Basilic (mythologie)

De Mi caja de notas

Basilic
Description de cette image, également commentée ci-après
Dessin d'un basilic par Ulisse Aldrovandi (1642).
Créature
Autres noms βασιλίσκον / basilískon
Groupe Créature mythologique
Sous-groupe Bête
Caractéristiques Reptile
Proches Cocatrix, basilicoq
Origines
Origines Antiquité gréco-romaine

Le basilic est une bête légendaire, souvent présenté comme un gros reptile, mentionné dès l'Antiquité gréco-romaine comme étant un petit serpent au venin et au regard mortels.

Durant le Moyen Âge, il fut plus souvent décrit comme un mélange de coq et de serpent et fut l'objet d'importantes superstitions, tant sur ses origines que sur ses pouvoirs d'empoisonnement et de pétrification.

Très proche de la cocatrix, le basilic apparaît dans de nombreux bestiaires et des encyclopédies avant de devenir, à l'époque contemporaine, une créature figurant dans de nombreux jeux de rôle.

Étymologie

Le nom de « basilic » est issu du grec ancien βασιλίσκον / basilískon, diminutif de βασιλεύς / basileús en caractères latins, qui signifie « roi » ou « petit roi »[1]. Selon Édouard Brasey, le basilic était considéré comme le roi des serpents, d'où ce nom[2]. Les Romains le nommaient « sang de Saturne »[2].

Mythe

Antiquité gréco-romaine

Le basilic, tel qu'on se le représentait durant l'Antiquité, avait la forme d'un petit serpent.

Le basilic est censé être né, comme la plupart des serpents mentionnés par la mythologie grecque, du sang qui coula de la tête tranchée de la Gorgone Méduse alors que Persée volait en la tenant dans sa main. Les noms des serpents qui naquirent de ce sang ne sont pas précisés[1]. D'autres contestent cette naissance et pensent plutôt que le basilic serait issu d'un œuf de poule gâté (Septante, Isaie 59), éventuellement couvé par un crapaud.

Aristote (IVe siècle av. J.-C.) aurait mentionné le pouvoir létal du basilic : « il est vrai que si le basilic peut nous donner la mort, nous pouvons lui rendre la pareille en lui présentant la surface polie d'un miroir : les vapeurs empoisonnées qu'il lance de ses yeux iront frapper la glace, et, par réflexion, lui renverront la mort qu'il voudra donner[3] » et Alexandre le Grand aurait fait forger un bouclier poli comme un miroir afin de se protéger des basilics lorsqu'il était en route pour conquérir les Indes[2].

Selon le poète grec Nicandre de Colophon (IIe siècle av. J.-C.), il s'agit d'un serpent de petite taille, au corps brillant[4].

Pline l'Ancien mentionne le basilic comme un serpent portant une tache claire en forme de couronne royale sur la tête, dont le regard brise les pierres et brûle l'herbe[5].

Dans la tradition antique, le venin du basilic est réputé mortel. Bien qu'il soit généralement décrit comme incurable, Érasistrate prétend que le castoréum en serait un remède efficace[6]. Les Romains attribuaient au basilic des propriétés médicinales pour guérir les maladies et les envoûtements.

Dans sa Pharsale, Lucain décrit le basilic comme le roi des serpents :

« Nous allons chercher ces reptiles de Libye pour nos morts raffinées ; l'aspic est un objet de commerce ! L'hoemorrhoïs, autre serpent qui ne laisse pas aux malheureux une goutte de leur sang, déroule ses anneaux écailleux. Puis, c'est le chersydre destiné aux plaines des Syrtes perfides, et le chélydre qui laisse une trace fumante, et le cenchris qui glisse toujours tout droit et dont le ventre est tacheté comme l'ophite thébain, l'hammodyie, dont la couleur ressemble, à s'y méprendre, à celle du sable, et le céraste vagabond et tortueux, et le scytale, qui seul, durant les frimas épars, s'apprête à jeter sa dépouille, et la brûlante dipsade, et le terrible amphisboene aux deux têtes, et le natrix, fléau des ondes, et le jaculus ailé, et le paréos dont la queue marque sa route, et l'avide prester, qui ouvre sa gueule écumante et béante, et le seps venimeux, qui dissout les chairs et les os, et celui dont le sifflement fait trembler toutes ces bêtes terribles, celui qui tue avant de mordre, le basilic, terreur des autres serpents, roi des déserts poudreux. »

— Lucain, Pharsale, livre IX[7]

Après la Septante grecque, la vulgate, traduction latine de la Bible, mentionne aussi le basilic, mais il s'agit d'une mauvaise traduction de l'hébreu Tsépha. La présence du basilic dans la Bible força les encyclopédistes chrétiens à trouver une explication plus rationnelle à l'existence du basilic que celle fournie par la Pharsale de Lucain[1].

Moyen Âge, Renaissance et folklore français

Apparence

Au Moyen Âge et notamment en France, l'apparence du basilic se modifia : décrit comme un serpent à l'origine, il devint bipède et couronné[1] et se vit attribuer une paire d'ailes souvent épineuses, de reptile ou un crochet au bout de la queue[2],[1]. Il prit généralement l'apparence d'un coq démoniaque à queue de dragon ou de serpent aux ailes de chauve-souris, ou d'un dragonnet d'une quinzaine de centimètres de long pourvu d'un souffle délétère et empoisonné[2].

En 1642, la gravure de l’Histoire naturelle des serpents et dragons d'Ulisse Aldrovandi attribue au basilic huit pattes et des écailles[1].

Les représentations du basilic sont extrêmement variables, avec pour seule constante le pouvoir meurtrier de son regard.

Liens avec le cocatrix

Un « basilicoq », tel qu'on se le représentait en 1665.

Le basilic fut longtemps confondu avec le cocatrix, notamment en ce qui concerne sa naissance. La figure du cocatrix est en fait née d'une interprétation du texte de Lucain. Au XIVe siècle, Geoffrey Chaucer parle du « basilicoq »[1]. Le basilic, ou basilicoq, est censé naître d'un œuf de coq âgé de sept à quatorze ans, nommé « coquatrix », qui est pondu dans du foin et ensuite couvé par un serpent ou un crapaud.

« Quelques-uns forgent l'origine et naissance du basilic en ceste sorte, à savoir que quand un coq commence à devenir fort vieux, ce qui arrive au septième ou au neuvième ou au plus tard au quatorzième de son âge, il pond un œuf aux plus chauds mois de l'été, qui s'est formé de plumes. »

Dans le chapitre XXXVI de son The Age of Fable; or Stories of Gods and Heroes (1855), Thomas Bulfinch consacre une section au basilic, qu'il présente comme étant le même animal que le cocatrix. D'après lui, cet animal est qualifié de « roi des serpents » parce que les autres serpents sont ses sujets et, de crainte d'être tués, s'enfuient dès qu'ils entendent siffler, lui laissant ainsi les meilleures proies. Ses merveilleux pouvoirs sont attestés par une foule de savants, tels que Galien, Avicenne, Scaliger et d'autres. Cependant, Jan Jonston remet en cause son existence, demandant, puisque personne peut le voir sans en mourir, qui aurait pu survivre pour en raconter son histoire ? Sans doute ignorait-il que ceux qui partaient chasser la bête emportaient avec eux un miroir, qui renvoyait sur elle son éclat mortel, et par une sorte de justice tuent le basilic avec sa propre arme. Une fois mort, celui-ci avait une utilité. Sa carcasse était suspendue dans le temple d'Apollon, ainsi dans les maisons particulières, comme un remède souverain contre les araignées. Elle fut aussi pendue dans le temple de Diane, raison pour laquelle jamais aucune hirondelle n'osa entrer dans le lieu sacré[8].

Autres légendes

Une belette combattant un basilic ; gravure attribuée à Wenceslas Hollar.

Jean-François Bladé rapporte que dans le Sud-Ouest de la France, « le Basilic a le corps d'une loutre, avec une tête d'homme couronnée d'or, comme les empereurs et les rois ». Le fer, le plomb et le poison ne peuvent rien contre lui car d'un seul regard, il fait tomber hommes et bêtes raides morts ; Aussitôt qu'on lui montre son visage dans un miroir, il meurt, mais un autre basilic naît sept ans après[9].

Un proverbe du XVIe siècle dit que :

« Le Basilic tue
Seulement avec sa vue »

— Rapporté par Édouard Brasey[2]

Cependant, il pouvait aussi tuer par son souffle tant son haleine est répugnante, ou même par le contact de sa peau, puisqu'il sécrète du venin.

Selon Claude Seignolle, « Nuit et jour, le basilic voyage sous terre, cherchant le fond des citernes et des puits. Malheur aux hommes, malheur aux femmes, malheur surtout aux enfants qui se penchent sur les margelles, pour cracher ou jeter des pierres dans l'eau. D'en bas, le basilic les appelle, et on n'en entend plus parler[10] ».

D'après Jorge Luis Borges, le basilic vit dans les déserts qu'il a créés par sa seule présence. Les oiseaux tombent morts à ses pieds et les fruits pourrissent, l'eau des fleuves où il s'abreuve reste empoisonnée pendant des siècles. Les voyageurs expérimentés prenaient des coqs pour les accompagner, ou des miroirs afin que le basilic soit foudroyé par sa propre image[1].

Le basilic était réputé avoir quelques points faibles. Ainsi, la seule plante capable de résister à son souffle était la rue, « herbe de grâce », réputée pour ses nombreuses propriétés à l'époque. Le basilic craignait aussi quelques autres animaux, comme le coq dont le chant le mettait en fuite, et la belette, dont il craignait également l'odeur, réputée être le seul animal capable de le vaincre. Après un combat contre le basilic, la belette se soignait avec des feuilles de rue. Un autre ennemi du basilic est l'éale, décrit comme un monstre amphibie de la taille d'un cheval possédant des défenses et des cornes mobiles, une mâchoire de sanglier et une queue d'éléphant. Le basilic ne s'y attaquerait que lorsque ce dernier dort[2].

La belette est elle-même l'ennemi du cobra, lointain cousin du basilic.

Symbolique

Le lion, symbolisant le Christ tue le basilic, symbole de Satan. Cathédrale de Gurk (vers 1180).

Cet être fabuleux est l'incarnation même du pouvoir royal qui foudroie ceux qui lui manquent d'égards. C'est l'un des symboles de Satan et la représentation du danger mortel que l'on ne peut éviter à temps et dont seule la protection d'un ange divin peut préserver.

A l'époque médiévale, il peut symboliser l'un des 7 péchés capitaux : la luxure.

On lui attribue parfois la diffusion des pires maladies, comme la syphilis. Ainsi, la syphilis était au XVe siècle imputée au venin du basilic (en allemand, syphilis se dit Basilikengift, « le poison du basilic »).

Symbole de la ville de Bâle

Le basilic était fort populaire au Moyen Âge et son nom est très proche linguistiquement du nom de la ville de Bâle (en allemand : Basel ; en italien et en romanche : Basilea). Les basilics portant les armoiries de la ville sont mentionnés pour la première fois dans un document de 1448. Plusieurs légendes se disputent pour son accession à cette prestigieuse fonction.

Une des représentations des armoiries de la ville comportant un basilic est la gravure sur bois de Maître DS de 1511 intitulé Basilic. Emblème de Bâle qui est actuellement conservé au British Museum de Londres. Le recours au basilic repose sur l'homophonie entre le nom de la ville et de la créature fantastique. Cette symbolique ambivalente exprime le caractère invincible de la cité[11].

De plus, la toute première fontaine au basilic, celle-ci en pierre, se trouve dans l’Augustinergasse, où un superbe basilic réalisé en 1530 tient les armoiries de Bâle. A l'occasion d'un concours organisé en 1884, la fontaine au basilic a été créée par l’architecte et dessinateur Wilhelm Bubeck (1850–1890) et reproduite à 50 exemplaires dont 38 étaient installés dans la ville de Bâle. Aujourd'hui, il en reste seulement 28 dispersés dans la cité[12].

Représentation dans les arts

Le basilic est présent dans les arts, notamment pour décorer des fontaines.

Héraldique

Le basilic est un meuble héraldique : il est représenté comme un dragon à tête de coq. Ses ailes sont préférentiellement formées de plumes, et non membraneuses comme celles du dragon.

Iconographie

La représentation du basilic apparaît surtout à partir du Moyen Âge, grâce à la diffusion des bestiaires. Il est encore représenté dans les recueils sur la nature au XVIIe siècle, avant de disparaître pour revenir à notre époque contemporaine.

À la place du petit serpent couronné antique, les artistes ont plutôt représenté sous la forme d'un coq assez grand, qui possède des ailes membraneuses et une queue (sa queue incarnant sa grande férocité et la puissance nuisible qu'on attachait à ce lézard fabuleux)[13].

Dans la culture populaire moderne

Littérature

Le basilic est mentionné

Bande dessinée et manga

  • L'album Le Dernier Chant des Malaterre, troisième tome de la série de Les Compagnons du crépuscule de François Bourgeon, évoque ce mythe.
  • Dans le manga Basilisk, le héros a le pouvoir de contrôler ses ennemis d'un simple regard, comme l'héroïne peut ainsi vaincre n'importe quel ninja.
  • Dans le manga One piece tome 67, le basilic est un gardien du deuxième niveau de la grande prison Impel Down.
  • Dans la série Sanctuary (saison 3, épisode 10), le basilic empêche Magnus et Will d'entrer dans la cité de Praxis.
  • Dans le tome 8 de la bande dessinée Kaamelott, le roi Arthur et ses chevaliers affrontent plusieurs basilics.

Jeu de rôle

Jeu de société

  • Dans le jeu de cartes à collectionner Magic : l'assemblée, le basilic est vert. S'il bloque une créature ou est bloqué par elle, celle-ci est détruite à la fin du combat.

Jeu vidéo

Notes et références

  1. a b c d e f g et h Jorge Luis Borges, Le livre des êtres imaginaires, Paris, Gallimard, coll. L'imaginaire, , 254 p. (ISBN 978-2-07-071102-4, lire en ligne), p. 47-49.
  2. a b c d e f et g Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Paris, Éditions le pré aux clercs, , 435 p. (ISBN 978-2-84228-321-6), p. 143-144.
  3. M. Salgues, Des erreurs et des préjugés, cité par Collin de Plancy, Dictionnaire infernal.
  4. Nicandre de Colophon, Les Thériaques, t. 2, Les Belles Lettres, coll. « Universités de France, 417 », , 313 p. (ISBN 978-2-251-00503-4, lire en ligne).
  5. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], VIII, 33.
  6. Sébastien Barbara, « Castoréum et basilic, deux substances animales de la pharmacopée ancienne », MOM Éditions, vol. 39, no 1,‎ , p. 121–148 (lire en ligne, consulté le ).
  7. Lucain, Pharsale, IX [lire en ligne].
  8. Lire en ligne (en anglais).
  9. Jean-François Bladé Contes populaires de la Gascogne, Paris, Maisonneuve frères et C. Leclerc, , 358 p. (lire en ligne).
  10. Claude Seignolle, Contes, récits et légendes des pays de France, tome 1, Omnibus, 1997 (reprise mot pour mot du texte de Bladé).
  11. Martial Guédron, Monstres merveilles et créatures fantastiques, Paris, Hazan, , 336 p. (ISBN 978 2 7541 0275 9), p. 191.
  12. « Un emblème bâlois: la fontaine au Basilic », sur marketing.bs.ch (consulté le ).
  13. Martial Guédron, Monstres Merveilles et créatures fantastiques, Paris, Hazan, , 336 p. (ISBN 978 2 7541 0275 9), p. 188.
  14. Acte I, Scène II : "Richard Lady Anne lui crache au visage. Pourquoi craches-tu sur moi ? Lady Anne — Je voudrais que ce fût pour toi du poison mortel ! Richard — Jamais poison n’est venu de si doux endroit. Lady Anne — Jamais poison ne dégoutta sur un plus hideux crapaud. — Hors de ma vue ! tu blesses mes yeux. Richard — Tes yeux charmants ont blessé les miens. Lady Anne — Que ne sont-ils des basilics pour te frapper à mort !" Lire en ligne.
  15. "Antistrophe I α What though Cimmerian Anarchs dare blaspheme ⁠Freedom and thee? thy shield is as a mirror To make their blind slaves see, and with fierce gleam ⁠To turn his hungry sword upon the wearer; ⁠A new Actaeon's error Shall theirs have been—devoured by their own hounds! ⁠Be thou like the imperial Basilisk Killing thy foe with unapparent wounds! ⁠Gaze on Oppression, till at that dread risk ⁠Aghast she pass from the Earth's disk: Fear not, but gaze—for freemen mightier grow, And slaves more feeble, gazing on their foe:— ⁠If Hope, and Truth, and Justice may avail, ⁠Thou shalt be great— All hail! " Lire en ligne (en anglais).
  16. "Le Basilic grand serpent violet à crête trilobée, avec deux dents, une en haut, une en bas. « Prends garde, tu vas tomber dans ma gueule ! Je bois du feu. Le feu, c’est moi ; — et de partout j’en aspire : des nuées, des cailloux, des arbres morts, du poil des animaux, de la surface des marécages. Ma température entretient les volcans ; je fais l’éclat des pierreries et la couleur des métaux. »" Lire en ligne.
  17. Blandine Le Callet, Le Monde antique de Harry Potter, Stock, (ISBN 9782234086364), p. 60.

Annexes

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Bibliographie

Article

  • Růžena Gregorová et Thierry Malvesy, « Basilic, mermaid, Jenny Haniver : Le démon aux trois noms », Espèces, no 29,‎ , p. 41-48 (lire en ligne)

Articles connexes

Lien externe