Nombre de ses productions pour la télévision en font un précurseur de l'art vidéo en France. De telles recherches seront reprises, dans les décennies suivantes, par les groupes de recherche de l'Institut national de l'audiovisuel (INA). Il fut l'un des derniers réalisateurs salariés de la Société française de production (SFP) et, pendant longtemps, le seul réalisateur de l'ORTF à voir ses émissions vendues à l'étranger.
Grand connaisseur de jazz, Averty a filmé pendant des années le festival Jazz à Juan où sont passés tous les plus grands musiciens du genre.
Il fut également l'une des voix de France Inter et France Culture, notamment avec l'émission radiophonique Les Cinglés du music-hall.
Jean-Christophe Averty devient réalisateur en 1956 ; il produira près d'un millier d'émissions pour la télévision et près du double pour la radio, sur le jazz, le sport, le cirque, la mode, les variétés et surtout sur le théâtre — les dramatiques —, la littérature, émissions qu'il adaptera et mettra en page lui-même, avec l'aide de son équipe[3].
Il fonde sa réputation sur son caractère trempé, son goût de la provocation et son sens de l'innovation télévisuelle. Sa série Les Raisins verts (1963) fait grand scandale, notamment en raison de la séquence récurrente dans laquelle un bébé de celluloïd est passé au hachoir à viande[4]. Récompensé aux États-Unis par un Emmy Award pour cette émission, il n'aura de cesse de tenter de révolutionner le PAF, y compris par ses légendaires « coups de gueule »[5].
En 1963, il crée l’émission de variétés Les Raisins verts, qui marque les années 1960 et remporte, en 1964, le titre de meilleure émission de variétés élue par la presse, la Rose d'Or.
Ses créations télévisées font date dans l'utilisation de la vidéo et de l'utilisation des possibilités techniques, comme mode d'expression à part entière. Averty a beaucoup utilisé l'incrustation de personnages filmés sur fond bleu avec un décor dessiné. Ses techniques d'incrustation vidéo[9] lui permirent également de réaliser un Sapeur Camember d'après l'œuvre de Georges Colomb, dit « Christophe », ainsi qu'une version de Chantecler, pièce d'Edmond Rostand[8].
Il a été l'un des derniers réalisateurs salariés de la Société française de production et, pendant longtemps, le seul réalisateur de l'ORTF dont les émissions étaient vendues à l'étranger[12]. En 1976, il demande rendez-vous au chef de l’État Valery Giscard d'Estaing et obtient les premières mesures de protection de la création française à la télévision[réf. souhaitée].
En 2012, Jean-Christophe Averty confie la gestion, la conservation et la sauvegarde des droits de l’ensemble de ses œuvres télévisuelles et radiophoniques à l'Institut national de l'audiovisuel (INA) — près d’un millier d’émissions télévisées sur le jazz, le sport, le cirque, la mode, les variétés ou encore le théâtre[14].
Publications sur l'homme et son œuvre
Plusieurs ouvrages sont consacrés à son parcours et à son œuvre : un livre interview écrit par un des critiques de télévision[15], et l’étude d'Anne-Marie Duguet, sociologue spécialiste de l'art[16], qui notait déjà que « l’œuvre » de Jean-Christophe Averty était « sans équivalent dans le contexte télévisuel ».
De 2012 à 2015, il confie ses souvenirs à Sylvie Pierre, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'université de Lorraine, ce qui donne lieu à un ouvrage[17] et plusieurs articles dans The Conversation[18].
En mars 2015, il accorde à Noël Herpe une série d'entretiens diffusés la même année sur France Culture, dans le cadre de l'émission À voix nue[19]. Ces entretiens sont repris dans un livre[20].
Grand connaisseur de jazz, Averty filme pendant plusieurs années les festivals d'Antibes et Juan-les-Pins où se sont produits tous les plus grands artistes du genre. Ces réalisations (plus académiques que ses productions personnelles) reçoivent une renommée internationale. À ce propos, le pianiste Martial Solal lui a rendu un hommage dans une de ses compositions, Averty, c'est moi[30].
Les Cinglés du music-hall
Disque 78 tours de la collection de Jean-Christophe Averty.
Collectionneur de disques 78 tours (ses « vieilles galettes ») de jazz et de variétés, achetés sur les marchés aux puces à travers le monde, Jean-Christophe Averty a animé pendant vingt-huit ans, jusqu'à son ultime éviction en 2006 (sous la présidence de Radio France par Jean-Paul Cluzel), son émission de radio Les Cinglés du music-hall[31] (1 805 épisodes). Pour la partie française de cette émission, il bénéficie des « carnets » d'André Cauzard, confiés par ce dernier qui avait l'habitude de noter au quotidien tous les événements de jazz d'avant-guerre[réf. souhaitée]. Il décline cette émission pour TF1 avec Les Cinglés du music-hall télévisés, trois programmes diffusés respectivement les 22 octobre et 17 décembre 1982 et le 3 août 1984[32].
Au fil des années, cette émission permet d'établir une banque de données entre fans, préfigurant le P2P, en étant interactive avec les auditeurs et collectionneurs : il donne systématiquement à l'antenne le titre, l'interprète, l'éditeur et le numéro de sortie de chaque morceau qu'il annonce de son fameux « à vos cassettes ! »[33].
Cet homme de télévision, dont le zézaiement et le débit de parole agacent beaucoup d'auditeurs, connaît un grand succès avec cette émission qui présente de nombreux 78 tours de la fin des années 1920 jusqu'au début des années 1940. Il fit découvrir ou redécouvrir de nombreux artistes de cette époque comme Yvette Guilbert, Fréhel, Georgius, Joséphine Baker ou Ray Ventura[34].
Jean-Christophe Averty crée un espace théâtral spécifique au petit écran. Rompant avec le théâtre filmé, il construit la mise en scène par la technique du kinescope utilisée de 1954 au milieu des années 1960. Le statut de l'espace théâtral et celui des acteurs s'en trouvent transformés avec les moyens techniques de la vidéo (Alfred Jarry lui-même avait ouvert la voie à cette conception).
1964 : Rien que des monstres de Jean-Christophe Averty, mise en scène de Jean-Christophe Averty
1967 : Les Fleurs du mal de Charles Baudelaire, mise en scène de Jean-Christophe Averty, Théâtre des Remparts et à l'occasion du centenaire de la mort de Charles Baudelaire au cours du Festival international de Provins
1964 : Emmy Awards : Prix de la meilleure émission étrangère décerné par l’Academy of Television Arts and Sciences des États-Unis pour Les Raisins verts (1963-64)
1964 : Prix de la critique de cinéma et de télévision
1964 : Prix de la presse au festival de la Rose d’or de Montreux et mention spéciale pour une contribution à la révolution du langage télévisuel (1964)
1965 : Pharaon d’or pour la meilleure émission de variétés au festival d’Alexandrie pour Bonsoir mes souvenirs-Show Line Renaud (1963)
1965 : Rose de bronze au festival de la Rose d’or de Montreux pour Happy New Yves-Show Yves Montand (1964)
1966 : mention spéciale pour la couleur au festival de télévision de Monte-Carlo pour Ann (1965)
1979 : Prix de la meilleure émission de l’année 1979 de l’Association française des critiques et informateurs de radio et télévision pour Les Cinglés du music-hall
1979 : Prix du premier festival audiovisuel de Royan pour Les Cinglés du music-hall
↑Jean-Christophe Averty et Noël Herpe, La réalité me casse les pieds : entretiens avec Noël Herpe, Paris/92-Nanterre, Plein Jour, , 112 p. (ISBN978-2370670304).
↑Ce documentaire de 75 min, écrit et réalisé par Jean-Christophe Averty, est sorti en VHS chez Polygram Vidéo. Les commentaires sont d'Orson Welles et dits par Jean Topart.
↑Anne-Marie Duguet, Jean-Christophe Averty, Paris, Dis voir, , 159 p. (ISBN2906571199), p. 134
Annexes
Bibliographie
Propos de Jean-Christophe Averty recueillis par Anonyme, « J.-Ch. Averty. Les Variétés », Téléciné no 121-122 spécial Télévision et Cinéma, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), Paris, 1965, (ISSN0049-3287).
André Gaudreault et Viva Paci (dir.), « La télévision… selon Jean-Christophe Averty », Cinémas : Revue d'études cinématographiques / Journal of Film Studies, vol. 26, nos 2-3, , p. 7-197 (lire en ligne).
Initiales no 06 – Initiales J.C.A., Lyon, Initiales, 2015, 128 p. (ISBN978-2-915213-25-6).
Noël Herpe (entretien avec), La réalité me casse les pieds, Paris, Plein Jour, 2017.
Sylvie Pierre, « Les « Vacances à la mer » dans l’œil de Jean‑Christophe Averty », dans The Conversation (lire en ligne).
Sylvie Pierre, « Jean-Christophe Averty, "Méliès du petit écran" », dans The Conversation (lire en ligne).
Propos recueillis par Gilbert Salachas, « Jean-Christophe Averty : Je suis pour une mise en scène qui se voit », dans The Conversation, p. 33-45.
Jacques Siclier, « Enfin Averty vint... », Téléciné no 158, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 32, (ISSN0049-3287).
Jacques Siclier (entretien avec), Un homme Averty, Paris, Jean-Claude Simoën, coll. « Collection José Artur », 1976, 204 p.
Vidéographie
Mireille Dumas et Philippe Rouget, Les Trésors cachés des variétés - Jean-Christophe Averty, 2017.