Edgard Faure

De Mi caja de notas


Edgar Faure
Illustration.
Edgar Faure en 1955.
Fonctions
Président de l'Assemblée nationale

(5 ans)
Législature Ve (Cinquième République)
Prédécesseur Achille Peretti
Successeur Jacques Chaban-Delmas
Ministre d'État
Ministre des Affaires sociales

(8 mois et 22 jours)
Président Georges Pompidou
Premier ministre Pierre Messmer
Gouvernement Messmer I
Prédécesseur Joseph Fontanet
Successeur Georges Gorse
Ministre de l'Éducation nationale

(11 mois et 8 jours)
Président Charles de Gaulle
Alain Poher (intérim)
Premier ministre Maurice Couve de Murville
Gouvernement Couve de Murville
Prédécesseur François-Xavier Ortoli
Successeur Olivier Guichard
Sénateur français

(7 ans, 5 mois et 28 jours)
Élection 28 septembre 1980
Circonscription Doubs
Groupe politique NI (1980-1982)
GD (1982-1988)

(6 ans, 9 mois et 11 jours)
Élection 26 avril 1959
Réélection 26 septembre 1965
Circonscription Jura
Président du Conseil des ministres

(11 mois et 9 jours)
Président René Coty
Gouvernement Faure II
Législature IIe (Quatrième République)
Coalition RAD-CNIP-MRP-RPF-RS-UDSR-BDS
Prédécesseur Pierre Mendès France
Successeur Guy Mollet

(1 mois et 17 jours)
Président Vincent Auriol
Gouvernement Faure I
Législature IIe (Quatrième République)
Coalition RAD-MRP-CNIP-UDSR
Prédécesseur René Pleven
Successeur Antoine Pinay
Ministre des Finances

(1 mois et 8 jours)
Président Vincent Auriol
Président du Conseil Lui-même
Gouvernement Faure I
Prédécesseur René Mayer
Successeur Antoine Pinay
Député français

(7 ans, 5 mois et 26 jours)
Élection 11 mars 1973
Réélection 19 mars 1978
Circonscription 3e du Doubs
Législature Ve et VIe (Cinquième République)
Groupe politique App. UDR (1973-1978)
RPR (1978-1980)
Prédécesseur Christian Genevard
Successeur Roland Vuillaume

(2 ans, 9 mois et 16 jours)
Élection 19 octobre 1969
Circonscription 3e du Doubs
Législature IVe (Cinquième République)
Groupe politique UDR
Prédécesseur Christian Genevard
Successeur Christian Genevard

(1 mois et 1 jour)
Élection 30 juin 1968
Circonscription 3e du Doubs
Législature IVe (Cinquième République)
Groupe politique UDR
Prédécesseur Louis Maillot
Successeur Christian Genevard

(1 mois et 4 jours)
Élection 12 mars 1967
Circonscription 3e du Doubs
Législature IIIe (Cinquième République)
Groupe politique UD-Ve
Prédécesseur Louis Maillot
Successeur Louis Maillot

(12 ans et 7 jours)
Élection 10 novembre 1946
Réélection 17 juin 1951
2 janvier 1956
Circonscription Jura
Législature Ire, IIe et IIIe (Quatrième République)
Groupe politique RRRS (1946-1956)
RGR-CR (1956-1958)
Président du conseil régional de Franche-Comté

(5 ans, 11 mois et 15 jours)
Prédécesseur Jean-Pierre Chevènement
Successeur Pierre Chantelat

(5 ans, 7 mois et 3 jours)
Prédécesseur Fonction créée
Successeur Jean-Pierre Chevènement
Fauteuil 18 de l'Académie française

(9 ans, 9 mois et 22 jours)
Prédécesseur André François-Poncet
Successeur Michel Serres
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Béziers (France)
Date de décès (à 79 ans)
Lieu de décès Paris 7e (France)
Nationalité Française
Parti politique RAD (1929-1956 ; 1958-1965)
UNR - UDT (1965-1967)
UD-Ve - UDR (1967-1977)
RPR (1977)
RAD-UDF (1977/1978-1988)
Conjoint Lucie Meyer
Profession Avocat
Historien du droit

Edgar Faure
Présidents de l'Assemblée nationale
Chefs du gouvernement français

Edgar Faure, né le à Béziers et mort le à Paris 7e, est un homme d'État français.

Radical, il est ministre au sein de nombreux gouvernements, dans lesquels lui sont confiés d'importants portefeuilles, il est président du Conseil des ministres en 1952 et de 1955 à 1956, sous la IVe République. Ministre sous les présidences du général de Gaulle puis de Georges Pompidou, il est président de l'Assemblée nationale de 1973 à 1978.

Il est élu à l'Académie française en 1978.

Biographie

Plus jeune avocat de France

Fils de médecin militaire, il change régulièrement d’établissements scolaires, du collège de Verdun à Narbonne en passant par le cours La Bruyère à Paris, lors de la Première Guerre mondiale[1]. Après des études au lycée Henri-IV à Béziers puis à Orléans et au lycée Voltaire à Paris, Edgar Faure commence des études de droit, de lettres et de langues orientales (russe). Il exerce à Paris la profession d'avocat et devient membre du barreau à 21 ans : c’est le plus jeune avocat de France de son temps et le plus jeune deuxième secrétaire de la Conférence des avocats du barreau de Paris (conférence du stage). Intéressé par la politique, il rejoint le Parti radical-socialiste après une première adhésion au Parti républicain-socialiste.

En 1931, il épouse Lucie Meyer ; le couple, pour son voyage de noces, choisit l'URSS[2].

Durant la Seconde Guerre mondiale

Edgar Faure en 1939.

En 1941, dans un procès à Clermont-Ferrand[2], il témoigne, non sans risques, en faveur de Pierre Mendès France, du même âge et avocat comme lui à Paris, incarcéré par le régime de Vichy.

À l'automne 1942, il part en Tunisie en compagnie de son épouse Lucie Faure, qui est juive, et de sa fille Sylvie, avant de rejoindre les quartiers généraux du général de Gaulle à Alger. Il devient ensuite le chef du service législatif du gouvernement provisoire (1944). En 1945, il est procureur général adjoint français au Tribunal militaire international de Nuremberg[3].

Cadre du Parti radical et ministre

Après avoir été battu aux élections de 1945 à Paris, il envisage de se présenter sous l'étiquette MRP dans le Puy-de-Dôme, mais finalement il se tourne vers le Parti radical et est élu lors de la troisième consultation électorale de 1946. Edgar Faure se révèle rapidement un ardent défenseur de la Franche-Comté, collectionnant les mandats : député du Jura jusqu'en 1958, maire de Port-Lesney en 1947, président du Conseil général du Jura en 1949. Dans ces fonctions il se montre favorable au projet d'exploitation du bassin houiller du Jura qui fait débat en 1957, mais celui-ci est finalement abandonné en raison de la conjoncture économique[4].

À l'Assemblée nationale, comme au Parti radical, qui comporte de nombreux « ministrables », il acquiert rapidement une réputation de sérieux que son allure souriante et sa verve viennent tempérer. Il se révèle un habile stratège et devient l'un des meilleurs navigateurs des couloirs du Palais-Bourbon. Il accède en 1949, au côté de Maurice Petsche, ministre des Finances, au rang de secrétaire d'État, avant d'être promu ministre du Budget en 1950. Deux ans plus tard, il est pour la première fois président du Conseil mais son gouvernement de quarante ministres ne dure que quarante jours, pris dans l'opposition des modérés et des socialistes sur la politique économique, après qu'il a posé vingt fois la question de confiance[réf. nécessaire].

Il prouve sa capacité d'adaptation en devenant ensuite ministre des Finances des gouvernements de Joseph Laniel (centre droit) puis de Pierre Mendès France. Dans ces fonctions, il obtient de la Chambre les pleins pouvoirs, qu'il met à profit pour « relancer la relance » avec un plan de dix-huit mois dit « d'expansion dans la stabilité »[5]. En particulier, il réglemente par décret plusieurs professions, procède à des mesures de décentralisation économique et introduit la taxe sur la valeur ajoutée[6].

De son ministère, il n'oublie pas les intérêts de ses électeurs du Jura[7], où plusieurs professions se voient bénéficier de déductions fiscales : parmi les plus citées, les éclaircisseuses[8], polisseurs et monteurs de pipes de la région de Saint-Claude ; ou les tourneurs, fraiseurs et guillocheurs de matières plastiques de la région de Saint-Lupicin[9],[10]. Il y favorisera plus tard l'élection comme député de son directeur de cabinet Jacques Duhamel, via l'« Union des non »[11] au référendum sur l'élection au suffrage universel du président de la République.

Edgar Faure (à gauche) lors de la signature des conventions de l'autonomie interne tunisienne, en 1955.

Président du Conseil

Après la chute du gouvernement de Pierre Mendès France en [12],[13], Antoine Pinay, président du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), appelle à une union nationale mais renonce finalement à Matignon face au risque de barrage de la SFIO et du MRP, s'effaçant au profit d'Edgar Faure[14].

Devenu président du Conseil, Edgar Faure poursuit la préparation de l'indépendance de la Tunisie prônée par Mendès France lors du « discours de Carthage » de juillet 1954[15].

Au Maroc, après quatre mois d'hésitations, il poursuit le processus de « l'indépendance dans l'interdépendance » en s'appuyant sur les voix de la gauche et s'aliénant celle de la droite[16]. À l'été, il autorise le sultan Mohammed, exilé à Madagascar, à revenir à Paris, pour faciliter sa restauration par la conférence d'Aix-les-Bains d'août 1955, visant à « éviter une guerre dans le Rif et l'Atlas »[13], où la tension s'est accrue[17].

L'écrivain François Mauriac le compare cependant dans son « bloc-notes » à un « myope qui s'empêtre dans ses combinaisons »[13], car avec Antoine Pinay, ministre des Affaires étrangères[13], il « hésite un temps »[13], consultant de grands patrons de presse, comme Pierre Lazareff, de France-Soir, qui conseille d'envoyer 50 000 militaires pour conserver ce protectorat du Maroc[13], ainsi que Marcel Boussac, dont l'empire textile est très dépendant des colonies. Dans son livre Ma mission au Maroc, Gilbert Grandval décrit Edgar Faure anxieux de convaincre Marcel Boussac d'accepter ce retour du sultan[18]. Le résident général de France au Maroc, contesté à cause du chaos mais soutenu par Boussac, est maintenu jusqu'en juin 1955[19] alors que celui de Tunisie avait été écarté un an plus tôt. Le temps perdu par Edgar Faure est aussi dénoncé par le romancier Auguste de Montfort[18].

En Algérie, il instaure l'état d'urgence dès son arrivée par la loi du 3 avril 1955, qui permet la censure de la presse[16],[20], pratiquée dans les mois qui suivent avec la saisie de L'Humanité[21], dont le reporter est expulsé[21]. L’opposition échoue à bloquer son adoption, tempérée par quelques amendements parlementaires[22], car le premier décret du 6 avril réserve l'état d'urgence à certaines zones du Constantinois, avant qu’un deuxième couvre tout l'est de l'Algérie le 19 mai puis un troisième, le 28 août 1955 toute l’Algérie[22], en prévoyant qu'il cesserait en cas de dissolution de l’Assemblée nationale[22].

Au Cameroun, il fait interdire les organisations politiques indépendantistes telles que l'UPC, la JDC et l'Udefec[23].

Il prend l'initiative d'une réunion au sommet des « Quatre Grands » à Genève, et favorise la tenue de la conférence de Messine, qui permet la relance de la construction européenne.

Première dissolution de l'Assemblée depuis 1877

Dès le printemps, il est sous pression de l'aile gauche du Parti radical menée par Pierre Mendès-France, qui obtient le congrès extraordinaire de mai 1955, où Edgar Faure se retrouve minoritaire. Tous les dirigeants radicaux prenant position contre lui à l'Assemblée nationale, il est exclu le [24],[25], ce qui sera confirmé en appel l’année suivante. Cette exclusion de son propre parti, votée à une écrasante majorité[26], une première pour un chef de gouvernement [24], sanctionne la dissolution de l'Assemblée nationale qu'Edgar Faure vient de suggérer au président René Coty[24]en la justifiant par l'échec d'un projet de réforme constitutionnelle visant à instituer le scrutin d'arrondissement[24] au lieu du scrutin départemental. Georges Laffargue, René Mayer et Martinaud-Déplat se solidarisent avec lui et sont aussi exclus[27].

C'est aussi pour prendre de vitesse Pierre Mendès-France, porté vers un retour au pouvoir par la dynamique de ce congrès extraordinaire, qu'Edgar Faure a demandé cette dissolution au président René Coty, la première depuis celle de Mac-Mahon en 1877 [13]. Elle se révèle un échec tactique :

  • à l'occasion des élections législatives anticipées de janvier 1956, les soutiens de Mendès France s'allient à la gauche au sein du Front républicain, qui obtient le contexte des « événements » d'Algérie 27,7 % des voix, rendant la gauche majoritaire, avec les près de 26% des communistes, même si les deux composantes excluent de gouverner ensemble ;
  • Edgar Faure s'est lui replié sur le Rassemblement des gauches républicaines, qu’il organise en parti politique autonome et dont il prend la présidence ; lors de la campagne électorale, ses partisans se présentent sous cette étiquette, aux côtés des modérés de l'UDSR, des indépendants du CNIP et du MRP[24], ensemble de droite qui obtient 31% des voix, dont seulement 3,8 % des voix pour le RGR, concurrencé sur sa droite par l'UDCA de Pierre Poujade et Jean-Marie Le Pen, pro-Algérie Française, qui entre en force à l’Assemblée avec près de 13 % et 52 députés.

Sur les bancs de l'opposition

Edgar Faure se retrouve alors, brièvement, dans l'opposition. S'il fut assez tôt un partisan du retour du général de Gaulle (« l'Algérie est un problème de la quatrième dimension qui ne peut être résolu que par un personnage de la quatrième dimension »), il est tenu à distance par la Ve République naissante et d'ailleurs battu, sur fond de vague gaulliste, aux législatives de 1958.

Il profite de ce temps pour écrire une thèse sur le système fiscal sous Dioclétien et pour passer son agrégation de droit : il devient agrégé des facultés de droit (droit romain et histoire du droit) en 1962.

Il est également sénateur (Gauche démocratique, réintégré au Parti radical) du Jura d'avril 1959 à février 1966, avant de revenir en 1967 à l'Assemblée nationale comme représentant du Doubs. En 1962, dans l'opposition, il vote « non » au référendum sur l'élection au suffrage universel du président de la République, « par scrupule de juriste » selon ses termes.

En 1963, il est envoyé officieusement par le pouvoir gaulliste en mission en république populaire de Chine à une époque où de Gaulle souhaitait rétablir des relations avec ce pays[28].

Ministre de la Ve République

En 1966, après avoir soutenu le général de Gaulle à l'élection présidentielle de 1965, il devient ministre de l'Agriculture, ce qui le fait exclure (à nouveau) du Parti radical. Il ne cesse plus, dès lors, de se présenter comme un pont entre radicalisme et gaullisme, mettant en avant, selon le cas, l'une ou l'autre proximité.

En 1968, après les événements de mai, on lui confie le poste délicat de ministre de l'Éducation nationale. Sa loi d'orientation de novembre 1968 surprend la classe politique, qui la vote aussi bien à gauche qu'à droite, les communistes s'abstenant. Elle marque une rupture dans l'enseignement français en intégrant des revendications de mai 68 et notamment la participation à la gestion des établissements de tous les acteurs de l'enseignement et la facilitation de l'interdisciplinarité. Une mesure fait couler beaucoup d'encre : le report de l'étude de la langue latine de la sixième à la quatrième. C'est également sous son ministère que sont supprimés les cours du samedi après-midi[29].

Il envisage un temps de se présenter à l'élection présidentielle de 1969, mais après accord avec Pompidou y renonce[2]. En octobre 1969, à l'issue d'une élection législative partielle provoquée par la démission de son suppléant, il retrouve son mandat de député dans la 3e circonscription du Doubs[30].

Pendant ce mandat, il dirige, sous les auspices de l'Unesco, la Commission internationale sur le développement de l'éducation, qui produit Apprendre à être, appelé également le « Rapport Faure »[31],[32].

En juillet 1972, il se voit attribuer, sous la présidence de Georges Pompidou, le poste de ministre d'État, ministre des Affaires sociales, un poste que lui confie le nouveau Premier ministre Pierre Messmer. À ce titre, il propose et obtient en particulier la généralisation de la retraite complémentaire.

Président de l'Assemblée nationale

Edgar Faure dans les années 1970-1980.

Après les élections législatives de 1973, où il est réélu député dans la 3e circonscription du Doubs, le nom d'Edgar Faure est proposé pour la présidence de l'Assemblée nationale. Le 2 avril, l'ancien président du Conseil est élu président de l'Assemblée à l'issue du premier tour de scrutin, sa candidature ayant été approuvée par 274 suffrages contre 180 au socialiste Pierre Mauroy. Il qualifie son élection en ces termes : « […] Il s'agit moins d'une faveur que d'une charge, non pas d'une récompense mais d'un office, […] [la] confiance [de ses collègues] n'étant […] qu'une invitation à la mériter sans relâche, sans réserve et, autant qu'il se peut humainement, sans faiblesse »[33].

En 1974, il songe à présenter sa candidature à l'élection présidentielle anticipée, consécutive à la disparition de Georges Pompidou, malgré celles concurrentes de Jacques Chaban-Delmas, qui s'est rapidement déclaré, et de Valéry Giscard d'Estaing. Le président de l'Assemblée arguant du fait qu'il est à la fois centriste et membre de l'UDR, Olivier Guichard lâche alors : « L'UDR a deux candidats, dont l'un est gaulliste ». Peu soutenu, il dit ne plus vouloir se porter candidat à la présidence de la République, et sera, jusqu'à sa disparition, amer de n'avoir pu briguer l'Élysée[2].

En 1976, Edgar Faure succède à René Cassin à la présidence de l'Institut international des droits de l'homme et à l'Institut libre d'étude des relations internationales.

En 1977, il réadhère au Parti radical et se présente à sa présidence contre Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui l'emporte. Cette même année, il perd son épouse. Femme de lettres, éditrice de la revue La Nef, Lucie Faure occupait une place importante auprès de lui et dans sa réflexion politique[2].

En mars 1978, il est réélu député (apparenté RPR) et brigue à nouveau la présidence de l'Assemblée nationale. Soutenu par Jacques Chirac, il retire sa candidature après avoir été distancé au premier tour par le gaulliste Jacques Chaban-Delmas[34]. Le 8 juin, il est élu à l'Académie française.

Derniers mandats

Tombe d’Edgar Faure et de son épouse au cimetière de Passy (10e division).

En 1979, en désaccord avec la ligne du RPR sur l'Europe (à la suite notamment de l'« appel de Cochin »), il se présente aux élections européennes sur la liste de l'Union pour l'Europe, conduite par Simone Veil, et démissionne du groupe RPR de l'Assemblée nationale. Il est élu sénateur, dans le Doubs cette fois, en 1980 (non-inscrit puis Gauche démocratique). Roland Vuillaume lui succède à l'Assemblée nationale à la suite d'une élection législative partielle.

Il soutient Valéry Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle de 1981 et Jacques Chirac en prévision de celle de 1988. Il succède à Michel Baroin comme président de la Mission pour la célébration du bicentenaire de la Révolution française, et meurt au cours de cette mission. Jean Pourchet lui succède au Sénat.

Edgar Faure est aussi maire de Port-Lesney dans le Jura (1947-1971 et 1983-1987), puis de Pontarlier dans le Doubs (1971-1977), et président de la région Franche-Comté (1974-1981 et 1982-1988).

Il est inhumé au cimetière de Passy, à Paris.

Orientation politique

Issu de la tradition radicale mais ayant changé à de nombreuses reprises d’étiquette, Edgar Faure est considéré tantôt comme pragmatique, tantôt comme opportuniste. Ses nombreuses volte-face lui ont valu le qualificatif de « girouette », ce à quoi il répondit : « ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent »[35],[36].

Il prônait le concept de « majorités d'idées » pouvant différer en fonction des textes proposés[37],[38].

Image et postérité

Plaque en mémoire d'Edgar Faure apposée sur son domicile parisien au no 134 de la rue de Grenelle.

Edgar Faure laisse l'image d'un brillant homme d'État, doté d'une mémoire solide et d'une culture encyclopédique capable de raisonnements fulgurants[2]. Très bon orateur, connu pour son humour et sa répartie, bon vivant, il pouvait paraître quelquefois pécher par orgueil et par vanité. La longue carrière de ce « surdoué de la politique » et sa capacité à s'adapter furent aussi quelquefois perçues comme de la versatilité et de l'opportunisme. Doté d'une grande capacité de travail, ses amis et adversaires lui reconnaissent un sens élevé du bien public[2] et une œuvre politique conséquente.

Il laisse également l'image d'un séducteur, ayant notamment fait aménager une porte dérobée dans l'une des salles de l'hôtel de Lassay, la résidence du président de l'Assemblée nationale, pour ses rendez-vous d'alcôve lorsqu'il présidait les travaux de la Ve législature[39].

Détail des mandats et fonctions

Au gouvernement

Les fonctions gouvernementales exercées par Edgar Faure sont présentées dans le tableau chronologique suivant.

Dates Fonctions gouvernementales exercées par Edgar Faure Gouvernement
Début Fin Présidence du Conseil Ministère
Quatrième République
Secrétaire d'État aux Finances Queuille I, Bidault II et III
Ministre du Budget Queuille II, Pleven I et Queuille III
Ministre de la Justice Pleven II
Président du Conseil Ministre des Finances Faure I
Ministre des Finances et des Affaires économiques Laniel I et II
Ministre des Finances, des Affaires économiques et du Plan Mendès France
Ministre des Affaires étrangères
Président du Conseil Faure II
Président du Conseil Ministre de l'Intérieur (intérim)
Ministre des Finances, des Affaires économiques et du Plan Pflimlin
Cinquième République
Ministre de l'Agriculture Pompidou III et IV
Ministre de l'Éducation nationale Couve de Murville
Ministre d'État, chargé des Affaires sociales Messmer I

Au Parlement

À l’Assemblée nationale
  • -  : député pour le Jura (groupe RRRS puis groupe RGR-CR)
  • 3 avril 1967 - 7 mai 1967 : député pour la troisième circonscription du Doubs (groupe UD-Ve)
  • 11 juillet 1968 - 12 août 1968 : député pour la troisième circonscription du Doubs (groupe UDR)
  • -  : député pour la troisième circonscription du Doubs (groupe UDR)
  • -  : député pour la troisième circonscription du Doubs (groupe UDR puis groupe RPR)
  • -  : président de l'Assemblée nationale
Au Sénat
Au Parlement européen

Au niveau local

Décorations et distinctions

Distinctions

Publications

Certaines de ses œuvres littéraires ont paru sous le pseudonyme d'Edgar Sanday (« Edgar sans d »).

  • Pascal : le procès des provinciales, Firmin Didot, 1930
  • Le Pétrole dans la paix et dans la guerre, Nouvelle revue critique, 1938
  • Pour rencontrer M. Marshes, Sequana Éditeur, 1942 (Roman policier publié sous le pseudonyme Ed Faure, réédité en 10/18 dans la collection grands détectives)
  • L'Installation du président Fitz Mole, Sequana Éditeur (Roman policier publié sous le pseudonyme Ed Faure, réédité en 10/18 dans la collection grands détectives)
  • Mr Langois n'est pas toujours égal à lui-même Julliard 1950 (Roman « d'atmosphère » publié sous le pseudonyme Edgar Sanday, réédité en 10/18 dans la collection grands détectives)
  • Le Serpent et la Tortue (les problèmes de la Chine populaire), Juillard, 1957
  • La Disgrâce de Turgot, Gallimard, 1961
  • Étude de la capitation de Dioclétien d'après le Panégyrique VIII, Sirey, 1961 (Thèse de doctorat en droit)
  • Prévoir le présent, Gallimard, 1966
  • L'Éducation nationale et la Participation, Plon, 1968
  • Philosophie d'une réforme, Plon, 1969
  • L'Âme du combat, Fayard, 1969
  • Ce que je crois, Grasset, 1971
  • Pour un nouveau contrat social, Seuil, 1973
  • Au-delà du dialogue avec Philippe Sollers, Balland, 1977
  • La Banqueroute de Law, Gallimard, 1977
  • La Philosophie de Karl Popper et la Société politique d'ouverture, Firmin Didot, 1981
  • Mémoires I, « Avoir toujours raison, c'est un grand tort », Plon, 1982
  • Mémoires II, « Si tel doit être mon destin ce soir », Plon, 1984, (9e Prix de la Fondation Pierre-Lafue 1985)
  • Discours prononcé pour la réception de Senghor à l'Académie française, le 29 mars 1984

Filmographie

Bibliographie

  • Pierre Jeambrun, Les Sept Visages d'Edgar Faure, Jas, 1998
  • Jean Sagnes (Direction), Edgar Faure, homme politique et homme d’État (1908-1988) avec la participation de Pierre Barral, Serge Berstein, Maurice Carrez, Daniel Colard, Paul Granet, Jules Maurin, Jean Rosselot, Ville de Béziers/ Presses Universitaires de Perpignan, 1999, 160 p.
  • Raymond Krakovitch, Edgar Faure, Le virtuose de la politique, Économica, 2006 (ISBN 271785178X)
  • Patrice Lestrohan, L'Edgar, Le Cherche-Midi éditeur, 2007
  • Bernard Favre, Edgar Faure, l'enragé du Bien Public, documentaire TV, 2007
  • Yves Marek, Edgar Faure, l'optimiste, la documentation française, 2010
  • Rodolphe Oppenheimer-Faure et Luc Corlouer, Edgar Faure, secrets d'État, secrets de famille, éditions Ramsay, 2014
  • Emmanuel Delille, « La Loi Faure (1968) de réforme de l’enseignement supérieur en France et ses répercussions sur les études de psychiatrie : recherche sur un cercle de sociabilité », Zinbun [Kyoto University], vol. 46, 2015, p. 111-133

Les papiers personnels d'Edgar Faure sont conservés aux Archives nationales sous la cote 505AP[41].

Notes et références

  1. Michel Malfroy, Célébrités et grandes figures du Haut-Doubs, Franois, EMPREINTE Editeur, , 215 p. (ISBN 2-913489-36-2), p. 176.
  2. a b c d e f et g « Edgar Faure, l'enragé du bien public », documentaire pour la télévision, 2007.
  3. Alain Vincenot, Rescapés d'Auschwitz, Archipel, , 264 p. (ISBN 978-2-8098-1634-1, lire en ligne).
  4. « Du charbon et du gaz de houille à Lons-le-Saunier », sur Le Progrès, .
  5. Association Edgar Faure.
  6. Biographie sur le site du ministère des finances.
  7. Laure Agron, Histoire du vocabulaire fiscal, LGDJ, , 519 p. (ISBN 978-2-275-01964-2, lire en ligne), p. 181.
  8. « Avantages ou privilèges? », sur L'Express.fr, (consulté le ).
  9. « Fiscalité », sur La Croix.com, (consulté le ).
  10. Article 5 de l'annexe 4 du Code général des impôts (lire en ligne) (version périmée au 31 mars 2000).
  11. « Jura : M. Jacques Duhamel bien placé à Dole. », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Aude Terray, « Chapitre IV. Pierre Mendès France, un accélérateur pour le SEEF ? », dans Des francs-tireurs aux experts : l’organisation de la prévision économique au ministère des Finances, 1948-1968, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - XIXe-XXe », (ISBN 978-2-11-129427-1, lire en ligne), p. 101–122.
  13. a b c d e f et g « Un maître politicien », sur Le Telegramme, (consulté le ).
  14. Dir. Jean Jolly, Dictionnaire des parlementaires français : notices biographiques sur les ministres, députés et sénateurs français de 1889 à 1940, Paris, Presses universitaires de France (lire en ligne).
  15. Nicolas Charbonneau et Laurent Guimier, La Vème République Pour les Nuls, edi8, (ISBN 978-2-7540-4320-5, lire en ligne).
  16. a et b Danièle Zéraffa-Dray, Histoire de la France (3). D'une République à l'autre, 1918-1958, (Hachette) réédition numérique FeniXX, (ISBN 979-10-376-0892-5, lire en ligne).
  17. Claude Ezratty, « Le sultan fait savoir qu’il refuse de quitter Rabat et d'abandonner sa "mission divine" », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  18. a et b Auguste de Montfort, La force des temps modernes, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-307-05839-7, lire en ligne).
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