Jean-Louis Trintignant naît le à Piolenc à 6 km au nord-ouest d'Orange. Il a un frère de quatre ans son aîné[2]. Il est le fils de Raoul Trintignant, industriel, maire (SFIO) de Pont-Saint-Esprit (1944-1947) et conseiller général du Gard (pour le canton de Pont-Saint-Esprit de 1945 à 1949). Raoul Trintignant est l'un des responsables de la Résistance à Pont-Saint-Esprit avant de rejoindre un maquis de l'Ardèche. Il est arrêté par des légionnaires incorporés dans l'armée allemande en et emprisonné aux Baumettes jusqu'à la Libération. Claire Tourtin, sa mère, issue d'une riche famille de Bollène, est tondue après la guerre[3] pour avoir eu une liaison avec un soldat allemand. Ces événements et leurs conséquences sur les relations entre son père et sa mère marquent durablement Jean-Louis Trintignant.
Trois de ses oncles se passionnent pour la course automobile. L'aîné Louis Trintignant (1903-1933) se tue lors des essais du prix de Picardie. Henri Trintignant participe au Grand Prix automobile de France 1936. Maurice Trintignant (1917-2005) a après la guerre une carrière exceptionnelle, courant notamment pour Maserati, Bugatti, Lotus et Ferrari. Jean-Louis hérite de leur passion et se lance dans la compétition bien des années plus tard.
Il est élève au lycée Saint-Joseph d'Avignon[2]. En 1949, alors qu'il est étudiant à la faculté de droit d'Aix-en-Provence, il assiste à une représentation de L'Avare, comédie de Molière mise en scène par Charles Dullin : cette pièce est pour lui une révélation[2]. Il assiste peu après à une représentation de Jules César par Raymond Hermantier, qui lui fait découvrir et aimer Shakespeare. Il abandonne ses études, décide de suivre les cours de comédie de Charles Dullin — mort entretemps — et de Tania Balachova à Paris[2]. Cela l'aide à vaincre sa profonde timidité. Son ambition est de devenir comédien au théâtre et metteur en scène au cinéma. C'est pourquoi, parallèlement aux cours d'art dramatique, il entre à l'IDHEC[2]. Il décroche des figurations et de petits rôles, notamment au TNP.
Il vit alors chichement, à quatre dans une chambre d'hôtel de Saint-Germain-des-Prés, et effectue de petits boulots aux Halles pour financer sa formation. Les jours de disette, il se rend à l'appartement des parents de Claude Berri[2].
Reconnaissance internationale avec Et Dieu... créa la femme
En 1956 après quelques figurations, Jean-Louis Trintignant fait ses débuts comme acteur de cinéma avec le film Si tous les gars du monde de Christian-Jaque et connaît la célébrité internationale en même temps que Brigitte Bardot avec le film mythique à scandale Et Dieu… créa la femme de Roger Vadim, où il joue le jeune époux fou amoureux de Juliette, une jeune femme à la beauté diabolique qui ne pense qu'à s'amuser et à aimer les hommes dans une communauté du village de Saint-Tropez traditionnellement dure au labeur et attachée aux bonnes mœurs. Sa liaison avec Brigitte Bardot (mariée à Roger Vadim) fait alors couler beaucoup d'encre dans la presse people internationale et fait exploser le couple Vadim-Bardot[2].
Jean-Louis Trintignant disparaît durant son service militaire. Il réussit, en se rendant malade avec un mélange de blancs d'œuf et de vin blanc, à éviter d'être envoyé dans les Aurès en Algérie[5],[6]. Il est affecté à Trèves en Allemagne, puis à la caserne Dupleix à Paris[7]. Ces années vont le marquer profondément et arrêter momentanément sa carrière de comédien[8].
Il enchaîne une impressionnante carrière entre cinéma d'auteur, films grand public et théâtre où il prend souvent des rôles d'antihéros au charisme envoûtant et à la voix de velours tourmentée et sarcastique. Il s'impose parmi les plus grands comédiens de sa génération.
Jean-Louis Trintignant aborde aussi la mise-en-scène une première fois en 1973 avec la comédie d'humour noir Une journée bien remplie, mettant en vedette Jacques Dufilho, puis une seconde et dernière fois en 1979 avec Le Maître-nageur, une fable dont le ton sardonique se situe dans la même veine que celui d'Une Journée bien remplie.
Marie joue dans plusieurs films de sa mère aux côtés de son père et plusieurs pièces de théâtre avec son père. Elle devient la partenaire privilégiée de son père.
Il s'intéresse à la compétition automobile et court un temps comme pilote automobile professionnel, engagé par British Leyland en formule de production. Il participe à plusieurs rallyes — notamment au rallye de Monte-Carlo à six reprises, terminant entre la 20e et la 65e place — et courses en circuits notamment pour l'équipe du Star Racing Team de Moustache, sur Simca 1000 Rallye. Il y rencontre Marianne Hoepfner, célèbre pilote de rallye, notamment celui du Rallye Dakar 1984. Elle devient son épouse en 2000, après son divorce d'avec Nadine Trintignant. Il participe aux 24 heures du Mans en 1980 (abandon) et finit deuxième aux 24 heures de Spa en 1982 avec ses coéquipiers Jean-Pierre Jarier et Thierry Tassin.
Le début des années 1980 est assez actif pour Jean-Louis Trintignant. En 1980, il fait son seul et unique doublage en devenant la voix française de Jack Nicholson dans le film Shining de Stanley Kubrick. L'acteur était à l'époque régulièrement doublé par le comédien Jean-Pierre Moulin[10], mais après avoir passé des essais, Kubrick choisira plutôt Trintignant[11]. Puis il apparaît dans plusieurs films dont Eaux profondes, un drame psychologique inspiré du roman éponyme de Patricia Highsmith où il retrouve Michel Deville qui l'avait dirigé dans la version française de Shining, Malevil de Christian de Chalonge, un rare exemple de film d'anticipation tourné en France, ou encore dans Le Grand Pardon, un film de gangsters réalisé par Alexandre Arcady où il tient un rôle plus secondaire, et qui connaît un bon succès .
En 1983, aux côtés de Fanny Ardant, il tourne pour la première fois sous la direction de François Truffaut dans ce qui est le dernier film du célèbre réalisateur : Vivement dimanche !, une comédie policière dans laquelle Trintignant incarne un agent immobilier injustement soupçonné de meurtre. Il renoue ensuite avec Claude Lelouch grâce à Viva la vie.
Après avoir vécu plusieurs années à Lambesc, il se retire en 1985 dans sa maison d'Uzès dans le Gard à 40 km à l'ouest d'Avignon, puis à Collias pour vivre en harmonie avec la nature. Il se dit lassé par le cinéma, refuse plusieurs projets et se fait plus rare même s'il revient de temps à autre, essentiellement dans des seconds rôles, comme dans La Femme de ma vie de Régis Wargnier. En 1987, il annonce lors de la Mostra de Venise qu'il abandonne le cinéma, faisant croire qu'il est gravement malade[12]. Il revient au cinéma deux ans plus tard dans Bunker Palace Hôtel, le premier long métrage de Enki Bilal.
Dix ans après, son domaine Rouge Garance est l'un des domaines phares parmi les mieux notés de la vallée du Rhône grâce au talent des propriétaires. Il rachète et utilise les vieilles barriques du domaine bourguignon de la romanée-conti pour élever son vin. « Je passe mon temps dans les vignes, je veille aux assemblages. » À Uzès, l'acteur laisse la place à l'éleveur de vin et d'oliviers.
En 2005, en hommage à cette dernière, tuée deux ans auparavant, il présente son spectacle Jean-Louis Trintignant lit Apollinaire, créé avec elle, au Festival d'Avignon. La même année, il forme un duo mémorable avec Roger Dumas dans la pièce Moins 2, écrite et mise en scène par Samuel Benchetrit au Théâtre Hébertot.
En 2011[13], accompagné de Daniel Mille à l'accordéon et de Grégoire Korniluk au violoncelle, il présente au théâtre de l'Odéon son spectacle « Trois poètes libertaires » : Boris Vian, Jacques Prévert et Robert Desnos qu'il a déjà rodé en province en 2010 et qu'il poursuit en tournée, principalement française, en 2012 et 2013.
Après dix ans d'absence au cinéma, depuis son apparition dans Janis et John de Samuel Benchetrit, il revient en 2012 sur le grand écran, au côté d'Emmanuelle Riva, dans Amour de Michael Haneke, drame intimiste et universel sur la maladie, la vieillesse et la mort récompensé par la Palme d'or au 65e Festival de Cannes, le César du meilleur film et l'Oscar du meilleur film étranger. Réticent à l'idée de jouer à nouveau au cinéma, il accepte le rôle sur l'insistance de la productrice Margaret Ménégoz et après avoir visionné le film Caché du même metteur en scène. Fasciné par le travail de Haneke, Trintignant le considère désormais comme le plus grand réalisateur du monde[14]. Son interprétation dans Amour, comme celle de Riva, est largement saluée par la critique, le public et la profession[15]. Lors de la sortie du film, il annonce qu'il s'agit de son ultime rôle pour le cinéma car il préfère se consacrer au théâtre[16]. Après avoir obtenu l'European Award du meilleur interprète 2012, il reçoit, en 2013, le César du meilleur acteur pour cette œuvre dans laquelle il incarne un octogénaire contraint de s'occuper et d'assister, impuissant, à la lente agonie de son épouse, victime de deux accidents vasculaires cérébraux[15].
Le à Vincennes, Jean-Louis Trintignant épouse l'actriceStéphane Audran, qu'il a connue au cours de Tania Balachova. Le couple divorce en 1956, après que l'acteur a engagé une liaison amoureuse avec Brigitte Bardot, sur le tournage du film Et Dieu... créa la femme. Il s'installe avec elle avenue Paul-Doumer. Cette liaison prend fin à l'automne 1957 lors du service militaire de l'acteur, quand il découvre que BB a une aventure avec Gilbert Bécaud.
Au cours de leur relation et durant son service militaire en Allemagne, Brigitte Bardot entre en contact avec Abel Thomas, directeur de cabinet du ministre de La Défense Maurice Bourgès-Maunoury afin d’éviter son envoi en Algérie[18],[19],[20].
Elle est alors monteuse, et deviendra réalisatrice quelques années plus tard. Ils se marient en 1961. Il tourne cinq films avec elle. Ils ont trois enfants : Marie (1962-2003), Pauline (née en 1969 et morte à l'âge de dix mois pendant le tournage du Conformiste, à Rome, probablement par asphyxie liée à une régurgitation de lait) et Vincent (1973).
En 1973, pendant le tournage du film Le Train, Jean-Louis vit une histoire d'amour intense avec sa partenaire Romy Schneider. Elle prend fin trois mois plus tard, laissant l'actrice désespérée. Jean-Claude Brialy et Jacques Dutronc confirment l'importance de cette relation pour Romy Schneider, à qui Trintignant témoigne toujours son admiration et son affection[7]. Il poursuit sa vie avec Nadine. Celle-ci le quitte à la fin des années 1970 pour vivre avec le réalisateur Alain Corneau. Le divorce avec Jean-Louis Trintignant a lieu au début des années 1980[Quand ?]. Entre-temps, le comédien rencontre Marianne Hoepfner, pilote de rallye, dont il partage la vie et qu'il épouse en 2000.
En 1998, Nadine Trintignant épouse Alain Corneau, qui adopte dans la foulée Marie et Vincent, avec le consentement de Jean-Louis.
De son propre aveu, Jean-Louis Trintignant ne s'est jamais remis du meurtre de sa fille Marie par Bertrand Cantat.
Opinions politiques
Peu engagé en politique mais sympathisant de gauche, Jean-Louis Trintignant a été « sympathisant communiste » dans sa jeunesse, avant d'avoir eu « la preuve que l'homme n'était pas prêt pour ça ». Il se dit en 2012 « contre l'autorité, la politique », et « plutôt socialiste. Voire anarchiste. […] L'idée de l'anarchie me plaît beaucoup, même si je sais qu'on ne sauvera pas le monde avec elle »[21],[22].
Problèmes de santé
En , Jean-Louis Trintignant déclare publiquement être atteint d'un cancer de la prostate[23], mais il refuse tous les traitements médicaux.
Dans le numéro de Paris Match du , son ex-épouse Nadine Trintignant a annoncé que l'acteur perdait « peu à peu la vue »[24].
Mort
Jean-Louis Trintignant meurt chez lui au matin du , à Collias dans le Gard, « entouré de ses proches » selon son épouse Marianne Hoepfner Trintignant, à l’âge de 91 ans[25]. L’acteur est mort « paisiblement, de vieillesse », déclare-t-elle dans la dépêche transmise à l'AFP[26]. Le journaliste Jean-Luc Douin[8] évoque dans Le Monde une « timidité maladive que l'artiste réussit à domestiquer par le théâtre », tandis que François-Guillaume Lorrain parle d'un « rapport distant et ambigu » avec le cinéma français[27].
Conformément à ses dernières volontés, ses obsèques ont lieu dans l'intimité dans la matinée du à Nîmes, en présence de quelques personnalités telles que Claude Lelouch, Charles Berling et Marc Lavoine. Il est ensuite inhumé dans le caveau familial au cimetière du Pont-de-Justice dans la même ville[28].
Tournées de spectacles
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Normalement, la Palme revient toujours uniquement au réalisateur mais outre la mise en scène, Jean-Louis Trintignant a été considéré par le Jury comme l'un des principaux artisans de cette victoire au même titre que sa partenaire dans le film : Emmanuelle Riva[30].
2011 : Trois poètes libertaires / Prévert, Vian, Desnos, de Jacques Prévert, Boris Vian et Robert Desnos, Odéon-Théâtre de l'Europe
2017 : Trintignant/Mille/Piazzolla, spectacle poétique et musical, lecture de Prévert, Desnos et Vian, musique d'Astor Piazzolla, direction musicale Daniel Mille, Salle Pleyel
2018 : Trintignant/Mille/Piazzolla, spectacle poétique et musical, lecture de Prévert, Desnos et Vian, musique d'Astor Piazzolla, direction musicale Daniel Mille, tournée
1978 : Participation sporadique au championnat de France des voitures de Production, sur Ford Escort RS 2000[39]
1980 : 25e du Championnat de France de rallycross, sur Alpine A310 1800 Politecnic (apparitions à Condat-le-Lardin, Beaujolais, et Solgne-Juville où il se classe 5e de la Super-finale en remportant la classe 2 en GT -des voitures >1.6L.-[40])
↑Jean-Louis Trintignant (entretiens avec André Asséo), Jean-Louis Trintignant : La passion tranquille, Paris, Plon, , 166 p. (ISBN2-259-19542-3), p. 106
↑Brigitte Bardot, Initiales B.B : mémoires, Paris/61-Lonrai, Bernard Grasset, , 637 p. (ISBN978-2-246-82541-8) Elle relate cet entretien dans ses mémoires en ces termes: «Le salon dans lequel on m’introduisit était immense et plein de dorures. un homme assis derrière son bureau se leva pour m’accueillir. C’était A.T. J’avais l’impression d’être en face d’un docteur, qui pouvait me sauver, s’il le voulait. Je lui exposai mon problème, franchement, sans honte, lui disant mon désespoir. Il souriait, goguenard, un peu condescendant, sûr de lui… Il me demanda si j’étais prête à tout faire pour “récupérer” mon amoureux. Je répondis “oui” sans arrière-pensée.» Le lendemain, alors qu’Abel Thomas lui a proposé, d’aller dîner : «Ce monsieur n’arrêtait pas de me baiser les mains, en attendant probablement de me “baiser” tout court ! J’étais très ennuyée. Je devais lui résister sans le froisser, sinon, adieu le retour de Jean-Louis. Il me collait comme un bonbon, me suçait les doigts, me buvait des yeux… Quelle situation épouvantable ! Je lui demandai à brûle-pourpoint s’il pouvait, oui ou non, faire quelque chose pour nous. Il me répondit très détaché que ça dépendait de moi. Si j’acceptais d’être très, très gentille avec lui, alors peut-être, pourrait-il faire revenir Jean-Louis. Sinon, peut-être l’enverrait-il directement de Trèves en Algérie…»
↑Cette scène figure dans le deuxième épisode de la série Bardot, fiction basée sur des faits réels diffusée depuis le 8 mai 2023 sur France 2 qui retrace les jeunes années de l’icône française. « Bardot B.B. », (consulté le )
↑Guy Fréquelin et Philippe Séclier (collaboration) (préf. Jean Todt, postface Sébastien Loeb), Pilote de ma vie, Paris, Calmann-Lévy, , 276 p. (ISBN978-2-7021-3987-5, OCLC298776666), p. 75
« Jean-Louis Trintignant », dans Personnages connus ou méconnus du Gard et des Cévennes, t. I, Brignon, La Fenestrelle, (ISBN979-1-0928-2666-1), p. 60-65 — ouvrage édité par l'Académie cévenole.