Brad Mehldau

De Mi caja de notas


Brad Mehldau
un homme sur scène, habillé en noir, en train de jouer du piano
Brad Mehldau en 2001.
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Bradford Alexander MehldauVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Pianiste de jazz, arrangeur musical, compositeur, artiste d'enregistrementVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
Depuis Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Mehldau & Rossy Trio (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Instruments
Label
Warner Bros. Records (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Maîtres
Genres artistiques
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Discographie

Bradford Alexander Mehldau, dit Brad Mehldau, est un pianiste américain né le à Jacksonville en Floride[1]. Pianiste virtuose[2], c'est un des musiciens les plus renommés et influents de sa génération[3].

Il est notamment célèbre pour avoir étendu le répertoire du jazz au pop-rock, jouant régulièrement des morceaux de Radiohead, Nick Drake, The Beatles ou encore Paul Simon. Il étend également son répertoire à la musique de Jean-Sébastien Bach, dont il fait une source d'inspiration.

Hormis ses enregistrements en leader, Brad Mehldau a joué avec de nombreux musiciens, dont Charlie Haden, Lee Konitz, deux artistes lyriques (la soprano Renée Fleming et la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter), Kurt Rosenwinkel, Pat Metheny, Joshua Redman… Il a également participé à plusieurs musiques de films : Eyes Wide Shut, Ma femme est une actrice

En plus du piano, Brad Mehldau joue également d'autres instruments dans certains albums : xylophone, Fender Rhodes, Hammond B3, mellotron, synthétiseur, batterie et percussions[4]. Il lui arrive aussi de chanter, comme dans son album Finding Gabriel[5].

Biographie

Jeunesse

Brad Mehldau grandit dans une famille d'adoption[1], avec un père ophtalmologue, une mère femme au foyer et une sœur qui deviendra travailleuse sociale[6]. Il étudie le piano dès l'âge de six ans, travaillant le répertoire classique jusqu'à 14 ans. Il découvre le jazz à 12 ans, quand un de ses camarades lui fait découvrir My Favorite Things de John Coltrane[7]. Dès le début de son adolescence, parti dans l'État du Connecticut, son attention se concentre sur le rock et le jazz. Il joue dans le groupe de son lycée[3], et se distingue déjà en gagnant un prix à la célèbre Berklee College of Music[1].

En 1988, il arrive à New York et intègre le département « Jazz et Musique Contemporaine » de la New School of Social Research, où il prend également des cours de composition. Il a pour professeurs de piano Fred Hersch et Kenny Werner. Il rencontre également Jimmy Cobb (batterie), avec qui il travaille la rythmique. Il participe quelque temps à son quartet[1].

Années 1990

Après de nombreuses collaborations avec de jeunes musiciens de la scène new-yorkaise, sa carrière débute véritablement en 1994 lorsqu'il intègre le quartet du saxophoniste Joshua Redman, avec Brian Blade à la batterie et Christian McBride à la basse[8]. Un album est enregistré : Moodswings.

En 1995, Brad enregistre son premier album pour Warner, Introducing Brad Mehldau. On y retrouve deux trios différents : la section rythmique du Joshua Redman Quartet et ce qui deviendra par la suite le Brad Mehldau Trio avec Larry Grenadier (basse) et l'Espagnol Jorge Rossy (batterie). En 1997 sort le premier volet d'une série de cinq albums, The Art of the Trio. Il y interprète Blame It On My Youth, qui est nommé aux Grammy Awards dans la catégorie meilleur solo de jazz improvisé[6]

En 1998, il se défait d'une addiction à la drogue, qui l'a notamment handicapé alors qu'il jouait avec Joshua Redman[8].

Années 2000

En 2002 sort Largo, produit par Jon Brion. C'est son premier album enregistré en dehors de la formule du trio ou du solo, et un de ses albums qui a rencontré le plus de succès public[9]. D'après Joshua Redman, de nombreux jeunes musiciens le citent comme un album de référence[9].

Le dernier enregistrement du trio avec Larry Grenadier et Jorge Rossy est House On Hill publié en 2006. En 2005, Jeff Ballard remplace Jorge Rossy à la batterie. Leur premier album est Day is Done, sorti en septembre 2005[10]. Pour le critique Ben Ratliff, la musique du trio avec Rossy était « ramassée, brillante et subtile, elle pouvait être soit magiquement organisée ou un peu sèche. Avec Jeff Ballard, […] c'est toujours une musique avec des directions relativement claires et droites, sans swing à outrance. Mais cette musique est devenue plus dense et tumultueuse, elle s'est réhydratée[11] ».

Années 2010

En 2010 sort Highway Rider, produit par Jon Brion, second volet de leur collaboration après Largo[10]. La même année, il est le premier musicien de jazz à tenir la chaire de composition de Richard and Barbara Debs au Carnegie Hall[3], où il a eu l'occasion de parler du motif chez Beethoven avec le musicologue Charles Rosen ou de la partition de Metamorphosen de Richard Strauss[12].

En 2012, sortent Ode et Where Do You Start, un retour à la formule du trio, qui était absente du disque depuis Brad Mehldau Trio Live (2008). Alors qu'Ode est constitué de compositions originales, son pendant, Where Do You Start ne comprend que des reprises (Nick Drake, Sufjan Stevens…) ainsi qu'une composition originale de Mehldau. Ces deux disques sont acclamés par la critique[10].

En 2013, Mehldau produit l'album Walking Shadows de Joshua Redman. En 2013 est créé le duo « Mehliana », avec Mehldau au Fender Rhodes et aux synthétiseurs, et Mark Guiliana à la batterie et aux « effets ». L'album Mehliana: Taming the Dragon (en) sort en 2014[13]. L'attrait de Mehldau pour les instruments était déjà perceptible lors de ses collaborations avec Jon Brion[14].

Il joue beaucoup en duo, avec Chris Thile (Chris Thile & Brad Mehldau (en), 2017), Kevin Hays, Joshua Redman (Nearness, 2016)…

En 2019 est créé The Folly of Desire, un cycle de chansons commandé par la Philharmonie de l'Elbe, le Wigmore Hall, Stanford Live à l'université Stanford et le Carnegie Hall[15]. Sur des textes de Shakespeare, e. e. cummings, Brecht, Yeats, Goethe ou Blake, ce cycle est écrit pour le ténor Ian Bostridge, avec qui Mehldau l'interprète[16]. En concert, The Folly of Desire est joué avec Dichterliebe de Robert Schumann[17].

Il compose et interprète la bande originale du film Mon chien Stupide d'Yvan Attal sorti en 2019[18].

Années 2020

un homme assis au piano, en costume gris, cheveux gris
Brad Mehldau au Moers Festival en 2021.

En , alors que se déclare la pandémie de Covid-19, Mehldau est confiné à Amsterdam avec sa femme et leurs enfants. Il écrit une Suite de douze morceaux qui décrivent chacun un moment, une émotion, une sensation particulière. L'album Suite: April 2020 sort en . Il reverse les recettes de la vente d'un vinyle en édition limitée au fond d'urgence Covid-19 de la Jazz Foundation of America (en) pour les musiciens de jazz[19].

Deux disques de Brad Mehldau sont publiés le . After Bach II fait suite à After Bach et mêle des pièces de Bach (quatre préludes, une fugue, l'Allemande de la quatrième partita) et sept compositions inspirées par le compositeur allemand. Sur Après Fauré, Mehldau joue des œuvres de Gabriel Fauré (quatre nocturnes, une réduction de l'Adagio de son Quatuor pour piano et cordes), associées à des compositions inspirées par ces œuvres[20].

Vie privée

Il est marié avec la chanteuse néerlandaise Fleurine (en), avec laquelle il a eu une fille en 2001[21].

Style

Présentation

Brad Mehldau est à la fois un grand improvisateur et un musicien très intéressé par les formes et les structures[10]. Cet intérêt pour la forme se retrouve dans plusieurs albums (Elegiac Cycle, Places ou Highway Rider) sur lesquels les morceaux composés forment une sorte de suite.

Son ami Joshua Redman dit de lui : « Personne ne lui arrive à la cheville. Je n'ai jamais travaillé avec un pianiste qui ait plus de groove [the hardest grooving piano player], et son incroyable sens de la mélodie fait qu'on a l'impression qu'il chante quand il joue[8]. »

Amateur de poésie de philosophie, il se considère lui-même comme un romantique[22]. Il est connu pour écrire de longs textes, parfois complexes voire prétentieux[14], pour les pochettes de ses albums, citant par exemple, pour l'album Places Goethe, Nietzsche, Walter Benjamin et Schopenhauer[21],[23].

Influences

Il est influencé par des pianistes de jazz, comme Bill Evans, Keith Jarrett, Oscar Peterson[22], Herbie Hancock[9]. Il dit avoir été très influencé par son professeur Fred Hersch[8],[24], ainsi que par des compositeurs de musique dite classique : Beethoven, Schumann, Schubert[22].

Jeu de piano

Son jeu se caractérise notamment par une grande indépendance des mains gauche et droite, les deux se répondant souvent, dans un dialogue en contrepoint[7].

Il explique ne pas avoir la technique nécessaire pour jouer du stride, style dans lequel la main gauche fait de nombreux allers-retours entre une basse et un accord[25]. Il adopte donc une autre approche, plus naturelle et facile pour lui, en combinant des notes tenues et figurations mélodiques ou harmoniques, comme peuvent le faire Bach ou Beethoven[25].

C'est un musicien qui a beaucoup travaillé les rythmes impairs et les polyrythmies. Par exemple, il superpose parfois des doubles croches à la main gauche (quatre notes) et des quintolets à la main droite (cinq notes)[26]. Il utilise cette technique notamment avec des arpèges en cascades ; il essaye alors, à la manière des compositeurs de musique classique, d'en faire ressortir une mélodie[26].

En piano solo, il lui arrive fréquemment de réharmoniser un morceau en changeant simplement la nature des accords : il garde la même basse, mais passe d'un C7 à Cm7, ou d'un Fm7 à FM7[27]. Varier les modes lui permet de changer d'atmosphère[27].

Il est adepte du jeu « out », superposant régulièrement dans ses solos plusieurs tonalités, parfois très éloignées : ainsi dans le solo de Day is done (sur l'album du même nom), il joue en Si majeur sur un accord de Do mineur, ou en Ré majeur sur un accord de Fa septième[28]. Il utilise régulièrement la substitution tritonique (Si septième sur Fa septième, toujours dans le solo de Day is done[28].)

Extrait du solo de Day is Done, vers 4m22s[28].

Reprises

En dehors de ses propres compositions et des reprises de grands classiques du jazz, notamment de Cole Porter ou George et Ira Gershwin, Brad Mehldau reprend régulièrement quelques-unes des plus belles chansons des courants rock et pop[7]. Parmi celles-ci on peut citer :

On peut également mentionner des reprises de Jeff Buckley (Dream Brother), Oasis (Wonderwall), Chico Buarque (O Que Sera), The Verve (Bitter Sweet Symphony), Massive Attack (Teardrop), Sufjan Stevens (Holland), Léo Ferré (La Mémoire et la Mer), The Kinks (Waterloo Sunset), Pink Floyd (Hey You), The Beach Boys (God Only Knows)…

La fréquence de ses reprises est d'environ une à trois par album.

Brad Mehldau est un musicien qui a également intégré le vocabulaire de la musique dite classique dans son jeu et dans son approche du jazz. Il cite Strauss, Mahler, Johannes Brahms ou Piotr Ilitch Tchaïkovski comme des inspirations dans son travail d'orchestration et d'harmonie, comme on peut l'entendre par exemple sur Highway Rider[9],[29]. Dans son album 10 Years Solo Live, on l'entend jouer deux pièces de Brahms, et sur After Bach il se sert du matériau composé par Bach pour ses propres compositions et improvisations.

Il a également écrit des cycles lyriques pour la soprano Renée Fleming (Love Sublime, 2006) et pour la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter (Love Songs, 2010).

Préparation des concerts

Avant un concert en piano solo, Brad Mehldau prépare une liste de morceaux, et s'y tient à peu près pour la moitié. Il lui arrive ainsi de ne pas jouer certains morceaux si d'autres durent plus longtemps que prévu ; d'autres peuvent arriver en cours de concert, inspirés par un motif mélodique ou une harmonie. Il conçoit ses « set-lists » en cherchant la variété, ayant le schéma d'une œuvre symphonique en plusieurs mouvements en tête[30].

Récompenses

Obtenues

Nominations

Partitions

  • En 2003, l'éditeur américain Hal Leonard publie un recueil de six titres (Bewitched, I Didn't Know What Time It Was, Nobody Else but Me, Prelude to a Kiss, Sehnsucht, Unrequited) comprenant le relevé de la partie piano de morceaux joués en trio.
  • En 2011, l'éditeur français Outre Mesure publie la partition intégrale de son premier album solo, Elegiac Cycle, accompagnée de commentaires d'analyse musicale par Philippe André, des grilles manuscrites originales de Brad Mehldau, et d'un long entretien inédit de Ludovic Florin avec le musicien[36].

Discographie

Annexes

Références

  1. a b c et d « Biographie de Brad Mehldau », sur qobuz.com (consulté le ).
  2. « Biographie de Brad Mehldau », sur evene.lefigaro.fr (consulté le ).
  3. a b et c (en) Richard S. Ginell, « Biographie de Brad Mehldau », sur allmusic.com (consulté le ).
  4. « Brad Mehldau : jazz et écrits sacrés sur le trouble américain ★★★★ », sur La Presse, (consulté le )
  5. (en-US) « Finding Gabriel », sur Brad Mehldau (consulté le )
  6. a b et c (en) Owen McNally, « Mehldau's Art Of Thegrammy, Volume One », sur Hartford Courant, (consulté le ).
  7. a b et c « Biographie de Brad Mehldau », sur pianoweb.fr (consulté le ).
  8. a b c et d (en) Thomas Staudter, « A Jazz Pianist Comes Back For a Show in His Hometown », sur nytimes.com, (consulté le ).
  9. a b c et d (en) Nate Chinen, « A Jazz-Pop Encounter: The Sequel », sur nytimes.com, (consulté le ).
  10. a b c et d (en) « Présentation de Brad Mehldau », sur bradmehldau.com (consulté le ).
  11. (en) Ben Ratliff, « Rhythm, Among Other Things, Is Their Business », sur nytimes.com, (consulté le ).
  12. (en) Allan Kozinnov, « Brad Mehldau Is a Jazzman in a Classical Mood », sur nytimes.com, (consulté le ).
  13. (en) « Brad Mehldau and Mark Guiliana's "Mehliana: Taming the Dragon" Electric Duo Debut Out Now », sur nonesuch.com, (consulté le ).
  14. a et b (en) John Kelman, « Brad Mehldau / Mark Guiliana: Mehliana - Taming the Dragon », sur allaboutjazz.com, (consulté le ).
  15. (en) « Brad & Ian Bostridge Premiere The Folly of Desire », sur bradmehldau.com, (consulté le ).
  16. « Brad Mehldau et Ian Bostridge », sur journal-laterrasse.fr, (consulté le ).
  17. « Brad Mehldau & Ian Bostridge », sur philharmoniedeparis.fr, (consulté le ).
  18. Alex Dutilh, « Jazz Culture : Mon chien stupide, starring Brad Mehldau », France Musique, (consulté le ).
  19. Chloë Cambreling, « Le piano de Brad Mehldau à l'écoute de nos émotions confinées » [audio], L'Invité(e) culture, France Culture, (consulté le ).
  20. (en) « Brad Mehldau’s 'After Bach II' and 'Après Fauré' Due May 10 on Nonesuch », Nonesuch Records, (consulté le ).
  21. a et b (en) John Fordham, « Ivory power », sur theguardian.com, (consulté le ).
  22. a b et c « Page consacrée à Brad Mehldau », sur pianobleu.com (consulté le ).
  23. (en) David Peschek, « Radiohead, Coltrane and me », sur theguardian.com, (consulté le ).
  24. (en) David Hajdu, « Giant Steps: The Survival of a Great Jazz Pianist », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  25. a et b Beato 2024, 17:30.
  26. a et b Beato 2024, 31:30.
  27. a et b Beato 2024, 33:30.
  28. a b et c (en) Mark Baynes, « Brad Mehldau's harmonic research : mémoire de fin d'études » [PDF], sur jazzpiano.co.nz, (consulté le ).
  29. (en) « Page de Highway Rider », sur bradmehldau.com (consulté le ).
  30. (en) Joseph Vella, « Interview With Brad Mehldau on the Art of Solo Piano », sur huffingtonpost.com, (consulté le ).
  31. (en) Roxana Hadadi, « Brad Mehldau Receives Miles Davis Prize at Montreal Jazz Fest », sur jazztimes.com, (consulté le ).
  32. (en) Mary James, « NEWS: Brad Mehldau is the first jazz musician to be awarded the Wigmore Medal », sur londonjazznews.com (consulté le ).
  33. a b c d e f g et h (en) « Brad Mehldau », sur grammy.com (consulté le ).
  34. « Palmarès 2022 », sur Académie du jazz (consulté le ).
  35. a et b (en) « Nonesuch Artists Earn Six Grammy Award Nominations », sur nonesuch.com, (consulté le ).
  36. « Elegiac Cycle », sur outremesure.lfi.fr

Liens externes


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