l'abbé Pierre demande « Viens m'aider à aider », marque le véritable acte fondateur du mouvement Emmaüs[24].
Les communautés Emmaüs se financent par la vente de matériel et d'objets de récupération et construisent des logements[25] : « Emmaüs, c'est un peu la brouette, les pelles et les pioches avant les bannières. Une espèce de carburant social à base de récupération d'hommes broyés[26]. »
Non réélu en 1951 en raison du système des apparentements, il perd ses 12 000 francs d'indemnités de député et est réduit à mendier ou à vendre des publications à la dérobée pour subvenir aux besoins d'Emmaüs. Dans le même temps, les compagnons d'Emmaüs systématisent la chine qui est complétée à partir de par la « biffe sur le tas »[27].
Le , il participe au jeu Quitte ou double animé par Zappy Max sur Radio Luxembourg pour alimenter financièrement son combat, où il gagne 256 000 francs de l'époque[28] (somme représentant environ 6 000 € en 2022[29]).
En 1954, il reçoit sa fameuse cape de la part du lieutenant-colonel Sarniguet, pompier de Paris, qu'il porte jusqu'à la fin de sa vie. Il considère ce don comme un simple prêt et la restitue à sa mort à la brigade de sapeurs-pompiers de Paris par disposition testamentaire[30],[31].
Hiver 1954 : l'insurrection de la bonté
La notoriété de l’abbé Pierre croît à partir de l'hiver de 1954, particulièrement froid et meurtrier pour les sans-abri. Il lance le un appel mémorable sur les antennes de Radio-Luxembourg (future RTL)[32], qui devient célèbre sous le nom d'« Appel de l'abbé Pierre ».
Le lendemain, la presse titre sur « l’insurrection de la bonté ». L’appel rapporte 500 millions de francs[note 3] en dons (dont deux millions par Charlie Chaplin qui dit à cette occasion : « Je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j'ai été et que j'ai incarné. »)[33], une somme considérable pour l’époque et totalement inattendue. Des appels et des courriers submergent le standard téléphonique de la radio. Les dons en nature atteignent un tel volume qu’il faut des semaines pour simplement les trier, les répartir et trouver des dépôts pour les stocker convenablement un peu partout en France.
Avec l'argent rassemblé, l'abbé Pierre fait construire des cités d'urgence, dont celle de Noisy-le-Grand, qui évoque un bidonville car elle s'inspire du projet de l'architecte américain Martin Wagner : les bâtiments sont en forme de demi-bidon métallique[34],[35]
Son appel a aussi des conséquences politiques. Des crédits pour les logements d’urgence sont votées et, en 1956, une loi interdit les expulsions locatives pendant la trêve hivernale[36].
Développement d'Emmaüs
L’appel de 1954 attire des bénévoles de toute la France pour aider à la redistribution des dons, mais aussi fonder les premiers groupes se réclamant de l'appel de l'abbé Pierre. Rapidement, ce dernier doit organiser cet élan inespéré de générosité. Aussi, , il fonde l'association Emmaüs, avec pour objectif le regroupement de l'ensemble des communautés Emmaüs. L'association se concentre sur la gestion des centres d'hébergement et d'accueil Emmaüs de Paris et sa région.
À l'époque, ces communautés construisent des logements pour les sans-abri, et les accueillent en leur procurant non seulement le toit et le couvert en situation d’urgence mais aussi un travail digne. Nombre de compagnons d’Emmaüs seront ainsi d’anciens sans-abri, de tous âges, genres et origines sociales, sauvés de la déchéance sociale ou parfois d’une mort certaine et rétablis dans leurs droits fondamentaux, par les communautés issues de cet élan de générosité à qui ils retournent leurs remerciements par leur propre engagement caritatif.
Le mouvement Emmaüs se développe ensuite rapidement dans le monde entier, au gré des voyages de l'abbé Pierre, principalement en France et en Amérique latine.
En 1963, l'abbé Pierre est victime d'un naufrage dans le Río de la Plata (Argentine). Il prend alors conscience que sa mort signifierait la disparition du seul lien entre les groupes Emmaüs du monde, et potentiellement la disparition du mouvement. C'est donc à la suite de cet événement que l'abbé Pierre décide de préparer la fondation d'Emmaüs International, qui voit le jour en 1971.
Ainsi, d'abord très désorganisé et très spontané, le mouvement Emmaüs se structure progressivement jusqu'à acquérir sa forme actuelle. En 1985 est créée l'association Emmaüs France, qui regroupe alors tous les groupes Emmaüs français, alors que l'association Emmaüs se focalise sur Paris et ne joue plus son rôle initial de fédération.
En 1988, l'abbé Pierre crée avec son ami Raymond Étienne la Fondation Abbé-Pierre, chargée de poursuivre son combat. Reconnue d'utilité publique en 1992, la Fondation Abbé-Pierre a pour objet la lutte contre le mal-logement.
Rôle au sein d'Emmaüs
L'abbé Pierre est, avec sa secrétaire Lucie Coutaz, à l'origine d'Emmaüs. Cependant, il n'en a jamais été un dirigeant opérationnel. Peu porté par tempérament sur les questions d'organisation, il préfère initier et mener à bien de nouveaux projets, plutôt que gérer les structures existantes[37].
Il marque ainsi à plusieurs reprises son opposition à la création de l'Union centrale de communautés Emmaüs, qui en 1958 se donne pour but de professionnaliser la gestion des communautés Emmaüs, ne souhaitant pas qu'on donne une « trop rigide définition de tout »[37].
Conscient malgré tout de la nécessité d'une telle structuration, l'abbé Pierre encourage la fondation d'Emmaüs International en 1971.
Mort
L’abbé Pierre meurt le , à l'âge de 94 ans, à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, des suites d’une infection pulmonaire consécutive à une bronchite[38],[39].
Hommages
L’ensemble de la classe politique française ne tarit pas d’éloges et reconnaît le travail réalisé par l’abbé Pierre, notamment le président de la République Jacques Chirac, le Premier ministre Dominique de Villepin, la candidate socialiste Ségolène Royal et le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy. De très nombreuses associations et fondations françaises ou internationales qui ont milité avec l’abbé Pierre dans des causes communes en faveur des plus démunis lui rendent le jour même un vibrant hommage par des communiqués officiels.
L’ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing demande que soient célébrées des obsèques nationales en son honneur. Une journée de deuil national est même envisagée. Conformément aux souhaits de la Fondation Abbé-Pierre et de la famille, c’est la première option qui est retenue[réf. nécessaire].
Une chapelle ardente est ouverte à tous, les et , toute la journée, à l'église du Val-de-Grâce à Paris, où son cercueil simplement surmonté de sa canne et de son béret est exposé aux remerciements du public. Un hommage populaire à l’abbé Pierre est organisé par le mouvement Emmaüs le au palais omnisports de Paris-Bercy, de 19 heures à 23 heures[40]. Des livres d’or collectent les hommages populaires à Paris, Metz et dans plusieurs communautés Emmaüs du sud de la France. Face aux demandes, d’autres communautés Emmaüs en France ou dans le monde recueillent aussi les hommages du public.
À Lyon, sa ville de naissance, une messe commémorative est dite[Quand ?] par l'archevêque de Lyon et primat des Gaules, le cardinal Philippe Barbarin en la primatiale Saint-Jean.
Obsèques
À la suite de la demande de la famille, les drapeaux français ne sont pas mis en berne lors de l’hommage national. Les obsèques se déroulent le à 11 heures dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence de la famille, de nombreux membres du mouvement Emmaüs. Des personnalités politiques de tous bords sont présentes, comme Jacques Chirac, Valéry Giscard d'Estaing, Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, Bertrand Delanoë, Jack Lang, et François Bayrou, ainsi que plusieurs ministres[41].
Durant la cérémonie sont aussi présents le président du Conseil français du culte musulman Dalil Boubakeur, un dignitaire orthodoxe et un moine bouddhiste[41] qui lui remettent symboliquement des cadeaux placés sur son cercueil, posé à même le sol. Le cortège funéraire est applaudi par le public dans la cathédrale et à l'extérieur[42].
Son cercueil est transféré vers le village d’Esteville dans la Seine-Maritime, à « La Halte d’Emmaüs » (maison de repos, foyer de vacances pour personnes âgées, principalement du mouvement Emmaüs) où l’abbé Pierre a résidé pendant plusieurs années, et où se trouve désormais un lieu de mémoire, le centre abbé Pierre Emmaüs, propriété de la Fondation Abbé-Pierre[43]. Son enterrement se déroule dans la plus stricte intimité[44].
Plusieurs personnalités politiques se prononcent en faveur d'un transfert de sa tombe au Panthéon, contre le souhait de l’abbé[45][source insuffisante].
Rencontres et actions internationales
Rencontres avec les représentants de l'Église catholique
L’abbé Pierre a rencontré au cours de sa vie les papes Pie XI, Pie XII, Jean XXIII et à plusieurs reprises Jean-Paul II ; trop fatigué pour voyager, il n’a pas pu rencontrer directement le nouveau pape de l'époque Benoît XVI, mais il a noué des contacts épistolaires.
Autres rencontres et actions internationales
Il a rencontré des personnalités éminentes du monde scientifique, politique et religieux :
- 1944 : le général de Gaulle à Alger en Algérie française, après son arrestation par l’armée allemande et son évasion via l’Espagne.
- 1945 : le père Teilhard de Chardin et le philosophe Nicolas Berdiaev, chez lui, deux hommes que l’abbé Pierre tentera vainement de concilier et de faire se comprendre l'un l'autre.
- 1948 : Albert Einstein à l’université de Princeton aux États-Unis, pour discuter avec lui des « trois explosions atomiques » et appeler avec lui de ses vœux à la fondation d’un mouvement international pour le désarmement et la paix dans le monde.
- 1956 : le futur président tunisien Habib Bourguiba pour le convaincre de parvenir à l’indépendance de la Tunisie sans violence.
- 1955 : le président américain Dwight David Eisenhower dans le Bureau ovale, à qui il remet un exemplaire de son livre Les chiffonniers d’Emmaüs.
- Le roi du Maroc, Mohammed V, à qui il dépêche deux missionnaires pour l'exhorter à trouver des solutions aux bidonvilles en favorisant le logement rural.
- 1956 : de nombreuses rencontres internationales, aux Pays-Bas, Portugal, Autriche, Inde, Suisse, Maroc. Il rencontre le Premier ministre indien Nehru, avec Indira Gandhi, et le sage indien Vinoba Vabe pour soutenir sa marche agraire non violente.
- 1958-1959 : conférences dans les pays scandinaves et d’Amérique du Sud. Le ministre de l’Éducation nationale du Pérou fait appel à lui pour développer l’éducation des populations pauvres. Le père Camilo Torres Restrepo en Colombie lui demande conseil sur la position de l’Église colombienne qui renie l’action des prêtres ouvriers. Il rencontre l’évêque des indiens en Équateur pour lui demander de freiner la construction de lieux de cultes somptueux dans des quartiers déshérités.
- 1959 : au Liban, il crée à Beyrouth la première communauté d’Emmaüs multiconfessionnelle, l'Oasis de l'espérance, fondée par un musulman sunnite, un archevêque chrétien melkite et un écrivain maronite.
- 1962 : il est reçu dans l’ermitage du père Charles de Foucauld à Béni Abbès en Algérie où il réside pendant plusieurs mois.
- 1963 : on le presse lors de sa convalescence en Argentine, de fédérer les communautés Emmaüs du monde dans Emmaüs International, qui se réunira en 1969 à Berne en Suisse, et en 1971 à Montréal au Québec au Canada (date de création officielle de l'association Emmaüs International).
- 1971 : il est appelé en Inde par Jayaprakash Narayan pour représenter avec la Ligue internationale des droits de l'homme la France dans la question du règlement des réfugiés. Indira Gandhi l’invite à son tour pour traiter des réfugiés bengalis. L’abbé Pierre s’engage en fondant des communautés Emmaüs au Bangladesh.
- 1985 : il apporte son soutien à Coluche qui, comme lui avant, fait un appel le sur les ondes pour venir en aide aux affamés. Là encore la réponse publique à cette idée est inespérée, et Coluche avec le soutien des associations caritatives et de nombreuses personnalités, lance le mouvement des Restos du Cœur (Coluche offrira 1 million de francs à Emmaüs quelques mois avant sa mort en ). L’abbé qui apporte son soutien y voit la preuve que son combat lancé en 1954 peut être repris aussi efficacement par d’autres après lui, et il se convainc à nouveau de l’utilité des médias pour soutenir ses propres actions dans les communautés d’Emmaüs. Dès lors, il se fera plus visible et fera appel aux personnalités[46]. La Fondation Abbé-Pierre bénéficiera de la loi Coluche votée après sa mort, peu après ce lancement. La mort de son ami Coluche le marquera durement lorsque l’abbé Pierre célèbrera ses obsèques, pour reprendre ensuite son combat médiatique avec le soutien de nombreuses personnalités du spectacle et anonymes.
- 1988 : lancement d'une association pour la Création de la Fondation Abbé-Pierre. L'abbé Pierre rencontre les représentants du Fonds monétaire international pour trouver une solution à la dette extérieure des pays du tiers monde.
- 1990 : il voyage aux États-Unis et au Brésil pour accompagner la sortie du film biographique Hiver 54, l'abbé Pierre de Denis Amar avec Lambert Wilson dans son rôle et Claudia Cardinale. Film qui retrace une partie de son action et la médiatisation de son combat contre la pauvreté avec les communautés d’Emmaüs.
- 1991 : il s’adresse directement aux présidents George H. W. Bush et Saddam Hussein, lors de la Première Guerre du Golfe. Il exhorte le gouvernement français à prendre des initiatives pour répartir la charge des réfugiés dans le monde, par un organisme disposant de plus de moyens que le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés actuel avec le bon vouloir des nations. Il rencontre le dalaï-lama lors des journées interreligieuses pour la paix.
- 1992 : naissance de la Fondation Abbé-Pierre, reconnue d’utilité publique, habilitée à recevoir les dons des particuliers et mécènes (avec lesquels elle finance ses actions au profit des mal-logés et sans-domicile fixe).
- 1994 : l’abbé Pierre devient propriétaire de la vigne à Farinet, la plus petite vigne cadastrée du monde, créée par Jean-Louis Barrault, et dont le vin est vendu au profit d’une œuvre humanitaire. En , à l'occasion d'une visite conjointe dans la commune suisse de Saillon à proximité, l’abbé Pierre remit la vigne au dalaï-lama, qui en est actuellement le propriétaire[47],[48]. L'abbé Pierre souhaita revoir cette vigne avant de mourir, et un survol en hélicoptère en était prévu avec Bruno Bagnoud, patron d'Air Glaciers, mais le fondateur d'Emmaüs quitta ce monde quelques jours avant[49].
- 1995 : à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), sous les bombardements de la ville assiégée depuis 3 ans par les forces serbes, il exhorte les nations du monde à intervenir d’urgence pour faire cesser les massacres.
- 1999 : il signe l'Appel à la Fraternité, en soutien au collectif du même nom (Collectif Appel à la fraternité), lancé par Jean-Louis Sanchez[50].
- 2000 : il a été parrain de l'EICD 3A à Lyon.
- 2001 : le président Jacques Chirac lui remet les insignes de grand officier de la Légion d'honneur, avant de l’élever à la dignité de grand-croix, la plus haute distinction |française, pour ses services rendus à la Nation.
- 2004 : il se rend en Algérie pour l’inauguration de maisons reconstruites par la Fondation Abbé-Pierre, après le séisme de 2003 à Boumerdès.
- 2006 : dernier grand combat politique, avec la Fondation Abbé-Pierre, lorsqu'il se rend à l’Assemblée nationale pour y défendre la loi solidarité et renouvellement urbain.
Une icône médiatique
Le mythe de l'abbé Pierre selon Roland Barthes
Après l’appel de 1954 et la sortie du film Les Chiffonniers d'Emmaüs, Roland Barthes analyse en 1957 le personnage de l'abbé Pierre dans ses Mythologies. Il évoque son visage « qui présente clairement tous les signes de l’apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin. Ainsi sont réunis les chiffres de la légende et ceux de la modernité. »[51] Il commente sa coupe, « équilibre neutre entre le cheveu court […] et le cheveu négligé », qui rejoint, selon le sémiologue, l’intemporalité de la sainteté et l’identifie à Saint François d'Assise. La barbe du capucin et du missionnaire symbolise quant à elle la pauvreté et la vocation apostolique comme pour le père Charles de Foucauld. Son visage suggère à la fois la spiritualité de l’Homme, le combat de son sacerdoce, et sa liberté vis-à-vis de sa hiérarchie. Pour Pierre Bourdieu, l’abbé est un genre de prophète qui « surgit en temps de disette, de crise » et « prend la parole avec véhémence et indignation »[52]. Cependant Roland Barthes se demande si « la belle et touchante iconographie de l’abbé Pierre n’est pas l’alibi dont une bonne partie de la nation s’autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice. »
Cette grande popularité en France ne s’est jamais démentie : les enquêtes d’opinion de la presse le placent pendant une dizaine d’années en tête des personnalités préférées des Français, ce qui constitue un record inégalé, à peine éclipsé durant un an par une seconde place temporaire imputée à l’affaire Garaudy. Il demande à être retiré du palmarès en 2003, estimant que « c’est à la fois une arme et une croix », pour laisser la place des honneurs aux plus jeunes[53].
L'image d'un miraculé
L'abbé Pierre est sorti indemne de plusieurs situations dangereuses :
- tombé dans une profonde crevasse quand il aidait des gens à s’enfuir pendant la guerre[54] ;
- naufragé miraculé en 1963, au Rio de la Plata entre l’Argentine et l’Uruguay[55],[56] (voir la partie Développement d'Emmaüs).
Présence dans les médias
L’abbé Pierre s’est constamment appuyé sur son image diffusée par les médias, depuis son appel sur Radio Luxembourg en 1954 jusqu’à sa présence à l’Assemblée nationale en , en faveur de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains sur le logement social. Il descend dans la rue pour soutenir l’association Droit au logement (DAL), notamment en 1991 et en 1994[57]. Selon Bernard Kouchner, fondateur de Médecins sans frontières, il est ainsi l’inventeur de « la loi du tapage médiatique »[58].
Controverses et prises de position
Affaire Roger Garaudy
En , son ami de longue date Roger Garaudy (penseur marxiste et ancien responsable politique communiste converti au catholicisme et ensuite à l'islam) est poursuivi pour négationnisme à la suite de la publication de son livre Les Mythes fondateurs de la politique israélienne. Au cours de ce procès, l'abbé Pierre lui apporte son soutien, ce qui lui vaut d’être exclu du comité d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA). Dans une lettre de soutien à l'auteur rendue publique le , l'abbé Pierre écrit tout le respect que lui inspire « l'énorme travail » réalisé par Roger Garaudy pour l'écriture du livre, et son « éclatante érudition, rigoureuse ». Il affirme qu'accuser Roger Garaudy de « révisionnisme » — remise en cause de la réalité de la Shoah — est une « imposture », une « véritable calomnie »[59],[60].
Il expliquera par la suite avoir agi « à titre amical[61] » et se démarquera des tentatives pour « nier, banaliser ou falsifier la Shoah » dont il avait été lui-même témoin. Mais, selon les termes du quotidien L'Humanité, « ce revirement tardif ne dissipe cependant pas le malaise. »[62]. L’historien Pierre Vidal-Naquet déclare pour sa part craindre « que la prise de position de l’abbé Pierre ouvre les vannes d’une poussée antisémite. »[63]
Certains[évasif] critiquent les propos de l’abbé Pierre sur l’idée de la terre promise dans l’Ancien Testament. En effet, il dénonce la prise très violente de cette terre par les Israélites, telle qu’elle est décrite dans la Bible : « Que reste-t-il d’une promesse lorsque ce qui a été promis, on vient de le prendre en tuant par de véritables génocides des peuples qui y habitaient, paisiblement, avant qu’ils y entrent », dira-t-il à Bernard Kouchner[64]. Il n’hésitera pas à en déduire une véritable vocation à l’exil de ce peuple : « Je crois que — c’est ça que j’ai au fond de mon cœur — que votre mission a été — ce qui, en fait, s’est accompli partiellement — la diaspora, la dispersion à travers le monde entier pour aller porter la connaissance que vous étiez jusqu’alors les seuls à porter, en dépit de toutes les idolâtries qui vous entouraient »[64].
Certains[évasif] voient dans ces déclarations une reprise tout juste voilée de l'ancienne thématique chrétienne de l'auto-malédiction d'un peuple juif « avatar de Caïn[65] » (thématique désavouée par l'Église à l'occasion de la déclaration Nostra Ætate issue de Vatican II[66]) et, finalement, « une lecture de la Bible très conforme à l'antijudaïsme de certains catholiques avant Vatican II[67],[66] ».
L'abbé Pierre considère que le débat sur la Shoah reste ouvert : « ils [la LICRA] n’acceptent absolument pas le dialogue, contrairement à Garaudy. Ils considèrent que le débat (sur le génocide des juifs) est clos. Qu’oser le rouvrir n’est pas possible. Par exemple sur la question des chambres à gaz, il est vraisemblable que la totalité de celles projetées par les nazis n’ont pas été construites »[68], propos auquel l’abbé Pierre ajoute toutefois : « Mais mes amis de la LICRA me disent qu’avancer de telles affirmations, c’est contester la Shoah. Ce n’est pas sérieux »[68]. Roger Garaudy est finalement condamné pour contestation de crimes contre l’humanité et incitation à la haine raciale.
Selon Jean-Claude Duclos[Qui ?], son amitié avec Roger Garaudy ne doit toutefois pas masquer les faits qui plaident pour l'abbé Pierre, notamment son combat pendant la Seconde Guerre mondiale pour sauver des Juifs[note 4]. Lui-même a toujours souligné[69] que ses actions contre les persécutions anti-juives avaient précédé et motivé son entrée dans la Résistance et que ses positions politiques sont sans ambiguïtés quand il dénonce le fait que ces rafles anti-juives ont été conduites par la police française en un temps (été 1942) et un lieu (Grenoble, en zone non occupée) qui ne permettent pas d'invoquer le prétexte de la contrainte allemande[réf. nécessaire].
La polémique, qui meurtrit durablement l’abbé Pierre, lui vaut le désaveu de certains de ses amis. Bernard Kouchner lui reproche « d'absoudre l’intolérable[68] ». L'abbé est publiquement fustigé par le cardinal Jean-Marie Lustiger[67]. Sommé par sa hiérarchie de prendre une retraite médiatique temporaire[70], il part en Italie, où il déclare au Corriere della Sera que la presse française est « inspirée par un lobby sioniste international[71] ». L'affaire ne reçoit cependant que peu d’écho auprès de l'opinion française[note 5], qui lui renouvelle sa confiance pendant de nombreuses années, le classant en tête des personnalités françaises les plus aimées (jusqu’à ce que l’abbé retire lui-même son nom du classement)[72].
Les Brigades rouges
L'abbé Pierre a spontanément témoigné dans les années 1980 en faveur d'un groupe d'Italiens résidant à Paris et animant l'école de langues Hypérion. Le directeur de cette école, Vanni Mulinaris, avait été arrêté et emprisonné le , lors d'une visite en Italie. Il était accusé d'être membre des Brigades rouges (BR). Il sera par la suite relaxé, totalement blanchi de cette accusation[73] et même dédommagé par l'État italien pour trois ans de détention injustifiée[74].
L'abbé Pierre se rend plusieurs fois en Italie pour protester contre les conditions de détention sans motivations et sans procès de Vanni Mulinaris, il rencontre le président Sandro Pertini, les juges, les avocats, plusieurs autorités morales, qui constitueront un comité italien demandant justice pour Vanni Mulinaris (le cardinal Martini, le sénateur et philosophe Norberto Bobbio, Giuseppe Branca ancien président de la Cour constitutionnelle, bientôt rejoints par 75 autres personnalités dont le journaliste Giorgio Bocca et le cinéaste Luigi Comencini).
L'abbé Pierre effectue également, pour réclamer justice, une grève de la faim durant 8 jours du au , dans la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Turin.
Il témoigne alors de son expérience personnelle des dérives de la justice italienne de l'époque. François Mitterrand décidera à partir de d'accorder l'asile aux réfugiés politiques italiens, pour ceux qui auraient clairement rompu avec la violence[75],[76],[77].
Prises de position sur l'ordination des hommes mariés et l'ordination des femmes
En 2005, dans son livre Mon Dieu… pourquoi ?, rédigé avec Frédéric Lenoir, il reconnaît à mi-mot avoir eu des relations sexuelles dans sa vie de prêtre, ce qu'Henri Tincq présente comme une « rupture du vœu de chasteté » : « Il m'est arrivé de céder à la force du désir de manière passagère, mais je n'ai jamais eu de liaison régulière, car je n'ai pas laissé le désir sexuel prendre racine. Cela m'aurait conduit à vivre une relation durable avec une femme [...]. J'ai donc connu l'expérience du désir sexuel et de sa très rare satisfaction. »[78]. À ce sujet, il invite les dirigeants d'Église à réfléchir sur une éventuelle réforme de la discipline de l’Église en faveur de l’ordination des hommes mariés. Il estime ne pas comprendre l’opposition des papes Jean-Paul II et Benoît XVI à cette possibilité, l’ordination des hommes mariés étant permise par l’Église dans certains rites catholiques orientaux. Il voit dans cette permission un moyen de lutter contre la pénurie des vocations. Il invite également à la réflexion sur la question de l’ordination des femmes[79].
Accusations d'abus sexuels
Premier rapport publié
Le , Emmaüs International publie un rapport de huit pages[80] commandé au cabinet Egaé, qui présente les témoignages de sept femmes rapportant des « comportements pouvant s'apparenter à des agressions sexuelles ou des faits de harcèlement sexuel » de la part de l'abbé Pierre entre la fin des années 1970 et 2005, l'une d'entre elles étant mineure au moment des premiers faits[81],[82],[83]. Les témoignages recueillis rapportent notamment des attouchements répétés sur la poitrine généralement commis lorsque l’abbé Pierre est seul avec ses victimes, sur lesquelles il semble exercer une emprise psychologique[84].
Une enquête du magazine La Vie, sortie le jour de la parution du rapport, fait état de faits connus plus anciens remontant aux années 1950 et 1960[82]. Le , quatre chercheurs qui ont collaboré de 2019 à 2021 à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) révèlent que parmi les 1 200 témoignages adressés à la Ciase qu'ils ont eus à traiter, trois mettaient en cause l'abbé Pierre. Ils estiment que « la compulsion sexuelle de l’abbé Pierre qui débouche dans l’agression récidivante paraît indubitable. Données archivistiques et témoignages sont nombreux et cohérents. » Ils mettent en cause le silence volontaire de la hiérarchie catholique et des responsables d'Emmaüs[85].
Second rapport publié
Le , le cabinet Egaé publie un second rapport[86] faisant état de dix-sept nouveaux témoignages qui évoquent des propos à caractère sexuel, des baisers imposés, des agressions sexuelles sur une personne vulnérable et sur une mineure ainsi que des fellations imposées qui peuvent être qualifiées de viols. Les accusations concernent la période comprise entre les années 1950 et 2000 et émanent de différents pays qui comprennent, outre la France, les États-Unis, le Maroc, la Suisse et le Canada. Dans un communiqué commun[87] avec Emmaüs France et Emmaüs International, la Fondation Abbé-Pierre annonce le changement de son nom et de son logo, la fermeture du lieu de mémoire d'Esteville dédié au fondateur et la mise en place d'une commission indépendante d'historiens chargée d'enquêter sur les dysfonctionnements qui ont permis à l'abbé Pierre de commettre des abus pendant plus de 50 ans[88],[89],[90]. Selon le quotidien La Croix, « les accusations de femmes mineures au moment des faits, dont une était alors âgée de 9 ans, marquent un tournant particulièrement grave dans l’affaire concernant le fondateur d’Emmaüs [et] une escalade brutale [...] de nature à changer radicalement la perception du "héros" de la lutte contre le mal-logement »[91].
Réactions
Dans un entretien accordé au Parisien, Véronique Margron, qui avait recueilli la première l'un des témoignages publiés dans le rapport, demande de la part d'Emmaüs la mise en place d'une instance de réparation destinée aux victimes de l'abbé Pierre, sur le modèle de l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation (Inirr) et de la Commission reconnaissance et réparation (CRR). Elle fait valoir que la responsabilité « échoit au mouvement Emmaüs car l'abbé Pierre, jusqu'à la fin, en a été l'image et le fondateur ». Selon elle, les accusations portées contre le prêtre évoquent un « prédateur en série », comparable à Jean Vanier ou aux frères Thomas et Marie-Dominique Philippe[92],[93]. Interrogé sur RTL le , Adrien Caboche, directeur général d'Emmaüs international, déclare que le mouvement réfléchit et travaille sur la question de l'indemnisation[94]. Le même jour, la cellule investigation de Radio France publie une enquête documentée qui reproduit différentes archives sur les abus de l'abbé Pierre dans les années 1950-1960[90].
De nombreuses communes envisagent de renommer des lieux publics portant le nom de l'abbé Pierre[95]. Interrogé par RCF et Radio Notre-Dame, le président de la CEF, Éric de Moulins-Beaufort annonce le 12 septembre 2024 l'ouverture des archives, notamment à l'intention des chercheurs de la commission indépendante mise en place par Emmaüs[96]. Le 13 septembre, le pape François, interrogé par un journaliste du Monde lors d'une conférence de presse, fait savoir que les faits de violences sexuelles de l'abbé Pierre étaient connus du Vatican depuis des années, au moins depuis sa mort en 2007[97]. Des enquêtes journalistiques basées sur l'analyse des archives montrent que les abus sexuels de l'abbé Pierre étaient connus de l’Église catholique en France comme d'Emmaüs dès la fin des années 1950[98],[99],[100].
L'Abbé Pierre pourrait lui-même avoir été victime d'abus sexuels dans sa jeunesse. Dans une lettre datant de 1932, il mentionne à mots couverts avoir été agressé sexuellement durant deux mois par des pensionnaires plus âgés de l'établissement Notre-Dame des Minimes, à Lyon. Ses agresseurs auraient ensuite été surpris avec une autre victime et « renvoyés à grand scandale »[101].
Distinctions et hommages
Décorations
Françaises
- Grand-croix de la Légion d'honneur le [102]
- Grand officier en 1992 (remis neuf ans plus tard, le ). Il refuse initialement de la porter pour protester contre le refus de l’État français d’attribuer des logements vides à des SDF.
- Commandeur en 1987 pour son action pour le logement des défavorisés.
- Officier en 1981 au titre des droits de l'homme
- Chevalier à titre militaire le
- Croix de guerre 1939-1945 avec deux palmes (citations des et )
- Médaille de la Résistance française (décret du )[103]
- Médaille des évadés
- Croix du combattant volontaire de la guerre de – (1946)
- Croix du combattant
- Médaille commémorative française de la guerre – avec agrafes « France » et « Libération »
Étrangères
- Médaille de la Résistance belge (, Belgique)
- Grand officier de l'Ordre national du Québec lors de la visite officielle à Paris du premier ministre de la province du Québec Jacques Parizeau en [104] ( Québec)
- Officier de l'ordre national du Cèdre ( Liban)
Récompenses diverses
- Médaille d'or Albert Schweitzer de la Fondation Goethe (à Bâle, Suisse) en 1975, remise par René Lenoir, secrétaire d’État français[105].
- 1991, prix Balzan pour l’Humanité, la paix et la fraternité des peuples, « pour son combat pour les droits de l’homme, la démocratie, la paix, pour la lutte contre les souffrances spirituelles et physiques, et pour la solidarité universelle au travers des communautés Emmaüs »[106].
Honneurs posthumes
- : à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, une plaque à la mémoire de l'abbé Pierre est symboliquement dévoilée par un compagnon d'Emmaüs et un SDF sur l'immeuble de la rue des Bourdonnais (Paris) où l'association Emmaüs s'était installée après l'hiver 1954 à Paris.
- Une plaque est posée en son honneur sur le mur du lycée Saint-Marc et inaugurée le samedi en présence de représentants de la famille Grouès, du mouvement Emmaüs, de Philippe Barbarin, Jean-Jack Queyranne, Michel Mercier, et de Gérard Collomb. Une célébration eucharistique présidée par le Cardinal Barbarin dans la chapelle du lycée Saint-Marc a suivi l'inauguration. Cette plaque est toutefois recouverte d'une bâche à la suite des révélations sur les abus sexuels dont l'abbé Pierre se serait rendu coupable[107].
- À l'occasion du troisième anniversaire de sa mort, La Poste française émet un timbre-poste au tarif le plus courant à son effigie, le 22 janvier 2010.
- À l'occasion du centième anniversaire de sa naissance, la Monnaie de Paris édite une pièce de 2 € commémorative à son effigie en juillet 2012.
- À l'occasion du sixième anniversaire de la mort de son fondateur, la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés érige une statue à son effigie à l'entrée de sa Délégation générale à Paris[108].
- Un collège de Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres) et une école à Hédé en Ille-et-Vilaine portent son nom.
- Toponymes : on compte en France plus de 600 lieux publics qui portent le nom de l'abbé Pierre[109].
- Jardins Abbé-Pierre - Grands-Moulins (Paris) ; à la suite des accusations d'abus sexuels de l'abbé Pierre, la mairie de Paris envisage de débaptiser le jardin[110].
- Résidence Henri-Grouès à Bezons, rue Danièle Mitterrand.
Dé-commémorations
Après les révélations d'abus sexuels commis par l'abbé Pierre, de nombreux hommages présents dans l'espace public sont retirés.
- A Nancy, au 55 rue des Dominicains, à l'endroit précis où l'Abbé Pierre avait sa permanence parlementaire quand il était député, entre 1945 et 1951, une plaque commémorative le représentant est enlevée le [111].
- Le , une statue de l’abbé Pierre est déboulonnée à Norges-la-Ville (Côte d’Or)[112].
- Lyon, la ville natale du prêtre, débaptise la place à son nom le . La nouvelle dénomination de la place sera décidée en concertation avec les acteurs du quartier[113].
- Le , la ville de Grenoble annonce débaptiser la rue qui porte son nom, pour lui donner ceux de Gustave et Renée Estadès, un couple de résistants[114].
- La sculpture à son effigie située sur le rond-point d’entrée du village Emmaüs de Lescar (Pyrénées-Atlantiques) est démontée le [115].
- Le 7 octobre 2024, le conseil municipal d'Arras décide de débaptiser la rue qui porte son nom, pour lui donner celui de Marietta Martin, native d'Arras et résistante[116].
Œuvres
Les droits d’auteur et autres droits dérivés provenant de la vente ou de la diffusion de ses livres, disques audio et vidéo sont reversés par l’abbé Pierre tout au long de sa vie au mouvement Emmaüs puis à la Fondation Abbé-Pierre à partir de la création de celle-ci en 1988. Depuis sa mort, Emmaüs International est légataire universel de ces droits[117].
Ouvrages
- 1954 : Donnons-leur un toit aujourd’hui, lettre de l'abbé Pierre au ministre de la Reconstruction.
- Réédition en fac-similé du livret de 1954, avec P. Dufau, R. Gid, R. Morel, G.-H. Pingusson et F. Spoerry, éditions du Linteau, 2011.
- 1988 : Cent poèmes contre la misère, éd. Le Cherche-midi, Paris (ISBN 978-2-86274-141-3).
- 1994 : Testament… (ISBN 978-2-7242-8103-3).
- Réédition 2005, éd. Bayard/Centurion, Paris (ISBN 978-2-227-47532-8).
- 1994 : Une terre et des hommes, éd. du Cerf, Paris.
- 1996 : Dieu merci, éd. Fayard/Centurion, Paris.
- 1996 : Le Bal des exclus, éd. Fayard, Paris.
- 1997 : Mémoires d’un croyant, éd. Fayard, Paris.
- 1999 : Fraternité, éd. Fayard, Paris.
- 1999 : Paroles, éd. Actes Sud, Paris.
- 1999 : C’est quoi la mort ?, livre didactique destiné aux enfants, éd. Albin Michel, Paris. Nombreuses traductions et rééditions dans divers pays.
- 2002 : Confessions, éd. Albin Michel, Paris (ISBN 978-2-226-13051-8).
- 2002 : Je voulais être marin, missionnaire ou brigand, rédigé avec Denis Lefèvre, éd. Le Cherche-midi, Paris (ISBN 978-2-7491-0015-9).
- Réédition en poche, éd. J’ai lu, Paris (ISBN 978-2-290-34221-3).
- 2004 : L’Abbé Pierre parle aux jeunes, avec Pierre-Roland Saint-Dizier, éd. du Signe, Paris (ISBN 978-2-7468-1257-4).
- 2005 : Le Sourire d’un ange, éd. Elytis, Paris.
- 2005 : Mon Dieu… pourquoi ? Petites méditations sur la foi chrétienne et le sens de la vie, avec Frédéric Lenoir, éd. Plon (ISBN 978-2-259-20140-7). Recueil où sont également abordés des sujets d’actualités comme le célibat des prêtres, l’ordination des femmes, le fanatisme religieux, le désir et le sexe, le mariage homosexuel.
- 2006 : Servir : Paroles de vie, avec Albine Navarino, éd. Presses du Châtelet, Paris (ISBN 978-2-84592-186-3).
- 2007 : Clandestin, 1942-1944, éd. Vollodalen, coll. « Citadelle », Paris (ISBN 978-2-9522069-3-8). Reprend le texte d'une conférence prononcée par l'abbé Pierre le .
- 2007 : N'oublions pas les jeunes, éd. DDB (ISBN 978-2-220-05454-4). Le dernier cri de l'abbé Pierre en faveur des jeunes, de l'éducation, du logement, en collaboration avec Christophe Robert, directeur des études à la Fondation Abbé-Pierre, et Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre.
- 2011 : Les Combats de l'Abbé Pierre, Denis Lefèvre, éd. Biography & Autobiography.
- 2012 : Abbé Pierre, Inédits. Textes de combat, écrits intimes, correspondances, éd. Bayard.
- 2020 : Rien sauf l'essentiel : Coluche et l'Abbé Pierre, La rencontre qui décida du destin des Restos du Cœur, L'Harmattan.
Livres d'entretiens
- 1987 : Bernard Chevalier interroge l’abbé Pierre : Emmaüs ou venger l’homme, éd. Le Centurion ; rééd. LGF/Livre de poche, Paris (ISBN 978-2-253-04151-1).
- 1993 : Dieu et les hommes, entretien avec Bernard Kouchner, dialogues et propos recueillis par Michel-Antoine Burnier, éd. Robert Laffont (ISBN 978-2-221-07618-7).
- Réédition France loisirs, 1994
- 1994 : Absolu entretien avec Albert Jacquard, éd. du Seuil, Paris.
- Réédition sous le titre En route vers l'absolu, Flammarion, 2000.
- 1999 : J’attendrai le plaisir du Bon Dieu : l'intégrale des entretiens Noms de Dieux d'Edmond Blattchen, éd. Alice.
- 2004 : Abbé Pierre et père Pedro Opeka, Pour un monde de justice et de paix : entretiens, Paris, Presses de la Renaissance, 230 p. (ISBN 978-2-7509-0044-1).
- 2006 : L'Abbé Pierre : entretien et portrait, par Ariane Laroux, coll. « Portraits parlés », éd. L'Âge d'Homme.
Discographie
- 1989 : Les Enfants sans Noël, avec une chorale d'enfants et une pléiade d'artistes, au profit d'Emmaüs.
- 2001 : Radioscopie : Abbé Pierre - Entretien avec Jacques Chancel, CD audio.
- 1988-2003 : Éclats de voix, suite de CD audio, poèmes et réflexions, en quatre volumes :
- Vol. 1 : Le Temps des Catacombes, rééd. label Celia.
- Vol. 2 : Hors de Soi, rééd. label Celia.
- Vol. 3 : Corsaire de Dieu, rééd. label Celia.
- Vol. 4 : L'éternel combat, label Scalen.
- 2003 : CD Merci l'abbé de Gérard Verchère.
- 2004 : Paroles de Paix de l’Abbé Pierre, suivi de l'appel de l'hiver 54 ré-enregistré par l'abbé Pierre pour le 50e anniversaire, CD audio, label Frémeaux & Associés, Créations pour la Paix, direction artistique : Christiane Gugger.
- 2005 : CD Testament…, pour fêter le 56e anniversaire de la fondation d'Emmaüs (réflexions personnelles, textes et paroles inspirées de la Bible) (ISBN 978-2-227-47532-8).
- 2005 : Avant de partir…, testament audio de l’abbé Pierre, CD audio et vidéos pour PC, prières et musiques de méditation.
- 2006 : L’Insurgé de l’amour, label Revues Bayard, Paris.
Archives
Le fonds d'archives de l'abbé Pierre, renfermant toute sa documentation ainsi que celle d'Emmaüs International, est conservé aux Archives nationales du monde du travail[118].
Notes et références
Notes
- Renommée rue Louis Thévenet en 1937.
- L’abbé Pierre a livré son récit, très tôt, dans une conférence donnée le , dans le cadre des « conférences de l’information », au palais de Chaillot.
- Soit 12 162 261 € de 2022
- Voir à cet égard la tribune Jean-Claude Duclos, conservateur du musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, évoquant l’hommage national rendu aux Justes français au Panthéon, quelques jours avant la mort de l’abbé Pierre. Duclos affirme que l'action de l'Abbé Pierre en faveur des Juifs pendant la guerre est incontestable., « Il aurait mérité dix fois d'être fait Juste parmi les nations »
- En 1996 l’abbé Pierre perd une place au classement de la personnalité des français de l'institut de sondage IFOP, conservant tout de même la deuxième place. Cette chute de popularité dans l'opinion publique a été analysé comme une réaction à son soutien de Garaudy (Le Figaro 24/01/07, p. 9).
Références
- Insee, « Extrait de l'acte de décès de de Marie Joseph Henry Grouès », sur MatchID.
- Archives municipales de Lyon, « Registre des naissances 01/01/1912 - 31/12/1912 : Cote 2E2981 », sur fondsenligne.archives-lyon.fr (consulté le ), p. 84
- André Bonnet, Michel Bolasell, Les insurgés de la pauvreté, Philippe Rey, , p. 83.
- « François Garby », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
- Denis Lefèvre, Les combats de l'Abbé Pierre, Le Cherche Midi, , p. 15.
- Aymeric Renou, « "L’abbé Pierre a mené une double vie de tartuffe" : les confessions du biographe de l’homme d’Église », Le Parisien, (lire en ligne)
- Denis Lefèvre, Les combats de l'Abbé Pierre, Le Cherche Midi, , p. 27.
- Gilles-Marie Moreau, La cathédrale Notre-Dame de Grenoble, L'Harmattan, , p. 227.
- Julien Arbois, Histoires insolites de la Résistance française, City, , 230 p. (ISBN 978-2-8246-0625-5 et 2-8246-0625-8, OCLC 920031841).
- voir.
- Sur cette période de la vie de l'abbé Pierre, voir Gilles-Marie Moreau, La cathédrale Notre-Dame de Grenoble, L'Harmattan, 360 p., 2012 (ISBN 978-2-336-00250-7).
- Christian Sorrel, La Savoie, éd. Beauchesne, , 441 p..
- « La vie de l’abbé Pierre », sur Fondation Abbé-Pierre.
- « Région Lorraine / Il y a 70 ans, l'abbé Pierre était élu député de Meurthe-et-Moselle », L'Est républicain, (lire en ligne, consulté le ).
- Profession de foi de l'abbé Pierre de juin 1946.
- « Assemblée Nationale - archives député Henri Pierre Grouès (Abbé Pierre) », sur Assemblée nationale, (consulté le ).
- « 70 ans de l'appel de l'abbé Pierre : ses débuts politiques en Meurthe-et-Moselle et son passage en Moselle », sur France 3 Grand Est, (consulté le )
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- C'est la même démarche qu'a utilisée l'abbé Édouard Froidure, onze années auparavant en Belgique.
- Albine Novarino, L'abbé Pierre, Paris, Éditions du Huitième Jour, (ISBN 978-2-914119-88-7).
- Brodiez-Dolino 2008, p. 67.
- Il s'agit bien sûr d'anciens francs.
- « Convertisseur franc-euro », sur insee.fr (consulté le )
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- « L'abbé Pierre rescapé d'un navire en perdition », INA, (lire en ligne, consulté le )
- Bertrand Bissuel, « 1954-2007 : les héritiers d'Emmaüs », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « C’était ta grande découverte : autant qu’aider, il faut témoigner. Sans paroles, sans images, pas d’indignation », Bernard Kouchner à l’abbé Pierre, Dieu et les Hommes, éd. Robert Laffont, 1993.
- Cité dans Michaël Prazan & Adrien Minard, Roger Garaudy, itinéraire d'une négation, février 2007, Calmann-Lévy.
- Annette Lévy-Willard, « L'abbé Pierre, un antijudaïsme qui date », Libération,
- L’abbé Pierre s’explique à ce sujet dans le documentaire Un abbé nommé Pierre, une vie au service des autres, documentaire télévisé de Claude Pinoteau, en précisant le soutien « à titre amical apporté à la personne de Roger Garaudy et non aux propos qu’il a tenus dans son livre, dont il n’avait pas pris connaissance.
- « L’abbé Pierre exclu de la LICRA », L’Humanité, .
- Pierre Vidal-Naquet. Analyse des relais dont disposent les négationnistes sur les juifs et le judaïsme.
- Passage censuré dans Dieu et les Hommes, publié dans Le secret de l’abbé Pierre de Michel-Antoine Burnier et Cécile Romane, éd. Mille et une nuits, Paris 1996, p. 11. 10.
- « Chrétiens et Juifs - 4. juifs déicides, maudits, etc. », sur rivtsion.org.
- Site officiel du Vatican.
- « La mort de l'Abbé Pierre - L'ami du révisionniste Garaudy » sur Le Nouvel Observateur consulté le 27 mars 2010.
- GILLES SMADJA, « L'abbé Pierre persiste et s'exclut de la LICRA » [archive], L'Humanité, .
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- col.fr | Mort de l’abbé Pierre.
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- Tribunal de Venise et de Rome en .
- Bernard Langlois (dir.), L'Abbé Pierre plaide le Dossier Mulinaris, collection Résistance, Éditions du Centurion, 1985.
- D'après le Corriere della Sera cité dans « La presse étrangère dénonce l'« indécente récupération » de son combat », Courrier international, (lire en ligne).
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- AFP, « L'abbé Pierre et les Brigades rouges italiennes : un épisode méconnu », La Croix, ; Alain Auffray, « D'inattendues amitiés brigadistes », Libération, (lire en ligne, consulté le ) ; (it) « Quel giorno in Tribunale con lui Difese i terroristi rossi e l'Hyperion », Corriere della Sera, (lire en ligne).
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- « Son incompréhension était la même à l'égard des positions du magistère sur l'ordination des femmes : Quelles que soient leurs éminentes fonctions, ceux qui prennent de telles positions, estime le fondateur d'Emmaüs, n'ont jamais avancé un seul argument théologique décisif qui démontre que l'accès des femmes au sacerdoce serait contraire à la foi. » Lettre du 1er novembre 2005 à Benoît XVI, citée par Jean-Claude Lacaze, Le christianisme face à la crise écologique mondiale, L'Harmattan, 2009, p. 109-110.
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- Héloïse de Neuville et Céline Hoyeau, « Affaire abbé Pierre : de nouveaux témoignages dessinent le visage d’un potentiel agresseur sexuel en série », La Croix, (lire en ligne)
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- « Fonds 2010 018. Abbé Pierre (1912-2007). Archives d'une vie : les sources écrites personnelles : Répertoire numérique détaillé », lien Wayback Machine [PDF], sur Archives nationales du monde du travail, .
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Bibliographie
- Pierre Lunel, Abbé Pierre L'insurgé de Dieu, Édition n°1, (ISBN 978-2-863-91328-4)
- Pierre Lunel, 40 ans d'amour : l'abbé Pierre et Emmaüs, t. I : Le Temps des apôtres, Édition n°1, (ISBN 9782863915370)
- Bernard Violet, L’Abbé Pierre, Fayard, (réimpr. 2007), 441 p. (ISBN 978-2213614113)
- Philippe Falcone, L’Abbé Pierre, la construction d’une légende, Golias, , 400 p. (ISBN 978-2-914475-49-5)
- Axelle Brodiez-Dolino, Emmaüs et l'abbé Pierre, Presses de Sciences Po, , 384 p. (ISBN 978-2724610949, lire en ligne)
- Bernard Marrey, L'Abbé Pierre et Jean Prouvé, Éditions du Linteau, , 80 p. (ISBN 978-2-910342-65-4)
- Jean-Marie Viennet et René Poujol, Le Secret spirituel de l'abbé Pierre, Salvator, , 217 p. (ISBN 978-2-7067-1089-6)
- Frédérique Féron, Pascal Meynadier et Marc Brincourt, L'Abbé Pierre. Un bâtisseur d'humanité, éditions du Chêne, , 208 p. (ISBN 978-2-8123-1552-7)
- Sophie Doudet, L'abbé Pierre, Gallimard, coll. « Folio biographies », , 320 p. (ISBN 9782072899508)
Livres de photographies
- Images d’une vie, recueil de près de 200 photos de l’abbé Pierre, réalisées avec Laurent Desmard, éd. Hoebeke, 2006 (ISBN 978-2-84230-266-5).
- Henri. Quelques pas avec l'Abbé Pierre, album photographique de Claude Iverné, Albin Michel, 2009 (ISBN 978-2-226-18174-9).
Livres jeunesse
- Pauline Jaricot, Xavier de Nicolo, Les Chercheurs de Dieu - t. 2 : L’Abbé Pierre, Paris, éd. Bayard Jeunesse, 1992 (ISBN 978-2-227-61072-9).
Bande dessinée de Lama Masudi, Hugues Labiano, Marc Malès (dessins) ; Jean-Louis Fonteneau, Thierry Lescuyer, Marie-Noëlle Pichard (scénario).- L'Abbé Pierre, le roman de sa vie, biographie pour enfants de Chloé Caffarel, Paris, Bayard Jeunesse, 2012 (ISBN 978-2-7470-4299-4).
Films
Documentaires, documents vidéos, entretiens filmés, etc.
- Vidéo de l’abbé Pierre en 1954, après sa déclaration sur la pauvreté, en visite à Genève, archive de la Télévision suisse romande (TSR).
- Vidéo de l'Abbé Pierre en 1973, archive de la TSR.
- Alain comme les autres, les chiffonniers Emmaüs, docufiction de Denise Gilliand, avec Jean-Quentin Châtelain, production NAG Films, 1998.
- Vous direz à vos enfants… Le plus beau témoignage sur la beauté du don, entretien avec l’abbé Pierre, studio LCJ Éditions, Paris, DVD PAL (région 2), 2005.
- L'Abbé Pierre, la voix des sans-voix d'Agnès Hubschman, 2005.
- L'Abbé Pierre, aventurier de Dieu, documentaire de 25 min, réalisé par Jean-Claude Salou (diffusé en 2007 dans Le Jour du Seigneur sur France 2).
- Paroles, Abbé Pierre, série d'entretiens avec l'abbé Pierre. Rencontres avec Johnny Hallyday, Zinédine Zidane et le dalaï-lama. Édition Emmaüs Genève, Artémis Films Productions, 2 x DVD PAL, 2007.
- L'Abbé Pierre, l'insurrection de la bonté de Diane Lisarreli, coll. « D'après une histoire vraie », Arte éditions, 2019 ((fr + de) « en ligne » (consulté le )).
Films de fiction
- 1955 : Les Chiffonniers d'Emmaüs de Robert Darène, avec André Reybaz.
- 1989 : Hiver 54, l'abbé Pierre de Denis Amar, avec Claudia Cardinale et Lambert Wilson.
- 2023 : L'Abbé Pierre : une vie de combats de Frédéric Tellier, avec Benjamin Lavernhe.
Articles connexes
- Personnalités
- Étienne Pierre Morlanne (1772-1862), médecin-accoucheur de Metz qui fonda les sœurs de la Charité Maternelle pour venir en aide aux mères célibataires ou/et défavorisées.
- Héra Mirtel (1868-1931), née Louise Grouès, écrivaine et féministe, tante de l'abbé Pierre, sœur de son père Antoine.
- Abbé Froidure (1899-1971), homologue belge de l'abbé Pierre qui créa un mouvement similaire à Bruxelles dès 1937.
- Lucie Coutaz (1899-1982), secrétaire de l'abbé Pierre.
- Sans domicile fixe en France
- Organisations
- Mouvement Emmaüs
- Emmaüs International
- Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés
- Les Petits Riens, association créée par l'abbé Froidure.
- Association Poverello en Belgique
- Abus sexuels de l'abbé Pierre
Liens externes
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Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :- Site officiel d'Emmaüs International, légataire universel de l'abbé Pierre.
- Site officiel de la Fondation Abbé-Pierre.
- [PDF] Hommage à l’abbé Pierre, communiqué de presse officiel par Emmaüs France.
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