Diderot est reconnu pour son érudition, son esprit critique et un certain génie. Il laisse son empreinte dans l'histoire de tous les genres littéraires auxquels il s'est essayé : il pose les bases du drame bourgeois au théâtre, révolutionne le roman avec Jacques le Fataliste et son maître, invente la critique à travers ses Salons et supervise la rédaction d'un des ouvrages les plus marquants de son siècle, la célèbre Encyclopédie. En philosophie également, Diderot se signale en proposant matière au raisonnement du lecteur plutôt qu'un système complet, fermé et rigide[n 1].
Mal connu de ses contemporains, tenu éloigné des polémiques de son temps, peu enclin à la vie des salons et mal reçu par la Révolution, Diderot devra attendre la fin du XIXe siècle pour recevoir tout l'intérêt et la reconnaissance de la postérité dans laquelle il avait placé une partie de ses espoirs. Certains de ses textes sont restés inédits jusqu'au XXIe siècle et l'édition moderne de ses œuvres complètes entamée par l'éditeur parisien Hermann en 1975 n'est pas encore achevée.
Son grand-père Denis Diderot (1654-1726), coutelier et fils de coutelier, avait épousé en 1679 Nicole Beligné (1655-1692), issue de la célèbre maison de coutellerieBeligné[1].
Sa mère Angélique Vigneron (1677-1748) était la fille d'un maître tanneur[2]. Son père Didier Diderot (1685-1759), maître coutelier, était réputé pour ses instruments chirurgicaux, scalpels et lancettes notamment.
Mariés en 1712, ses parents eurent neuf enfants dont quatre seulement atteignirent l'âge adulte : deux garçons et deux filles[3]. Denis naît à Langres[n 2], le , peu après la mort du premier enfant. Il est baptisé le lendemain en l'église Saint-Pierre-Saint-Paul de Langres[n 3].
Malgré les tensions que Denis aura avec son père à l'âge adulte, ce dernier lui a transmis ses préoccupations morales et un intérêt pour la technique qui aidera Diderot dans sa rédaction de l’Encyclopédie.
Diderot était l'aîné de cette fratrie dont chacun des membres tint un rôle important dans sa vie. Sa sœur Angélique (1720-1749), est entrée chez les Ursulines à l'âge de 19 ans et est devenue folle en 1728, avant de mourir un an plus tard[3]. Son histoire inspira en partie La Religieuse[4] ; Didier-Pierre (1722-1787) embrassera la carrière ecclésiastique et deviendra chanoine de la cathédrale de Langres. Les relations entre les deux frères seront toujours conflictuelles. Denise (1715-1797), enfin, également restée à Langres, sera le lien permanent et discret entre Diderot et sa région natale.
De 1723 à 1728, Denis suit les cours du collège jésuite, proche de sa maison natale. À douze ans (1725), ses parents envisagent pour lui la prêtrise et, le , il reçoit la tonsure de l'évêque de Langres et prend le titre d'abbé ainsi que la tenue ecclésiastique. Il doit succéder à son oncle chanoine à Langres, mais la mort prématurée et sans testament de ce dernier ne lui permet pas de bénéficier de sa prébende[5].
Premières années parisiennes (1728-1745)
Peu intéressé par la carrière ecclésiastique, ni par l'entreprise familiale et les perspectives de la vie en province, Denis part étudier à Paris en 1728. Il ne reviendra à Langres que quatre fois : en 1742, à l'automne 1754, en 1759 et en 1770, essentiellement pour régler des affaires familiales.
Ses premières années parisiennes sont mal connues. De 1728 à 1732, il suit sans doute des cours au collège d'Harcourt puis étudie la théologie à la Sorbonne. Le , il reçoit une attestation de l'université de Paris confirmant qu'il a étudié avec succès la philosophie pendant deux ans et la théologie durant trois ans.
Les années 1737-1740 sont difficiles. Diderot donne des cours, compose des sermons, se fait clerc auprès d'un procureur d'origine langroise, invente des stratagèmes pour obtenir de l'argent de ses parents, au désespoir de son père.
Ses préoccupations prennent progressivement une tournure plus littéraire. Il fréquente les théâtres, apprend l'anglais dans un dictionnaire latin-anglais[6], et donne quelques articles au Mercure de France, le premier de ceux-ci étant une épître à M. Basset, en janvier 1739. À la fin des années 1730, il annote une traduction d'Étienne de Silhouette de l'Essay on man d'Alexander Pope et se tourne vers la traduction.
Diderot rencontre Jean-Jacques Rousseau à la fin de 1742. Une forte amitié naît entre les deux hommes. Par l'intermédiaire de Rousseau, Diderot rencontre Condillac en 1745. Ils forment à trois une petite compagnie qui se réunira souvent.
En 1742, il devient amoureux de Anne-Antoinette Champion (1710-1796), une blanchisseuse de 31 ans qu'il appelle Toinette ou Nanette, et qui vivait dans l'immeuble où il logeait. Toinette, dont le père était mort quand elle avait trois ans, était d'origine noble mais vivait pauvrement en raison de désastres financiers. Elle avait été dans un couvent jusqu'à l'âge de 13 ans mais était à peine capable de lire. Pour surmonter les réticences de sa mère, Diderot se présente en habit ecclésiastique et réussit à s'entretenir avec la belle Toinette, qui accepte de l'épouser. Diderot effectue un premier retour à Langres pour solliciter auprès de son père le droit de se marier — la majorité matrimoniale étant fixée à 30 ans à cette époque —, mais il essuie un refus car son père estime que cette femme est en dessous de sa classe sociale de bourgeois. Comme Denis persiste, son père tente de bloquer ce projet de mariage en le faisant enfermer dans un monastère de Carmélites, où il est tonsuré et moqué par les moines. Après quelques jours, Denis réussit à s'échapper durant la nuit et se rend à Troyes, à 120 km de là, mais doit rester caché pour éviter d'être repris par la police. Toinette, qui avait abandonné l'idée de l'épouser à la suite d'une lettre de son père, apprend après quelques mois que Denis est très malade. Elle lui rend visite avec sa mère et l'aide à se remettre. Les deux amoureux se marient alors secrètement[n 5] en l'église Saint-Pierre-aux-Bœufs[n 6] le [n 7]. Le jeune couple s'installe rue Saint-Victor (1743)[7].
Cette union ne sera pas heureuse fort longtemps. Diderot oublie rapidement une épouse très éloignée de ses intérêts littéraires et entretient dès 1745 une première liaison connue avec Madeleine de Puisieux. Toutefois, en dépit de ses écarts conjugaux, il aura toujours soin de protéger les siens ; de son couple, naîtront quatre enfants dont seule la cadette, Marie-Angélique (1753-1824), atteindra l'âge adulte[8].
L'année 1742 marque le début de son amitié avec Jean-Jacques Rousseau qu'il rencontre au Café de la Régence, alors qu'il observait des joueurs d'échec[n 8] Très vite, ils découvrent qu'ils ont en commun l'amour de la musique, du théâtre, de la philosophie et de la littérature.
En 1743, sa carrière littéraire débute par des traductions de l'anglais. En 1745 paraît sa traduction, largement augmentée de ses réflexions personnelles, de An inquiry concerning virtue or merit de Shaftesbury, publié sous le titre Essai sur le mérite et la vertu[n 9], premier manifeste du glissement de Diderot de la foi chrétienne vers le déisme.
En 1746, le couple s'installe rue Traversière puis, en avril, rue Mouffetard, (avril 1746), chez François-Jacques Guillotte, un officier militaire qui fournira plus tard un article à l'Encyclopédie sur la construction des ponts[9]. C'est l'année où Diderot publie sa première œuvre originale, les Pensées philosophiques.
En 1748, Diderot publie de façon anonyme Les Bijoux indiscrets, conte orientalisant mettant en scène les femmes de la cour à travers les confidences de leurs vagins. Il publie aussi Mémoires sur différents sujets de mathématiques, un ouvrage qui jette les bases de sa notoriété comme mathématicien.
Château de Vincennes (24 juillet au 3 novembre 1749)
Le no 3 de la rue de l'Estrapade où vivait Diderot de 1747 à 1754, à l'époque de son arrestation.
Les positions matérialistes de sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient, qui paraît en 1749, achèvent de convaincre la censure que leur auteur, surveillé depuis quelque temps, est un individu dangereux. Surtout, en cette année 1749, le pouvoir et l'ordre à Paris sont menacés par des problèmes économiques qui paupérisent une partie de la population. En outre, la signature du Traité d'Aix-la-Chapelle (1748) a amené en ville nombre de militaires désœuvrés qui enlèvent, violent et tuent. Des rumeurs circulent accusant la police royale d'enlever des enfants pour les emmener à Versailles pour que Louis XV puisse se baigner dans leur sang[10]. La police se sent pressée d'agir. La Lettre sur les aveugles est condamnée et Diderot est arrêté chez lui, rue de l'Estrapade[n 10] et emmené au château de Vincennes où il sera incarcéré trois mois sur ordre du préfet de police Berryer. Selon le procès-verbal de l'interrogatoire, quand ce dernier interroge le prévenu le 31 juillet 1749, Diderot nie fermement être l'auteur de la Lettre en question[11].
Extrait du procès-verbal de l'arrestation de Diderot (France, Archives nationales).
À son domicile, la police saisit toutefois le manuscrit de La Promenade du sceptique[12] mais cherche vainement le manuscrit de L'Oiseau blanc : conte bleu. Toutefois, le policier se rend chez Laurent Durand, imprimeur de cet ouvrage, qui se montre nettement plus coopératif[13]. Après quatre semaines de cellule, Diderot change de stratégie et écrit une longue lettre à Berryer pour faire amende honorable et tenter de l'apitoyer. En outre, il écrit au comte d'Argenson, alors ministre de la censure et de la guerre, une lettre assez flatteuse dans laquelle il lui annonce que, en tant qu'éditeur de l'Encyclopédie, il avait envisagé de lui dédicacer cet ouvrage — ce qu'il fera d'ailleurs deux ans plus tard. N'ayant pas de réponse de Berryer, il lui écrit une autre lettre dans laquelle il avoue être l'auteur des Pensées philosophiques, des Bijoux indiscrets et de la Lettre sur les aveugles. Berryer lui donne alors une cellule beaucoup plus confortable ainsi qu'un droit de visite.
Durant sa détention, Diderot reçoit la visite à plusieurs reprises de son ami Jean-Jacques Rousseau qui, en chemin, a un jour la fameuse illumination qui l'amènera à écrire, sans doute avec l'aide de Diderot, son Discours sur les sciences et les arts[14].
Outre la visite de sa femme Toinette et de Madame de Puisieux, il a des réunions de travail avec ses éditeurs et se remet à l'Encyclopédie avec son co-éditeur d'Alembert et Louis-Jacques Goussier, responsable des illustrations[15]. Il reçoit aussi le soutien de Voltaire et d'Émilie du Châtelet qui parvient à faire assouplir ses conditions de détention. Libéré après 102 jours de prison, il s'engage à modérer ses écrits et sera désormais d'une grande prudence dans ses publications, préférant même réserver certains de ses textes à la postérité ou à jouer de discrétion afin de contourner la censure. Cette lutte, qui sera incessante jusqu'à la fin de la publication de l'Encyclopédie, est le premier positionnement de Diderot à l'égard du pouvoir[16].
À l’origine, l’Encyclopédie ne devait être que la traduction en français de la Cyclopædia d’Ephraïm Chambers, dont la première édition date de 1728, mais Diderot, auteur polygraphe dont la pensée philosophique ne cesse de s'accentuer dans le sens de l'athéisme, du matérialisme, mais aussi de la théorie de l'évolution, préfère se lancer dans ce qui sera l'œuvre d'une vie[17].
L'année 1747 marque le début des pleines responsabilités de Diderot dans le vaste projet éditorial de l'Encyclopédie. Il s'installe alors rue de l'Estrapade sur la montagne Sainte-Geneviève. Le Prospectus paraît en 1750 et le premier volume, l'année suivante. Il consacrera 25 ans de sa vie à ce projet qu'il n'achève qu'en juillet 1772, rempli de l'amertume due au manque de reconnaissance, aux errements de l'édition et au comportement des éditeurs (Le Breton en particulier).
Pour contourner la censure de l'époque, lui et les éditeurs de l'Encyclopédie ont inséré des renvois et des références croisées dans leurs articles, préfigurant ainsi les liens hypertextes modernes pour transmettre des idées critiques, notamment à l'égard du dogme religieux, de manière indirecte[18].
Cette période de travail intense, avec ses charges, ses menaces, ses satisfactions et ses déceptions est également marquée par quelques événements privés importants.
La rue Taranne en 1866 vue par Charles Marville : le logis de Diderot était situé au-dessus du restaurant Laffitte, au no 1, et faisait l'angle avec, à droite, le début de la rue Saint-Benoît.
Les finances s'améliorent et, en 1754, la famille Diderot s'installe aux 4e et 5e étages d'un logis de la rue Taranne et n'en bougera plus[n 11].
En 1755, il rencontre Sophie Volland, peut-être par l'intermédiaire de Rousseau. Il entame avec elle une liaison clandestine qui se prolongera jusqu'à la mort de celle-ci et qui est à l'origine d'une abondante correspondance, aujourd'hui considérée comme essentielle pour la connaissance de l'écrivain.
À partir de 1757, ses idées commencent à diverger de celles de Jean-Jacques Rousseau, entre autres sur la question de la valeur de l'homme dans la société. Diderot en effet comprend mal la volonté de solitude exprimée par Rousseau et écrit dans Le Fils naturel, que « l'homme de bien est dans la société, et qu'il n'y a que le méchant qui soit seul. » Rousseau se sent attaqué et s'offusque[19]. La brouille a également pour origine les indiscrétions que Rousseau attribue à Diderot sur la liaison qu'il avait avec Louise d'Épinay[20].
À la suite de cela, dans la version de 1760 du Contrat social dite « Manuscrit de Genève », Rousseau introduit une réfutation de l'article « Droit naturel » publié en 1755 dans l'Encyclopédie. La polémique avec Diderot[21] le conduit à supprimer le chapitre « La Société générale du genre humain », contenant la réfutation[22]. C'est le début d'un éloignement qui ne fera que se marquer davantage.
Le décès de son père, en 1759, impose à Diderot un voyage à Langres pour régler la succession. C'est l'occasion pour lui de retrouver sa terre natale et de repenser à l'intégrité de son père. Il en sortira des textes importants, comme le Voyage à Langres et l'Entretien d'un père avec ses enfants.
Le critique d'art et l'impératrice (1765-1773)
À partir de 1769, Grimm confie plus largement la direction de la Correspondance littéraire à Diderot[23] et Louise d'Épinay. Ce sera l'occasion pour Diderot de développer une activité de critique tant dans le domaine littéraire qu'artistique grâce à ses neuf comptes-rendus des salons qu'il rédigera entre 1759 et 1781.
La Correspondance littéraire sera également le premier mode de diffusion, manuscrit et très restreint, de nombreux textes du philosophe.
Les divergences avec Rousseau s'affirment depuis quelques années déjà, la dispute s'amplifie jusqu'à la rupture totale en 1770. Rousseau considère dès lors Diderot comme un ennemi. L'un et l'autre éprouveront une grande amertume à la suite de cette rupture. Ainsi, dans sa Lettre sur les spectacles, Rousseau écrit : « J'avais un Aristarque sévère et judicieux, je ne l'ai plus, je n'en veux plus ; mais je le regretterai sans cesse, et il manque bien plus encore à mon cœur qu'à mes écrits ». Et Diderot répond, dans l'Essai sur les règnes de Claude et de Néron : « Demandez à un amant trompé la raison de son opiniâtre attachement pour une infidèle, et vous apprendrez le motif de l'opiniâtre attachement d'un homme de lettres pour un homme de lettres d'un talent distingué ».
En janvier 1765, Diderot laisse entendre à ses amis qu'il serait prêt à vendre sa bibliothèque pour doter correctement sa fille — qui n'a alors que 12 ans. Son ami Grimm en informe le chambellan de la reine de Russie, Catherine II. Celle-ci en fait aussitôt l'achat pour 15 000 tout en insistant pour que Diderot la garde en viager et qu'il soit rémunéré comme bibliothécaire de ce fonds à raison de 1 000 par an. À la suite d'un retard de paiement, l'impératrice lui paie même 50 années d'avance, soit formatnum équivalant à 700 000 en 2019[24]. Diderot est également nommé membre de l'Académie impériale des beaux-arts de Saint-Pétersbourg en 1767. Ces largesses permettront au philosophe de mettre sa fille et ses vieux jours à l'abri du besoin, et auront un impact important sur la réception de son œuvre.
À la suite de la vente de sa bibliothèque[n 12], Diderot se considère comme l'attaché culturel de l'impératrice et convainc plusieurs artistes de s'installer à Saint-Pétersbourg, notamment son ami le sculpteur Étienne Maurice Falconet qui érigera la statue en bronze de Pierre le Grand installée devant le sénat de Saint-Pétersbourg. Il négocie aussi pour l'impératrice l'achat de tableaux et de sculptures. Grande amatrice d'art, Catherine II chargeait ses principaux contacts, dont Diderot, d'acheter des œuvres européennes alors introuvables en Russie. C'est Diderot, par exemple, qui négocie avec Louise Crozat de Thiers dite « la Maréchale » l'achat des 500 tableaux de la « galerie Thiers », comprenant des œuvres de Raphaël, Rembrandt, Titien, Véronèse, Rubens, etc. ; l'accord est signé le 4 janvier 1772 pour 460 000 livres[25]. Cette vente suscita bien des critiques, mais le roi de France était incapable de surenchérir en raison du piteux état des finances publiques dû à un contexte économique et géopolitique désastreux[26].
Depuis plus de 10 ans, Diderot était invité par Catherine II dont les largesses imposaient la reconnaissance. Peu enclin aux mondanités et d'un caractère casanier, ses obligations éditoriales et familiales incitaient Diderot à reporter le déplacement. Ce n'est qu'en 1772, après avoir terminé l'Encyclopédie qu'il envisagea enfin ce voyage[n 13]. Il avait aussi marié sa fille Angélique le 9 septembre 1772 avec le fils d'un industriel de Langres, mais cela n'avait pas été sans lui causer beaucoup de chagrin[n 14]. Enfin, il lui était d'autant plus facile de quitter Paris que sa vie amoureuse était en panne, tant du côté de Sophie Volland que du côté de Madame de Maux[27].
Avant son départ, Diderot avait pris avec son ami Jacques-André Naigeon les dispositions nécessaires en cas de décès. Il revint indemne, des projets plein la tête, mais très affaibli ; les conditions du voyage et les rigueurs de l'hiver russe ont pu écourter sa vie de quelques années...
Trajet de Denis Diderot.
À l'aller et au retour de son voyage, Diderot passe deux longs séjours à La Haye, dans les Provinces-Unies[29]. Son Voyage en Hollande est une synthèse de ses observations et, surtout, de ses lectures sur le pays.
Premier séjour à La Haye (juin à août 1773)
Il séjourne une première fois à La Haye du au , chez l'ambassadeur de Russie Dimitri Alexeïevitch Galitzine et sa femme Amélie Galitzine[30] à l'ambassade de Russie, Kneuterdijk, no 22[31]. Dès son arrivée, il va voir la mer pour la première fois. Il apprécie la nourriture et les multiples sortes de poissons.
Le 20 août, Diderot et le chambellan de l'impératrice, Aleksei Vasilievich Narychkine, quittent La Haye pour Pétersbourg, avec des arrêts à Duisbourg, Leipzig et Dresde. Sur la route, Diderot travaille à un essai sur l'histoire de la police en France et compose des poèmes licencieux. Ils arrivent à Saint-Pétersbourg le 8 octobre. Diderot, malade, se décrit comme « plus mort que vivant ». Il devait être hébergé dans la maison de son ami le sculpteur Falconet, rue Millionaya, près du palais, mais le fils de celui-ci, rentré un peu plus tôt de Londres, occupait la chambre réservée au philosophe. Finalement, Diderot va passer cinq mois dans la maison de Narychkine au centre de la ville. La présentation à l'impératrice a lieu le 15 octobre, lors d'une fête costumée : Diderot portait son costume noir et on lui prêta une perruque[n 16]. Les entretiens avec Catherine commencèrent les jours suivants et ils eurent lieu trois fois par semaine, entre trois et six heures de l'après-midi, dans les appartements privés. Entre deux rencontres, Diderot travaille fiévreusement à rédiger un total de 65 mémoires pour l'impératrice, regroupés sous le titre Mémoires pour Catherine II, conservés aux Archives centrales historiques de Moscou[35],[36].
La correspondance de Diderot révèle le grand sérieux des sujets abordés : la valeur de la libre concurrence dans le commerce et le gouvernement, la nécessité de régler la succession au trône russe, la commission législative que Catherine avait assemblée en 1767, le luxe, le divorce et les académies, le rapport du trône avec la religion, la méritocratie en Russie, la situation des Juifs, la tyrannie, l’importance des écoles publiques, l’administration de la justice, les universités, la littérature, etc. Diderot incite aussi Catherine à réinstaller sa capitale à Moscou et à réduire considérablement les dépenses du palais[37]. Catherine est vivement impressionnée par l'imagination de son invité et le décrit dans une lettre à Voltaire comme « l'homme le plus extraordinaire qu'elle ait jamais rencontré ». Diderot, pour sa part, considérait l'impératrice comme une femme éminemment supérieure à lui, avec l'âme de César et les charmes de Cléopatre. Tout en l'écoutant avec attention, l'impératrice le reprend fermement lorsqu'il s'aventure à lui suggérer de mettre fin à la guerre avec la Turquie qui durait depuis cinq ans[38].
Diderot espère aussi faire démarrer la traduction et l'adaptation de l'Encyclopédie en russe. Vers le 5 novembre 1773, il reçoit une première pression politique par le biais de l'ambassadeur de France à Pétersbourg, François-Michel Durand de Distroff, pour essayer d'améliorer l'attitude de la souveraine vis-à-vis de la France. Au cours de son séjour, il visite les environs de la ville impériale, assiste à des représentations théâtrales et devient membre étranger de l’Académie russe des sciences.
Après quelques mois, Diderot prend conscience que l'impératrice ne compte pas, en réalité, mettre en pratique les réformes qu'il lui propose. La cabale des courtisans contre lui prend de la force lorsque arrivent au palais des copies des Nouvelles littéraires (décembre 1773). Ce magazine contenait un article du roi de Prusse Frédéric II qui éreintait la carrière littéraire de Diderot afin de se venger qu'il ait refusé son invitation[39].
Diderot quitte la ville le 5 mars 1774, après plusieurs semaines de problèmes intestinaux, période pénible, humide et froide, durant laquelle il a peu produit[40]. Pour le chemin du retour, l'impératrice lui accorda une somme de 3 000 roubles et lui fournit une voiture équipée d'un lit. Surtout, en présence de sa cour, elle retira de son doigt une bague qui comportait son portrait en miniature et demanda à son chambellan de la remettre à Diderot au moment de son départ[41]. Fidèle à la promesse qu'il avait faite à Catherine de ne jamais la critiquer publiquement ni son gouvernement, il brûlera avant son départ toutes les notes qu'il avait prises sur son expérience de la capitale russe[42].
Second séjour à La Haye (avril à octobre 1774)
Traduction du Nakaz (1779)
Sur le chemin du retour de Russie, alors que le cocher avait engagé sa voiture sur une rivière gelée, la glace céda et les occupants n'échappèrent que de peu à la noyade. Après 2 400 km de route, Diderot arriva à La Haye le 5 avril et séjourna à nouveau chez Galitzine, jusqu'au 15 octobre 1774 — soit 6 mois et 17 jours. Il entreprend alors de s'acquitter de la publication en français des édits et plans de Catherine en matière d'éducation publique. Il se met aussi à retravailler ses manuscrits en vue d'une édition complète de ses œuvres et rencontre à cette fin l'éditeur Marc-Michel Rey. Mais ce projet ne verra pas le jour[n 17]. De même son projet de traduction en russe de l'Encyclopédie, qu'il comptait faire plus audacieuse que la première édition et pour laquelle il espérait recevoir 200 000 livres dut être abandonné faute d'intérêt de la part de Catherine[43].
Il travaille aussi à un ouvrage satirique « Principes de politique des souverains » contenant des maximes dignes de Machiavel à l'usage des autocrates. Diderot avait en tête Frédéric II, mais bien des maximes s'appliquaient aussi à Catherine[44].
Durant son séjour, il rédigea aussi des Observations sur le Nakaz ou recueil d'instructions de Catherine, mais son hôte à La Haye lui déroba le manuscrit et le brûla, sans doute sur ordre de l'impératrice[44].
Dernières années (1774-1784)
Château du Grandval, où Diderot fit plusieurs séjours à l'invitation du baron d'Holbach (carte postale de 1907).
Dès son retour, il ralentit progressivement sa vie sociale, sa santé se dégrade et il l’accepte mal. Il multiplie et allonge les séjours à Sèvres, dans la maison de son ami le joaillierÉtienne-Benjamin Belle[45] où il vient régulièrement pendant les dix dernières années de sa vie et au château du Grandval[46] (Sucy-en-Brie), chez d'Holbach, parfois en famille.
Il collabore à la seconde édition de la très importante Histoire des deux Indes (1774) de l'abbé Raynal, qui fait une critique fort appuyée de la colonisation et de l'esclavage[n 18]. Ses centaines de pages de contributions anonymes représentent plus de 20% des dix volumes de cette encyclopédie et en accentuent considérablement la force et l'impact. Très intéressé par le mouvement d'indépendance des colonies américaines, Diderot fournit dans cet ouvrage un sommaire enthousiaste des fondements politiques et idéologiques de la jeune nation. Il traduit des passages de l'ouvrage de Thomas PaineCommon Sense et résume les points principaux de la Déclaration d'indépendance des États-Unis[47].
Toujours au service de l'impératrice, Diderot rédige à sa demande un Plan d’une université pour le gouvernement de Russie (1775), mais qui restera lettre morte.
Entre 1776 et 1784, il écrit la comédie Est-il bon? Est-il méchant? dans laquelle il explore l'idée que la volonté de faire le bien peut parfois entraîner de sérieux manques d'éthique[48]. Cette même année, il collabore un peu à l'Encyclopédie méthodique de Charles-Joseph Panckoucke et Jacques-André Naigeon.
En 1778, Diderot rencontre finalement Voltaire avec qui il avait échangé quelque neuf lettres au cours des trente dernières années. Leur conversation porta essentiellement sur l'art du théâtre et notamment s'il était possible de préférer Shakespeare à Racine ou Virgile. Diderot répondit en exaltant l'immense supériorité de Shakespeare, au grand déplaisir de Voltaire[49].
Cette même année, il publie un Essai sur la vie de Sénèque qui sera considérablement revu et augmenté sous le titre Essai sur les règnes de Claude et de Néron paru en 1782. Il y prend la défense du philosophe, même si celui-ci s'est enrichi considérablement contrairement à ses positions théoriques et, surtout, bien qu'il ait été le tuteur de Néron. En même temps, Diderot consacre une part considérable de cet essai à critiquer Rousseau :
« Mais après avoir vécu vingt années avec des philosophes, comment Jean-Jacques devint-il antiphilosophe?
Précisément comme il se fit catholique parmi les protestans, protestant parmi les catholiques, & qu’au milieu des catholiques & des protestans il professa le déisme ou le socinianisme.
Comme il écrivait dans la même semaine deux lettres a Geneve par l’une desquelles il exhortait les concitoyens à la paix, & par l’autre il soufflait dans leurs esprits la vengeance & la révolte.
Comme il écrivit contre les spectacles, après avoir fait des comédies[50]. »
Les Confessions parurent peu de temps après cette cinglante tirade.
À partir de 1783, Diderot met de l'ordre dans ses textes et travaille avec Naigeon à établir trois copies de ses œuvres : une pour lui, une pour sa fille et la dernière pour Catherine II. Sophie Volland meurt le 22 février 1784. Le 15 mars 1784, le décès prématuré de sa petite-fille lui est peut-être caché pour le ménager. Durant ces années, il continue de travailler au manuscrit des Éléments de physiologie qu'il avait commencé en 1774 et dans lequel il établit sa conception purement matérialiste de la vie, expliquant qu'il ne faut pas craindre la mort vu que cela ne fait que gâter le moment présent et affirmant : « Il n'y a qu'une vertu, la justice; et un seul devoir, se rendre heureux[51]. »
Le , il déménage au 39 rue de Richelieu à Paris, dans l'hôtel dit de Bezons[n 19], grâce aux bons soins de Melchior Grimm et de Catherine II qui souhaitaient lui éviter de gravir les quatre étages d'escalier de son logis de la rue Taranne. Il ne profite que deux mois de ce confort et y meurt le 31 juillet 1784, probablement d'un accident vasculaire. À sa demande répétée, il est autopsié[52] le 1er août, puis inhumé à l’église Saint-Roch, dans la chapelle de la Vierge, le même jour. Naigeon semble être le seul homme de lettres à suivre le convoi.
Plaque sur l'immeuble du 39 rue de Richelieu.
« L’an 1784, le 1er août, a été inhumé dans cette église M. Denis Diderot, des académies de Berlin, Stockholm et Saint-Pétersbourg, bibliothécaire de Sa Majesté Impériale Catherine seconde, impératrice de Russie, âgé de 71 ans, décédé hier, époux de dame Anne-Antoinette Champion, rue de Richelieu, de cette paroisse, présents : M. Abel-François-Nicolas Caroilhon de Vandeul, écuyer, trésorier de France, son gendre, rue de Bourbon, paroisse Saint-Sulpice ; M. Claude Caroilhon Destillières, écuyer, fermier général de Monsieur, frère du Roi, rue de Ménard[n 20], de cette paroisse ; M. Denis Caroilhon de la Charmotte, écuyer, directeur des domaines du Roi, susd. rue de Ménard, et M. Nicolas-Joseph Philpin de Piépape, chevalier, conseiller d’État, lieutenant général honoraire au bailliage de Langres, rue Traversière, qui ont signé avec nous […], Marduel, curé. »
En juin 1786, sa bibliothèque et ses archives sont envoyées à Saint-Pétersbourg. Elles n'y recevront pas l’attention accordée à celles de Voltaire : les pertes, les disparitions et l'absence de tout inventaire nuiront également à la connaissance et la bonne réception de l'œuvre de Diderot[53].
Durant la Révolution, les tombes de l’église Saint-Roch sont profanées et les corps jetés à la fosse commune[54]. La sépulture et la dépouille de Diderot ont donc disparu, contrairement à celles de Voltaire et Jean-Jacques Rousseau, tous deux inhumés au Panthéon de Paris comme l'indique Raymond Trousson.
Diderot a touché à tous les genres littéraires, en s'y montrant souvent novateur.
Traductions
Diderot a entamé sa carrière littéraire par des traductions, qui lui permirent de subvenir initialement aux besoins de sa famille. En 1742, il obtient le contrat pour traduire The Grecian History de Temple Stanyan.
Puis il entreprend la traduction, avec François-Vincent Toussaint et Marc-Antoine Eidous, des six volumes du Medicinal Dictionary de Robert James (1746-1748). En même temps, il traduit An Inquiry Concerning Virtue or Merit de Shaftesbury sous le titre Essai sur le mérite et la vertu, dont la parution en 1745 marque ses débuts d'intellectuel public[55].
Encyclopédie
À partir de 1747, à 34 ans, Diderot dirige et rédige, avec D'Alembert, l'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Il s'investira dans la rédaction, la collecte, la recherche et la réalisation des planches entre 1750 et 1765. Il a personnellement rédigé le Prospectus (paru en 1750) et plus d'un millier d'articles.
En 1746, il publie Pensées philosophiques, sa première œuvre personnelle, qu'il a peut-être publiée sur les instances de sa maîtresse de l'époque, Madeleine de Puisieux[56], mais de façon anonyme. Loin de la sombre vision des Pensées de Pascal, Diderot distingue trois voies possibles dans la vie : celle des épines (christianisme), celle des châtaigniers (philosophie) et celle des fleurs (plaisir charnel). Dans ses mémoires, Turgot estime que le poison de cette œuvre est le plus dangereux car il est enrobé des plaisirs de l'imagination et des gratifications de l'esprit[57].
En 1747, Diderot travaille au manuscrit La Promenade du sceptique. En 1749, il publie sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient, dans laquelle il étudie comment des aveugles de naissance réagissent lorsqu'ils recouvrent la vue. L'objectif premier de Diderot apparaît lorsqu'un des personnages de l'essai conteste l'existence de Dieu parce qu'il était né aveugle. Cet ouvrage vaudra à son auteur d'être interné à Vincennes.
En 1751, il obtient la permission de publier sa Lettre sur les sourds et muets, un ouvrage philosophique qui explore les origines gestuelles du langage.
En 1753, il publie anonymement Pensées sur l'interprétation de la nature, un recueil de 58 pensées plaidant pour une démarche scientifique qui soit véritablement à la recherche de la vérité, sans volonté apologétique ni parti pris initial[58].
En 1769, il rédige Paradoxe sur le comédien : un essai sur le jeu de l'acteur d'abord conçu sous la forme d'un compte rendu critique mais qu'il transformera en un dialogue entre un deux interlocuteurs entre 1773 et 1777. Cet ouvrage publié à titre posthume est considéré comme un des plus importants ouvrages théoriques sur le jeu de l'acteur. Diderot y développe notamment la théorie du quatrième mur, un mur imaginaire situé sur le devant de la scène, séparant la scène des spectateurs et au travers duquel ceux-ci voient les acteurs jouer : « Imaginez sur le bord du théâtre un grand mur qui vous sépare du parterre ; jouez comme si la toile ne se levait pas. » L'acteur, selon Diderot, ne doit pas jouer avec sa sensibilité mais avec sa tête, de sang-froid : « Mais, dit-on, un orateur en vaut mieux quand il s’échauffe, quand il est en colère. Je le nie. C’est quand il imite la colère[59]. ».
Roman, conte et théâtre
En tant qu'écrivain de fiction, Diderot s'est illustré dans le roman et au théâtre. Dans ces deux genres, malgré une production limitée il est parvenu à marquer l'histoire de la littérature par son style qui modernise le roman, et par le développement d'un nouveau genre théâtral, le drame bourgeois. Le Fils naturel ou Les épreuves de la vertu est écrit et représenté pour la première fois en 1757.
Une phrase de cette pièce — « Il n'y a que le méchant qui soit seul » — sera vue par Rousseau, qui vit alors en ermite, comme une attaque personnelle et il s'en plaint à Diderot, qui lui répond de façon assez cavalière. Ulcéré, Rousseau met fin à leur amitié[60]. En 1758, Rousseau rompt avec D'Alembert avec une Lettre sur les spectacles à laquelle il ajoute une note où il rompt publiquement avec Diderot. Cette note blessera profondément Diderot, qui réagit dans son carnet de notes privé intitulé Tablettes en faisant une violente critique de son ancien ami, qu'il traite de menteur, d'hypocrite, de vaniteux et de monstre[61].
En 1758, il publie une autre pièce : Le père de famille qui se base sur sa propre expérience amoureuse à l'époque où il courtisait Toinette, qu'il nomme Sophie, alors que l'amoureux s'appelle Saint-Albin, et que son père tentait de le dissuader d'un mariage en dessous de son statut. La pièce est bien accueillie par le public : en 1761, elle avait été jouée à Bordeaux, Toulouse, Lyon, Marseille, Hambourg, Francfort et Vienne[62].
Critique d'art
L'abondante activité de critique de Diderot a connu la publication principalement dans la Correspondance littéraire, philosophique et critique, pour laquelle il a rédigé de nombreux comptes rendus de lecture. Il a en outre rédigé plusieurs ouvrages ou « postfaces » à portée critique touchant à ses conceptions du théâtre ou d'auteurs en particulier.
Plan d'une université (réd. 1775). Il s'agit d'un plan idéal des études commandé par Catherine II. Transmis par l'intermédiaire de Grimm, elle semble ne jamais l'avoir lu, au grand regret de Diderot.
Lettre sur l'éducation des enfants à la princesse Nassau-Saarbruck, 1758.
Lettre à la comtesse de Forbach sur l'éducation des enfants (réd. vers 1772)
À côté des textes personnels, il faut isoler quelques écrits qui portent sur des questions politiques concrètes ou des projets et qui sont des œuvres de commande - comme la Première lettre d'un citoyen zélé (1748), écrite pour M.D.M. (parfois identifié avec Sauveur-François Morand).
Dans ses entretiens avec Catherine II (1773-1774), il tente de lui faire adopter une constitution éclairée mais est fortement déçu lorsqu'il reçoit le texte final de la Constitution Nakaz qui établit en fait un régime autocratique.
On conserve de Diderot deux importants corpus de correspondance, outre sa correspondance générale. Le premier concerne les 187 lettres conservées adressées à son amante, Sophie Volland[65]. Dans l'une d'elles, datée du , Diderot aurait enrichi la langue française du mot calembour[66]. Le second provient d'un échange avec Falconet sur l'immortalité de l'artiste, l'art et la postérité.
Contributions
Travailleur infatigable, sans doute éternel insatisfait, relecteur attentif, toujours prêt à rendre service, par amour, amitié ou obligeance, ou à encourager le débutant, Diderot a consacré une grande énergie aux œuvres d'autrui. Une part de son œuvre est ainsi éparpillée, voire difficilement discernable dans les publications de son entourage littéraire : Madeleine de Puisieux, D'Holbach, Raynal, Galiani, Madame d'Épinay, Tronchin, etc. Diderot ne manque toutefois pas de nier sa contribution, ou d'en réduire l'importance, de bonne ou mauvaise foi.
Loin de la recherche d'un système philosophique cohérent, Diderot rassemble les idées et les oppose. Sa pensée, qui a été qualifiée d’« associative », est loin de viser « la réduction du complexe au simple » : elle cherche plutôt à maintenir « le complexe en tant que sens locaux et multiples, comme réseau »[67]. Son œuvre est donc surtout, plus qu'une exposition de ses idées personnelles, une incitation à la réflexion. Cette démarche, volontaire, se retrouve dans la forme dialoguée qu'il donne à ses œuvres principales (Le Neveu de Rameau, Le Rêve de D'Alembert, Supplément au Voyage de Bougainville) avec cette particularité qu'aucun des personnages ne représente à lui seul la pensée de l'auteur. Cette pluralité se retrouve d'ailleurs dans ses titres (pensées, principes). Quand il ne conçoit pas de dialogue, il répond — fût-ce fictivement —, ajoute (Supplément au voyage de Bougainville), renie (Réfutation d'Helvétius). Diderot retravaille aussi fréquemment ses textes, et même, dans la seconde moitié de sa vie, rédige quelques Additions (aux Pensées philosophiques, à la Lettre sur les aveugles notamment) pour rendre compte de l'évolution de ses propres réflexions.
Diderot développe souvent ses œuvres à partir du canevas de l'œuvre d'un tiers, pour le commenter - ce n'est d'ailleurs qu'un cas particulier de dialogue.
C'est le cas du Paradoxe sur le comédien où Diderot développe ses idées sur le théâtre à partir de Garrick ou Les acteurs anglais de Sticotti ; c'est le cas des Salons qui suivent le catalogue de l'exposition. Dans le même esprit, Diderot s'appuie souvent sur l'œuvre d'un tiers pour développer ses idées, pour contredire (Supplément au Voyage de Bougainville), pour s'inscrire dans un contexte ou une polémique (Suite de l'Apologie de M. l'abbé de Prades).
Digression
La digression est le principe même de Jacques le Fataliste que l'on pourrait centrer sur des amours que Jacques ne raconte jamais et autour desquelles gravitent une série de récits qui constituent l'œuvre.
La digression c'est aussi des détails sans rapport avec le contenu du texte et qui servent à l'introduire, à alléger le propos. Ainsi, la première réplique du Paradoxe sur le comédien est : « N'en parlons plus ».
Mise en abyme
La mise en abyme est utilisée par Diderot afin de mener de front l'exposition d'une théorie et son application. Le Fils naturel en est un exemple flagrant ; s'y trouvent en effet mêlés la pièce et son commentaire. La pièce de théâtre constitue en fait une incise au sein de l'exposé d'une théorie du théâtre (Entretiens sur Le Fils naturel). Diderot d'ailleurs se met en scène occupé à assister à une représentation théâtrale privée à laquelle participe la personne avec laquelle il discute.
Idées
Chez Diderot, les idées s'effacent quelque peu devant la méthode (voir ci-dessus). Il est moins question d'imposer ses vues personnelles que d'inciter à la réflexion personnelle sur la base de différents arguments, donnés, par exemple, par les intervenants des dialogues. Les idées personnelles de Diderot ont de plus évolué avec l'âge.
Plutôt qu'un philosophe, Diderot est avant tout un penseur. Il ne poursuit en effet ni la création d'un système philosophique complet, ni une quelconque cohérence : il remet en question, éclaire un débat, soulève des paradoxes, laisse évoluer ses idées, constate sa propre évolution, mais tranche peu.
Pour autant, des thèmes apparaissent récurrents dans sa pensée et des orientations générales peuvent être dégagées de ses écrits.
Selon Andrew S. Curran, les questions centrales à la pensée de Diderot sont les suivantes[68] :
Pourquoi être moral dans un monde sans dieu ?
Comment devrions-nous aborder les œuvres d'art ?
Quelle est la nature et l'origine des êtres humains ?
Que sont la sexualité et l'amour ?
Comment un philosophe peut-il intervenir dans la sphère politique ?
Religion
La position de Diderot à l'égard de la religion évolue dans le temps, en particulier dans sa jeunesse. Ses parents le vouaient à une carrière ecclésiastique et il reçut la tonsure de l'évêque de Langres. Arrivé à Paris, son parcours académique se fait dans des institutions d'obédience catholique, comme la Sorbonne. C'est au gré de ses lectures que sa foi va s'étioler et qu'il semble évoluer vers le théisme, le déisme, et enfin souscrire aux idées matérialistes. C'est cette évolution que l'on constate des Pensées philosophiques à la Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient. Plus tard, ces positions sont confirmées dans le Supplément au voyage de Bougainville qui évoque la religion naturelle et dans un dialogue très représentatif, l'Entretien d'un philosophe avec la maréchale de ***. Diderot rejette autant les excès de la religion que la religion elle-même en tant que système fondé sur la croyance en un être supérieur. Toute sa vie, il fut en conflit avec son frère sur ces questions.
Morale
La morale est une préoccupation récurrente de Diderot, disséminée dans de nombreux écrits mais sans jamais être exposée de façon systématique[69].
Le thème apparaît dans ses critiques artistiques (voir ci-dessous), dans son théâtre (voir ci-dessus) et dans quelques textes (contes et dialogues) rédigés en 1771-1772 autour du thème de la morale, inspirés par un retour dans sa région natale, occasion de se remémorer la droiture morale de son père décédé.
Tout en étant nettement opposé à la religion, qu'il rend responsable d'engendrer la désunion et la haine, Diderot mettait le bien général au-dessus du bien individuel et estimait que la vertu seule peut engendrer le bonheur[70], tandis que « les méchants [sont] assez punis par leur méchanceté même » ainsi qu'il l'écrit à Sophie Volland[71]. Dans une autre de ces lettres, il écrit « Aimer ou faire le bien, c’est, comme vous savez, ma devise »[72].
Il rejette le despotisme et recherche une société qui favoriserait le bonheur des citoyens. Il défend aussi le droit d'auteur sans porter préjudice à la circulation du savoir[73].
Art
Les contacts de Diderot avec les peintres et leurs œuvres lors des salons parisiens l'amènent à développer une pensée sur l'art pictural qu'il expose dans ses Essais sur la peinture et ses Pensées détachées sur la peinture. Il développe une véritable fascination pour la peinture morale de Greuze dont il considère le continu comme étant semblable à celui de la poésie. Diderot note dans ses Essais sur la peinture que : « La peinture a cela de commun avec la poésie, et il semble qu'on ne s'en soit pas encore avisé, que toutes deux elles doivent être bene moratae; il faut qu'elle ait des mœurs. Boucher ne s'en doute pas ; il est toujours vicieux et n'attache jamais. Greuze est toujours honnête, et la foule se presse autour de ses tableaux »[74].
Éducation
Diderot a consacré de nombreux écrits à des questions d'éducation. Il critique l'enseignement religieux traditionnel, tout comme le fait D'Alembert[75]
Sciences
Diderot est également auteur ou coauteur de quelques ouvrages scientifiques. En tant que matérialiste, la compréhension des phénomènes naturels est une préoccupation importante que l'on retrouve à travers toute son œuvre[76].
Réception critique et postérité
La réception de l'œuvre Diderot a une histoire particulière car l'image du philosophe a évolué avec le temps, au gré de la révélation progressive de son œuvre. Cette révélation progressive apparait clairement dans le tableau de synthèse de l'article Œuvres de Denis Diderot.
Diderot, de son vivant, s'est montré prudent face à la censure. Après son incarcération de 1749, il ne voulait plus prendre de risque ni en faire courir à sa famille. Il va donc lui-même reporter la publication de certains textes, parfois de plusieurs années après les avoir écrits. Par ailleurs, certains textes ne sont parus que dans la Correspondance littéraire de Grimm. La publication manuscrite de ce périodique ne permettait pas d'assurer une connaissance publique de l'œuvre de Diderot.
Dès 1755, Charles Palissot avait présenté une pièce dans laquelle il ridiculisait les philosophes. En 1757, il publia Petites lettres sur de grands philosophes où il attaquait notamment Le Fils naturel de Diderot. En 1759, il réussit à faire jouer à la Comédie-Française sa pièce Les Philosophes, dans laquelle il fait une satire des positions des philosophes en vogue : Rousseau présenté à quatre pattes pour retourner à l'état primitif, Helvétius, Charles Pinot Duclos et Diderot. Ce dernier est attaqué le plus férocement, étant présenté comme le leader de la secte, un plagiaire et un être dénué de morale et de patriotisme. Après un vif succès initial, la pièce tombe dans l'oubli six mois plus tard[77]. Diderot réagira en présentant Palissot sous un jour très défavorable dans Le neveu de Rameau : « Que penser des autres, tels que le Palissot, le Fréron, le Poinsinet, le Baculard qui ont quelque chose, et dont les bassesses ne peuvent s’excuser par le borborygme d’un estomac qui souffre ?[78] ».
En 1765, Catherine II de Russie, bibliophile, achète à Diderot sa bibliothèque personnelle en viager contre 15 000 livres et une pension annuelle de trois cents pistoles[79]. Diderot en garda l'usage et perçoit une rente en tant que bibliothécaire, mais l'accord impliquait que le fond et tous ses manuscrits seraient transférés à Saint-Pétersbourg à sa mort. Ce qui fut fait en juin 1786. Cet éloignement n'a pas favorisé la publication des textes soigneusement cachés par Diderot. De plus, sur place, les documents n'ont pas eu les égards de ceux de Voltaire (transférés dans des circonstances similaires), n'ont pas été catalogués et se sont éparpillés. Certains n'ont réapparu qu'au XXe siècle…
De son côté, sa propre fille, catholique et conservatrice, a sans doute, malgré l'admiration qu'elle vouait à son père, cherché à orienter la publication de ses œuvres, « corrigeant » si nécessaire les textes qui ne respectaient pas assez ses valeurs, la bienséance ou les intérêts commerciaux de son mari. Un exemple concret[80] est le grattage systématique des noms de personnes dans les manuscrits de Ceci n'est pas un conte. Dans d'autres textes, certains noms seront remplacés ou ramenés à leur initiale. Même le fidèle secrétaire, Naigeon n'obtiendra pas sa collaboration pour l'édition des Œuvres complètes qu'il préparait avec Diderot à partir de 1782 et qui ne paraitra qu'en 1800 (voir ci-dessous).
Les vicissitudes de l'histoire ont également porté atteinte à l'image de Diderot. En 1796 parait l'Abdication d'un roi de la fève ou Les éleuthéromanes. Le public tient des passages de ce texte pour responsables de certains excès de la Révolution française et les reproche à Diderot[81]. Ces dispositions n'inciteront ni à l'étude, ni à la publication ni à la découverte de textes durant tout le XIXe siècle.
Dans la première partie du XIXe siècle, les œuvres de Diderot sont toujours contestées et interdites à de nombreuses reprises. On notera que le , à Paris, le Tribunal Correctionnel de la Seine, ordonne la destruction du roman de Denis Diderot Jacques le Fataliste et son maître et condamne l'éditeur à un mois de prison. D'autres œuvres de Diderot connaîtront la censure étatique pour outrage à la morale publique dont La Religieuse (en 1824 et 1826), ou encore les Bijoux Indiscrets (en 1835)[82].
Il faut en fait attendre le bicentenaire de sa naissance, 1913, pour rencontrer un regain d'intérêt et avoir une vision considérée à l'époque comme complète de ses écrits. Cependant, en 1949, Herbert Dieckmann découvre le fonds Vandeul et permet d'apporter un nouvel éclairage complémentaire, ainsi que des inédits[83].
L'image de Diderot a donc évolué avec le temps en fonction de l'idée que l'on pouvait se faire de l'intégralité de son œuvre. Ses contemporains le connaissaient essentiellement comme l'éditeur de l'Encyclopédie, le promoteur d'un nouveau genre théâtral (le « drame bourgeois »), l'auteur d'un roman libertin (Les Bijoux indiscrets) et de quelques textes philosophiques critiqués. Après sa mort, il est assez symptomatique de voir les éditions d'« Œuvres complètes » s'enrichir avec le temps.
À l'occasion du tricentenaire de la naissance de Diderot en 2013, sa ville natale, Langres, inaugure la Maison des Lumières Denis Diderot, seul et unique musée consacré à l'encyclopédiste, bien que ce dernier n'y soit revenu que quatre fois après s'être installé à Paris, en raison notamment des relations conflictuelles avec son frère[84].
Parmi de nombreux dramaturges, Eric-Emmanuel Schmitt a consacré en 1997 une pièce à Diderot, Le Libertin, sur le problème de l'impossible morale diderotienne[85].
Outre les proches, amis et collaborateurs déjà mentionnés, notamment les encyclopédistes, Diderot admirait Voltaire à qui il a adressé le 11 juin 1749 sa Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient et qui a fourni quelques articles à l'Encyclopédie. Diderot lui a également écrit le 19 février 1758, le 28 novembre 1760, le 29 septembre 1762, et en 1766. En dépit d'un respect mutuel, les historiens ne peuvent pas confirmer leur unique rencontre, en 1778. Dans une lettre à Palissot du 4 juin 1760, Voltaire dit : « sans avoir jamais vu M. Diderot (...) j'ai toujours respecté ses profondes connaissances. »
Diderot avait des relations d'amitié avec Melchior Grimm, rencontré en 1749 et qui partageait la passion de Diderot pour la musique[87]. Il s'adresse directement à lui dans la critique du deuxième Salon en 1761.
Il a fréquenté le baron d'Holbach et a séjourné dans son château à Granval (Sucy-en-Brie, où il fut invité en 1759.
Michel Corday, La vie amoureuse de Diderot, Paris, Ernest Flammarion, coll. « Leurs amours », , 187 p.
Personnalités politiques
Le monde politique n'est pas représenté dans les proches de Diderot (voir ci-dessous ses écrits en ce domaine). Toutefois, Diderot a pu profiter à différentes périodes de soutiens plus ou moins affichés. Lors de sa détention à Vincennes, on notera par exemple de l'intervention de Madame de Pompadour et l'édition de l'Encyclopédie bénéficiera du soutien de Malesherbes.
Alekseï Vassilievitch Narychkine, 1742-1800, chambellan depuis 1773, diplomate, homme de lettres, ami de Diderot. Il offre son hospitalité à Diderot lors de son séjour à Saint-Pétersbourg.
On notera également l'intérêt particulier qui lui est porté par des francs-maçons qui ne le connaitront pas de son vivant : Goethe, Guizot, Frédéric Bartholdi…
Diderot entretint une amitié de quarante ans avec Étienne-Benjamin Belle[98], décédé, sans union connue ni enfant, le 6 fructidor an III (23 août 1795). Il avait acquis - voire avait fait construire ou surélevé, selon certaines sources - en 1766, une maison face à l'ancien pont de Sèvres (bien marquée sur le plan cadastral), aujourd'hui rue Troyon, no 26, où Diderot séjourna à plusieurs reprises. Ses neveu (Alexandre) et nièce (Marie-Anne Belle, veuve Labanche, manufacturier de Sedan) héritèrent de ses biens et les revendirent rapidement. Étienne-Benjamin était le frère d'un joaillier mort à Paris vers 1777.
Séjours en France
Château du Grandval à Sucy-en-Brie chez son ami le baron d'Holbach, en octobre 1759, puis en octobre 1760, en novembre 1775 et en août 1780.
En 1755, il séjourne également au château d'Isle-sur-Marne.
Devenu célèbre grâce à l'Encyclopédie, Diderot a souvent été représenté en peinture ou en sculpture à partir des années 1760. Les nombreux portraits réalisés de lui dans la gravure, la peinture et la sculpture, selon les modes les plus divers, témoignent de l'intérêt marqué que Diderot portait à la diffusion de son propre visage de son vivant et à sa transmission à la postérité[99]. Voici une liste chronologique – dont il est difficile de garantir l'exhaustivité – des portraits de Diderot effectués de son vivant et parfois, quand l'original fait défaut, les gravures qui en découlèrent. Cet aperçu participe à la connaissance de sa réception. Les références sont complétées par l'avis du modèle sur son image, quand il nous est connu[100].
« Je n'ai jamais été bien fait que par un pauvre diable appelé Garand, qui m'attrapa, comme il arrive à un sot qui dit un bon mot. Celui qui voit mon portrait par Garand, me voit »
« Il[104] est bien, il est très bien. Il a pris chez lui[105] la place d'un autre, que son maître, M. Falconet[106], avait fait, et qui n'était pas bien. Lorsque Falconet eut vu le buste de son élève, il prit un marteau, et cassa le sien devant elle »
« Moi, j’aime Michel, mais j’aime encore mieux la vérité. Assez ressemblant; très vivant ; c’est sa douceur, avec sa vivacité ; mais trop jeune, tête trop petite, joli comme une femme, lorgnant, souriant, mignard, faisant le petit bec, la bouche en cœur ; et puis un luxe de vêtement à ruiner le pauvre littérateur, si le receveur de la capitation vient l’imposer sur sa robe de chambre. L’écritoire, les livres, les accessoires aussi bien qu’il est possible, quand on a voulu la couleur brillante et qu’on veut être harmonieux. Pétillant de près, vigoureux de loin, surtout les chairs. Du reste, de belles mains bien modelées, excepté la gauche qui n’est pas dessinée. On le voit de face; il a la tête nue; son toupet gris, avec sa mignardise, lui donne l’air d’une vieille coquette qui fait encore l’aimable; la position d’un secrétaire d’État et non d’un philosophe. La fausseté du premier mouvement a influé sur tout le reste. C’est cette folle de madame Van Loo qui venait jaser avec lui, tandis qu’on le peignait, qui lui a donné cet air-là et qui a tout gâté. […] Il fallait le laisser seul et l’abandonner à sa rêverie. Alors sa bouche se serait entrouverte, ses regards distraits se seraient portés au loin, le travail de sa tête fortement occupée se serait peint sur son visage, et Michel eût fait une belle chose. Mon joli philosophe, vous me serez un témoignage précieux de l’amitié d’un artiste, excellent artiste, plus excellent homme. Mais que diront mes petits-enfants, lorsqu’ils viendront à comparer mes tristes ouvrages avec ce riant, mignon, efféminé, vieux coquet - là ! Mes enfants, je vous préviens que ce n’est pas moi. J’avais en une journée cent physionomies diverses, selon la chose dont j’étais affecté. J’étais serein, triste, rêveur, tendre, violent, passionné, enthousiaste ; mais je ne fus jamais tel que vous me voyez là. J’avais un grand front, des yeux très vifs, d’assez grands traits, la tête tout à fait du caractère d’un ancien orateur, une bonhomie qui touchait de bien près à la bêtise, à la rusticité des anciens temps. »
« Je n'ai pas encore vu les Vanloo, mais je les verrai demain. Michel m'a envoyé le beau portrait qu'il a fait de moi ; il est arrivé, au grand étonnement de Madame Diderot qui le croyait destiné à quelqu'un ou quelqu'une. Je l'ai placé au-dessus du clavecin de ma petite bonne [sa fille]. Je l'aimerais bien autant ailleurs. Mme Diderot prétend qu'on m'a donné l'air d'une vieille coquette qui fait le petit bec et a encore des prétentions. Il y a bien quelque chose de vrai dans cette critique. Quoi qu'il en soit, c'est une marque d'amitié de la part d'un excellent homme, qui doit m'être et me sera toujours précieuse. »
« Ses autres portraits sont froids, sans autre mérite que celui de la ressemblance, excepté le mien, qui ressemble, où je suis nu jusqu'à la ceinture, et qui, pour la fierté, les chairs, le faire, est fort au-dessus de Roslin et d'aucun portraitiste de l'Académie. Je l'ai placé vis-à-vis celui de Van Loo, à qui il jouait un mauvais tour. Il était si frappant, que ma fille me disait qu'elle l'aurait baisé cent fois pendant mon absence, si elle n'avait pas craint de le gâter. La poitrine était peinte très-chaudement, avec des passages et des méplats tout à fait vrais »
Un dîner de philosophes[112], 1772 ou 1773. Il s'agit d'une scène fictive mais Diderot est reconnaissable, de profil à droite du tableau.
Le souper des philosophes[113], eau-forte sur papier bleu. Scène fictive. Bien que manifestement inspiré par le tableau précédent (Un dîner de philosophe), Diderot n'est pas aussi clairement reconnaissable, à gauche du tableau.
Jean-Baptiste Pigalle, buste, bronze, 41 cm (h.) x 34 cm (l.) x 25 cm (p.), 1777, musée du Louvre[118]. Au revers, cette inscription « En 1777. Diderot par Pigalle, son compère, tous deux âgés de 63 ans. »
« Jeune homme, prends et lis. Si tu peux aller jusqu'à la fin de cet ouvrage, tu ne seras pas incapable d'en entendre un meilleur. Comme je me suis moins proposé de t'instruire que de t'exercer, il m'importe peu que tu adoptes mes idées ou que tu les rejettes, pourvu qu'elles emploient toute ton attention. Un plus habile t'apprendra à connaître les forces de la nature ; il me suffira de t'avoir fait essayer les tiennes. »
↑Une plaque en pierre (posée à tort en 1880 par la Société Républicaine d’Instruction) signale la naissance de Diderot sur la façade du no 6 (au niveau du premier étage) de la place Diderot qui s'appelait alors place Chambeau — renommée place Diderot lors du centenaire de sa mort et de l'installation de sa statue par Frédéric Bartholdi. Il s'agit plus exactement de la maison d'enfance de Diderot (achetée en 1714 par son père, il y vit jusqu’à son départ pour Paris en 1728) qui est en fait né au no 9 de la même place, au coin de la rue du Grand-Cloître (in Raymond Trousson, Denis Diderot, Paris, Tallandier, 2005, p. 19).
↑Petite église aujourd'hui disparue. L'extrait du registre des baptêmes de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul de Langres (1713), disponible aux archives départementales de la Haute-Marne : « Le 6 octobre 1713 a été baptisé Denis, né d'hier, fils du légitime mariage de Didier Diderot, maître coutelier, et d'Angélique Vigneron, ses père et mère. Le parrain Denis Diderot, coutelier, la marraine Claire Vigneron, et qui ont signé avec le père de l'enfant. » Sur la date exacte de sa naissance, voir George R. Havens, « The Dates of Diderot's Birth and Death » in Modern Language Notes, vol. 55, no 1 (janvier 1940), p. 31-33. L'église où il fut baptisé se trouvait sur l'actuel square Henriot.
↑Pour un aperçu des lieux parisiens associés à Diderot, voir ce recensement.
↑Alors située sur l'île de la Cité, cette église du XIIIe siècle est aujourd'hui détruite. L'église Saint-Séverin a hérité de son portail, toujours visible. Saint-Pierre-aux-Bœufs partageait avec quelques rares paroisses le privilège des mariages quasi-clandestins, qui n'avaient pas reçu le consentement des parents.
↑Extrait du registre paroissial de l'église Saint-Pierre-aux-Bœufs à Paris : Denis Diderot, bourgeois de Paris, fils majeur de Didier Diderot, maître coutelier, et d'Angélique Vigneron et Anne-Toinette Champion, demeurant rue Poupée, paroisse Saint-Séverin furent unis le en présence de Marie Maleville, demeurant rue Saint-Séverin, de Jacques Bosson, vicaire de Saint-Pierre-aux-Bœufs, de Jean-Baptiste Guillot, ancien chanoine de Dôle, et d'un voisin de l'épouse. (Registre détruit par l'incendie de 1871 mais acte partiellement transcrit par l'archiviste Auguste Jal dans son Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, Paris, Henri Plon, 1867, page 495).
↑Les trois mille ouvrages de la bibliothèque ainsi que 32 volumes de manuscrits reliés seront expédiés à Saint-Pétersbourg par bateau six mois après la mort de Diderot (Curran 2019|p=4).
↑Sur ce voyage consulter : Maurice Tourneux, Diderot et Catherine II, Paris, C. Lévy, (Disponible dans Gallica). Roland Mortier, Diderot en Allemagne : 1750-1850, Paris, Presses universitaires de France, Voir en particulier les pages 30 à 47. Denis Diderot, Voyage en Hollande, La Découverte, (ISBN978-2-7071-1279-8) Denis Diderot, introd. et notes d'Yves Benot, Over Holland : een journalistieke reis 1773-1774, Amsterdam, Antwerpen, Contact, Gilles Dutertre, Les Français dans l’histoire de la Lituanie, L’Harmattan, Paul Ledieu, « Le voyage de Saint-Pétersbourg », Revue des vivants, no 2, , p. 933-950.
↑Son futur beau-fils lui avait extorqué une dot de 30 000 livres; Angélique avait écrit sans succès à son oncle curé pour officier à son mariage; Antoinette s'était opposée à ce que son mari invite au mariage ses amis Grimm et D'Holbach parce qu'ils étaient athées (Curran 2019, p. 322-326).
↑Entretiens regroupés dans les Mélanges philosophiques pour Catherine II aux éditions Hermann.
↑Ce manque d'élégance avait amené les courtisans à le comparer à Diogène.
↑Ne pas confondre avec l'édition de 1772, du même éditeur, mais qui ne fut pas envisagée avec Diderot.
↑Au moment de la parution de cet ouvrage, les bateaux français transféraient chaque année 30 000 esclaves africains dans les Caraïbes, ajoutant au demi-million d'esclaves déjà installés en Guadeloupe, en Martinique et surtout à Saint-Domingue (Curran 2019, p. 365).
↑L'immeuble, bâti en 1780, est toujours visible en 2014.
↑Le registre fut détruit par l'incendie de 1871 mais l'acte fut heureusement recopié par l'archiviste Auguste Jal dans son Dictionnaire critique de biographie et d'histoire, Paris, Henri Plon, 1867, page 496).
Références
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↑Jacques Floch, Denis Diderot, le bonheur en plus, Éditions de l'Atelier, (lire en ligne), p. 12.
↑Compte-rendu du congrès international sur le Siècle des Lumières, Institut et musée Voltaire, , p. 56.
↑Jean-Claude Polet, Patrimoine littéraire européen : Vol. 9 : Les Lumières, de l'Occident à l'Orient (1720 - 1778), De Boeck Supérieur, (lire en ligne), p. 705.
↑Eden Glaise ([…] Diderot dit qu'« aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres. » Alors, d'où vient la légitimité d'un donneur d'ordre ?), Demain, la société, Paris, Le lys bleu éd., , 97 p. (ISBN978-2-37877-744-9), chap. 1.4.4 (« Le pouvoir : répartir valeur et salaires »), p. 82
↑Philippe Salvadori, La Vie culturelle en France aux XVIe, XVIIe , XVIIIe siècles, Éditions Ophrys, , p. 172.
↑Jean-François Bianco, « Diderot a-t-il inventé le Web ? », Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, nos 31-32, , p. 17-25 (ISSN0769-0886, DOI10.4000/rde.13, lire en ligne, consulté le )
↑Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, Th. Lejeune, , p. 171.
↑Jean-Pierre Marcos, « La Société générale du genre humain, Reprise et critique rousseauiste de la réponse de Diderot au "raisonneur violent" dans l'article Droit naturel de L'Encyclopédie », Les Papiers du Collège international de philosophie, Papiers no 28, février 1996, lire en ligne.
↑Dieckmann Herbert, The autopsy report on Diderot, Isis, 1950 (vol. 41), no 3/4, p. 289-290.
↑Sergueï V. Korolev a tenté de reconstituer la bibliothèque de Diderot telle que transmise ; voir Sergueï V. Korolev, La bibliothèque de Diderot : vers une reconstitution, Ferney-Voltaire, Centre International d’Étude du xviiie siècle, , 131 p..
↑Andrew S. Curran, Diderot and the Art of Thinking Freely, Other Press, 2019, p. 1-2.
↑R. R. Palmer, A mystery explored: the De l'éducation publique attributed to Denis Diderot. In : The Journal of Modern History, vol. 57, no 1 (Mar., 1985), p. 1-23.
↑La synthèse proposée ici est inspirée de Yves Benot, Diderot, tome VI, Œuvres politiques, éditions sociales, 1960.
↑Voir à ce sujet Hubert Juin, Diderot : lettres d'amour, in Magazine littéraire no 204 (février 1984).
↑Le mot est effectivement utilisé dans la lettre mais il reste difficile de prétendre qu'il s'agit bien d'une invention de Diderot. Consulter l'article calembour pour les détails sur l'histoire de ce mot.
↑Christie McDonald, « Résonances associatives. La pensée analogique selon Denis Diderot », Études françaises, vol. 22, no 1, , p. 11 (lire en ligne)
↑Andrew S. Curran, Diderot and the Art of Thinking Freely, Other Press, 2019, p. 14
↑Pierre Hermand, Les idées morales de Diderot, Paris, P.U.F., (lire en ligne), p. XI.
↑Laurent Jaffro, « Diderot et la peinture morale de Greuze », dans J.-Ch. Bardout et V. Carraud, Diderot et la philosophie, Société Diderot, , 271 p. (lire en ligne), p. 271-284
↑Avédik Mesrobian, Les conceptions pédagogiques de Diderot, Ayer Publishing, 1972 (ISBN0-8337-4270-1 et 9780833742704) ; Roland Mortier, The philosophes and public education. In : Yale French Studies, no 40, Literature and Society: Eighteenth Century (1968), p. 62-76.
↑Sophie Boutillier et Dimitri Uzunidis, La Russie européenne : du passé composé au futur antérieur, Éditions L'Harmattan, , p. 36.
↑Rapporté par Michel Delon dans sa notice présentant Ceci n'est pas un conte, Œuvres complètes de Diderot, vol. 1 : Contes et romans, Paris, Gallimard, bibliothèque de la Pléiade, 2004.
↑Andrew S. Curran, Diderot and the Art of Thinking Freely, Other Press, 2019, p. 395-397.
↑Anne-Marie Chouillet (dir.), Les ennemis de Diderot (colloque), Klincksieck, (ISBN978-2-252-02880-3).
↑Voir J. Massiet du Biest, La fille de Diderot, Tour, 1949 ; Corinna Gepner, Angélique Diderot ou l'amour d'un père. In : Lunes (revue éditée à Evreux), 2002, no 18, p. 41-47.
↑La copie, soignée date de 1925; elle compte plus de 200 pages in-4. Voir : le lot 24 de ce catalogue de vente de 2007.
↑Sur les rapports de Diderot avec les francs-maçons, consulter France Marchal, La culture de Diderot, Paris, Honoré Champion, 1999, p. 104-118.
↑Voltaire ne fut admis à la Loge des Neuf Sœurs que peu de temps avant sa mort. Au cours de sa vie, il n'a jamais intégré la confrérie bien que ses idées en furent proches.
↑Voir Rosena Davison, Diderot et Galiani : étude d'une amitié philosophique, Oxford, Voltaire Foundation at the Taylor Institution, 1985.
↑Voir : De Booy, Diderot et son copiste Roland Girbal. In : French Studies, 1962, vol. XVI, p. 324-333.
↑Un ami horloger genevois décédé en 1761, auteur de Les échappemens à repos comparés aux échappemens à recul, Lausanne, chez Marc Chapuis, 1762.
↑Le peu que l'on sait est extrait de Maurice Tourneux, Diderot et Catherine II, p. 517.
↑(de) Martin Schieder, « „Le mérite de ressembler est passager“. Diderot und das Bildnis der philosophes », dans Elisabeth Décultot et Daniel Fulda, Die Bilder der Aufklärung, Paderborn 2024 (lire en ligne), p. 321-346
↑La gravure de Bertonnier est reprise dans M.-C. Sahut, N. Volle, Diderot et l'art de Boucher à David, catalogue exposition Hôtel de la Monnaie, 5 octobre 1984-6 janvier 1985, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux (ISBN2-7118-0283-3).
↑Le fait qu'il s'agisse de Diderot était souvent contesté, entre autres parce que le philosophe avait les yeux bruns et non bleus comme sur ce portrait. D'autant que des dessins préparatoires recouvrés en 2006 excluent que Diderot soit la personne représentée, faisant partie du cycle des Figures de Fantaisie ou d'un portrait anonyme. Voir : Marie-Anne Dupuy-Vachey, Fragonard : les plaisirs d'un siècle, catalogue de l'exposition, Paris, Musée Jacquemart-André, 2007, Culturespaces, 2007 et « Le Diderot de Fragonard n'est pas Diderot », sur Le Figaro, . À l'occasion de son envoi au Louvre Lens, le musée du Louvre prend acte de l'erreur et ne le présente plus comme un portrait de Diderot.
Un article bibliographique spécifique serait utile (mars 2023). Compte tenu du nombre d'ouvrages ou d'études relatives au sujet de l'article, il serait utile de créer un article bibliographique spécifique. On ne garderait alors dans l'article que les ouvrages biographiques ou de référence principaux, ainsi que ceux utilisés pour écrire l'article.
On ne reprend ici que les ouvrages généraux qui évoquent la vie de Diderot ou son œuvre dans une vision transversale ou thématique. Les ouvrages qui évoquent un texte en particulier trouvent leur place dans l'article qui lui est consacré. De nombreux ouvrages du début du XXe siècle ont été réédités dans les années 1960.
Les ouvrages qui évoquent l'Encyclopédie sont rassemblés dans la bibliographie de l'article qui lui est consacré.
Anne-Marie Chouillet (dir.), Les ennemis de Diderot : colloque, Klincksieck, (ISBN978-2-252-02880-3)
(en) Andrew S. Curran, Diderot and the art of thinking freely, New York, Other Press,
Michel Delon (dir.), Album Diderot, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade »,
Charly Guyot, Diderot par lui-même, Paris, Éditions du Seuil,
Serguei V. Korolev, La Bibliotheque de Diderot: Vers une reconstitution. Ferney-Voltaire: Centre international d'etude du XVIIIe siècle, 2014. (ISBN978-2-84559-093-9)
Gerhardt Stengher, « L'édition dite DPV des Œuvres complètes de Diderot », in Françoise Gevrey et Sylvain Menant, Éditer les œuvres complètes (XVIIIe siècle), Société des textes français modernes, 2022, p.117-136
Paul Vernière, Diderot : ses manuscrits et ses copistes, Paris, Klincksieck,
Correspondance de Diderot
Lester Gilbert Krakeur, La correspondance de Diderot : son intérêt documentaire, psychologique et littéraire, New York,
Benoît Melançon, Diderot épistolier : contribution à une poétique de la lettre familière au XVIIIe siècle, (lire en ligne)
Jean Varloot et Georges Roth, Denis Diderot : correspondance, éditions de Minuit, 1955-1970
Pensée de Diderot
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(en) Urs App, The Birth of Orientalism, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, , 550 p. (ISBN978-0-8122-4261-4), p. 133-187
sur le rôle de Diderot dans la découverte européenne du bouddhisme et de l'hindouisme
Alice Scheyer, Diderot als universaler Denker, Berlin,
Hajo Brugmans, Diderot (1713-1784) : aan de bron van het moderne denken, Amsterdam,
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Paolo Quintili, La pensée critique de Diderot. Matérialisme, science et poésie à l'âge de l'Encyclopédie, Honoré Champion, 2002, 568 pages.
Paolo Quintili, Matérialismes et Lumières. Philosophies de la vie, autour de Diderot et de quelques autres (1706-1789), Paris, éditions Honoré Champion, 2009, 344 p., relié, 15,5 × 23,5 cm (ISBN978-2-7453-1786-5).
Benjamin Hoffmann, Les Paradoxes de la postérité, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe », 2019.
sur la conception de la postérité théorisée par Diderot et Falconet.
Yvon Belaval, L'esthétique sans paradoxe de Diderot, Paris,
[colloque] Diderot : les beaux-arts et la musique : actes du colloque international, Aix-en-Provence, 14, 15 et 16 décembre 1984, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, Centre aixois d’études et de recherches sur le XVIIIe siècle, , 324 p. (ISBN2-85399-143-1)
[colloque] Diderot et Greuze, Actes du colloque de Clermont-Ferrand (16 novembre 1984) réunis par Antoinette et Jean Ehrard (Université de Clermont II, Centre de recherches révolutionnaires et romantiques), Clermont-Ferrand, Adosa, 1986 (ISBN2-86639-049-0)
François Pépin, Diderot, philosophe des sciences, Paris, Classiques Garnier,
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Réception de Diderot
Manlio Duilio Busnelli, Diderot et l'Italie : reflets de vie et de culture italiennes dans la pensée de Diderot, avec des documents inédits et un essai bibliographique sur la fortune du grand encyclopédiste en Italie, Paris,
Raymond Trousson, Images de Diderot en France : 1784-1913, Paris, Champion,
Florence Boulerie, « Diderot et ses émules. La philosophie admet-elle la fantaisie du style ? », dans Bruno Curatolo et Jacques Poirier (dir.), Le style des philosophes, Besançon/Dijon, Presses universitaires de Franche-Comté/Éditions universitaires de Dijon, (ISBN978-2-84867-192-5, DOI10.4000/books.pufc.26622, lire en ligne), p. 133-142.