Michel Serres

De Mi caja de notas


Michel Serres
Michel Serres en 2014.
Fonction
Fauteuil 18 de l'Académie française
-
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Michel François Marie SerresVoir et modifier les données sur Wikidata
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École navale (à partir de )
École normale supérieure (à partir de )
Lycée Louis-le-GrandVoir et modifier les données sur Wikidata
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Michel Serres [miʃɛl sɛʁ][2], né le à Agen dans le Lot-et-Garonne en Nouvelle-Aquitaine et mort le dans le 14e arrondissement de Paris, est un philosophe et historien des sciences français.

Membre de l'Académie française et de l'Académie européenne des sciences et des arts, il a notamment publié en tant qu'enseignant-chercheur des ouvrages faisant autorité en matière d'histoire des sciences, philosophie des sciences et épistémologie.

Biographie

Famille

D’origine gasconne, il est le fils de Jean, dit Valmy Serres, batelier sur la Garonne. Il reçoit une éducation catholique[3] et pratique le scoutisme au sein des Scouts de France qui le totémisent « Renard enthousiaste »[4].

Il est le père de quatre enfants[3], dont Jean-François Serres, un temps délégué général de l'association Petits Frères des pauvres[5].

Formation

Il est reçu en 1949 à l’École navale, dont il démissionne peu après, pour préparer dans un lycée parisien le concours de l’École normale supérieure, où il est reçu en 1952[6],[7]. Il soutient un diplôme d'études supérieures au sujet des structures algébriques et topologiques[8] avec Gaston Bachelard[6], puis est admis 2e ex aequo à l’agrégation de philosophie en 1955[9]. De 1956 à 1958, il fait son service militaire comme officier dans la Marine nationale.

Parcours

Michel Serres réalise une carrière universitaire, d'abord à l'université Blaise-Pascal[6], où il fréquente Michel Foucault et Jules Vuillemin. Ils confrontent alors régulièrement leurs idées et points de vue sur des thèmes qui prendront corps dans le livre Les Mots et les Choses[source insuffisante][10]. Il est ensuite nommé à l'université Paris-VIII, où il participe brièvement à l’« expérience de Vincennes »[11].

En 1968, il soutient une thèse de doctorat de lettres, intitulée Le Système de Leibniz et ses modèles mathématiques[12],[6], et est nommé en 1969, professeur d’histoire des sciences à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il enseigne également aux États-Unis, d'abord à l'université Johns-Hopkins, à Baltimore, à l'invitation de René Girard, puis il suit ce dernier à l’université Stanford[6], où il est nommé professeur en 1984[13].

Il est élu le à l’Académie française, où il occupe le fauteuil no 18, précédemment occupé par Edgar Faure. Il y est reçu le par Bertrand Poirot-Delpech[14].

Il fonde en 1984 et dirige le Corpus des œuvres de philosophie en langue française aux éditions Fayard[15],[16]. Il parraine la bibliothèque universitaire de l’École centrale de Lyon[17].

Dans les années 1980, il apparaît dans certains films du cinéaste québécois Pierre Perrault.

En 1994, il est nommé président du conseil scientifique de La Cinquième, la chaîne de « télévision de la connaissance, du savoir et de l'emploi », lancée par Jean-Marie Cavada, sur décision du gouvernement d'Édouard Balladur[18].

Le philosophe s’engage dans une voie proprement littéraire et artistique en , alors qu’il prépare une œuvre-spectacle pour la ville du Mans. Le thème est la conservation du patrimoine, de la cathédrale, du vieux-Mans et du bestiaire représenté dans la ville. La représentation unique eut lieu le .

Michel Serres participe chaque dimanche, de 2004 à 2018, à la chronique de France Info Le Sens de l'info avec Michel Polacco.

Il est un enthousiaste de Wikipédia comme lieu de rassemblement gratuit de connaissances, entreprise « non gouvernée par des experts » de connaissance partagée[19],[20].

Michel Serres meurt le , à l'âge de 88 ans, dans le 14e arrondissement de Paris[6],[21]. Ses obsèques se déroulent en la cathédrale d'Agen le . Il est inhumé le même jour au cimetière de Gaillard[22]. Son épouse Suzanne meurt le 1er novembre 2019.

Œuvre

La première partie de l'œuvre de Michel Serres, consacrée à la philosophie des sciences, se concentre sur la problématique morale des progrès de la science et de ses effets. Comment créer une éthique, envisager une déontologie quand science et violence s'allient[23] ? Après avoir participé à la réédition du Cours de philosophie positive d'Auguste Comte, en 1975[24], le premier livre publié de Michel Serres est consacré à l'œuvre de Leibniz. Il donne l'ouverture de son approche philosophique du côté des sciences, et se place sous l'égide de la philosophe Simone Weil[25] et de Henri Bergson[26] pour aborder les problèmes moraux de la violence, de la condition ouvrière et du déterminisme marxiste face à la science.

En 1977, il publie deux études importantes. La première, intitulée La Naissance de la physique dans le texte de Lucrèce, présente le De rerum natura de Lucrèce, philosophe latin, comme un ouvrage scientifique, à l'encontre de sa lecture habituelle comme poème métaphysique, jetant ainsi un doute sur le concept de rupture épistémologique[24].

La seconde thématique présente le dépassement de l'industrie manufacturière par l'impact de la communication issue et transformée par les découvertes scientifiques. Dans ses cinq livres consacrés à Hermès, dieu grec des commerçants et de la communication, Michel Serres tente une herméneutique des impacts de la science dans le monde contemporain. Le thème des messagers est également présent dans son livre consacré aux anges en 1993. La Légende des Anges peut être lu comme une métaphore du rôle du philosophe qui annonce et montre l'état du monde contemporain.

Dès Statues, Michel Serres aborde le thème de la mort, du fétiche, de l'art, de la religion, dans une suite d'articles qui commence par une réflexion sur l'explosion de la navette Challenger. Il veut y montrer comment notre monde contemporain résulte à la fois de la civilisation gréco-romaine — par exemple à travers la fonction sacrificielle de la statue chez les romains — et des inventions techniques faites vers la fin du XIXe siècle, notamment la voiture, au travers d'une analyse du plan de Paris, que Michel Serres compare à celui d'une ville romaine tout en montrant l'impact des découvertes scientifiques et artistiques sur la topographie ; la tour Eiffel ou La Porte de l'enfer de Rodin[27].

Mais l'un de ses thèmes majeurs, décliné depuis sur plusieurs livres (Le Mal propre, Biogée, La Guerre mondiale), est attaché au Contrat naturel, publié en 1990. Dix ans auparavant, le philosophe est invité au Japon à une conférence organisée en marge du G7, avec une vingtaine de scientifiques et intellectuels venus du monde entier, dont Jean Dausset, (futur) prix Nobel de médecine et François Gros, qui dirigeait l'Institut Pasteur. L'échec de cette réunion, qui avait pour ambition de réfléchir aux fondements d'une éthique universelle, amènera Serres à interroger la question écologique à travers la philosophie du droit. Il remarque que tout ce qui n'est pas le genre humain est exclu de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948. D'où son idée de poser le principe d'un nouveau droit, non exclusivement réservé à l'espèce humaine. Pas de droit de la nature, dit-il, sans un « contrat naturel ». La nature, affirmait-il, doit devenir un sujet de droit[28].

Profondément optimiste[29],[30], sa philosophie a pu être critiquée pour sa naïveté, son scientisme[31], ou ses approximations[32]. Usant d'un vocabulaire choisi[33],[34], parfois difficile et métaphorique, elle repose sur une volonté de transposer des théories mathématiques ou physiques, qui permettent à ses yeux de transformer et éclairer notre monde. Cherchant à décloisonner le savoir, Michel Serres tente d'établir des liens, de lancer des ponts, d'entremêler savoirs scientifiques et littéraires pour réconcilier deux cultures qui pour lui n'en font qu'une.

Dans Esthétiques sur Carpaccio, Michel Serres se prononce pour une langue ouvertement poétique et présente sa philosophie comme un voyage autour des passions et des tribulations d'Hermès à travers les catégories de cartographie, de topologie et d'isomorphisme par l'analyse sémiologique des tableaux de Vittore Carpaccio.

Relation évolutive à la science contemporaine

A l’École normale supérieure (1952-1955), étudiant en philosophie mais déjà possesseur d’une formation mathématique par l’École navale et d’une licence (1950), Michel Serres découvre le groupe Bourbaki et la théorie des ensembles. En physique, il écoute Louis de Broglie, s’initie à la physique quantique et fait de premiers pas dans la théorie de l’information avec Léon Brillouin (1959). Pour Jacques Monod, dans le bouillonnement de Mai 1968, il corrige le manuscrit du livre Le Hasard et la nécessité[réf. à confirmer]. Il lie amitié avec lui et François Jacob, découvrant la biochimie et les sciences du vivant. Son travail philosophique sur Lucrèce (1974-1977) l’ouvre à un premier récit d’origine et de déroulement d’une histoire du monde.

Après 1985, fasciné par la capacité de la science à dater les phénomènes et les objets (la Terre, l’Univers), Michel Serres parcourt un double chemin. Il dirige la publication d’Éléments d’histoire des sciences (1989), dont les auteurs tracent les vingt-deux bifurcations qu’il discerne dans près de trois mille ans de découvertes, jusqu’aux premières émergences du XXe siècle. Puis, il dialogue avec l’astrophysicien Pierre Léna, dans une longue série télévisée Tours du Monde, Tours du Ciel, réalisée par Robert Pansard-Besson et diffusée sur la chaîne publique La Sept en 1991[35]. Après ses passages chez Bernard Pivot, dès 1976, puis chez Jean-Marie Cavada, le succès de librairie de l’ouvrage Les Cinq Sens (1985) puis celui de cette série, le grand public connaît le visage et la voix de Michel Serres. En mêlant l’histoire de trente siècles d’astronomie à celle de l’univers tout entier et du Big-bang que révèle l’astrophysique contemporaine, ces films initient pour lui de nouveaux liens. Ils en élargissent le panorama dans une seconde série télévisée, La Légende des sciences (1997) du même réalisateur. En publiant Le Contrat naturel (1990, actualisé en 2018), il se tourne alors vers les sciences de la vie et de la Terre (SVT), déjà abordées dans Le Parasite (1980). Elles l’inspirent profondément lors des décennies suivantes, avec notamment la rencontre de la biologiste Béatrice Salviat qui lui révèle la botanique et à laquelle il dédiera Biogée (2010). Il va jusqu’à imaginer que ‘les sciences de la vie et de la Terre remplaceront la physique, donnant naissance à un nouveau travail qui renouvellera la face de la Terre.’ Le panorama de l’univers est alors dessiné pour lui, depuis les temps du Big-bang jusqu’à l’évolution du vivant et l’émergence de l’humain. Un long travail d’élaboration collective avec des chercheurs conduit au Trésor. Dictionnaire des Sciences (1997), qui veut offrir un panorama de la science contemporaine, teinté d’épistémologie et accessible à tous, car selon Serres le Grand Récit, comme l’Odyssée, doit pouvoir être raconté à un enfant comme à un spécialiste. Un Livre de la médecine suit en 2001. Ce souci de partage par l’éducation le rapproche du programme éducatif La main à la pâte, initié par Georges Charpak en 1995. Il l’amène également à diriger, avec Nayla Farouki, la collection Dominos chez Flammarion puis à créer, en 1998, avec son éditrice, Sophie Bancquart, les Éditions le Pommier avec pour objectif de rendre accessible à tous l’ensemble de domaines de la connaissance et de la réflexion, notamment scientifiques et philosophiques.

Épistémologie et histoire des sciences

Pendant vingt ans, ce philosophe enseigne l’histoire des sciences au département d’histoire de l’Université Paris 1. Serres prend ses distances à l’égard de la tradition épistémologique dont il a hérité. Dès Hermès 1 (1968), il élève un doute sur la pertinence des commentaires épistémologiques. Il s’élève en particulier contre l’épistémologie normative. Bien qu’il s’intéresse au présent de la science, il refuse de sanctionner le savoir du passé au nom du présent des sciences, à la façon de Bachelard. En 1972, il lance une attaque frontale contre La formation de l’esprit scientifique de Bachelard, qu’il accuse de vouloir moraliser la science en la purifiant de tout péché[36]. Et il ajoute en 1974 :« Il n’y a de mythe pur que le savoir pur de tout mythe»[37]. Dégagée de tout le bagage culturel qui la nourrit par la « coupure épistémologique », la science périt. Toute science est impure, au sens chimique, mêlée de mythe, de rêve, d’images, d’idéologie (d’où la distance qui s’installe avec le marxiste de Louis Althusser). Profondément marqué par Hiroshima et la menace d’apocalypse nucléaire, Serres ne sépare pas les sciences et les techniques de la guerre et de la politique. À ses yeux, la science constitue un système idéal de communication rationnelle, universelle, exacte, rigoureuse, efficace. Mais ce système autorégulé n’a plus les moyens de s’autocontrôler : secrets industriels et militaires détruisent le fondement de la rationalité scientifique qui est communication optimale et la guerre s’installe partout. Si bien que « la question maintenant est de maîtriser la maîtrise, et non plus la nature. »[38]. Tout en travaillant l’histoire de deux disciplines, les mathématiques et la physique, Serres s’insurge contre le partage disciplinaire de l’histoire des sciences. La science cloisonnée en secteurs se constitue en fait par échanges et traductions, grâce à des confluences multiples entre régions du savoir.

« Tout le monde parle d’histoire des sciences. Comme si elle existait. Or je n’en connais pas. Je connais des monographies ou des associations de monographies à intersection vide. Il y a des histoires des sciences, distributivement. De la géométrie, de l’algèbre, à peine des mathématiques, de l’optique, de la thermodynamique, de l’histoire naturelle et ainsi de suite. […] Tout se passe comme s’il était interdit de s’interroger sur la classification des sciences en secteurs […] Peut-être faudrait-il commencer par faire l’histoire critique classifications. Mais l’histoire même est dans une classe[39] »

.

Cette déclaration provocatrice introduit un essai intitulé « Point, plan (réseau), nuage », qui repère des structures transversales communes à toutes les sciences : le point (illustré par Descartes) caractérise le XVIIe siècle; le plan (illustré chez Laplace) la fin du XVIIIe siècle et le nuage (illustré par Boltzmann) distingue la fin du XIXe siècle. À l’historien des sciences revient donc la tâche de dégager les invariants en chaque époque. Et Serres les repère dans la peinture (Carpaccio, Turner…), dans la littérature (Zola, Balzac, Lafontaine ou Molière) ou le théâtre (Corneille).

Toujours défiant frontières et démarcations, Serres propose une lecture présentiste du De rerum natura de Lucrèce visant à réhabiliter - et non disqualifier à la façon de Bachelard - sa portée scientifique. La Naissance de la physique dans le texte de Lucrèce (1977) démontre la cohérence de l’hypothèse du clinamen (la très légère déviation de la trajectoire des atomes qui d’après Lucrèce, conduit aux premiers agrégats d’atome et par voie de conséquence à la genèse du monde ordonné) à lumière de la dynamique des fluides du XXe siècle. Ce livre met aussi en scène une nouvelle figure du temps, le vortex ou tourbillon dans un écoulement laminaire, comme singularité inaugurant une trajectoire nouvelle. Tourbillons, nœuds de réseaux, ces images dessinent une figure de l’histoire des sciences exposée dans la préface des Éléments d’histoire des sciences (1989). Il ne s’agit pas dans ce livre collectif de dérouler les avancées scientifiques au fil du temps, ni de les insérer dans un cadre social, culturel économique ou politique. Le temps n’est pas un cadre présupposé ; une multiplicité de temps s’inventent qui par leurs rencontres ou croisements produisent une cartographie complexe que ce livre tente d’esquisser : "Loin de dessiner une suite alignée d’acquis continus et croissants ou une même séquence soudaine de coupures, découvertes, inventions ou révolutions précipitant dans l’oubli un passé tout à coup révolu, l’histoire des sciences court et fluctue sur un réseau multiple et complexe de chemins qui se chevauchent et s’entrecroisent en des nœuds, sommets ou carrefours, échangeurs où bifurquent deux ou plusieurs voies. […] Alors que les sciences s’étagent, s’effeuillent, séparées ou mélangées, en mille disciplines, et qu’elles changent sans cesse et fluctuent, produisant des temps différents, souvent imprévisibles dans leur avancée, ce qui reste relativement invariant dans leur histoire fulgurante et troublée, sont les lieux de convergence et de bifurcation où se posent les problèmes et où se prennent ou ne se prennent pas les décisions."[40].

De l’histoire des sciences à l’anthropologie des sciences

Dans les années 1980, l’histoire des sciences pratiquée par Serres devient une véritable anthropologie des sciences et des techniques, un virage qui témoigne de l’influence, d’ailleurs avouée, de deux anthropologues : Georges Dumézil et René Girard[41]. L’expression « anthropologie » introduite dans Statues, se justifie de plusieurs manières[42]. D’abord, il s’agit de mettre en lumière les fondations de la connaissance rationnelle qui plongent dans le mythe et le sacré. Ensuite, la connaissance scientifique et technique dessine un rapport de l’homme au monde : elle présuppose un découpage entre sujet et objet. La science moderne a réduit les choses ou causes en objets passifs et silencieux gisant sous le regard des savants et rendus disponibles pour exercer la volonté de puissance ou de possession des collectifs humains. Ce partage est redoublé, quasi naturalisé, par le partage entre sciences de la nature (qui parlent du monde en évitant l’homme) et des sciences humaines (qui parlent de l’homme en faisant abstraction du monde). L’anthropologie remet donc en question les dualismes entre sujet/objet et nature/culture qui sous-tendent l’épistémologie.

À l’heure où le courant des Science Studies souligne les dimensions sociales de la science, Serres va plus loin en formulant une nouvelle exigence: se tourner vers le monde. Ce tournant fut en fait amorcé dès 1972 quand Serres avance l’idée que produire de l’information n’est pas le propre de l’homme : « il y a un dialogue incessant et continu des choses entre elles, qui forme le tissu historique des événements et des lois […] Ainsi ma parole s’entrelace, dans le filigrane réel des choses solides. »[43]. Laisser parler les choses, déployer leurs relations et leurs effets, telle est la tâche du philosophe qui décrit d’un seul geste la naissance du concept, du social et de l’économie dans Genèse. La science est une communication optimale qui crée de l’ordre, de l’unité dans la multiplicité mais en réduisant les choses au statut d’objet passif[44]. En lieu et place de ces objets silencieux Serres introduit le concept de quasi-objet en prenant l’exemple du ballon de rugby :

"Autour du ballon, l’équipe fluctue vite comme une flamme, elle garde, autour de lui, par lui, un noyau d’organisation. Il est le soleil du système et la force qui passe entre ses éléments, il est centré décentré, décalé, dépassé, des choses qui existent à travers leurs relations et circulation entre sujets et objets. […] L’objet est ici un quasi-objet en tant qu’il reste un quasi-nous. Il est plus un contrat qu’une chose, il est plus de la horde que du monde."[45]. Ni sujets, ni objets, les quasi-objets n’existent que par les relations qu’ils tissent. Par leur circulation, ils ont pour effet de stabiliser les relations et d’objectiver le lien social. La connaissance comme les techniques consistent à négocier avec ces quasi-objets qui ne se laissent pas aisément discipliner.

L’approche anthropologique de la connaissance s’accompagne d’un tournant vers le style narratif. Serres montre que la science a besoin de grands récits et de la puissance des mythes pour mobiliser les ressources - humaines et financières - nécessaires à l’avancée toujours ardue des connaissances.

Le Grand Récit

Le cheminement de Serres se marque d’une double lecture : celle de la science contemporaine et celle de l’histoire longue des sciences. Il y discerne une dimension synchronique, que dessinent les lois universelles, et une dimension diachronique, qui devient l’objet d’un récit : ainsi de l’histoire de la Terre, conditionnée par ces lois mais singulière dans son émergence en tant que planète, temporellement et spatialement située, décrite par la science. Il distingue ainsi quatre récits emboîtés, ceux de l’Univers, de la Terre, de la vie et de l’humain.

Ces quatre récits vont former le « Grand Récit », dont il emprunte le terme au philosophe Jean-François Lyotard (La Condition post-moderne 1979). Ce Récit se situe comme une cosmogonie moderne, répondant aux questions universelles du premier chapitre de la Genèse : d’où viennent le ciel, la Terre, la vie et l’homme mâle et femelle ?

Par les sciences du monde et de l’homme, nous reconstruisons enfin un nouveau grand récit, qui, touchant tous les hommes et le monde en son entier, donne espoir en un humanisme décentré, pour la première fois authentiquement universel[46].

J’appelle Grand Récit l’énoncé des circonstances contingentes émergeant tour à tour au cours d’un temps d’une longueur colossale, dont la naissance de l’univers marque le commencement qui continue par son expansion, le refroidissement des planètes, l’apparition de la vie sur Terre, l’évolution des vivants telle que la conçoit le néo-darwininisme et celle de l’homme’[47](2003). Avec ce double enracinement dans le ‘dur’ des sciences dites dures et le ‘doux’ des sciences humaines, Serres espère toucher tous les hommes et construire un humanisme ‘authentiquement universel’.

Chez Serres, la conception et l’expression du Grand Récit se déroulent alors dans une série de quatre ouvrages : Hominescence (2001), L’Incandescent (2003), Rameaux (2004) et Récits d’humanisme (2006). La synthèse se fait dans Le Gaucher boiteux (2015). Se présentant comme descendant d’Homère et de Darwin, cousin de Leroi-Gourhan et de Jules Verne, l’auteur du Grand Récit, inspiré par Aristote, prend pour devise “Savoir, c’est se souvenir. Et se souvenir, c’est savoir raconter. Raconter, c’est savoir“. Un souvenir qui s’étend sur une temporalité unificatrice, longue de plus de treize milliards d’années qui sont marquées par d’incessantes bifurcations contingentes[48], émergences de nouveautés dont celle, parmi tant d’autres, de l’hominisation. Le récit raconte le long commencement d’une histoire inachevée, dont les sciences savent dater chaque étape. Les sciences de l’homme se tissent dans celles de la nature. Serres rejette intensément, comme une marque tragique d’inculture, toute fracture entre personnes qualifiées de 'littéraires' ou de 'scientifiques'. Le Grand Récit doit être un acte de réconciliation.

Dans son ouvrage Le Gaucher boiteux, Michel Serres entreprend un long voyage au cours de l'Histoire en contant à ses lecteurs le « Grand Récit de l'Univers ». Ce dernier commence avec le big-bang et le développement des premières formes de vie sur Terre, se poursuit à travers les âges et les métamorphoses du monde pour finalement arriver au XXIe siècle de Petite Poucette. Le philosophe gascon effectue un éloge de la pensée et de l'invention en s'attachant à démontrer que ce « Grand Récit de l'Univers » est émaillé d'innovations, de bifurcations, d'inventions. Ainsi, à l'instar de Copernic et Galilée (qui furent les premiers à postuler que c'était la Terre qui tournait autour du soleil, s'opposant de facto au géocentrisme porté par l’Église alors en vigueur à cette époque), de Darwin (qui fut le premier à proposer une théorie sur l'évolution fortement critiquée à son époque) ou encore de Wegener (qui fut le premier en géologie à proposer l'existence de plaques tectoniques mouvantes), l'Histoire n'est rien de plus que le récit des innovations, des bifurcations et des hommes et femmes qui ont pensé. L'allégorie du gaucher boiteux, véritable incarnation de la puissance de la pensée, permet à Michel Serres de mettre en lumière que tout inventeur est un gaucher boiteux. La figure singulière du gaucher, notamment abordée dans une chronique du Sens de l'Info avec Michel Polacco, est un thème cher à l'académicien, lui-même gaucher[réf. nécessaire]. Obligés constamment d'évoluer dans un monde conçu pour les droitiers, les gauchers ont pour Michel Serres un grand mérite : ils sont nés dans une sorte d'instabilité, bifurquent et sont donc portés à innover notamment pour mieux s'adapter. La thèse de Serres consiste à affirmer que toute invention suppose par essence une sortie des sentiers battus, une rupture avec le conformisme. Dès lors, la personne qui invente doit nécessairement se mettre en marge, bifurquer et penser par elle-même ce qui se traduit par cette formule magnanime de Michel Serres pour qui « penser, c'est inventer, pas imiter, ni copier ! [réf. nécessaire]» Toutefois, la réflexion de Michel Serres ne cherche pas à faire de l'imitation ou du mimétisme, quelque chose d'honni ou de non souhaitable. En effet, l'académicien postule qu'il faut dans un premier temps que l'Homme apprenne les savoirs par imitation, par mimétisme (exemple : l'enfant à l'école apprend les connaissances, les bases de l'argumentation et de la réflexion en répétant ce que fait son professeur, c'est-à-dire en imitant) puis que ce dernier, une fois qu'il dispose des fondements requis, développe une réflexion personnelle, c'est-à-dire pense. L'ouvrage de Michel Serres insiste ainsi sur une idée majeure, celle de la puissance de la pensée : la pensée est puissante parce que la pensée est mère de toute innovation[réf. nécessaire].

Tel que promis dans Le Gaucher boiteux : puissance de la pensée, Michel Serres développe une philosophie de l'Histoire dans son livre Darwin, Bonaparte et le Samaritain : une philosophie de l'histoire publié en 2016[réf. nécessaire].

Philosophie de l'Éducation

Michel Serres a accordé une grande place au partage des savoirs. Il est, par exemple, à l'origine de la conception du Trésor - Dictionnaire des Sciences en 1997.

Il théorise ces questions d'éducation en distinguant « élever », « instruire » et « éduquer » dans Le Tiers-Instruit. Pour Michel Serres « tout apprentissage consiste en un métissage ».

Le , en séance solennelle à l'Académie sur le thème « Les nouveaux défis de l'éducation », Michel Serres prononce le discours « Petite Poucette », en référence à une génération dont il explique qu'elle connaît des mutations profondes, des transformations hominescentes rarissimes dans l'histoire[49] :

« Il ou elle n’a plus le même corps, la même espérance de vie, n’habite plus le même espace, ne communique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde extérieur, ne vit plus dans la même nature ; né sous péridurale et de naissance programmée, ne redoute plus la même mort, sous soins palliatifs. N’ayant plus la même tête que celle de ses parents, il ou elle connaît autrement. » Il tirera un livre de cette conférence, Petite Poucette, énorme succès d'édition avec plus de 270 000 exemplaires vendus en France[50]. Dans cette courte fable il décrit l'ensemble des changements induits par la révolution numérique, qui affecte tout ce à quoi était habitué l'être humain. Cette révolution est incarnée par une jeune fille qui de ses pouces habiles pianote sur le clavier de son portable[28].

Style et écriture

Le style dans lequel Michel Serres s'exprime est très travaillé. Il peut rassembler en un même paragraphe une allusion scientifique, une référence à l'Antiquité gréco-romaine (Hermès en est un bon exemple), l'étymologie d'un mot, une notion forgée par le philosophe à partir d'étymons grecs ou latins, par exemple « hominescence », construit à partir du latin homo et du suffixe « -escence », lequel désigne un processus (comme dans les mots incandescence : fait d'émettre de la chaleur ; luminescence : fait d'émettre de la lumière ; phosphorescence ; adolescence ; etc.)[51], pour décrire un nouvel âge de l'homme, d'une nouvelle humanité annoncée qui se crée elle-même par la technique un nouveau corps face à la mort et à la douleur et une nouvelle relation à la nature[52].

Ce style est parfois critiqué, par exemple par Alan Sokal[53], qui avec Jean Bricmont critique, dans Impostures intellectuelles, la manière dont les philosophes et les sociologues convoquent des notions et des théories scientifiques pour les intégrer à des analyses relevant des sciences humaines, où ces notions et théories n'ont aucune validité, et par Jacques Treiner [54].

La réflexion entamée par Michel Serres sur les sciences, leurs histoires et leurs impacts[55], amène le philosophe à concevoir son écriture et sa pensée comme autant de projections, de déplacements, de transpositions du domaine scientifique vers le domaine littéraire. Il développe ainsi sa réflexion sur la topologie dans Hominescence (2001) ou selon la thèse de l'auteur « notre habitat se fait topologie » grâce à l'internet et au portable. Le message confond voix et écrit, et celui-ci se met au service de la voix démocratique par une profonde mutation anthropologique.

L'écriture de Michel Serres se fait ensuite plus légère, personnage médiatique il fait régulièrement passer son optimisme philosophique dans des émissions de radio[56] où il parle volontiers un langage qui le situe dans le prolongement d'un Gaston Bachelard[57]. Grand orateur, il a donné des conférences aux quatre coins du monde.

Michel Serres et l'histoire de la philosophie

Il n'y a pas de doute que Michel Serres a voulu être un philosophe. Avec une connaissance ample et précise de ceux qu'on appelle les « grands philosophes », il reconnaît à tous le mérite essentiel d'avoir été au cœur du savoir de leur époque. Ce qui est aussi le privilège de Michel Serres. Son attitude à leur égard est respectueuse, jamais servile. Mais, parce qu'il y a urgence pour lui à penser le monde dans lequel il est et à anticiper son avenir, Michel Serres ne s'est pas perdu en commentaires stériles. Il est l'encyclopédiste de notre époque[réf. nécessaire].

Il reconnaît avoir été platonicien (il reprend bien des dialogues de Platon en les insérant dans sa propre réflexion – le Banquet dans le Parasite, le Ménon dans les Origines de la géométrie etc.) et désireux de parvenir à la saisie de l'Idée avant de devenir aristotélicien, c'est-à-dire de s'intéresser aux objets individuels. Sa rencontre avec Leibniz est décisive d'abord parce qu'elle lui permet d'écarter la référence obligée à Descartes ; à la méthode, Serres a toujours préféré l'exode. Ensuite parce qu'il voit en Leibniz celui qui a anticipé sa propre théorie de la communication et de l'importance des réseaux. Contrairement à la tradition philosophique française du XIXe siècle et d'une partie du XXe, Serres n'a pas cédé aux charmes de la philosophie allemande : il retient davantage la Théorie du ciel de Kant que les analyses de la Critique de la Raison pure qui lui paraissent relever de la simple imagination ; il rejette la dialectique hégélienne et sa théorie si naïve du progrès. Il aime en Nietzsche le plus français des philosophes allemands[réf. nécessaire].

L'une des originalités de Serres est de s'être voulu philosophe de langue française. Il a ainsi exhumé, dans « le Corpus », toute une belle tradition que l'enseignement universitaire négligeait. Les sommets de cette tradition : Montaigne qu'il n'a cessé de relire, Pascal dont il est si proche, Rousseau, et Bergson dont les écrits sur le temps ont eu pour lui une telle importance, tous écrivains-penseurs[réf. nécessaire].

Que dire des rapports de Michel Serres avec ceux qui furent ses contemporains ? Le moins qu'on puisse dire est qu'ils ne furent guère cordiaux. A Sartre comme à Merleau-Ponty il reproche l'abstraction de leur pensée et leur ignorance du monde réel. Pour ceux qu'il a côtoyés, il n'est pas tendre. Non pas qu'il y ait eu une quelconque rivalité entre eux ; il faut plutôt parler d'une incompréhension mutuelle. Exit Althusser pour cause de jdanovisme impénitent et de soumission politique. Exit Derrida dont Serres semble n'avoir guère lu les œuvres — la réciproque est sans doute vraie — mais dont la proximité avec Husserl et Heidegger est rédhibitoire à ses yeux. Avec Foucault on peut parler d'une amitié déçue après les mois passés à Clermont-Ferrand où les échanges furent fréquents entre les deux jeunes philosophes. C'est sans doute de Deleuze que Serres s'est senti le plus proche et il lui rend plusieurs fois hommage – un effet de leur commune admiration pour Leibniz[réf. nécessaire].

On notera que ce que Serres retient des philosophes qui l'ont précédé ce sont davantage des personnages-conceptuels, pour reprendre l'expression de Deleuze, c'est-à-dire des récits, que des analyses conceptuelles[réf. nécessaire].

De l'aveu même de Serres, son désir d'entrer en philosophie est né de la lecture de Simone Weil. Il l'a redit à plusieurs reprises sans qu'on en ait tiré toutes les conséquences : Simone Weil, philosophe et mystique. Ces deux termes caractérisent aussi la position de Serres dans l'histoire de la philosophie : philosophe et mystique, sa singularité et aussi la difficulté qu'il a eue à se faire reconnaître de la philosophie institutionnelle[réf. nécessaire].

En , Michel Serres a également publié Pantopie, un livre d'entretiens avec Martin Legros et Sven Ortoli, journalistes à Philosophie Magazine, qui récapitule l'ensemble de son œuvre à ce jour et fait le portrait d'un homme qui a connu la guerre et vécu, parfois anticipé, les grandes révolutions du XXe siècle. Dans son ouvrage Yeux, paru au mois d', il renverse le mythe de la caverne platonicienne et propose de prendre la nuit étoilée, plutôt que le jour, comme modèle de notre savoir[réf. nécessaire].

Rencontres

Les Rencontres Michel Serres sont composées d'une série conférences et animations autour du thème d'un des livres de Michel Serres qui ont lieu à Agen (théâtre Ducourneau) chaque année. En 2023 le thème était l'Intelligence artificielle autour du livre Petite Poucette[58].

Ouvrages

Littérature

  • 1968 : Le Système de Leibniz et ses modèles mathématiques, Paris, Presses universitaires de France ; ouvrage tiré de sa thèse de doctorat, 4 rééditions
  • 1969 : Hermès I, la communication, Paris, Éditions de Minuit ; réédition en 1984
  • 1972 : Hermès II, l'interférence, Paris, Éditions de Minuit
  • 1974 : Hermès III, la traduction, Paris, Éditions de Minuit
  • 1974 : Jouvences. Sur Jules Verne, Paris, Éditions de Minuit
  • 1975 : Auguste Comte. Leçons de philosophie positive, (en collaboration), tome I, Paris, Hermann
  • 1975 : Esthétiques sur Carpaccio, Paris, Hermann
  • 1975 : Feux et signaux de brume. Zola, Paris, coll. « Figures », Grasset (ISBN 2-246-00258-3) - Prix Roland de Jouvenel de l’Académie française 1976
  • 1977 : Hermès IV, La distribution, Paris, Éditions de Minuit ; réédition en 1981
  • 1977 : La Naissance de la physique dans le texte de Lucrèce, Paris, Éditions de Minuit
  • 1980 : Hermès V, Le passage du Nord-ouest, Paris, Éditions de Minuit
  • 1980 : Le Parasite, Paris, Grasset
  • 1982 : Genèse, Paris, Grasset
  • 1983 : Détachement, Paris, Flammarion
  • 1983 : Rome. Le livre des fondations, Paris, Grasset
  • 1985 : Les Cinq Sens, Paris, Grasset ; réédition, Paris, Fayard, 2014
  • 1987 : L'Hermaphrodite, Paris, Flammarion
  • 1987 : Statues, Paris, François Bourin
  • 1989 : Éléments d'histoire des sciences, (en collaboration), Paris, Bordas, réédition en 1997, Larousse
  • 1990 : Le Contrat naturel, Paris, François Bourin
  • 1991 : Le Tiers-instruit, Paris, François Bourin
  • 1991 : Discours de réception de Michel Serres à l'Académie française et réponse de Bertrand Poirot-Delpech, Paris, François Bourin
  • 1992 : Éclaircissements, (entretiens avec Bruno Latour), Paris, François Bourin
  • 1993 : La Légende des Anges, Paris, Flammarion
  • 1993 : Les Origines de la géométrie, Paris, Flammarion
  • 1994 : Atlas, Paris, Julliard
  • 1995 : Éloge de la philosophie en langue française, Paris, Fayard
  • 1997 : Nouvelles du monde, Paris, Flammarion
  • 1997 : Le Trésor. Dictionnaire des sciences, (en collaboration), Paris, Flammarion
  • 1997 : À visage différent, (en collaboration), Paris, Hermann
  • 1999 : Paysages des sciences, (en collaboration), Paris, Le Pommier
  • 2000 : Hergé, mon ami, Bruxelles, Éditions Moulinsart
  • 2001 : Hominescence, Paris, Le Pommier
  • 2002 : Variations sur le corps, Le Pommier, Paris, 1999 ; édition texte seul, Paris, Le Pommier
  • 2002 : Conversations, Jules Verne, la science et l'homme contemporain, 1re version, Revue Jules Verne 13/14, Amiens, Centre international Jules-Verne
  • 2003 : L'Incandescent, Paris, Le Pommier
  • 2003 : Jules Verne, la science et l'homme contemporain, Paris, Le Pommier
  • 2004 : Rameaux, Paris, Le Pommier
  • 2006 : Récits d'humanisme, Paris, Le Pommier
  • 2006 : Petites chroniques du dimanche soir, Paris, Le Pommier
  • 2006 : L'Art des ponts : homo pontifex, Paris, Le Pommier
  • 2007 : Le Tragique et la Pitié. Discours de réception de René Girard à l'Académie française et réponse de Michel Serres, Paris, Le Pommier
  • 2007 : Petites chroniques du dimanche soir 2, Paris, Le Pommier
  • 2007 : Carpaccio, les esclaves libérés, Paris, Le Pommier
  • 2008 : Le Mal propre : polluer pour s'approprier ?, Paris, Le Pommier, coll. « Manifestes »
  • 2008 : La Guerre mondiale, Paris, Le Pommier
  • 2009 : Écrivains, savants et philosophes font le tour du monde, Paris, Le Pommier, coll. « Les Essais »
  • 2009 : Temps des crises, Paris, Le Pommier, coll. « Manifestes » (ISBN 978-2746505926)
  • 2009 : Van Cleef et Arpels, Le Temps poétique, avec Franco Cologni et Jean-Claude Sabrier, Paris, Cercle d'Art, coll. « La collection »
  • 2009 : Ciel ! mon étoile. un voyage dans les observatoires, avec Cécile Léna et Pierre Léna, Bordeaux, Elytis
  • 2009 : Petites chroniques du dimanche soir 3, Paris, Le Pommier
  • 2010 : Biogée, Éditions-dialogues.fr/Le Pommier, Brest/Paris
  • 2011 : Musique, Paris, Éditions Le Pommier (ISBN 978-2746505452)
  • 2011 : Habiter, Paris, Le Pommier
  • 2012 : Petite Poucette, Paris, Éditions Le Pommier (ISBN 978-2746506053)
  • 2012 : Andromaque, veuve noire, Paris, Éditions de l’Herne
  • 2013 : Les Temps nouveaux (coffret), Paris, Le Pommier
  • 2014 : Pantopie, de Hermès à Petite Poucette (avec Martin Legros et Sven Ortoli), Paris, Le Pommier
  • 2014 : Petites chroniques du dimanche tome VI, Paris, Le Pommier
  • 2014 : Yeux, Le Pommier (ISBN 978-2746507791)
  • 2015 : Le Gaucher boiteux : Puissance de la pensée, Paris, Le Pommier
  • 2015 : Écrivains, savants et philosophes font le tour du monde, Paris, Le Pommier
  • 2015 : Du bonheur, aujourd'hui (avec Michel Polacco), Paris, Le Pommier
  • 2015 : Solitude. Dialogue sur l'engagement (avec Jean-François Serres), Paris, Le Pommier
  • 2016 : De l'impertinence, aujourd'hui (avec Michel Polacco), Paris, Le Pommier
  • 2016 : Darwin, Bonaparte et le Samaritain : une philosophie de l'histoire, Paris, Le Pommier
  • 2017 : De l'Amitié, aujourd'hui (avec Michel Polacco), Paris, Le Pommier
  • 2017 : C'était mieux avant !, Paris, Le Pommier
  • 2018 : Défense et illustration de la langue française aujourd'hui, (avec Michel Polacco), Paris, Le Pommier
  • 2019 :
    • Morales espiègles, Paris, Le Pommier
    • Relire le relié, Paris, Le Pommier (ISBN 978-2-7465-1938-1) — posthume
  • 2020 Adichats ! (Adieu !), Paris, Le Pommier (ISBN 978-2746522138) — livre testamentaire posthume
  • 2021 : La Fontaine, Le Pommier — posthume

Télévision

Distinctions

Prix

Français

Étrangers

Hommages

Notes et références

  1. « https://www.archimag.com/bibliotheque-edition/2022/10/24/bnf-acquiert-archives-philosophe-michel-serres » (consulté le )
  2. Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
  3. a et b « Michel Serres, l'encyclopédiste visionnaire », sur la-croix.com, (consulté le ).
  4. Robert Maggiori, « Mort de Michel Serres, penseur de la nature », Libération, 2 juin 2019
  5. « Comment lutter contre l'isolement des seniors ? », sur rtl.fr, (consulté le ).
  6. a b c d e et f Christian Delacampagne et Roger-Pol Droit, « Le philosophe et académicien Michel Serres est mort », sur lemonde.fr, (consulté le ).,
  7. Patrice Cauderlier, « SERRES (Michel) », L'Archicube, vol. 29 bis,‎ , p. 152-157
  8. Roman 2009.
  9. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 | Ressources numériques en histoire de l'éducation », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le ).
  10. Le philosophe Michel Serres est mort à l'âge de 88 ans Midi-Libre; Éclaircissements, entretiens avec Bruno Latour, Paris, Champs Flammarion, 1994.
  11. Charles Soulié, « Histoire du département de philosophie de Paris VIII. Le destin d’une institution d’avant-garde », Histoire de l'éducation, no 77,‎ , p. 47-69 (lire en ligne)
  12. Thèse de doctorat d'État, notice du Sudoc [1], publiée aux PUF la même année (« Hommage à Michel Serres », sur PUF, )
  13. (en) Biographie de Michel Serres.
  14. « Réponse au discours de réception de Michel Serres », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  15. Roger-Pol Droit, « Michel Serres : une forme française d’universalité », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  16. « [Compte rendu] Chevillé au Corpus », sur liberation/fr, (consulté le ).
  17. Noël Cordonier, « Michel Serres, patriote de la langue française », Raison présente, vol. 129,‎ , p. 43-62 (lire en ligne)
  18. Monique Sicard, « Télévision, éducation, science : un entretien avec Michel Serres », Réseaux. Communication, Technologie, Société, vol. 74,‎ , p. 111-116 (lire en ligne)
  19. « Le sens de l'Info, France info », sur fabriquedesens.net,  : « Je suis un enthousiaste de Wikipédia. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas un dictionnaire. Nous, à l’académie nous faisons un dictionnaire tandis que là c’est une encyclopédie. C’est-à-dire une collection de connaissances, pas de mots mais de connaissances. Je suis un enthousiaste de Wikipédia pour plusieurs raisons […] »
  20. « Michel Serres, l'encyclopédiste visionnaire », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  21. Insee, « Extrait de l'acte de décès de Michel François Marie Serres », sur MatchID
  22. « [VIDEO] Obsèques : Michel Serres a rejoint sa patrie, Agen, définitivement », sur ladepeche.fr (consulté le )
  23. Guillaume Chérel, « Michel Serres : "Mon expérience d’enseignant m’a montré la victoire des femmes" », sur humanite.fr, (consulté le ).
  24. a et b Bernadette Bensaude-Vincent, Michel Serres, historien des sciences. texte à paraître dans le numéro des Cahiers de l'Herne sur Michel Serres (2009). 2006. <halshs-00350777>.
  25. Reçu à L'Académie par Bertrand Poirot-Delpech, celui-ci lui rappelle alors la dette qu'il a envers Simone Weil dans son discours de réception, auquel Michel Serres répond par « Dieu est notre pudeur ». in Michel Serres Discours de réception à l'Académie française, Paris 1991
  26. voir http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-michel-serres.
  27. « L'histoire des techniques et des sciences avance vers ses origines. Plus elle monte, mieux elle descend. » in Statues, Flammarion, Paris 1999 p. 46.
  28. a et b Robbert Maggiori, « Mort de Michel Serres, penseur de la nature », Libération,‎ (lire en ligne)
  29. « Le savoir rend heureux, le savoir rend libre » in [2], TV8 Info.
  30. « Les lamentations prophétiques selon lesquelles nous allons perdre notre âme dans les laboratoires de biochimie ou devant les ordinateurs s'accordent sur cette haute note : Que nous fûmes heureux dans notre petite cabane ! […] Quel bonheur : nous ne pouvions guérir les maladies infectieuses, et, les années de grand vent, la famine tuait nos enfants ; nous ne parlions point aux étrangers de l'autre côté du ruisseau et n'apprenions pas de sciences difficiles. […] Jamais la croissance de nos moyens ne s'accompagna d'un tel concert de regrets de la part de ceux qui ne travaillèrent jamais sur ces moyens. L'extrême difficulté à se délivrer de ce petit œuf de finitude — que je sache, il nous en reste assez — explique et excuse le contresens. Homo universalis commence de vivre au grand air de cette relative infinitude. » in Michel Serres L'Hominescence.
  31. Michel Serres re-publiait Auguste Comte et une étude sur Jules Verne tournée en particulier sur les catégories universitaires du savoir
  32. un exemple de critique sévère : http://skhole.fr/petite-poucette-la-douteuse-fable-michel-serres.
  33. Michel Serres est un infatigable défenseur de la langue française jusqu'à le faire de manière polémique comme quand il déclare : « Il y a plus de mots anglais sur les murs de Paris qu’il n’y avait de mots allemands sous l’Occupation» http://www.lechorepublicain.fr/michel-serres-je-suis-un-academicien-illettre-,537.html.
  34. « Michel Serres: «Je lance un appel pour faire la grève de l'anglais» »
  35. Tours du Monde, Tours du Ciel, Coffret de dix films sur DVD, Akhab & EDP Science, 2009
  36. Michel Serres, L’Interférence. Hermès II, Les Éditions de Minuit, , p. 201-222
  37. Michel Serres, L’Interférence. Hermès II, Les Éditions de Minuit, , p. 259
  38. Michel Serres, La Distribution. Hermès IV, Les Éditions de Minuit, , p. 93
  39. Michel Serres, La Distribution. Hermès IV, Les Éditions de Minuit, , p. 18
  40. Michel Serres, Éléments d’histoire des sciences, Éditions Bordas, , p. 5
  41. Dumézil et Girard sont cités et discutés dans Genèse (Grasset, 1982) p. 137-142. Girard est remercié, juste après la communauté des historiens, au début de Rome. Le livre des fondations. (Grasset, 1983)
  42. Michel Serres, Statues, Éditions François Bourin, p. 18
  43. Michel Serres, L’Interférence. Hermès II, Les Éditions de Minuit, , p. 110
  44. Michel Serres, Genèse, Éditions Grasset, , p. 143
  45. Michel Serres, Genèse, Éditions Grasset, , p. 146-147
  46. Michel Serres, Hominescence, Le Pommier,
  47. Michel Serres, Qu'est-ce que l'humain ?, Paris, Le Pommier, , "Temps humain": de l'évolution créatrice au créateur d'évolution
  48. F. L'Yvonnet & C. Frémont (dir.) et Marcel Hénaff, Michel Serres, Paris, Éditions de l'Herne, coll. « Les Cahiers de l'Herne », , « Temps des hommes, temps du monde : Michel Serres et les bifurcations du Grand Récit », p. 75-86
  49. Petite Poucette, discours de Michel Serres, le 1er mars 2011 en séance solennelle sur le thème « Les nouveaux défis de l'éducation ».
  50. « Disparition: Michel Serres, le libre penseur de la nature et de l'éducation », sur RFI, (consulté le )
  51. « De même qu'en la luminescence ou l'incandescence, croît ou décroît, par éclats et occultations, une lumière dont l'intensité se cache et se montre en frémissant de commencer […] ; de même que l'adolescence ou la sénescence s'avancent vers l'âge mûr ou la vieillesse franche en régressant toutes deux vers les involutions d'une enfance ou d'une vie qu'elles regrettent mais quitteront vite ; […] de même un processus d'hominescence vient d'avoir lieu de notre propre fait, mais ne sait pas encore quel homme il va produire, magnifier ou assassiner. Mais l'avons-nous jamais su ? » in Michel Serres L'Hominescence .
  52. « La terre, jadis notre mère, est devenue notre fille ». in Michel Serres, Le Temps des crises, Le Pommier, 2009.
  53. « Interrogé par Forum sur cet escamotage, M. Sokal affirme que « Michel Serres n'est pas à la hauteur de sa réputation de grand historien des sciences ». Comme les autres, l'intellectuel français a commis des impostures (particulièrement en ce qui concerne le temps et le théorème de Gödel), mais elles sont plus difficiles à démontrer aux non-spécialistes. Aussi a-t-il été épargné par les auteurs » in http://www.forum.umontreal.ca/numeros/1997-1998/Forum98-01-12/article06.html.
  54. « Sokal-Bricmont : Non, ce n'est pas la guerre », sur physics.nyu.edu.
  55. « La science, c'est ce que le père enseigne à son fils. La technologie, c'est ce que le fils enseigne à son papa » indique-t-il dans un entretien avec Michel Alberganti, « Le virtuel est la chair même de l’homme », Le Monde, , [lire en ligne].
  56. Le Sens de l'info de Michel Polaco, France Info, depuis 2011, 2012, 2013.
  57. Gaston Bachelard est présenté dans Hermès, tome 1 La Communication par Michel Serres comme le dernier des symbolistes qui sature l'espace de symboles au croisement de la science et de la culture. Gaston Bachelard avait en son temps enregistré une émission de radio- lecture : https://www.franceinter.fr/emission-nous-autress-reveries-radiophoniques-de-gaston-bachelard.
  58. « Pour ancrer Les Rencontres Michel Serres dans le paysage agenais », sur ladepeche.fr (consulté le )
  59. a et b Décret du 13 juillet 2010 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier.
  60. Décret du 29 mars 1993 portant promotion et nomination.
  61. a et b Décret du 15 novembre 1997.
  62. Décret du 10 août 1987 portant promotion et nomination.
  63. http://www.academie-francaise.fr/prix-roland-jouvenel
  64. « Premier prix Tapis rouge qui illustre et défend la langue française », sur Avenir de la langue française, (consulté le ).
  65. Il est le deuxième Français à le recevoir après Claude Lévi-Strauss décerné en 2003.
  66. (en) « Laureates 2013 », sur Dandavidprize.org (consulté le ).
  67. « A Saint-Avertin, le château s'est mué en médiathèque », La Nouvelle République du Centre-Ouest,‎ (lire en ligne)
  68. « Bibliothèque Michel Serres », sur bibli.ec-lyon.fr (consulté le )

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • (en) Michael Shortland, « Michel Serres, passe-partout », The British Journal for the History of Science, vol. 31, pt. 3:110, , p. 335-353
  • (en) Niran Abbas (dir.), Mapping Michel Serres, University of Michigan Press, Ann Arbor, 2005, 259 p. (ISBN 0472030590)
  • (en) Sydney Levy (dir.), « An ecology of knowledge : Michel Serres », Sub-Stance, University of Wisconsin Press, Madison, 1997, n° spécial 83, vol. 26, no 2
  • (fr) Jean-Marie Auzias, Michel Serres : philosophe occitan, Fédérap, Mussidan, 1992, 167 p. (ISBN 2857920679)
  • (fr) Anne Crahay, Michel Serres : la mutation du cogito. Genèse du transcendantal objectif, préface de Jean Ladrière, Éditions universitaires, Paris ; De Boeck Université, collection "Le point philosophique", Bruxelles, 1988, 103 p. (ISBN 2804111466)
  • (fr) Wassim Ladki, L’Espace du discours littéraire dans les essais philosophiques de l’écrivain Michel Serres, Université de Nancy 2, 1997, 408 p. (thèse)
  • (fr) Michel Polacco, Michel Serres : petites chroniques du dimanche soir, Le Pommier (ISBN 2746502895)
  • (fr) François L'Yvonnet et Christiane Frémont, Cahier de L'Herne, Michel Serres, L'Herne, 2010, 320 p. (ISBN 9782851971555)
  • (fr) Benjamin Pichery et François L'Yvonnet, Regards sur le sport, ouvrage collectif, Le Pommier - INSEP - 2010, 256 p. (ISBN 978-2-7465-0484-4)
  • (fr) Autour du Tiers-Instruit, entretien de Michel Serres avec Bernard Defrance, les Cahiers pédagogiques, du no 264-265 au no 270, mai- à [3]
  • (fr) Bertrand Poirot-Delpech, Discours de réception de Michel Serres à l'Académie française, le http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-de-michel-serres
  • (it) Gaspare Polizzi, Michel Serres. Per una filosofia dei corpi miscelati, Liguori Ed., Naples, 1990 (ISBN 978-88-207-1938-8)
  • Joël Roman, « Serres (Michel) », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, (ISBN 978-2-02-099205-3), p. 1279-1280.
  • (it) Francesco Bellusci, Mundus non est fabula. Leggere Michel Serres, Trieste, Asterios 2012 (ISBN 978-88-95146-57-7)
  • (it) Michel Serres, a cura di Mario Porro e Gaspare Polizzi, numero monografico di Riga, no 35, 2014 (ISBN 978-8871686967)
  • (it) Orsola Rignani, Umano? Una domanda per Italo Calvino e Michel Serres, Parme, Mattioli 1885, 2012
  • (it) Orsola Rignani, Metafore del corpo postumanista: Michel Serres, Milan, Mimesis, 2018

Filmographie

  • (fr) Tours du monde, tours du ciel, mini-série documentaire de dix épisodes réalisés par Robert Pansard-Besson, Paris, 1991 : Michel Serres y a participé comme consultant
  • (fr) Regards sur le sport : Michel Serres, philosophe, en compagnie de François L'Yvonnet, philosophe, film réalisé par Benjamin Pichery, INSEP, Paris, 2007-2009, 180 minutes (double DVD)

Liens externes


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