Son pseudonyme provient de la rue Choron où se trouvaient les premiers locaux de Hara-Kiri. Il est le père de la comédienne et humoriste Michèle Bernier et le grand-père de la comédienne Charlotte Gaccio.
Biographie
Orphelin de père à onze ans, le futur « professeur Choron » est issu d'une famille de condition modeste. Sa mère était garde-barrière à Aubréville dans la Meuse[5]. Il obtient le certificat d'études à onze ans, soit trois ans plus tôt que la moyenne[6]. Il se lance dans la vie sans avoir fait beaucoup d'études, en exerçant divers petits métiers, puis s'engage pour vingt-huit mois au 6° BCCP (bataillon colonial de commandos parachutistes) de Marcel Bigeard en Indochine. Il revient en France atteint de la tuberculose, toutefois ses divers engagements l'amèneront à effectuer neuf ans de service au sein des TAP (troupes aéroportées) avant de revenir à la vie civile[7].
Hara-Kiri et Les éditions du square
Il travaille alors comme colporteur, puis comme chef des ventes du journal satirique Zéro. C’est là qu’il rencontre François Cavanna et Fred, avec qui il fonde en 1960 le mensuel Hara-Kiri, auquel son nom restera attaché, avec ceux des dessinateurs Topor, Reiser, Gébé, Wolinski et Cabu.
Le Professeur Choron assume dans l'équipe des éditions du Square le rôle de « patron » gestionnaire, mais s’investit également dans le travail de la rédaction. Il crée ou participe aux fausses publicités et photo-montages, écrit des textes, et apparait dans les romans-photos. Il se met lui-même en scène dans ses propres rubriques, les « Jeux de cons » et les « Fiches-bricolages ». À la même époque il fait des apparitions dans l’émission de Jean-Christophe AvertyLes Raisins verts.
Les éditions du Square éditent également Charlie Mensuel, mensuel consacré à la bande dessinée, dirigé au départ par Delfeil de Ton, puis pendant plus de 10 ans par Wolinski. En 1969, en plus du mensuel, l'équipe de Hara-Kiri crée Hara-Kiri Hebdo qui devient peu de temps après L’Hebdo Hara-Kiri. Après la parution en novembre 1970 du titre « Bal tragique à Colombey : un mort », allusion à la mort du général de Gaulle et à l’incendie de la discothèque du 5-7 de Saint-Laurent-du-Pont qui avait fait 146 morts (et qui avait fait aussi l'objet d'un titre dans L’Hebdo Hara-Kiri : « Le bal continue pendant les travaux »), le titre est interdit. Choron et son équipe de rédaction décident alors de passer outre l’interdiction de paraître, en créant un nouveau journal qui serait cette fois la version hebdomadaire de Charlie. L’Hebdo Hara-Kiri renaît donc sous le nom de Charlie Hebdo. Le nouveau venu comporte quatre pages de bandes dessinées, imprimées sur fond de couleur pour les distinguer du reste du journal (elles disparaîtront vite au fil des numéros). On retrouve les mêmes rubriques, avec une typographie identique : seul le nom a été changé.
Habitué des provocations publiques, le professeur Choron se livre régulièrement, lors de ses apparitions dans les médias, à des excentricités, des déclarations salaces ou des esclandres[8], invectivant parfois le public ou les autres invités, que ce soit sur le plateau de Droit de réponse[9] ou lors d'autres émissions[10].
La première version de Charlie Hebdo cesse de paraître à la fin de 1981. Choron est par la suite mis en cause par un certain nombre de membres de l'équipe, qui jugent sa gestion « calamiteuse »[11]. Fin 1985 il doit également déposer le bilan d'Hara-Kiri et des Éditions du Square. Un éditeur italien rachète alors Hara-Kiri, qui continue de paraître avec Choron pour rédacteur en chef. En parallèle, Choron contribue à une nouvelle version de Zéro, magazine lancé par Henri-Claude Prigent avec comme rédacteurs en chef Gébé puis Gourio. Mais en 1987 un conflit avec le propriétaire du titre Hara-Kiri entraîne le départ de Choron et la fin du nouveau Zéro. Choron lance début 1988 son propre magazine, intitulé Professeur Choron, qui disparaît dès l'année suivante. Lorsque Hara-Kiri dépose le bilan, Choron, en tant qu'ancien gérant, est condamné à régler un passif de 500 000 francs, ce qui le laisse ruiné[12].
En 1992, lors de la relance de Charlie Hebdo, Choron reçoit la visite de Cabu et de Philippe Val qui veulent lui proposer d'animer une rubrique mais, au contraire de Cavanna, il refuse de participer à cette nouvelle formule du journal[13]. Choron intente ensuite une action en justice en revendiquant la propriété du titre Charlie Hebdo. Il est finalement débouté, plusieurs membres de l'équipe étant venus témoigner que Cavanna était l'auteur du titre du journal[14]. Il relance par ailleurs en 1993 un Hara-Kiri hebdomadaire, avec une équipe incluant Philippe Vuillemin, Charlie Schlingo, Stéphane Rosse, Bruno Blum et Patrick Eudeline, mais cette nouvelle version disparaît au bout de dix numéros.
Ses derniers titres de presse ont été Grodada (1991-1995), créé avec le dessinateur Charlie Schlingo, qui se voulait le premier journal pour enfants « non mièvre », où les animaux étaient sexués[15], et La Mouise (1994-2006), vendu par des colporteurs SDF[16]. Il a par ailleurs participé à plusieurs publications se réclamant de Hara-Kiri, notamment La Grosse Bertha, ZOO, Généreux ou Yéti.
Choron participe en 2000 à une nouvelle relance d'Hara-Kiri, dont André Bercoff avait fait l'acquisition. Cavanna intente alors un procès pour s'opposer à la sortie de cette nouvelle version, dont il conteste à la fois la ligne éditoriale et le fait que Bernard Tapie ait été annoncé comme collaborateur[11]. En 2002 la justice donne à nouveau raison à Cavanna, qui se voit reconnaître la propriété du titre Hara-Kiri[17]. Cavanna, qui projette de relancer Hara-Kiri avec une nouvelle équipe sous la direction de Val, tente de renouer avec Choron en lui proposant de réaliser un cahier interne au journal, mais Choron refuse violemment[18].
En 2008 le réalisateur Pierre Carles et le dessinateur Martin lui consacrent un documentaire intitulé Choron Dernière[20]. Pour le mensuel La Décroissance, « cette plongée réjouissante dans les années 1970 avec comme compagnon ce touchant « mystique de la subversion » permet de nous rendre compte à quel point notre époque contemporaine a écrasé toute transgression pour une fadeur bon teint dans laquelle on étouffe[21]. »Le Monde juge par contre que le film est, autant qu'un hommage à Choron, un pamphlet contre le Charlie Hebdo nouvelle manière, les auteurs attaquant aussi bien Philippe Val que les anciens complices de Choron, Wolinski et Cabu, présentés comme des ingrats. Le quotidien conclut que la personnalité et l'humour de Choron sont insuffisamment évoqués, et que « cette évocation des heures caustiques des années 1970-80 nous laisse sur notre faim »[22].
En 2014 Sylvia Lebègue, la dernière compagne du professeur Choron, publie un livre de souvenirs, intitulé Choron et moi : elle y décrit une relation toxique avec un homme alcoolique, au comportement souvent violent et abusif, qui en arrivait parfois à la battre et à l'humilier. Elle raconte également que, ruiné par la faillite de ses journaux successifs, Choron n'hésitait pas à lui demander de se prostituer pour subvenir aux besoins du couple[19],[23].
↑Cavanna, dans Bête et Méchant (p. 153), explique que ce prénom rare a été voulu par sa mère, « mais faut pas lui en vouloir : elle est bête ».
↑Lui-même, au début de sa vie professionnelle, se faisait appeler « Georges » plutôt que « Georget » ; la majorité des sources (par exemple la notice d'autorité de la BNF) lui attribuent comme véritable nom « Georges Bernier ».
↑Sur les liens du professeur avec Aubréville, voir : Daniel HOCHEDEZ et Catherine SCHUSTER, « Une journée culturelle éclectique en Argonne meusienne en juin 2014 », revue Horizons d’Argonne, n° 92, 2015
↑Clash avec l'intervieweuse Aure Atika dans une émission de Paris Première, en 1996 : alors qu'Aure Atika s'entretenait avec Jackie Berroyer, Choron s'invite dans la conversation puis qualifie l'animatrice, à qui il reproche le niveau de ses questions, de « femme de ménage » et de « connasse de merde ».