Pierre Simon Girard est le fils de Pierre Girard et de Françoise Marie Chantepie de Boiviers. Formé à la première École des ponts et chaussées, Pierre-Simon Girard appartient comme Gaspard de Prony au petit nombre d'ingénieurs civils qui possèdent à cette époque une connaissance de l'analyse mathématique suffisante pour lire les œuvres d'Euler. En dehors de ses fonctions d'ingénieur, Girard entreprend ses premières recherches de mécanique en 1787. Elles concernent les lois de résistance des solides réels (pierre de taille, bois de charpente, fer forgé) et le dimensionnement des structures : poutres, murs et colonnes. En 1792, appliquant ses premiers résultats dans ce domaine, il remporte le prix proposé par l'Académie des sciences pour l'amélioration des écluses.
Girard publie en 1798 l'ensemble de ses résultats dans son Traité analytique de la résistance des solides, le premier livre en France traitant exclusivement de la théorie des poutres dans tous ses aspects (traction, flexion, stabilité élastique, limite élastique). Le titre de ce livre donne son nom à la discipline appelée résistance des matériaux.
Les idées de Girard sur les poutres sont moins originales que celles de son devancier Coulomb : suivant de près les hypothèses et les méthodes d'Euler pour la théorie du flambage, il n'améliore qu'à peine la théorie de Mariotte sur la flexion des poutres. Ses résultats sur les solides d'égales résistance connaissent en revanche une vogue durable[2].
Nommé ingénieur en chef des Ponts et Chaussées sous le Directoire, sa participation (avec 24 élèves ingénieurs) à l'expédition de Bonaparte en Égypte lui assure une promotion régulière sous l'Empire. Membre, avec Gaspard Monge, de l’assemblée savante créée lors de la campagne d'Égypte, il doit pourtant attendre plusieurs années une décision de Bonaparte sur la canalisation de l'Ourcq. Outre l'état des finances de la France, qui se relevait alors de dix années de guerres intérieures et extérieures, un désaccord persistant avec Émiland Gauthey sur les méthodes retarde encore la décision. Girard rédige au cours de ces années un traité d'hydraulique, Essai sur le mouvement des eaux courantes. En 1805, il obtient du gouvernement la direction des travaux du canal de l’Ourcq. Il a entre autres pour stagiaires le jeune Élie Lamblardie en 1805 et le jeune Augustin Louis Cauchy en 1809. Directeur du canal de la Somme, il obtient le poste d'inspecteur divisionnaire des Ponts et chaussées pendant les Cent-Jours.
Il collabore en 1790 avec Gaspard de Prony au Dictionnaire des Ponts et Chaussées. En 1815, il est élu membre de l’Académie des sciences, où il présente notamment les Réflexions de Sadi Carnot, puis il en devient président en 1830.
Traité analytique de la résistance des solides et des solides d'égale résistance, Firmin Didot, Paris, 1798 / An VI, 238 p. + tableaux + 7 planches gravées. (Édition allemande, 1803) (lire en ligne).
Essai sur le mouvement des eaux courantes, et la figure qu'il convient de donner aux canaux qui les contiennent, Impr. de la République, 1804 / an XII.
Devis des ponts à bascule à construire sur le canal de l'Ourcq, Paris, Impr. imp., 1808.
Recherches sur les eaux publiques de Paris, les distributions successives qui en ont été faites, et les divers projets, qui ont été proposés pour en augmenter le volume, Paris, Impr. imp., 1812.
Mémoires sur les atmosphères liquides, et leur influence sur l'action mutuelle des molécules qu'elles envéloppent, Paris, 1824.
Simple exposé de l’état actuel des eaux publiques de Paris, 1831
Mémoire sur le canal de l’Ourcq et la distribution de ses eaux, 1831-43.
Recherches sur les établissements de bains publics à Paris, depuis le VIe siècle jusqu'à présent, Paris, 1833.
Mémoires sur le canal de l'Ourcq et la distribution de ses eaux, sur le desséchement et l'assainissement de Paris, et les divers canaux navigables qui ont été mis à exécution ou projetés dans le bassin de la Seine pour l'extension du commerce de la capitale, t. 1, Paris, Carilian-Gœuvry, , 612 p. (lire en ligne)
D’argent à une fasce de gueules, chargée d’une croix alaisée d’argent, accompagnée en chef d’une divise vivrée d’azur, et en pointe d’un sphinx couché de sinople. L’Ecu timbré d’un casque d’argent taré de profil.
↑Timoshenko, History of strength of materials, McGraw-Hill Book Co., (réimpr. 1983, éd. Dover), 452 p., « III Strength of Materials in the Eighteenth Century », p. 42
↑Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier, (lire en ligne), p. 186
Voir aussi
Bibliographie
Pierre-Simon Girard, État des services de M. P. S. Girard, ingénieur des ponts et chaussées, 1832, p. 1-17bibnum : Pierre-Simon Girard
Frédéric Graber, Paris a besoin d'eau. Projet, dispute et délibération technique dans la France napoléonienne, Paris, CNRS Editions, 2009. (ISBN978-2271067395)
André Guillerme, Bâtir la ville révolutions industrielles dans les matériaux de construction : France-Grande-Bretagne (1760-1840, Seyssel, Champ vallon, coll. « Milieux », , 315 p. (ISBN978-2-87673-203-2, OCLC911355200, lire en ligne)
Yves Laissus, Pierre Simon Girard, ingénieur de Napoléon. Des eaux du Nil au canal de l' Ourcq, Paris, Presses de Ponts, 2017. 24 cm, 574 p., ill. bibliographie, index. (ISBN978-2-859-78506-2)
Gérard Leterc (préf. Gérard Hurpin), Des pionniers pour un monde meilleur : la route et les hommes en Seine-Maritime au XVIIIe siècle, Elbeuf, , 314 p. (ISBN2-9505203-0-8), p. 238-241
Stepan Prokopovic Timoshenko, History of strength materials. With a brief account of the history of theory of elasticity and theory of structures, Ed. Dover, 1953 ; 1983. (ISBN0486611876)