Fils de l'acteur Bernard Blier, il est considéré comme l'un des grands réalisateurs des années 1970 et 1980, dont l'œuvre anticonformiste a marqué durablement le cinéma hexagonal.
Ce succès lui permet d'enchaîner les projets : en 1976 sort Calmos, où on retrouve un tandem de protagonistes masculins, ici interprété par Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort. Bernard Blier tient le troisième rôle du film. Lors de sa sortie en salles, Calmos est largement mal reçu par la critique spécialisée de droite et de gauche[4], les journaux progressistes l'accusent d'être un brûlot réactionnaire, tandis que les journaux conservateurs le jugent pornographique. De plus, le film n'a réuni que près de 740 000 entrées, loin des 5,7 millions d'entrées des Valseuses[5]. Blier lui-même considère Calmos comme une erreur : « Calmos est la grosse connerie de ma vie. Le scénario était bon, mais je n'avais, pour le tourner, ni le fric, ni les acteurs[6]. »
Les années 1980 sont marquées par la sortie de cinq films : en 1981 sort Beau-père. Il y dirige pour une troisième fois Patrick Dewaere. Cette fois, le couple central du film est mixte, la jeune Ariel Besse jouant le personnage de la belle-fille du protagoniste. Le film est plébiscité par la critique.
En 1983, il sort la comédie noire La Femme de mon pote : le tandem est inédit. À la cérébrale Isabelle Huppert, il adjoint Coluche et Thierry Lhermitte. Originellement, Coluche devait avoir pour partenaires Miou-Miou et Patrick Dewaere. Le scénario coécrit par Bertrand Blier s'inspire sensiblement de faits réels car depuis 1982, Coluche vit en Guadeloupe avec Elsa, l'ex-compagne de Patrick Dewaere. Quand ce dernier met fin à ses jours, Miou-Miou refuse d'assumer le rôle, trop douloureux pour elle[8],[9].
Globalement apprécié par la critique, la cassure avec la critique se produit avec ce onzième long-métrage que Blier considère comme son meilleur film. Pour la suite, il se fait éreinter[10],[11]. Même chose pour ses pièces de théâtre et son roman Existe en Blanc, « irrespirable » pour L'Express[12].
Au cours de cette décennie, c'est Anouk Grinberg qui devient la nouvelle muse du cinéaste, après des années 1980 portées par Gérard Depardieu. En 1993, il sort le drame Un, deux, trois, soleil, puis en 1996, Mon homme. Ces longs-métrages s'intéressent à des couches très populaires de la population.
Il ouvre la décennie 2000 avec Les Acteurs, grande fresque sur sa passion des acteurs, invitant une distribution de prestige et une mise en abyme sur un métier qui le fascine. Le film se termine par un hommage rendu à Pierre Brasseur et Bernard Blier. Cependant, le long-métrage est un nouvel échec critique et commercial.
Il faut attendre 2010 pour voir sa réalisation suivante, la comédie noire Le Bruit des glaçons. Elle a pour têtes d'affiche Jean Dujardin et Albert Dupontel et connaît un score correct au box-office (plus de 743 000 entrées)[14].
Il faut pourtant attendre (entre-temps de nombreux projets n'ont pas abouti, avec Benoît Poelvoorde par exemple) pour découvrir la satire Convoi exceptionnel, portée par un tandem mythique du cinéma français, Gérard Depardieu (pour une huitième collaboration) / Christian Clavier (première collaboration avec le cinéaste). Il tourne ce film à Bruxelles entre février et [16],[17]. Toutefois, le film est un échec critique et commercial avec moins de 200 000 entrées en France.
Vie privée
Bertrand Blier a été marié une première fois à l'âge de vingt ans. Il a eu une fille, Béatrice, avec Catherine Florin[2], sa seconde épouse ; un fils, Léonard né en 1993, avec l'actrice Anouk Grinberg avec qui il a vécu dans les années 1990, puis une fille, Leïla, avec sa compagne[18], l'actrice Farida Rahouadj[19].
Mort et hommages
Bertrand Blier meurt chez lui à Paris[20] dans la soirée du à l'âge de 85 ans[21]. Josiane Balasko, Jean Dujardin, Jean-Paul Rouve et Anny Duperey lui rendent hommage[22]. Le Centre national du cinéma salue une « filmographie à son image : anticonformiste, irrévérencieuse, parfois provocante et briseuse de tabous, mais toujours teintée de tendresse et parcourue d’une poésie foutraque »[23]. Rachida Dati salue un « cinéaste immense et anticonformiste, un amoureux fou de la liberté de créer »[23]. Les chaînes de télévision bouleversent leurs programmes pour rendre hommage au réalisateur[24].
Les obsèques ont lieu le à l’église Saint-Roch à Paris, en présence de nombreuses personnalités du cinéma, suivie d’une inhumation au cimetière de Montmartre[25] (division 25).
Style et thématiques
Ses films se distinguent par un style résolument anticonformiste et iconoclaste[26],[27],[28]. On trouve dans ses œuvres de grands moments de provocation (Les Valseuses) et d'humour noir (Buffet froid et Les Acteurs), mêlés à un goût prononcé du dialogue grossier et décalé ainsi qu'à un intérêt certain pour l'absurde[29],[30],[31]. Néanmoins, ses films atteignent souvent un large public, comme Notre histoire et Tenue de soirée. Marginaux, prostitués, voyous, flics, travestis, sont ses thèmes de prédilection[32].
Plusieurs publications voient comme principale référence de Blier Michel Audiard et ses dialogues truculents[33],[10]. D'autant plus qu'il cite Jacques Audiard comme étant son réalisateur vivant préféré[34]. Son père joua dans dix-neuf films écrits par Michel Audiard[35].
↑« Le réalisateur Bertrand Blier est mort à 85 ans » , sur Le Figaro, : « Bertrand Blier est décédé mardi 21 janvier, «paisiblement chez lui, à Paris, entouré de sa femme et de ses enfants», a déclaré son fils Léonard Blier à l’AFP. »
↑Véronique Cauhapé, « Bertrand Blier, réalisateur et scénariste, auteur des « Valseuses », est mort à 85 ans », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑Philippe Durant, Michel Audiard, « Acteurs ». La liste n'inclut pas Les Misérables, avec Gabin et Blier, souvent attribué par erreur à Michel Audiard.