Jean Jaurès

De Mi caja de notas


Jean Jaurès
Illustration.
Jean Jaurès en 1904
(photographie de Nadar).
Fonctions
Député français

(12 ans, 1 mois et 30 jours)
Élection 27 avril 1902
Réélection 6 mai 1906
24 avril 1910
26 avril 1914
Circonscription Tarn
Législature VIIIe, IXe, Xe et XIe (Troisième République)
Groupe politique SP (1902-1906)
SU (1906-1910)
SOC (1910-1914)
Prédécesseur Jérôme Ludovic de Solages
Successeur Circonscription supprimée

(5 ans, 4 mois et 23 jours)
Élection 8 janvier 1893 (partielle)
Réélection 20 août 1893
Circonscription Tarn
Législature Ve et VIe (Troisième République)
Prédécesseur Jérôme Ludovic de Solages
Successeur Jérôme Ludovic de Solages

(4 ans et 1 jour)
Élection 4 octobre 1885
Circonscription Tarn
Législature IVe (Troisième République)
Président du Parti socialiste français

(3 ans)
Biographie
Nom de naissance Auguste Marie Joseph Jean Léon Jaurès
Date de naissance
Lieu de naissance Castres, Tarn (Empire français)
Date de décès (à 54 ans)
Lieu de décès Paris (France)
Nationalité Française
Parti politique Républicains modérés
Socialistes indépendants
Parti socialiste français
Section française de l'Internationale ouvrière
Diplômé de ENS Paris
Profession Professeur agrégé
Maître de conférences
Journaliste

Signature de

Jean Jaurès ([ʒɑ̃ ʒo.ʁɛs][a]), né le à Castres (Tarn) et mort assassiné le à Paris (Seine), est un homme politique et homme d'Etat français.

Issu d'une famille de la petite bourgeoisie castraise, il grandit à Castres, sa ville natale, où il passe son enfance et sa jeunesse, réalisant de brillantes études, il intègre ensuite l'école normale supérieure et obtient l'agrégation de philosophie.

Il commence une carrière politique comme républicain. En 1885, benjamin de la Chambre des députés, il siège au centre-gauche parmi les républicains « opportunistes », favorables à Jules Ferry. Battu lors des législatives de 1889 puis réélu comme socialiste indépendant lors de celles de 1893, il soutient la grande grève des mineurs de Carmaux, s'oppose aux « lois scélérates » et dénonce la collusion d'intérêts économiques avec la politique et la presse. Il prend la défense du capitaine Dreyfus, participe à la fondation du Parti socialiste français en 1902, puis fonde et dirige le quotidien l'Humanité.

En 1905, il est un des rédacteurs de la loi de séparation des Églises et de l'État. La même année, il participe à la création de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), dont il est l'un des acteurs principaux, unifiant ainsi le mouvement socialiste français. Ses positions réformistes lui valent toutefois l'opposition d'une partie de la gauche révolutionnaire.

Il consacre les dernières années de sa vie à tenter d'empêcher le déclenchement de la Première Guerre mondiale, se liant aux autres partis de l'Internationale ouvrière et faisant planer la menace de grève générale au niveau européen. Ces positions pacifistes lui valent d'être assassiné par le nationaliste Raoul Villain à la veille du conflit. Cette mort contribue paradoxalement au ralliement des socialistes à l'Union sacrée.

En 1924, sa dépouille est transférée au Panthéon.

Biographie

1859-1885 : jeunesse et formation

Jean Jaurès vers 1875.

Jean Jaurès, de son nom complet Auguste Marie Joseph Jean Léon Jaurès, naît à Castres le , 5 rue Réclusane, dans la maison de la famille maternelle des Barbaza[1]. Il appartient à une famille paternelle qui a évolué de la paysannerie vers la petite bourgeoisie provinciale du Tarn (essentiellement à Castres). Le jeune Jean Jaurès est notamment marqué par la brillante carrière de son cousin Benjamin Jaurès, amiral et ministre de la Marine en 1889[2].

Son père, Jules Jaurès (1819-1882)[b], est un négociant qui possède une petite exploitation agricole de 6 ha (ferme du domaine de La Fédial près de Castres), dans laquelle son fils passe son enfance et son adolescence jusqu'à l'âge de 17 ans. La famille connaît ponctuellement des difficultés financières[3]. Sa mère, Adélaïde Barbaza (1822-1906), issue d'une famille d'industriels du textile, s'occupe de l'éducation des deux enfants du couple : Jean, l'aîné, et Louis (1860-1937), qui devint amiral et député républicain-socialiste[4].

Jaurès en 1878, à l’École normale supérieure.

Très brillant élève de l'un des collèges-lycées de Castres[5], il y est remarqué par un inspecteur général, Félix Deltour, qui convainc ses parents de lui faire poursuivre ses études dans les écoles de l'« élitisme républicain », alors qu'ils le destinaient à l'administration des postes. Il est lauréat du concours général en latin[6]. L'inspecteur lui obtient une bourse qui lui permet de préparer à Paris l'École normale supérieure, au collège Sainte-Barbe puis au lycée Louis-le-Grand. Pur produit de la méritocratie républicaine, il est reçu en 1878 premier à l'École normale supérieure en philosophie, devant Henri Bergson. En 1881, il termine troisième à l'agrégation de philosophie, derrière Paul Lesbazeilles et Henri Bergson et devant Gustave Belot[7],[8].

Devenu professeur de lycée, Jean Jaurès enseigne tout d'abord au Lycée Lapérouse à Albi, puis rejoint Toulouse en 1882, où il exerce comme maître de conférences à la faculté des lettres et se voit confier un cours de morale au lycée de jeunes filles, section grandes[9].

Il se marie le avec Louise Bois (1867-1931), rencontrée au château de Loirac, fille d'un marchand de fromages en gros d'Albi, avec qui il a deux enfants :

Dans le contrat de mariage, la famille Bois offre au jeune couple le domaine de Bessoulet près de Villefranche-d'Albigeois où il s'installe rapidement[15].

1885-1898 : la progressive adhésion au socialisme

Entrée en politique comme républicain (1885-1889)

Jaurès entre 1885 et 1889.
(photographie de Disdéri).

S'affirmant ferryste, et incité par certains de ses anciens professeurs de Castres, il est désigné candidat (sixième de liste) par le congrès des républicains d’Albi pour les élections législatives d'octobre 1885[16],[17]. Il est élu en tête dès le premier tour, le [c],[17].

Benjamin de la nouvelle Chambre[17], il siège parmi les républicains « opportunistes », favorables à Jules Ferry[18]. Pour sa première intervention, en date du , il défend les droits des communes en matière d’enseignement primaire[17]. Ses votes permettent de le situer au centre gauche : contre l'amnistie des délits politiques des communards demandée par Henri Rochefort, contre l'annulation des élections de Corse, pour le crédit de 80 millions accordé au corps expéditionnaire du Tonkin, pour un crédit de 800 000 francs au service des cultes[19],[20]. L'historienne Madeleine Rebérioux le décrit comme étant « en rupture latente avec l’opportunisme, mal content du radicalisme », mais n'ayant « pas encore opté pour le socialisme : les élus socialistes qu’il rencontre à la Chambre le rebutent souvent par leur apologie de la violence et il vote, le 10 mars 1886, contre la motion de censure du gouvernement déposée par Émile Basly pendant la grève de Decazeville »[17]. Il condamne âprement les violences et les « excès » de cette grève, lors de laquelle des mineurs, après de vains pourparlers, précipitent par une fenêtre l'ingénieur Warlin qui est achevé par la foule[21],[22]. Cependant, plus généralement, selon Madeleine Rebérioux, « il acquiert une connaissance intime des difficultés des mineurs. Membre de la Commission des mines dans le cadre de laquelle il reçoit à la Chambre Jean-Baptiste Calvignac en mars 1886, il intervient à plusieurs reprises, en juin et juillet 1887, pour la création de délégués mineurs à la sécurité et il revient sur ce problème le 24 mai 1889. Devant l’impossibilité de faire aboutir un texte global, il lutte pour la création de caisses de secours et de retraite propres aux mineurs (Chambre, 24 mars 1890) »[17].

La législature est marquée par les succès du général Boulanger, auquel s'oppose Jaurès. En janvier 1889, lors de l’élection partielle de Paris à laquelle Boulanger est candidat, il soutient Jacques, le candidat commun aux socialistes-possibilistes et aux républicains bourgeois[17].

Lors des législatives de 1889, il est battu dans la circonscription de Castres par 8 776 voix contre 9 632 à son adversaire monarchiste, Jean-Pierre Abrial[17].

Découverte du socialisme

Privé de son mandat de député, Jaurès reprend son enseignement à la faculté de Toulouse. Il est reçu docteur ès lettres en 1892. Sa thèse principale a pour titre De la réalité du monde sensible, sa thèse secondaire (en latin, selon l'usage de l'époque) De primis socialismi germanici lineamentis apud Lutherum, Kant, Fichte et Hegel[d].

Il continue également son activité politique. À partir de 1887, il collabore au quotidien de tendance radicale La Dépêche de Toulouse (la future Dépêche du Midi). Jaurès y rédige, le , un article sur l'importance de l'école pour le futur citoyen : « Lettre aux instituteurs et institutrices ». Il devient conseiller municipal de Toulouse au sein d'un conseil « d’union républicaine radicale et radicale-socialiste », puis maire adjoint à l'instruction publique (1890-1893)[17].

Selon l'historien Michel Launay, c'est en que Jean Jaurès « exprime pour la première fois d'une façon définitive sa solidarité avec le socialisme français et international », dans un article intitulé « Nos camarades les socialistes allemands »[20]. Il demeure toutefois attaché au parti républicain, qu'il se représente dans son entier comme « un immense parti socialiste » (Dépêche, )[17]. D'après sa consœur Madeleine Rebérioux, « son intérêt pour la pensée socialiste a été renforcé par ses discussions avec Lucien Herr, sa solide connaissance de l’allemand et l’essor du parti social-démocrate redevenu légal dans l’Allemagne postbismarckienne. Mais, dans son évolution, le rôle principal appartient à la lente découverte qu’il fait de la classe ouvrière », dont il étudie la condition « depuis sa première campagne électorale »[17].

Grève des mineurs de Carmaux : adhésion définitive au socialisme (1892)

La grève des mineurs de 1892 à Carmaux vue par Le Petit Journal.
Gabriel Pech, Monument à Jean Jaurès à Carmaux.

En 1892, quand éclate la grande grève des mineurs de Carmaux, Jean Jaurès est à l'écart de la vie politique nationale. L'origine du conflit est le licenciement de Jean-Baptiste Calvignac — ouvrier mineur, dirigeant syndical et socialiste qui venait d'être élu maire de Carmaux le  — par la Compagnie des mines que dirigent le baron René Reille, président du conseil d'administration (l'homme fort de la droite tarnaise), et son gendre Jérôme Ludovic de Solages, membre de ce même conseil (député de la circonscription depuis ), propriétaire de mines et de verreries. Le prétexte motivant le licenciement se trouve dans les absences de Jean-Baptiste Calvignac causées par ses obligations d'élu municipal. Ce licenciement est considéré par les mineurs comme une remise en cause du suffrage universel et des droits réels de la classe ouvrière à s'exprimer en politique.

Les ouvriers se mettent en grève pour défendre leur maire. Le président Sadi Carnot envoie l'armée (1 500 soldats) au nom de la « liberté du travail ». En plein scandale de Panama, la République semble ainsi prendre le parti du patronat contre les grévistes.

Dans ses articles à La Dépêche à partir du , Jean Jaurès soutient la grève[17], aux côtés de Georges Clemenceau. Il accuse la République d'être aux mains de députés et ministres capitalistes favorisant la finance et l'industrie aux dépens du respect des personnes. Durant cette grève, il fait l'apprentissage de la lutte des classes et du socialisme. Arrivé intellectuel bourgeois, républicain social, Jean Jaurès sort de la grève de Carmaux acquis au socialisme.

Sous la pression de la grève et de Jaurès, le Gouvernement arbitre le différend entre la Compagnie minière de Carmaux et Calvignac au profit de ce dernier en lui donnant un congé illimité pour qu'il exerce ses fonctions de maire. Solages démissionne de son siège de député et provoque l'élection anticipée de [23]. Ne s'étant pas accordé sur une candidature de Calvignac et n'ayant obtenu l’accord d'Antoine Duc-Quercy, le comité électoral socialiste de Carmaux se tourne vers Jean Jaurès, qui accepte de reprendre le programme de Marseille du Parti ouvrier français[17]. Mis en ballottage au premier tour, il est élu au second tour contre l’opportuniste Héral[17]. Les cantons ruraux lui procurent 59 % de ses suffrages[17].

Premier mandat comme député socialiste (1893-1898)

Jean Jaurès vers 1892.

Désormais, Jean Jaurès représente à la Chambre des députés les mineurs de Carmaux. Il milite avec ardeur contre les « lois scélérates ». Surtout, Jaurès se lance dans une incessante et résolue défense des ouvriers en lutte. Il défend les verriers d'Albi, renvoyés par leur patron Rességuier, ce qui lui vaut l'ouverture d'une information judiciaire pour entrave à la liberté de travail, abandonnée fin 1895. C'est aussi à l'occasion de la découverte de fonds venant de hauts lieux chez un anarchiste de retour de Carmaux[pas clair] qu'il se lance dans un discours à la Chambre, le . Dans ce dernier, il dénonce la politique répressive du gouvernement, la censure du Père Peinard (« consacré presque tout entier à injurier les députés socialistes »), le deux poids deux mesures avec, d'un côté, la censure des journaux et députés socialistes, de l'autre la tolérance de discours également contestataires de certains catholiques[24], et enfin l'usage des agents provocateurs :

« C’est ainsi que vous êtes obligés de recruter dans le crime de quoi surveiller le crime, dans la misère de quoi surveiller la misère et dans l’anarchie de quoi surveiller l’anarchie. (Interruptions au centre. — Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.)
Et il arrive inévitablement que ces anarchistes de police, subventionnés par vos fonds, se transforment parfois — comme il s’en est produit de douloureux exemples que la Chambre n’a pas pu oublier — en agents provocateurs[25]. »

Dans le sillage de la grève des mineurs de Carmaux, il participe, en 1895, à celle des verriers de la ville, déclenchée par le licenciement de deux syndicalistes par le patron de la verrerie, Eugène Rességuier[26]. Cette grève aboutira à la fondation de la Verrerie ouvrière d'Albi, premier grand exemple d'entreprise autogérée.

Durant ce mandat, Jean Jaurès dénonça l'indifférence européenne et française aux massacres des Arméniens en Asie mineure organisés par le Sultan, dans un discours devant la Chambre des députés le , particulièrement « visionnaire » dix-neuf ans avant le génocide de 1915[27].

Dans le Languedoc viticole, il visite « Les Vignerons libres de Maraussan » qui créent la première cave coopérative. Aux élections de 1898, il est battu par le marquis Jérôme Ludovic de Solages, héritier du fondateur de la Compagnie minière de Carmaux.

1898-1914 : principal dirigeant socialiste français

Affaire Dreyfus

Au début de l'affaire Dreyfus, Jaurès est convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus. Il utilise même la sentence de déportation, qu'il juge clémente, pour dénoncer l'incohérence de la justice militaire dans un discours à l'Assemblée[28], le , où il déclare : « le capitaine Dreyfus, convaincu de trahison par un jugement unanime, n'a pas été condamné à mort, et le pays voit qu'on fusille sans pitié de simples soldats coupables d'une minute d'égarement, de violences ». Selon les termes de l'historien Michel Dreyfus, « Jaurès estime [au début de l'Affaire] que si Dreyfus n'est pas condamné à mort, c'est parce que l'« immense effort juif » fait en sa faveur n'a pas été tout à fait « stérile » et qu'il a bénéficié du « prodigieux déploiement de la puissance juive » »[29].

Dreyfus est innocent : les défenseurs du droit, de la justice et de la vérité.
Jaurès figure parmi les défenseurs du capitaine sur cette affiche dreyfusarde (1899).

Face à la campagne de révision, Jean Jaurès reste donc au départ en retrait. Par la suite, il s'engage véritablement comme défenseur de Dreyfus. « En définitive, la haine de l'antisémitisme ne semble pas avoir joué un rôle « déterminant » dans son engagement en faveur de Dreyfus : c'est bien davantage sa vision de la démocratie, ainsi que sa volonté de rallier la jeunesse qui l'auraient poussé en ce sens. Dès lors, le combat de Jaurès en faveur de Dreyfus devient décisif »[30]. Le J'accuse…! de Zola ne paraît pas avoir été l'élément déclencheur[31] : il refuse encore de s'engager, le , « entre les « cléricaux » qui voudraient utiliser l'Affaire contre les Juifs, les protestants ainsi que les libres penseurs, et les « capitalistes juifs » qui, discrédités par de nombreux « scandales », cherchent à se réhabiliter »[32], puis évoque encore en juin la « race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n'est pas par la fièvre du prophétisme[, qui] manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corruption et d'extorsion »[33],[34].

L'Éléphant du Jourdain, caricature antidreyfusarde de Jaurès parue dans le Musée des horreurs de V. Lenepveu ().

L'événement décisif est la révélation, fin , du faux commis par le commandant Henry[35] : Jean Jaurès s'engage alors avec passion dans la défense de Dreyfus. Pour lui, l'affaire est non seulement un problème de justice individuelle, mais surtout de respect de l'humanité elle-même. En effet, elle pose le problème du mensonge et de l'arbitraire des grandes institutions, notamment de l'armée qui entend avoir une « justice » séparée. En outre, elle est utilisée par les droites catholique et nationaliste pour renverser la République[36],[37]. Jaurès suit l'exemple de socialistes dreyfusards plus précoces que lui, comme Lucien Herr du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Il s'oppose aussi à certains autres socialistes, dont Jules Guesde pour qui Dreyfus est un officier bourgeois dont la défense ne serait pas prioritaire (le souvenir de la répression sanglante de la Commune de Paris, et d'autres révoltes ouvrières, est pour beaucoup dans la défiance de militants ouvriers envers la cause d'un officier). Jaurès, dans un ouvrage dreyfusard, Les Preuves, écrit : « Si Dreyfus a été illégalement condamné et si, en effet, comme je le démontrerai bientôt, il est innocent, il n'est plus ni un officier ni un bourgeois : il est dépouillé, par l'excès même du malheur, de tout caractère de classe ; il n'est plus que l'humanité elle-même, au plus haut degré de misère et de désespoir qu'on puisse imaginer. […] Nous pouvons, sans contredire nos principes et sans manquer à la lutte des classes, écouter le cri de notre pitié ; nous pouvons dans le combat révolutionnaire garder des entrailles humaines ; nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme, de nous enfuir hors de l'humanité ».

Mais pour Jaurès, l'accablement de malheurs et d'injustices dont Dreyfus est victime font de lui un homme qui souffre des persécutions de la caste militaire, qui est le « gardien armé du Capital », et donc l'ennemi du prolétariat[38].

Avec l'affaire Dreyfus, Jaurès devient un homme politique à l'influence nationale[39].

Socialiste soutenant la République (1898-1904)

Prospectus de l'Histoire socialiste, relié en tête du premier des 13 volumes.

Battu aux élections de 1898 (l'installation de la Verrerie ouvrière à Albi et son ardente défense de Dreyfus ont provoqué sa défaite), Jean Jaurès se consacre au journalisme et devient codirecteur de La Petite République, un journal socialiste républicain. C'est dans les colonnes de ce journal qu'il publie Les preuves relatives à l'affaire Dreyfus. Par ses articles, il soutient le gouvernement Waldeck Rousseau de « défense républicaine », qui associe à son action, pour la première fois dans l'histoire de la République, un socialiste, Alexandre Millerand, nommé au Commerce et à l'Industrie. Parallèlement, il dirige une Histoire socialiste de la France contemporaine (Éditions Rouff) pour laquelle il rédige les volumes consacrés à la Révolution française (1901-1908).

En 1902, Jean Jaurès participe à la fondation du Parti socialiste français. La même année, il parvient à reconquérir le siège de Député de Carmaux, qu'il conserve jusqu'à sa mort (réélu en 1906, 1910 et 1914). Son talent d'orateur lui permet de devenir le porte-parole du petit groupe socialiste de l'Assemblée nationale. Jaurès s'engage nettement en faveur du Bloc des gauches et du gouvernement Combes (1902-1905). Il participe à la rédaction de la loi de séparation des Églises et de l'État (). Cependant, Jaurès et les autres socialistes sont déçus par la lenteur des réformes sociales. Le dynamisme du Bloc des gauches s'épuise. Jaurès, vice-président de la Chambre en 1902, n'est pas réélu à cette fonction en 1904. Le rapprochement politique avec un gouvernement « bourgeois » allant jusqu'à la participation gouvernementale est, de plus, condamné par l'Internationale socialiste. Il défend le projet d'impôt sur le revenu qui serait venu se substituer à un système fiscal dominé par quatre contributions directes (contribution financière, personnelle mobilière, patentes, et portes et fenêtres) qu'il juge inégalitaire puisqu'il n'est pas indexé sur le niveau de revenu de chaque citoyen[40].

Fondation de L'Humanité et unification du mouvement socialiste

Jean Jaurès lisant L'Humanité (photographie de Henri Manuel, vers 1905).

En 1904, Jaurès fonde le quotidien L'Humanité, qu'il dirige jusqu'à sa mort. L’équipe qui lance le journal avec Jaurès n’est pas composée de journalistes, mais d’intellectuels qui ont vécu aux côtés du député socialiste trois combats victorieux : le droit ouvrier à la politique, bafoué à Carmaux par le marquis de Solages, et qui s’impose en 1892 ; la justice rendue au capitaine Dreyfus ; la liberté de conscience, objet d’un débat qui fait rage en 1904, et qui sera inscrite dans la loi de séparation des Églises et de l’État. De grandes « plumes » s’associent au projet : Anatole France, Octave Mirbeau, Jules Renard[26].

Jean Jaurès sous-titre son journal « quotidien socialiste » et l'utilise pour accélérer l'unité socialiste. Celle-ci est réalisée sous la pression de la Deuxième Internationale au congrès du Globe () avec la création de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), unifiant les différentes sensibilités socialistes de France.

Jean Jaurès partage la direction de la SFIO avec le marxiste Jules Guesde. La SFIO fait sien le concept de lutte des classes[41] et s'affirme clairement internationaliste. Pour l'unité, Jaurès a accepté l'abandon du soutien au gouvernement. Mais, il a obtenu des guesdistes l'insertion de la SFIO dans la démocratie parlementaire. Dirigeant politique important, il engage le dialogue avec les syndicalistes révolutionnaires de la CGT. En 1914, la SFIO rassemble 17 % des voix et obtient 101 sièges de députés.

Révolte des vignerons de 1907

Jean Jaurès en 1911.

Lors des événements de 1907, Jean Jaurès, sensible aux arguments de ses compatriotes du Midi, prend fait et cause pour les viticulteurs. Cela conduira à des affrontements oratoires assez violents avec Clemenceau, alors président du Conseil, et que Jaurès traitera de « chéquard » après l'affaire de Panama. L'aura de Jaurès est telle auprès des « gueux du Midi » que Clemenceau concevra une crainte politique exacerbée, ce qui conduira aux fusillades de Narbonne, Clemenceau ne voulant pas que la situation lui échappe.

L'antagonisme entre les deux hommes sera tel que Jaurès se détournera définitivement de la franc-maçonnerie, accusée selon lui de faire le jeu des fraudeurs et de Clemenceau ; or Jaurès était proche des idées maçonniques, sans toutefois être initié.

Les joutes verbales de 1907, restées célèbres dans le monde politique, sont reprises en 1961 dans le film d'Henri Verneuil Le Président, avec Jean Gabin.

Hostilité à la peine de mort

En France, avec l'élection d'Armand Fallières en tant que président de la République française en 1906, les condamnations à la peine de mort connaissent une inflexion. Abolitionniste convaincu, Armand Fallières avait mis en place un système de grâce automatique dès 1906. Dans ce contexte, Aristide Briand, ministre de la Justice du gouvernement Clemenceau, dépose en 1908 à la Chambre des députés un projet de réforme du système judiciaire incluant l'abolition de la peine de mort. Le , Jean Jaurès se présente devant la Chambre pour y tenir un discours pour l'abolition de la peine de mort, qu'il qualifie d'« inutile et odieuse »[42],[43]. Il y développe un argumentaire en trois temps : s'interrogeant sur la compatibilité de la peine de mort avec la foi chrétienne, avec l'esprit de la révolution des républicains et l'argument principal sur le rôle de l'État et ses « responsabilités sociales dans le crime »[44]. Le projet de loi est finalement rejeté, et l'abolition de la peine de mort en France ne sera actée qu'en 1981.

Pacifisme

Discours de Jaurès au Pré-Saint-Gervais, lors de la manifestation contre la loi des Trois ans,  ; photographie de Maurice-Louis Branger.

Jean Jaurès lutte contre la venue de la guerre les dix dernières années de sa vie. Il est très préoccupé et inquiet face à l'impérialisme et aux rivalités entre les grandes puissances (surtout pendant les guerres balkaniques en 1912-1913). En 1910, il rédige une proposition de loi consacrée à l’armée nouvelle, dans laquelle il préconise une organisation de la Défense nationale fondée sur la préparation militaire de l’ensemble de la nation. Il s'inspire alors du livre de 1905 L'Armée nouvelle, ce qu'elle pense, ce qu'elle veut du capitaine Mordacq, qui deviendra un des principaux collaborateurs de Georges Clemenceau à la fin de la Grande Guerre[45]. Jaurès est un cas singulier : pacifiste, mais passionné par la défense, par la stratégie militaire, et qui inspirera, au titre de la « nation armée », le Vietnamien Ho Chi Minh. Ainsi, dans le livre à l’origine de sa proposition de loi, il préconise la constitution d’une armée défensive, de milices, entraînée dans le monde civil, liée à la nation, le contraire de l'« armée de caserne »[26].

Jean Jaurès mène une vigoureuse campagne contre la loi des Trois ans, défendue ardemment par le député Émile Driant. La loi est votée en 1913, malgré le rassemblement du Pré-Saint-Gervais le , où Jaurès fait un discours devant 150 000 personnes.

L'année 1914 semble relancer les espoirs de paix : la guerre dans les Balkans est finie, les élections en France sont un succès pour les socialistes. Mais l'attentat de Sarajevo le et l'ultimatum autrichien à la Serbie du relancent les tensions entre les grandes puissances.

Jean Jaurès tente d'infléchir, dans un sens favorable à la paix, la politique gouvernementale. Il rappelle le mot d'ordre de grève générale décidé par l'Internationale ouvrière en cas de déclenchement de la guerre.

1914 : assassinat

Reconstitution de l'assassinat de Jaurès
(Le Matin).

Le pacifisme de Jaurès le fait haïr des nationalistes. Pendant la journée du vendredi [46], il tente, d'abord à la Chambre des députés, puis au ministère des Affaires étrangères, d'empêcher le déclenchement des hostilités de la Première Guerre mondiale. En fin d'après-midi, il se rend à son journal, L'Humanité, pour rédiger un article qu'il conçoit comme un nouveau « J'accuse…! ». Avant la nuit de travail qui s'annonce, il descend avec ses collaborateurs pour dîner au Café du Croissant, situé au no 146 de la rue Montmartre, à l'angle de la rue du Croissant. Vers 21 h 40, un étudiant nationaliste, Raoul Villain, tire deux coups de feu par la fenêtre ouverte du café et abat Jaurès à bout portant. Amédée Dunois, militant anarcho-syndicaliste, journaliste, avocat et ami du parlementaire socialiste, qui est présent à ses côtés ce soir-ci, cherche alors, en urgence, un médecin pour permettre d'apporter rapidement les premiers soins à Jean Jaurès. Paulo do Rio Branco da Silva Paranhos, alors ami de Dunois, arrive quelques minutes après l'événement à la demande de celui-ci. Ne pouvant prodiguer les premiers soins à Jean Jaurès après un constat alarmant sur l'hématome intracérébral formé, le médecin et fils de l'ex-ministre des Affaires étrangères du Brésil annonce, après plusieurs tentatives de prise de pouls, la mort officielle du député socialiste[47]. Le corps est provisoirement ramené à son domicile dans la maison à briques rouges de la villa de la Tour, sise au 17, rue Eugène-Delacroix (16e arrondissement de Paris).

Cet assassinat facilite de facto le ralliement de nombreux socialistes, qui hésitaient, à l'« Union sacrée ». La grève générale n'est pas déclarée.

L'assassin, Raoul Villain, prit la fuite après avoir tiré sur Jaurès. Un témoin qui se trouvait au Café du Croissant le poursuivit. À quelques dizaines de mètres d'où le drame s'était produit, il réussit à le maîtriser par terre. Les autorités prirent le relais une fois arrivées sur la scène[48],[49].

Le , Raoul Villain, le meurtrier de Jean Jaurès, est acquitté par le jury de la cour d’assises de la Seine. La veuve de Jean Jaurès est condamnée aux dépens, c'est-à-dire au paiement des frais du procès.

Idéologie

Jean Jaurès en 1890, photographié par Henri Manuel.
Carte d'adhérent SFIO de Jean Jaurès pour l'année 1913.

Le socialisme de Jean Jaurès mêle le marxisme aux traditions révolutionnaires et républicaines françaises. Le socialisme de Jaurès est souvent qualifié d'« humaniste », avec ses références constantes à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et à la Révolution française, dont il fut l'historien.

Jean-Pierre Rioux va plus loin et le déclare « religieux à jamais », indiquant : « face aux camarades et aux francs-maçons bouffeurs de curés, il dira toujours à la tribune de la Chambre sa foi en un Dieu de beauté et d'harmonie »[50]. […] Jaurès ne serait pas loin de croire que le socialisme va poursuivre l’œuvre divine[50]. En 1910, il déclare devant les députés : « Je ne suis pas de ceux que le mot Dieu effraie. J’ai écrit, il y a vingt ans, sur la nature et Dieu et sur leurs rapports, et sur le sens religieux du monde et de la vie, un livre dont je ne désavoue pas une ligne, qui est resté la substance de ma pensée »[51].

On retrouve cette idée dans un brouillon d'article non-publié de son vivant, où Jaurès écrit en 1891[réf. nécessaire] : « Comment l’idée sainte de fraternité, de justice, s’éveillerait-elle même au cœur des hommes, si la nature dont les hommes font partie n’était dans son fond que brutalité, violence et matière ? Et cette révélation de l’infini sous la forme de la justice ayant ému les âmes humaines, elles comprendront mieux le rêve d’infini que le christianisme contient. C’est en ce sens que le socialisme pourra renouveler et prolonger dans l’humanité l’esprit du Christ »[52].

Jean Jaurès retient du marxisme l'idée du danger de la concentration capitaliste, la théorie de la valeur et la nécessité de l'unité du prolétariat. Jaurès est évidemment favorable à des lois de protection sociale. Il souhaite aussi une collectivisation volontaire et partielle. Il veut la démocratisation de la propriété privée, et non sa destruction, et il est attentif aux mouvements coopératifs comme la Verrerie ouvrière d'Albi. Il se revendique communiste[53].

Socialiste, Jaurès dénonce le contraste entre l’énorme misère du prolétariat industriel et l’insensibilité sociale de la bourgeoisie. Pendant une longue période du XIXe siècle, la défense égoïste de ses privilèges a poussé la bourgeoisie à vouloir imposer le silence au prolétariat en lui interdisant le droit de grève et le droit syndical, qui ne sera reconnu qu'en 1884. Dans son livre intitulé Jean Jaurès, un combat pour L'Humanité, Pascal Melka montre en quels termes Jaurès dénonce cette situation dans sa plaidoirie au procès qui a opposé en 1894 le journaliste Gérault-Richard au président de la République Jean Casimir-Perier[54] :

« Et vous vous étonnez de la véhémence de nos paroles, de la force de nos accusations ! Mais songez donc que nous parlons au nom d’un siècle de silence ! Songez donc qu’il y a cent ans il y avait dans ces ateliers et dans ces mines des hommes qui souffraient, qui mouraient sans avoir le droit d’ouvrir la bouche et de laisser passer, en guise de protestation, même leur souffle de misère : ils se taisaient. Puis un commencement de liberté républicaine est venu. Alors nous parlons pour eux, et tous leurs gémissements étouffés, et toutes les révoltes muettes qui ont crié tout bas dans leur poitrine comprimée vibrent en nous, et éclatent par nous en un cri de colère qui a trop attendu et que vous ne comprimerez pas toujours. »

Jean Jaurès conçoit le passage au socialisme dans le cadre de la République parlementaire. Attaché aux traditions républicaines françaises, il n'est cependant pas centralisateur, comme le montrent ses idées sur l'enseignement des langues régionales[55].

L'historien Michel Winock écrit : « Ce qui est remarquable, c'est qu'il rend hommage à tous les camps. Ce n'est pas un sectaire. Par exemple, à propos des droits de l’homme et du citoyen, les marxistes disent que ce sont des droits formels, un masque qui rejette dans l'ombre les vraies motivations, c'est-à-dire la défense des intérêts de la bourgeoisie. Ce n'est pas du tout l'avis de Jaurès ». Lors de l'affaire Dreyfus, alors que le socialiste et marxiste Jules Guesde juge que le prolétariat n'a pas à défendre un bourgeois, Jean Jaurès s'engage en sa faveur, écrivant : « Nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme, de nous enfermer hors de l'humanité »[56].

Hommages, postérité

Hommages politiques

Photo en noir et blanc et de face d'un homme à la moustache et aux cheveux grisonnants, portant une chemise à faux col, une cravate, un veston et une veste épaisse
Paul Deschanel prononce le un éloge funèbre de Jaurès qui est salué par l’ensemble de la Chambre des députés.

Le , tout comme le président du Conseil René Viviani, le président de la Chambre des députés, Paul Deschanel, prononce son éloge funèbre, qui reçoit un accueil enthousiaste sur tous les bancs de l’hémicycle et marque les débuts de l’Union sacrée[57] :

« […] Y a-t-il encore des adversaires ? Non, il n'y a plus que des Français. […] Du cercueil de l'homme qui a péri martyr, de ses idées sort une pensée d'union ! De ses lèvres glacées sort un cri d'espérance. Maintenir cette union, réaliser cette espérance, pour la patrie, pour la justice, pour la conscience humaine, n'est-ce pas le plus digne hommage que nous puissions lui rendre[58] ? »

En 1917, Léon Trotski écrit un éloge de Jean Jaurès qu'il conclut par ces mots : « Jaurès, athlète de l'idée, tomba sur l'arène en combattant le plus terrible fléau de l'humanité et du genre humain : la guerre. Et il restera dans la mémoire de la postérité comme le précurseur, le prototype de l'homme supérieur qui doit naître des souffrances et des chutes, des espoirs et de la lutte »[59].

À l'issue de la Grande Guerre et de ses massacres, de nombreuses communes françaises baptisent des rues et des places en l'honneur de celui qui fut un grand défenseur de la paix. À Castres, sa ville natale, le collège où il étudia porte également son nom. De plus, la principale place de la ville, qui s'appelait place Nationale, a été renommée place Jean-Jaurès en 1920. À Marseille, la place Jean-Jaurès, l'une des plus grandes de la ville, a été renommée place Saint-Michel sous le régime de Vichy, avant de reprendre son nom à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une des places principales de la ville de Saint-Étienne porte aussi son nom.

De nombreuses écoles et de nombreux collèges et lycées portent également son nom également. A l'étranger, une rue de Buenos Aires porte également son nom, ainsi qu'à Tunis (hommage de Bourguiba à Jaurès).

Des stations de transport public portent son nom :

En 1924, la décision du transfert de la dépouille de Jean Jaurès du cimetière des Planques d'Albi au Panthéon est l'occasion pour le gouvernement du cartel des gauches qui vient d'être élu de se donner un ancrage symbolique tout en rendant hommage à celui qui a tenté d'empêcher la guerre. Le , sa dépouille est conduite au Panthéon lors d'une cérémonie grandiose à laquelle participent les mouvements politiques de gauche, excepté le Parti communiste français, exclu de la cérémonie officielle, qui organise sa propre manifestation et proteste contre la « récupération » de Jaurès[61].

Tombe de Jean Jaurès au Panthéon (Paris).
La place Nationale à Castres, rebaptisée en 1920 place Jean-Jaurès.

Le , François Mitterrand, nouvellement élu président de la République, se rend au Panthéon et s'incline devant la tombe de Jean Jaurès, puis devant celles de Victor Schœlcher et de Jean Moulin. En 1988, François Mitterrand inaugure le Centre national et musée Jean-Jaurès à Castres.

Le Parti socialiste a choisi d'appeler par son nom sa fondation politique.

En 2020, sa lettre « Aux instituteurs et institutrices » est lue dans les établissements scolaires au moment d'une minute de silence en hommage à Samuel Paty[62].

Des papiers personnels de Jean Jaurès sont conservés aux Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 437AP[63].

Hommages artistiques

Timbre français par Achille Ouvré émis en 1936.

La chanson de Jacques Brel intitulée Jaurès en (1977), reprise par la suite par Manu Dibango puis par Francesca Solleville, Zebda et Erik Marchand, rappelle à quel point l'homme politique était devenu une figure mythique des classes populaires. En 2005, un téléfilm lui est consacré : Jaurès, naissance d'un géant, de Jean-Daniel Verhaeghe avec Philippe Torreton et Valérie Kaprisky. De nombreuses statues de Jean Jaurès ont été érigées dans les villes de Castres, Carmaux, Suresnes, etc.

L'artiste Jihel a rendu de nombreux hommages à Jean Jaurès au travers de dessins qui se trouvent pour la plupart au Centre national et musée Jean Jaurès à Castres, il s'y réfère entre autres dans sa série Ciment de l'histoire. Le poète Serge Pey, a évoqué l'homme politique et le philosophe dans son livre Le trésor de la guerre d'Espagne et lui a également consacré une œuvre permanente dans les nouveaux locaux du conseil régional de Midi-Pyrénées, sous le titre : le Courage de la pensée.

En 2012, l'homme politique est l'effigie d'une pièce de 10 euros en argent éditée par la Monnaie de Paris, pour la collection « Les Euros des Régions », afin de représenter Midi-Pyrénées, sa région natale. En 2013 (Festival d'Avignon) est créé le spectacle de Pierrette Dupoyet Jaurès, assassiné deux fois. En 2014, est créé le spectacle « Rallumer tous les soleils : Jaurès ou la nécessité du combat » (de Jérôme Pellissier, mise en scène Milena Vlach).

En hommage à l'homme politique français, en 1936, 22 ans après sa mort, La Poste française émet simultanément deux timbres[64],[65]. L'un gravé par Jules Piel (40 c.), le second par Achille Ouvré (1,50 fr.).

Un buste de Jean Jaurès est installé au palais Bourbon à Paris.

Hommages

Buste de Jaurès au Capitole de Toulouse (par Paul Ducuing).

De nombreux hommages sont rendus à Jean Jaurès à partir de l'entre-deux-guerres.

Ainsi, 429 établissements scolaires (écoles maternelles, écoles élémentaires, collèges et lycées) portent son nom[66], ce qui le classe derrière Jules Ferry (642), Jacques Prévert (472) et Jean Moulin (434), mais devant Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Victor Hugo (365), Louis Pasteur (361), Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Jean de La Fontaine (335)[67].

Une université porte son nom depuis 2014 : l'université Toulouse-Jean-Jaurès, anciennement université du Mirail. Pour le centenaire de sa mort, ce nouveau nom rend hommage au maître de conférences de l'ancienne université de Toulouse[68].

Plusieurs monuments (statues, bustes, hermès, médaillons) sont édifiés à son effigie dans l'espace public.

Enfin, dans de très nombreuses communes de France, une voie publique porte son nom[66].

Critiques

Alors qu’il était particulièrement clivant, plusieurs villes de France nomment une de leur rue en son hommage à la suite de sa mort, comme Paris, Limoges, Brest, Lyon, Le Mans, Cransacetc. Jean Maillard, historien local, indique que la question fut très discutée à Cholet et que c’est finalement en 1919-1920 qu’il apparaît dans la ville, en lieu et place de la rue de Léchelle. Toutefois si à Tours, Saint-Claude, Romans ou Saint-Étienne le nom de Jean Jaurès disparaît des plaques de rues, la « repurgation » demandée sous Philippe Pétain n'a pas lieu à Cholet, la rue Jean Jaurès y demeurant[69],[70].

La mémoire de Jean Jaurès est utilisée à droite comme à gauche[e]. Dans les années qui ont suivi sa mort, la mémoire de Jean Jaurès fut poursuivie par la droite nationaliste (contre-manifestation lors de son entrée au Panthéon). Dans un ouvrage de 2012, Bernard Antony, un auteur d'extrême droite, parle de « l’anticléricalisme de Jaurès », voulant éviter toute « sacralisation » du personnage[71].

Jean Jaurès fut également critiqué comme trop bourgeois (la communion de sa fille lui fut reprochée, bien que celle-ci ait eu lieu à la seule initiative de sa femme) et trop réformiste par une partie de la gauche révolutionnaire[72].

Œuvres de Jaurès

  • De la réalité du monde sensible, thèse principale, Paris, Alcan, 1891.
  • De primis socialismi germanici lineamentis apud Lutherum, Kant, Fichte et Hegel, thèse complémentaire, Toulouse, Chauvin, 1891.
  • Les Preuves, 1898, (sur l'affaire Dreyfus).
  • Études socialistes.
  • Vers la république sociale.
  • Préface à L'Application du système collectiviste de Lucien Deslinières, 1898.
  • Les Deux Méthodes, 1900.
  • Histoire socialiste de la Révolution française, 1901-1908[73].
  • Comment se réalisera le socialisme ?, 1901.
  • Le Discours à la jeunesse, 1903.
  • Maudite soit la guerre, 1903[74].
  • Notre but, 1904.
  • La Révolution russe, 1905.
  • L'Alliance des peuples, 1905.
  • La Guerre franco-allemande 1870-1871, 1907.
  • L'Armée nouvelle, 1910.
  • Discours en Amérique latine, 1911 (éditions Bruno Leprince, 2010) ; première publication en français de toutes ses conférences au Brésil, en Uruguay et en Argentine de juillet à , édition mise au point par des militants du Parti de gauche et préfacée par J.-L. Mélenchon, avec explication des conditions de ce voyage et photos de Jaurès en Amérique latine jusque-là inédites en France.
  • Conflit élargi, 1912.
  • « Les Idées politiques et sociales de Jean-Jacques Rousseau », article paru dans la Revue de métaphysique et de morale, mai-.
  • Discours de Vaise, 1914.
  • Œuvres, 12 volumes parus depuis 2000 (17 prévus), Fayard.
  • Jaurès, l'intégrale des articles de 1887 à 1914 publiés dans La Dépêche (Privat, 2009), édition mise au point par Rémy Pech, Rémy Cazals, Jean Faury, et Alain Boscus.
  • Jean Jaurès, Vincent Duclert (éd.), Il faut sauver les Arméniens, Paris, Éditions Mille et Une Nuits (no 518), , 78 p. (ISBN 978-2-84205-994-1).
  • Citations suivies de Poèmes en Prose[75].
  • Œuvres complètes, Fayard, 2009-2023, 17 volumes[76].

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

Presse

  • Le Monde, « Jean Jaurès, un prophète socialiste », hors-série, .
  • L'Humanité (chapitres rédigés par Charles Sylvestre), « Jean Jaurès, une vie pour changer le monde », hors-série, 124 pages, .
  • Politis, « Les grands débats de la gauche depuis Jaurès », hors-série, juin-.

Filmographie

Liens externes

Bases de données et dictionnaires

Notes et références

Notes

  1. Prononciation en français de France retranscrite phonémiquement selon la norme API.
  2. Jules Jaurès est dit fabricant sur son acte de mariage, négociant sur l'acte de naissance de Jean, et propriétaire sur celui de Louis (Archives départementales du Tarn).
  3. Il est élu parmi six candidats en lice, avec 48 067 voix sur 93 932 votants (51 %).
  4. C'est-à-dire : Des origines du socialisme allemand chez Luther, Kant, Fichte et Hegel. [1].
  5. Comme le général de Gaulle lors de sa visite à Carmaux en 1960, Nicolas Sarkozy pendant l'élection présidentielle de 2007, voire à l'extrême-droite, lors des élections européennes dans le Sud-Ouest de la France.

Références

  1. « acte de naissance, n°390 » [img], sur archivesenligne.tarn.fr, (consulté le ).
  2. Maurice Andrieu, Jean Jaurès, citoyen adoptif de Toulouse, Éditions Privat, , p. 14.
  3. Rémy Pech, Jaurès paysan, Privat, .
  4. Vincent Duclert et Gilles Candar, Jean Jaurès, Fayard, , p. 2.
  5. Collège protestant fondé en 1574, c'est un des plus vieux établissements secondaires de France, situé aux premiers rangs des collèges de l'académie dans les concours académiques. Source : Yvan Hue, Le Collège de Castres : quatre siècles d'efforts, Éditions Midi France, , p. 7.
  6. Caroline Beyer, « Bain de jouvence pour le concours général », sur Le Figaro, , p. 8.
  7. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le ).
  8. Jacques Chabannes, Les enfants de la Troisième République, Éditions France-Empire, , p. 25.
  9. Gilles Candar et Vincent Duclert, Jean Jaurès, Paris, Fayard, , 519 p. (ISBN 978-2-213-68377-5, lire en ligne), Pt67
  10. « Extrait du Journal du Tarn du 20 juillet 1918 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  11. « Paul Auguste Marie Louis JAURES », sur la Base des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale (consulté le )
  12. Louis Guitard, Mon Léon Blum, ou Les défauts de la statue, Paris, Régirex-France, , 309 p. (ISBN 2-904392-01-7), p. 240
  13. Madeleine Rebérioux et Gilles Candar, Jaurès et les intellectuels : [actes du colloque international, 8-9 janvier 1988, Paris], Paris, éditions de l'Atelier, , 326 p. (ISBN 2-7082-3067-0), p. 241.
  14. Tableau d'honneur de la Grande Guerre, t. II, éd. archives & culture, , p. 641.
  15. Jean Jaurès, Les années de jeunesse, 1859-1889, Fayard, , p. 110.
  16. « Chronologie: Jean Jaurès Biographie », sur www.kronobase.org (consulté le )
  17. a b c d e f g h i j k l m n et o Madeleine Rebérioux, « JAURÈS Jean [JAURÈS Auguste, Marie, Joseph, Jean] », sur maitron.fr, (consulté le ).
  18. https://www.lefigaro.fr/culture/2014/07/13/03004-20140713ARTFIG00143-jean-jaures-le-premier-mort-de-14.php
  19. Jean Rabaut et André Castelot, Jaurès, Perrin (réédition numérique FeniXX), coll. « Présence de l'histoire », , 612 p. (lire en ligne).
  20. a et b Michel Launay, « Le socialisme de Jaurès avant son élection à Carmaux », Le Mouvement social, no 39,‎ , p. 34-44 (lire en ligne, consulté le ).
  21. Madeleine Rebérioux, « Socialisme et religion : un inédit de Jaurès, 1891 », Annales, no 16,‎ , p. 1096-1120 (lire en ligne, consulté le ).
  22. Marcelle Auclair, La vie de Jaurès, Seuil, 464 p. (lire en ligne).
  23. Isabelle Chalier, « Les grèves de Carmaux en 1892 », sur Retronews.fr, (consulté le ).
  24. Albert de Mun, l'article « La Bombe » dans La Croix de Morlay, les articles de La Croix ou l'article du père Marie-Antoine publié dans L'Univers puis dans L’En-dehors et titré « Le Christ et la Dynamite », qui évoquait la propagande par le fait.
  25. Séance du 30 avril 1894, discours de Jean Jaurès, sur le site de l'Assemblée nationale.
  26. a b et c Jean Jaurès, une vie pour changer le monde, hors-série de L'Humanité, 2014.
  27. Discours de Jean Jaurès prononcé à l'assemblée nationale lors de la séance du 3 novembre 1896 - PDF
    Site internet www.jaures.eu : Les massacres d'Arménie.
  28. Discours du 24 décembre 1894; voir l'article des études jaurésiennes sur Jaurès et l'antisémitisme.
  29. Michel Dreyfus, L'Antisémitisme à gauche. Histoire d'un paradoxe de 1830 à nos jours, La Découverte, 2010, 345 p. (ISBN 978-2707159830) [EPUB] emplacement 2 284 sur 13 903. Voir également Eric Cahm, « La presse socialiste face à la première affaire Dreyfus en 1894-1895 », Cahiers Jaurès, no 138, octobre-décembre 1995, p. 31-44 (lire en ligne).
  30. Michel Dreyfus, L'Antisémitisme à gauche. Histoire d'un paradoxe de 1830 à nos jours, La Découverte, 2010, 345 p. (ISBN 978-2707159830) [EPUB] emplacement 2 333 sur 13 903, ainsi que Madeleine Rebérioux, « Jean Jaurès : pour l'amour de l'humanité », Mil neuf cent, no 11 (Sont-ils devenus dreyfusards ou antidreyfusards ?), 1993, p. 60.
  31. Michel Dreyfus, L'Antisémitisme à gauche. Histoire d'un paradoxe de 1830 à nos jours, La Découverte, 2010, 345 p. (ISBN 978-2707159830) [EPUB] emplacement 2 313 sur 13 903.
  32. Michel Dreyfus, L'Antisémitisme à gauche. Histoire d'un paradoxe de 1830 à nos jours, La Découverte, 2010, 345 p. (ISBN 978-2707159830) [EPUB] emplacement 2315 sur 13903.
  33. Cité par Michel Dreyfus, L'antisémitisme à gauche: Histoire d'un paradoxe de 1830 à nos jours, La Découverte, 2010, 345 p. (ISBN 978-2707159830) [EPUB] emplacement 2 320 sur 13 903.
  34. [2]
  35. Michel Dreyfus, L'Antisémitisme à gauche. Histoire d'un paradoxe de 1830 à nos jours, La Découverte, 2010, 345 p. (ISBN 978-2707159830) [EPUB] emplacement 2326 sur 13903.
  36. Paul Seff, De l'affaire Dreyfus au Front National : radiographie d'une idéologie fasciste à la française, Conférence du Grep-mp, Parcours 19-20, 8 décembre 1998 : « [L'affaire Dreyfus] sera le signal de l'entrée en force de l'extrême-droite dans l'arène politique : orchestré par la majeure partie du clergé catholique, par la presse catholique soutenant le parti de la restauration monarchiste, l'extrême-droite déchaîne une campagne anti-républicaine, anti-parlementaire et antisémite d'une violence qui étonne encore les historiens d'aujourd'hui » en ligne sur le site du Grep.
  37. Jean-Jacques Becker, Stéphane Audoin-Rouzeau, La France, la nation, la guerre, 1850-1920, éd.Sedes, 1995, notice sur le site CRDP de l'académie d'Amiens, cf note no 5
  38. Cf. « Les deux méthodes », discours du 26 novembre 1900, reproduit dans les Archives marxistes sur Internet.
  39. Sur son rôle dans l'Affaire, voir Gilles Candar et Vincent Duclert, Jean Jaurès, Fayard, 2014, Bertrand Joly, Histoire politique de l'affaire Dreyfus, Fayard, 2014 et Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014.
  40. Pierre Ancery, « Le combat de Jaurès pour la création de l'impôt sur le revenu », Retronews,‎ (lire en ligne)
  41. « De Marx, il [Jaurès] retient surtout l'analyse de la lutte des classes qui fonde son propre socialisme. » Becker, J.-J. & Candar, G. (dir.), Histoire des gauches en France, La Découverte, 2004, tome I, p. 438.
  42. « " Quoi qu'on fasse, la peine de mort est condamnée " Jean Jaurès, le 28 novembre 1908. », sur L'Humanité, (consulté le )
  43. « Peine de mort - Débat de 1908 à la Chambre des députés - Séance du 7 décembre 1908 », Retranscription du débat et discours du 18 novembre 1908, sur assemblee-nationale.fr (consulté le )
  44. « Contre la peine de mort (1908) », sur Jaures.eu, (consulté le )
  45. "Sous le pseudonyme de Jibé, le général Mordacq est un écrivain prolifique, dont Jaurès reconnaît avoir lu l’un des ouvrages, lui aussi intitulé L’Armée nouvelle"
  46. Histoire de France, Larousse, Paris, 1998.
  47. Laurent Lasne, Le Roman de Jaurès : Des idées dans les poings, Monaco, éditions du Rocher, , 269 p. (ISBN 978-2-268-07626-3), p. 234.
  48. Jacques Prolo, Une politique ... un crime ...! : Le meurtre de Jean Jaurès, Méricant, (lire en ligne)
  49. « Jean Jaurès | Chemins de mémoire », sur cheminsdememoire.gouv.fr (consulté le )
  50. a et b Jean-Pierre Rioux, Au bonheur la France, Paris, CNRS Éditions "Biblis", , 456 p., p. 106
  51. Jòrdi Blanc, Le Dieu de Jaurès, Valence d'Albigeois, Vent Terral, , 334 p. (ISBN 978-2-85927-127-5)
  52. Jean Jaurès, La Question religieuse et le Socialisme, Les Éditions de Minuit, , p. 39-40
  53. « J. Jaurès : Deuxième discours au congrès socialiste international d'Amsterdam (1904) », sur marxists.org (consulté le )
  54. « Plaidoirie de Jean Jaurès lors du procès de Gérault-Richard, le 4 novembre 1894 », sur jaures.eu (consulté le ).
  55. En 1911, Jaurès acquiert la conviction que les langues régionales doivent être enseignées dans les écoles, ce qu'il propose dans deux articles (« L'éducation populaire et les "patois" », La Dépêche, 15 août 1911 et « Méthode comparée », Revue de l'enseignement primaire, 15 octobre 1911. [3]). Il propose de s'appuyer sur les connaissances linguistiques des enfants occitans, basques et bretons pour comparer les langues régionales au français et ainsi développer leur jugement, leur raisonnement.
  56. Blaise de Chabalier, « Un humaniste nommé Jaurès », Le Figaro, encart « Culture », 8 juillet 2014, p. 32.
  57. Thierry Billard, Paul Deschanel, Paris, Belfond, , 298 p. (lire en ligne).
  58. « Paul Deschanel et René Viviani () », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  59. Article de 1917 traduit en français dans le Bulletin communiste (organe de la SFIC), n⁰47, 22 novembre 1923 (réédité dans les Cahiers du mouvement ouvrier, n⁰ 23, 2004).
  60. « 20 août 1914 : l'avenue d'Allemagne devient l'avenue Jean-Jaurès », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  61. Avner Ben-Amos, « La « panthéonisation » de Jean Jaurès », sur Terrain, (consulté le )
  62. Grégoire Souchay, « Hommage à Samuel Paty : l'étrange tripatouillage de la lettre de Jean Jaurès », sur Libération.fr, (consulté le )
  63. Inventaire du fonds.
  64. Voir la fiche du timbre
  65. Voir la fiche du timbre.
  66. a et b Jacqueline Lalouette, Jean Jaurès, edi8, , 462 p. (ISBN 978-2-262-04778-8, lire en ligne).
  67. « De Jules Ferry à Pierre Perret, l'étonnant palmarès des noms d'écoles, de collèges et de lycées en France », sur lemonde.fr, (consulté en ).
  68. « Toulouse: l'université rebaptisée "Jean Jaurès" », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  69. Jean Maillard, Jaurès à Cholet, SLA Cholet - revue périodique - n°143, , 37-57 p..
  70. Jean-Claude Michon, « Cholet. Jean-Jaurès ou la « rue de l’échelle » », sur ouest-france.fr, Courrier-de-l'Ouest, (consulté le )
  71. Bernard Antony, Jaurès, le mythe et la réalité (Éditions Ateliers Fol’fer, 2012)
  72. à l'instar de Charles Rappoport Le discours de Jaurès, 1903 [4] ou Georges Sorel, cf. les Réflexions sur la violence.
  73. Julien Louvrier, « Marx, le marxisme et les historiens de la Révolution française au XXe siècle », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, 102, 2007, mis en ligne le 21 septembre 2009, consulté le 24 mai 2014.
  74. Jean Jaures, Maudite soit la guerre : discours à la jeunesse et autres paroles publiques, Paris, Théolib, , 166 p. (ISBN 978-2-36500-074-1).
  75. Jean Jaurès, Citations suivies de Poèmes en Prose, Z4 Éditions, 2014 (ISBN 978-1291878028).
  76. « Jean Jaurès, « une exigence morale et intellectuelle » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  77. « Derniers travaux universitaires déposés », sur www.lours.org (consulté le ).


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