Surnommée « La Superba »[a] en raison de sa technique, de sa longueur de souffle, de l'amplitude et des nuances de sa voix (notamment ses pianissimi)[1], elle est célèbre pour ses interprétations du répertoire belcantiste et notamment des rôles de Rossini, de Bellini et de Donizetti.
En 1956, elle rejoint le Théâtre de la ville de Bâle, où elle fait ses débuts professionnels dans le rôle de Mimi, dans La Bohème de Giacomo Puccini. En 1959, elle est engagée par l'Opéra de Brême, où elle chante un très large répertoire de soprano lyrico-dramatique, de Mozart à Dvořák en passant par Verdi et Puccini, sans trouver encore sa véritable personnalité vocale. Sa renommée s'accroît avec des prestations remarquées au Staatsoper de Vienne (Salomé, 1958) ou encore à la Scala de Milan (Parsifal, 1960)[2].
En 1962, elle retourne à Barcelone et fait ses débuts au Gran Teatre del Liceu dans le rôle-titre d'Arabella de Strauss. Elle va demeurer fidèle à ce théâtre tout au long de sa carrière. En 1964, elle épouse le ténorBernabé Martí[2], avec lequel elle aura deux enfants : un garçon, Bernabé, et une fille, Montserrat, qui deviendra cantatrice et partagera avec elle la scène à plusieurs reprises dans les années 1990.
Le , alors qu'un puissant mistral souffle sur la ville d'Orange et menace de faire annuler la représentation, elle incarne Norma lors des Chorégies. Son interprétation, captée par les caméras de télévision, restera dans la légende de l'opéra[6],[7].
Elle se produit à de nombreuses reprises sur scène et en récital avec Marilyn Horne, notamment dans Semiramide de Rossini au Festival d'Aix-en-Provence en 1980. Cette collaboration se double de plus d'une amitié et d'une grande admiration réciproque.
Diversification du répertoire
Après le milieu des années 1980, la cinquantaine dépassée, de santé fragile[2], Montserrat Caballé est contrainte de réduire ses apparitions et de s'éloigner de la Scala. Une reprise de la production de Anna Bolena mise en scène par Luchino Visconti donne lieu à un scandale mémorable lorsque son remplacement par Ruth Falcon est annoncé quelques minutes avant le lever du rideau. Le scandale est tel que la représentation est annulée[8]. Elle n'en poursuit pas moins sa carrière auprès d'un public élargi. C'est ainsi qu'on l'entend en concert dans Les Danaïdes d'Antonio Salieri à l'Opéra de Montpellier en 1986[9].
Sa célébrité s'accroît considérablement auprès du grand public lorsqu'elle fait une incursion dans le monde de la musique pop en interprétant avec le chanteur de rock Freddie Mercury la chanson Barcelona (1987), succès qui donne lieu à un album homonyme[10]. Le morceau devient l'hymne des Jeux olympiques de Barcelone en 1992, notamment lors d'un passage grandiose de la cérémonie de clôture télévisée en direct, aux côtés d'un Freddie Mercury disparu l'année précédente mais reconstitué par hologramme, ce qui fait apparaître de nouveau ce tube planétaire dans le palmarès des ventes en Europe. Elle avait également interprété ce morceau avec Freddie Mercury sur la scène du Ku Klub d'Ibiza le [11], ainsi qu'à Barcelone le pour le festival La Nit[11]. Elle le reprendra une dernière fois, accompagnée par un enregistrement du défunt Freddie Mercury, lors de la finale de 1999 de la Ligue des champions au stade du Camp Nou à Barcelone.
En 1995, elle participe à l'album de Vangelis, El Greco, dédié au peintre du même nom El Greco. Elle poursuivra sa collaboration avec le compositeur grec sur quelques titres encore dans les années suivantes.
Elle meurt le à l'hôpital de Sant Pau de Barcelone à l'âge de 85 ans[13].
Engagements caritatifs
Montserrat Caballé a soutenu plusieurs organisations caritatives. Elle a notamment été ambassadrice de bonne volonté de l'UNESCO[14] et a créé une fondation pour les enfants dans le besoin à Barcelone.
Sa voix est connue pour sa pureté et son homogénéité parfaite sur une grande tessiture (approx. du la2 au ré5) avec un grave sonore[réf. nécessaire], un médium velouté mais puissant et un aigu ample et brillant. L'incisivité naturelle de son timbre et son exceptionnelle technique de souffle (ses cordes vocales, par un accolement léger, consomment moins, d'où la longueur du son[réf. nécessaire]) lui ont permis de chanter pratiquement tout le répertoire de soprano, à l'exception des rôles suraigus. Bien qu'elle soit surtout connue pour ses rôles de bel canto, Caballé a chanté plus de quatre-vingts rôles d'opéra, de l'opéra baroque à Verdi, Wagner et à Puccini, en passant par la Maréchale dans Der Rosenkavalier de Strauss et le rôle-titre de Salomé.
Si certains critiques des années 80 ont régulièrement et malignement reproché à « la » Caballé, desservie par un embonpoint dont par ailleurs elle s'est volontiers moquée[2], de ne pas toujours s'investir théâtralement dans ses rôles contrairement à « la » Callas, elle les a cependant marqués à sa façon par sa musicalité, le jeu des couleurs et une large palette de nuances et de dynamiques. Elle est ainsi considérée comme une des grandes Norma du XXe siècle, l'un des rôles les plus éprouvants du répertoire belcantiste[b].
↑Ce qui ne l'a pas empêchée d'enregistrer le rôle d'Adalgisa face à Joan Sutherland. Alors qu'au XXe siècle, il est souvent tenu par une mezzo-soprano (avec une tessiture tendue), ce rôle de seconda donna était généralement interprété au XIXe siècle par une soprano, les classifications vocales étant moins définies. Ainsi, à la création, le rôle d'Adalgisa était tenu par Giulia Grisi, qui chantera par la suite le rôle-titre.
↑ abcdef et gMichel Parouty, « Montserrat Caballe », dans Dictionnaire des Musiciens : Les Interprètes, Encyclopaedia Universalis, (lire en ligne), pt 201-205
↑(en) Robert Pullen, Stephen Jay-Taylor, Montserrat Caballé: Casta diva, Plaza & Janés, Barcelone, 1995 (ISBN84-01-37546-0).
↑ a et b(en) « The Diva Who Dares », Opera Now, , p. 19.
↑(es) « Decreto 1698/1973, de Z7 de julio por el que se concede la Medalla al Mérito en las Bellas Artes en su categorta de oro a doña Montserrat Caballé », Boletin Oficial del Estado, Madrid, no 171, , p. 14691 (lire en ligne).