Nuku Hiva

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Nuku Hiva
Vue satellite.
Vue satellite.
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Archipel Îles Marquises
Localisation Océan Pacifique
Coordonnées 8° 52′ S, 140° 06′ O
Superficie 387 km2
Point culminant Mont Tekao (1 224 m)
Administration
Collectivité d'outre-mer Polynésie française
Démographie
Population 3 120 hab. (2017[1])
Densité 8,06 hab./km2
Plus grande ville Taiohae
Autres informations
Fuseau horaire UTC-9:30
Géolocalisation sur la carte : îles Marquises
(Voir situation sur carte : îles Marquises)
Nuku Hiva
Nuku Hiva
Géolocalisation sur la carte : Polynésie française
(Voir situation sur carte : Polynésie française)
Nuku Hiva
Nuku Hiva
Géolocalisation sur la carte : océan Pacifique
(Voir situation sur carte : océan Pacifique)
Nuku Hiva
Nuku Hiva
Île en France

Nuku Hiva, également dénommée Nuka Hiva ou île Marchand, est une île située dans l’archipel des Marquises en Polynésie française. L'île est le chef-lieu des Marquises ainsi que celui de la commune de Nuku-Hiva.

Géographie

Nuku Hiva est la plus grande île de l'archipel des Marquises tant par sa superficie de 387 km2 que par sa population de 3 120 habitants en 2017. Tout comme le reste de l'archipel, Nuku Hiva est une île volcanique formée par la crête émergée de volcans éteints depuis deux millions d'années. Son relief est constitué de pics de basalte hauts d'une centaine de mètres. Son point culminant est le mont Tekao s'élevant à 1 224 m.

Le principal village de l'île est Taiohae, situé au fond de la baie homonyme, au sein de la province traditionnelle de Te I'i. Dans la baie du Contrôleur se trouve le village de Taipivai (en), principal village de la province traditionnelle de Tai Pi.

La baie de Taiohae.

Histoire

Peuplement polynésien et découverte par les Européens

Vue panoramique.

D'après la tradition orale, Hotu Matu'a, premier roi de l'île de Pâques, serait venu de Nuku Hiva (ou d'Hiva Oa), après avoir d'abord envoyé sept Praos en éclaireurs dans tous les azimuts, pour trouver de nouvelles terres[2].

Le premier occidental à avoir découvert Nuku Hiva est l'Américain Joseph Ingraham, le , suivi deux mois plus tard par le Français Étienne Marchand[3] et en 1792 par Richard Hergest qui la nomme îles Sir Henry Martin[4].

En 1813, lors de la guerre anglo-américaine de 1812, l'Américain David Porter s’établit à Nuku Hiva. Il nomme l’île « Madison Island », en l’honneur du président américain James Madison et construit un fort. Il tente de prendre possession de l’île au nom des États-Unis, mais se heurte à la résistance de la tribu des Taïpi. Malgré plusieurs villages incendiés et des luttes tribales, il ne peut y parvenir. Il quitte l’île le avec ses prises de guerre, en direction du port neutre de Valparaíso.

En , l'aventurier français Charles de Thierry, qui vient de se proclamer roi de Nouvelle-Zélande, est de passage aux Marquises. Il annexe l'île de Nuku Hiva pour son royaume. Il y donne un drapeau azur et cramoisi, des armoiries et se déclare le roi Charles Ier. Il continue ensuite son voyage vers Tahiti, puis la Nouvelle-Zélande. En 1843, Charles de Thierry, lors de l'annexion des Marquises par la France, tente de faire valoir ses droits et demande sans succès une indemnité.

Lieu de déportation

La loi du sur la déportation politique choisit Nuka Hiva comme lieu de « déportation simple », qui est appliqué dans « les cas prévus par les articles 86, 96 et 97 du Code pénal de 1810 », qui concernent :

  • l’attentat contre la vie ou la personne de l’Empereur, puis par extension, le Roi et dans ce cas le Président de la République ;
  • le cas où cet attentat serait commis par une bande (article 96) ;
  • enfin l’article 97 réprime les attentats commis par les bandes armées contre la sûreté de l’État[5].

Le pénitencier de Taiohae y a reçu certains opposants républicains à Napoléon III : les chefs du complot de Lyon (1850) (Alphonse Gent (1813-1894), Albert Ode (1811-1868)[6],[7] et Louis Langomazino (1820-1885)) y sont les premiers déportés politiques français.

Démographie

Graphique montrant l'évolution de la population de l'île de Nuku Hiva depuis 1971.
Démographie de Nuku Hiva depuis 1971.

Nuku Hiva est l'île la plus peuplée de l’archipel. En 2012, elle comptait 2 966 habitants[8], dont 2 132 dans la commune associée de Taiohae, 464 dans celle de Taipivai (es) et 370 dans celle de Hatiheu (es).

Les habitants parlent la langue marquisienne du nord et le français.

Économie

L'activité économique principale de l'île est liée au tourisme qui s'est développé avec la création de l'aérodrome de Nuku Hiva.

L'aterrage du câble sous-marin Natitua et sa mise en service en permet à Nuku Hiva d'être relié à Tahiti et à l'internet mondial à haut-débit[9].

Faune et flore

Nuku Hiva et la littérature

Nuku Hiva a été visité par de nombreux artistes, notamment des écrivains, qui ont fait mention de leur expérience sur cette île.

En , Joseph Kabris, matelot bordelais, débarque dans l'ile, se fait adopter par les indigènes et tatouer sur tout le corps pour marquer son appartenance à la tribu. Embarqué sur un bateau russe de passage dans l'ile, il est ensuite présenté dans les cours d'Europe comme objet de curiosité.

En , le capitaine Johann Adam von Krusenstern, qui effectue un voyage autour du monde, débarque dans l'ile. Il y rencontre l'anglais Roberts (aussi nommé Robarts) et le français Kabris (nommé Cabri) qui lui servent de guides et d’interprètes. C'est Krusenstern et le naturaliste de l'expédition, Georg Heinrich von Langsdorff, qui décrivent leur séjour et ramènent Kabris en Europe.

L'écrivain américain Herman Melville, s'enrôle à la fin de à Fairhaven à bord du baleinier Acushnet qui appareille pour le Pacifique. En , alors que le bateau fait relâche à Nuku Hiva, il déserte le navire avec un compagnon, Richard Tobbias Greene, Ils séjournent chez les Taïpis. Trois semaines plus tard, ayant regagné la côte, Melville s'engage sur le baleinier australien Lucy Ann partant pour Tahiti. À la fin de 1844, poussé par sa sœur Augusta, Herman Melville écrit le récit de ses aventures sur l'île dans son roman autobiographique Taïpi paru en 1846[10].

L'ethnologue français Edmond Ginoux de la Coche, né en 1811, a publié dans la revue de la comtesse Marie de Solms Les Matinées d'Aix[11] le récit intitulé Le Collier d'Anao[12] qui se passe aux Marquises, dans l'Île de « Noukou-Hiva » vers 1848. « Une très jeune « kanaque », qui, par amour pour un officier français, a marché sur un lieu tabou, doit boire un poison mortel. À l'époque, on ne connaît aucun antidote ! »

Jules Verne en fait mention dans Vingt mille lieues sous les mers (sous l'orthographe Nouka-Hiva) lors du voyage du professeur Aronnax à bord du Nautilus[13].

Pierre Loti, dans son ouvrage Le Mariage de Loti (1878) y fait séjourner son personnage Loti.

Nuku Hiva, et en particulier son annexion par les Français au milieu du XIXe siècle, est le sujet du roman La Part du requin de Serge Legrand-Vall.

Notes et références

  1. Répartition de la population de la Polynésie française par île en 2017, Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), (consulté le ).
  2. Alfred Métraux : Introduction à la connaissance de l'Île de Pâques, éditions du Muséum national d'histoire naturelle, Paris 1935, relatant les résultats de l'expédition franco-belge de Charles Watelin en 1934 et Thomas S. Barthel : The Eighth Land: The Polynesian Settlement of Easter Island, Honolulu University of Hawaii, 1978.
  3. Étienne Marchand, Voyage autour du monde, pendant les années 1790, 1791 et 1792, Imprimerie de la République, (lire en ligne), p. 244.
  4. Barry Gough Distant Dominion: Britain and the Northwest Coast of North, 2011, p. 26
  5. Pierre Lacour, De l'Océanie au Pacifique, Histoire et enjeux, France-Empire 1987 p. 62.
  6. https://maitron.fr/spip.php?article35612
  7. Huard, Raymond, « Correspondances de militants. Albert Ode et ses frères (1849-1850) », Annales historiques de la Révolution française, Persée, vol. 222, no 1,‎ , p. 584–602 (lire en ligne, consulté le ).
  8. La population légale au , Institut de la statistique de la Polynésie française.
  9. « Numérique en Polynésie : Le câble domestique Natitua est entré en service », outremers360.com, .
  10. Herman Melville, Taïpi, Omou, Mardi, Œuvres, I, notice de Philippe Jaworski (p. 1203-1238), Bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, 1996 (ISBN 2-07-010681-0).
  11. no 3 du .
  12. « Le collier d'Anao - Jacques Aubone », sur www.inlibroveritas.net (consulté le ).
  13. Jules Verne (ill. Alphonse de Neuville et Édouard Riou), Vingt mille lieues sous les mers, Paris, Jules Hetzel, , 1re éd., 434 p. (ISBN 978-2-01-004509-7, lire sur Wikisource), p. 139.

Annexes

wikilien alternatif2

Les coordonnées de cet article :

Bibliographie

  • (en) Elena Govor, « Twelve days at Nuku Hiva. Russian Encounters and Mutiny in the South Pacific », Honolulu, University of Hawaii Press, 2010 (ISBN 978-0824833688), 301 p.
  • Marie-Noëlle Ottino-Garanger, « Compte rendu de Twelve days at Nuku Hiva. Russian Encounters and Mutiny in the South Pacific, de Elena Govor », Journal de la Société des Océanistes, nos 138-139, , p. 237–239.
  • (en) Elena Govor et Nicholas Thomas, Tiki: Marquesan Art and the Krusenstern expedition, Sidestone Press, 2019 (ISBN 978-9088906909), 519 p.

Articles connexes

Lien externe


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