Ranger les photos

De Mi caja de notas

    1. Ranger Les photos

Extrait de l'ouvrage publié par Marie Kondo, La Magie du Rangement

Aimez celui ou celle que vous êtes aujourd’hui

(...) Le dernier élément de la catégorie des objets ayant une valeur sentimentale est les photographies. Ce n’est pas pour rien que j’ai gardé les photos pour la fin. Si vous avez trié et jeté les choses dans l’ordre indiqué, vous avez probablement trouvé des photos dans de nombreux endroits, coincées entre deux livres sur une étagère, dans un tiroir ou cachées dans une boîte où se trouvent mille petites choses. Si bon nombre de vos photos ont peut-être déjà trouvé leur place dans un album, je suis sûre que vous en avez laissé quelques-unes dans une lettre ou encore dans la pochette du labo. (J’ignore pourquoi tant de personnes laissent les photos dans les enveloppes d’origine.) Dans la mesure où l’on peut trouver des photos dans les endroits les plus inattendus lorsque nous nous attaquons à d’autres catégories d’objets, il est bien plus efficace de les réunir en un seul endroit chaque fois que nous tombons sur un spécimen, puis de s’en occuper à la fin du processus de rangement.

Je traite les photos en dernier pour une autre raison. Si vous commencez par trier les photos avant d’avoir affiné votre perception de ce qui vous apporte de la joie, tout le processus risque de vous échapper et de s’arrêter brusquement. En revanche, si vous suivez scrupuleusement l’ordre de rangement que je préconise (à savoir, les vêtements, les livres, les papiers, le komono et les objets ayant une valeur sentimentale), le tri s’effectuera facilement et vous serez surpris de votre capacité à choisir quoi garder sur la base du plaisir ressenti. Il n’existe qu’un moyen de trier des photos et gardez à l’esprit que l’opération prend un peu de temps. La meilleure méthode consiste à sortir toutes les photos de leur album et à les regarder une par une. Ceux qui s’élèvent contre cette méthode en affirmant que cela représente bien trop de travail n’ont jamais vraiment trié de photos. Les photos n’existent que pour illustrer un événement ou un moment donné. Voilà pourquoi il faut les regarder une par une. Ce faisant, vous serez surpris de la facilité avec laquelle vous pouvez distinguer celles qui vous émeuvent de celles qui ne vous font rien. Là encore, gardez les photos qui font monter des émotions en vous.

Grâce à ce système, vous ne garderez environ que 5 photos par jour de voyage, mais elles illustreront si bien ce moment que vos souvenirs resteront intacts. Les choses vraiment importantes ne sont pas si nombreuses. Les photos banales de paysages que vous n’êtes pas capable de situer se retrouveront dans la poubelle. L’importance d’une photo réside dans l’enthousiasme et la joie qu’elle procure quand vous la prenez. Très souvent, le résultat papier n’est qu’accessoire. Il arrive que les gens gardent tout un tas de photos dans un grand carton avec l’intention de les apprécier un de ces jours, quand ils seront vieux. Je peux vous affirmer que ce « un de ces jours » n’arrive jamais. Vous n’imaginez pas le nombre de boîtes remplies de photos non triées appartenant à une personne décédée sur lesquelles je suis tombée ! Voici le genre de conversation que j’ai généralement avec mes clients :

« Qu’y a-t-il dans cette boîte ?

– Des photos.

– Vous pouvez les garder à trier pour la fin.

– Oh, mais elles ne sont pas à moi, mais à mon grand-père. »

Chaque fois que j’ai cette conversation, ça me rend triste. Je ne peux m’empêcher de penser que la vie des personnes décédées aurait été bien plus riche si l’espace occupé par cette boîte avait été libéré lorsqu’elles étaient encore vivantes. En outre, une fois âgés, nous ne devrions pas être encore en train de trier des photos. Si, vous aussi, vous gardez cette tâche pour vos vieux jours, n’attendez pas. Faites-le maintenant. Vous apprécierez bien plus ces photos lorsque vous serez vieux si elles figurent déjà dans un album que si vous devez vous attaquer à un gros carton particulièrement lourd.

Autres objets tout aussi difficiles à jeter que les photos : les souvenirs de ses enfants. Un cadeau reçu pour la fête des Pères avec les mots « Merci papa ». Un dessin de votre fils que la maîtresse avait accroché au mur à l’école ou une décoration fabriquée par votre fille. Si ces choses vous touchent toujours, vous pouvez fort bien les garder. Mais si vos enfants sont déjà grands et que vous gardez seulement ces objets par crainte qu’ils se vexent si vous vous en débarrassez, posez-leur franchement la question. Ils vous diront très probablement : « Quoi ? Tu as encore ce truc-là ? Vas-y, tu peux t’en débarrasser. »

Et ce qui appartient à votre propre enfance ? Avez-vous encore des bulletins de notes ou des diplômes ? Lorsque ma cliente a sorti un uniforme scolaire vieux de 40 ans, même moi, cela m’a fait quelque chose. Mais sa place était dans la poubelle. Jetez toutes ces lettres que vous avait envoyées un(e) petit(e) ami(e). L’objectif d’une lettre est atteint au moment où le destinataire la reçoit. La personne qui l’a écrite en a oublié le contenu depuis belle lurette et ne se souvient peut-être même plus de son existence. En ce qui concerne les accessoires reçus en cadeaux, ne les conservez que s’ils vous touchent profondément. Si vous les gardez uniquement parce que vous ne parvenez pas à oublier un(e) ancien(ne) petit(e) ami(e), mieux vaut les jeter. Si vous vous accrochez à ces objets, vous risquez de manquer des occasions de faire de nouvelles rencontres.

Ce ne sont pas nos souvenirs que nous devons chérir, mais la personne que nous sommes devenus grâce à ces expériences passées. C’est la leçon que nous donne ces souvenirs lorsque nous les trions. Notre intérieur est destiné à l’individu que nous sommes en train de devenir et non à la personne que nous étions par le passé.