Aussi connu sous le nom de Rosmarinus officinalis, ce nom est devenu synonyme quand l'espèce a été reclassée, en 2017, dans le genreSalvia[5].
Fraîche ou séchée, cette herbe condimentaire fait partie de la cuisine méditerranéenne, et une variété se cultive dans les jardins[4]. C'est une plante mellifère ; le miel de romarin, ou « miel de Narbonne » est réputé[4]. C'est également un produit fréquemment utilisé en parfumerie. Enfin, diverses vertus phytothérapeutiques ont été étudiées.
Le nom « romarin » viendrait du latin « ros marinus » (rosée de mer)[6], ou bien du grec « rhops myrinos » (buisson aromatique)[7], ou encore du latin « rhus marinus » (sumac de mer)[4]. On l'appelle également « herbe-aux-couronnes », et en provençal, « encensier »[8].
Le romarin est une des plantes recommandées dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou début du IXe siècle).
Caractéristiques
Vue d'ensemble de la plante.Romarin en fleur.Salvia Rosmarinus - Muséum de Toulouse.
Description
Le romarin peut atteindre jusqu'à 1,50 m de hauteur, voire jusqu'à 2 m en culture. Il est reconnaissable en toute saison à ses feuilles persistantes sans pétiole, coriaces, beaucoup plus longues que larges, aux bords légèrement enroulés, vert sombre luisant sur le dessus, blanchâtres en dessous. Leur odeur, très camphrée, évoque aussi l'encens d'où il doit son nom « encensier » en provençal.
La floraison commence dès le mois de février, parfois en janvier, et se poursuit jusqu'en avril-mai. Certaines variétés peuvent fleurir une deuxième fois en début d’automne[9]. La couleur des fleurs, qui se présentent en grappes assez semblables à des épis, varie du bleu pâle au violet. On trouve également, mais plus rarement, la variété à fleurs blanches R. officinalis albiflorus. Leur calice est velu, à dents bordées de blanc. Elles portent deux étamines ayant une petite dent vers leur base. La lèvre inférieure de la corolle est profondément divisée, faisant penser au labelle de certaines orchidées. Comme pour la plupart des Lamiacées, le fruit est un tétrakène. Ce dernier est de couleur brune.
Répartition géographique
Le romarin est originaire du bassin méditerranéen.
On le trouve principalement dans les terrains arides et ensoleillés, comme les garrigues, les maquis et les rocailles. Il n'apprécie pas une sécheresse trop importante mais se contente de l'humidité du littoral, d'où il pourrait tenir son nom (« rosée de mer » en latin).
Il est répandu entre le niveau de la mer et 650 mètres[4], parfois jusqu'à 1 500 mètres d'altitude[10].
Le romarin se cultive dans un endroit ensoleillé, dans un sol calcaire et bien drainé[11]. Bien que ce soit une plante aimant les climats chauds, il supporte les gelées si le sol ne conserve pas l'humidité. Idéalement, ce dernier doit avoir un pH compris entre 7 et 7,5[12].
Une légère taille au printemps après sa floraison peut contribuer à lui conserver une forme harmonieuse. Son feuillage persistant et sa tenue rendent propice l'utilisation de certaines variétés touffues à une utilisation en topiaire.
Il se multiplie facilement au printemps ou à l'automne par bouturage ou marcottage ; plus difficilement en été par semis car sa germination est lente[11].
Le romarin est assez résistant aux nuisibles : il craint toutefois le rhizoctone brun en cas d'humidité trop importante[10].
Le romarin est cultivé à large échelle en Espagne, en Tunisie, au Maroc, en Italie, en France, en Algérie et au Portugal, principalement pour en extraire de l'huile essentielle[10]. La production mondiale d'huile essentielle de romarin atteint 200 à 300 tonnes en 2005[12].
En Inde, la CIMAP (Central Institute of Medicinal and Aromatic Plants) a introduit la production de romarin à la fin des années 80, qui s'est développée au cours des années 90[10]. Cette production est concentrée dans le sud, dans les Nîlgîri et autour de Bangalore[12].
Les branches feuillues de romarin s'utilisent de préférence fraîches, mais peuvent également se conserver séchées. Les fleurs ont une saveur plus douce et se consomment crues, saupoudrées pour parfumer un plat ou un dessert.
Le romarin est également utilisé pour parfumer les grillades. Quelques branches sont alors utilisées dans la confection d'une marinade ou une branche comme pinceau pour enduire la pièce à griller de marinade. Il est également possible de fumer la viande ou le poisson en déposant quelques branches sur les charbons, ou en petite quantité dans un fumoir[14]. On peut enfin se servir de branches pour embrocher des légumes avant leur cuisson.
Plus audacieux, le romarin est parfois utilisé en infusion pour parfumer des desserts comme les flans, les crèmes ou certaines confitures.
Parfumerie
L'utilisation du romarin en parfumerie est très ancienne. Le premier parfum alcoolique dont on connaisse l'existence est l'eau de Hongrie, alcoolat fréquemment utilisé au XVIIe siècle et qui pourrait dater du XIVe siècle, dont le romarin était l'un des principaux composants[15].
Le romarin fut longtemps utilisé empiriquement en phytothérapie. Le miel de romarin, aussi appelé « Miel de Narbonne » était un des multiples constituants de la thériaque de la pharmacopée maritime occidentale au XVIIIe siècle[23].
Des études modernes montrent les effets du romarin :
cholérétique et hépatoprotecteur - le romarin a longtemps été utilisé empiriquement comme agent hépatoprotecteur et cholérétique. Ces effets ont été montrés expérimentalement[24]. Le romarin permet donc d'activer les fonctions digestives, en particulier le travail de la vésicule biliaire ;
effets sur le système nerveux[27] - l'administration d'huile de romarin, à la fois par inhalation et par voie orale, stimule l'activité du système nerveux central, respiratoire et locomotrice chez la souris[28]. L'extrait alcoolique de R. officinalis a montré une activité antidépressive sur la nage forcée et les tests d'immobilité de la souris[29]. Le romarin serait donc recommandé pour traiter les divers cas d’asthénie ;
effets sur la circulation sanguine - l'utilisation d'huile de romarin dans un bain stimule la circulation dermique et améliore l'hémodynamique pour les problèmes d'occlusion artérielle[30] ;
effets sur les muscles lisses[31] - l'huile ou l'extrait aqueux de feuilles permettent d’inhiber certaines contractions induites chez les lapins et les cochons d’Inde[32],[33]. Le romarin aurait donc des effets antispasmodiques ;
antitumorigénique[31] et antioxydant - de nombreuses études indiquent que le romarin permettrait de prévenir et de limiter la progression de certains types de cancers[34] ;
antibactérienne[31] - l'huile essentielle de romarin à cinéole permet de lutter contre le rhume, bronchites et sinusites[35] ;
anticoagulante[31]- les extraits de la plante ont des activités anticoagulantes qui peuvent diminuer le risque de la formation de caillots dans les vaisseaux sanguins[36].
Risques
L'huile essentielle de romarin peut avoir des effets neurotoxiques, déclencher convulsions et crises d’épilepsie. Par voie orale, et à part l'utilisation en cuisine, il est déconseillé aux femmes enceintes ou allaitantes [37].
Variétés
On dénombre plus de 150 variétés de romarin[38]. Elles se différencient par leur taille maximale (d'une dizaine de centimètres à deux mètres), leur tenue (vertical ou rampant), la couleur de leurs fleurs (violettes, bleues, blanches, roses) et de leurs feuilles, leur rusticité...
Variété
Nom
Caractéristiques
Rosmarinus officinalis Alba ou Albus
Romarin à fleurs blanches
Fleurs et bourgeons blancs.
Rosmarinus officinalis Arp
Romarin "Arp"
Supporte particulièrement bien le froid (zones 6 à 10). Ses feuilles ont une odeur citronnée[39].
Croissance rapide, peut atteindre 2 mètres dans de bonnes conditions. Fleurs bleu foncé, feuilles bleu-vert foncé et brillantes. Arôme apprécié pour la cuisine[39].
Rosmarinus officinalis Vicomte de Noailles
Romarin "Vicomte de Noailles"
-
Rosmarinus officinalis f. repandens
Romarin retombant
-
Rosmarinus officinalis Lavandulaceus
Romarin "Lavandulaceus"
Petite plante rampante, fleurs violettes.
Légendes
Selon une légende, le romarin était à l'origine une plante à fleurs blanches. Avant de donner naissance à l'enfant Jésus, Marie, aurait déposé sa cape de couleur bleue sur un romarin planté devant l’étable. La cape aurait déteint sur l'arbrisseau et c'est ainsi que, depuis, le romarin fleurit bleu. Certains voient dans cette légende une autre origine possible au nom Romarin à savoir « Rose de Marie » (l'appellation anglaise étant d'ailleurs Rosemary), sans que cette origine soit étayée.
L’eau de Hongrie, alcoolat à base de romarin pour se parfumer ou à boire, viendrait d'Élisabeth de Pologne, reine de Hongrie. Elle l’aurait utilisée en 1378 à l’âge de 72 ans.
↑Auguste Scheler, Dictionnaire d'étymologie française d'après les résultats de la science moderne (3e édition revue et augmentée), Bruxelles & Paris, , 552 p. (lire en ligne), p. 447
↑Helmut Genaust, Etymologisches Wörterbuch der botanischen Pflanzennamen, 1996
↑Durakovic Z & Durakovic S, J Indian Med Assoc, 72 (1979) 175.
↑Risa Araki, Kazunori Sasaki, Hiroyuki Onda et Syunsuke Nakamura, « Effects of Continuous Intake of Rosemary Extracts on Mental Health in Working Generation Healthy Japanese Men: Post-Hoc Testing of a Randomized Controlled Trial », Nutrients, vol. 12, no 11, , p. 3551 (ISSN2072-6643, PMID33233510, PMCID7699484, DOI10.3390/nu12113551, lire en ligne, consulté le )
↑Kovar K A, Gropper B, Friess D & Ammon H P T, Planta Med, 53 (1987) 315.
↑Matsunaga K, Lu X-C, Yasuda H et al, Nat Med, 5 (1997) 63.
↑ abc et d(en) Catherine Ulbricht, Tracee Rae Abrams, Ashley Brigham et James Ceurvels, « An Evidence-Based Systematic Review of Rosemary ( Rosmarinus officinalis ) by the Natural Standard Research Collaboration », Journal of Dietary Supplements, vol. 7, no 4, , p. 351–413 (ISSN1939-0211 et 1939-022X, DOI10.3109/19390211.2010.525049, lire en ligne, consulté le )
↑Al-Sereiti M R & Said S A, First Medical Conference of Libya, 1992, 2.
↑M R Al-Sereitia et al., « Pharmacology of rosemary (Rosmarinus officinalis Linn.) and its therapeutic potentials », Indian Journal of Experimental Biology, Vol. 37, February 1999, p. 124-131.