Les limites communales de Saint-Étienne-du-Grès et celles de ses communes adjacentes.
Au carrefour des routes allant de Saint-Rémy-de-Provence à Tarascon et Arles, d’une part, d’Arles à Avignon d’autre part, la commune de Saint-Étienne-du-Grès s’étend sur 30 km2 environ, moitié sur la partie nord-ouest des Alpilles, moitié sur la plaine de la Crau. Deux territoires aux paysages très différents.
Les terrains en pente douce au pied des Alpilles, mélange de terre d’érosion et de cailloux arrachés à la colline constituent le grès au sens provençal, c’est-à-dire une terre caillouteuse. Ces terres produisent toujours des olives et du vin de qualité supérieure. Un système ingénieux d'irrigation, notamment grâce au canal des Alpines, a permis l'apparition depuis quelques décennies de fruitiers et de primeurs.
Plusieurs études ont été menées afin de caractériser les types climatiques auxquels est exposé le territoire national. Les zonages obtenus diffèrent selon les méthodes utilisées, la nature et le nombre des paramètres pris en compte, le maillage territorial des données et la période de référence. En 2010, le climat de la commune était ainsi de type climat méditerranéen franc, selon une étude du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) s'appuyant sur une méthode combinant données climatiques et facteurs de milieu (topographie, occupation des sols, etc.) et des données couvrant la période 1971-2000[2]. En 2020, le climat prédominant est classé Csa, selon la classification de Köppen-Geiger, pour la période 1988-2017, à savoir un climat tempéré à été chaud et sec[3]. Par ailleurs Météo-France publie en 2020 une nouvelle typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat méditerranéen[4] et est dans la région climatique Provence, Languedoc-Roussillon, caractérisée par une pluviométrie faible en été, un très bon ensoleillement (2 600 h/an), un été chaud (21,5 °C), un air très sec en été, sec en toutes saisons, des vents forts (fréquence de 40 à 50 % de vents > 5 m/s) et peu de brouillards[5]. Elle est en outre dans la zone H3 au titre de la réglementation environnementale 2020 des constructions neuves[6],[7].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 14,1 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 3,5 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 654 mm, avec 6,1 jours de précipitations en janvier et 2,3 jours en juillet[2]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, sur la commune de Tarascon à 6 km à vol d'oiseau[8], est de 15,4 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 643,8 mm[9],[10].
La température maximale relevée sur cette station est de 43 °C, atteinte le ; la température minimale est de −7,7 °C, atteinte le [Note 1].
Au , Saint-Étienne-du-Grès est catégorisée bourg rural, selon la nouvelle grille communale de densité à 7 niveaux définie par l'Insee en 2022[12].
Elle appartient à l'unité urbaine de Saint-Rémy-de-Provence, une agglomération intra-départementale dont elle est une commune de la banlieue[13],[14]. Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Beaucaire, dont elle est une commune de la couronne[Note 2],[14]. Cette aire, qui regroupe 5 communes, est catégorisée dans les aires de moins de 50 000 habitants[15],[16].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (57,1 % en 2018), une proportion sensiblement équivalente à celle de 1990 (56,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : terres arables (41,7 %), forêts (37,3 %), zones agricoles hétérogènes (13,4 %), zones urbanisées (4,2 %), cultures permanentes (2 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (1,4 %)[17]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Carte des infrastructures et de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).
Le mistral
Le mistral y souffle violemment du nord ou du nord-ouest, particulièrement en hiver et au printemps. Le mistral souffle fortement 100 jours par an en moyenne et faiblement 83 jours, ce qui ne laisse que 182 jours sans vent par an[18].
On distingue deux types de mistral : le « mistral blanc », qui dégage le ciel en totalité et accentue la luminosité, et le « mistral noir », plus rare, qui est accompagné de pluie.
Données météorologiques
Le tableau ci-dessous indique les températures et les précipitations pour la période 1971-2000 :
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Grès : saint Etienne, diacre, le protomartyr chrétien est lié au déterminant complémentaire Grès signifiant « endroits pierreux ».
Sant Estève dóu Grès en provençal.
Histoire
La Mourgue, Laurade.
Préhistoire et Antiquité
La Mourgue au parc d'activités de Laurade : une pierre grossièrement sculptée et représentant vraisemblablement une divinité païenne pré-romaine de la fécondité. Le terme viendrait du roman morga, devenue mourgue en provençal et moniale en français[19]. Elle a inspiré de nombreux poètes (Louis Renard[20], Frédédic Mistral[21], ...) et historiens locaux[22]. Des mythologues[23] se sont penchés sur ses origines possibles et ses multiples épithètes : « Vierge pétrifiée », « Priape gallo-romain » (dieu-phallus rustique dont le sexe aurait été taillé par la suite), « Déesse-mère néolithique », « Menhir anthropomorphe », « Morgane la fée solaire » ...
Lors de la seconde partie du premier âge du Fer (VIIe – VIe siècles av. J.-C.), la population, jusqu'alors essentiellement nomade, se sédentarise et se met à construire en dur. Le castrum se structure à la manière d'un village avec ses rues et ses maisons adossées[24]. Le processus d'installation permanente est à mettre en parallèle avec l'intensification des échanges économiques avec les commerçants méditerranéens[24]. En échange de produits de luxe, les habitants des Alpilles produisent des céréales et passent d'une état d'autarcie à une véritable économie d'échange. Au cours des siècles suivants, la population des Alpilles diminue de façon conséquente : le comptoir grec d'Arles attire de nombreux habitants venus de toute la région[24].
Mais dès la fin de l'Âge du fer (IIe – Ier siècles av. J.-C.), un castrum est édifié sur l'oppidum de Briançon, plus connu aujourd'hui sous le nom de colline de Notre-Dame-du-Château[24]. Les fouilles ont identifié les ruines postérieures d'un établissement gallo-romain important car situé à proximité du carrefour d'Ernaginum (sur la commune de Tarascon). Cette cité fut détruite en 480 et sur ses ruines fut construite la chapelle de Saint-Gabriel.
La commanderie templière de Laurade a été construite en 1196 sur une donation de Hugues Ricard. Si le domaine a été remanié, la chapelle Saint-Thomas-des-Templiers (San-Thomé) présente les caractéristiques du plus pur style romano-provençal[25].
Placée dans la chapelle de Notre-Dame-du-Château, sur la colline Saint-Michel-de-Briançon - le choix ne fut pas fortuit - lors des Rogations la statue était portée en procession jusqu'à l’église Sainte-Marthe de Tarascon. Notre-Dame-du-Château (du Castrum), est une chapelle d'époque romane. L'édifice est mentionné en 1180 - lors de l'échange que fit l'archevêque d'Arles contre l'église de Castelveyre - puis en 1242 dans la documentation, et fut restauré vers 1419[26].
Renaissance
Le premier pèlerinage attesté date de 1420[26]. La foule des dévots de la Belle Briançonne passait la nuit sur la colline de Saint-Michel-de-Briançon. On peut noter, sans surprise, que la fête de la Belle Briançonne des Alpes se terminait donc sur un très antique « oppidum de Briançon » en Provence, remettant à l’honneur Brigantiæ, la déesse celto-ligure des sommets (Brig = hauteur). C’était l’une des divinités de la tribu des Ségobriges qui occupait cette portion du territoire provençal lors de l’arrivée des Phocéens. « Au XVIIe siècle, les confréries tarasconnaises des paysans, des bergers et des portefaix participaient à la fête de la Belle Briançonne. Elle était alors l'occasion de danses profanes à chaque station de la procession. Garçons et filles passaient la nuit sur l'herbe, reprenaient au matin leurs farandoles et couraient se plonger dans la fontaine de Fontchâteau »[27].
Période moderne
La chapelle de Notre-Dame-du-Château est restaurée en 1859 à la suite d'un legs de particulier et déclarée chapelle de secours par décret du de la même année.
La commune n'existe administrativement que depuis le à la suite du détachement du village de la ville de Tarascon.
La chapelle de Notre-Dame-du-Château est inscrite aux Monuments Historiques en 1926. En 2007 un conflit opposa un artiste qui y avait réalisé une fresque murale et le curé qui, la jugeant « blasphématoire », la fit détruire.
En 1950, après 76 ans d'existence, la ligne de Tarascon à Orgon ferme et la gare disparaît. La portion de 8 km jusqu'à Saint-Rémy-de-Provence est transformée en voie verte[28].
Politique et administration
Liste des maires
Mairie et groupe scolaire de Saint-Étienne-du-Grès.
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1936. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations de référence des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[30]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[31].
En 2022, la commune comptait 2 480 habitants[Note 3], en évolution de +0,45 % par rapport à 2016 (Bouches-du-Rhône : +2,48 %, France hors Mayotte : +2,11 %).
En 2008, le revenu fiscal médian par ménage était de 19 703 €, ce qui plaçait Saint-Étienne-du-Grès au 6 837e rang parmi les 31 604 communes de plus de 50 ménages en métropole[36].
Agriculture
Cave coopérative vinicole.
La commune a son terroir classé en AOC et produit des vins Coteaux-des-baux-en-provence[37]. Cette AOC a été reconnue par un décret du pour les vins rouges et rosés. D'abord classé VDQS par un arrêté du dans le cadre des Coteaux-d'aix-en-provence, un second décret daté du permit l’utilisation de la dénomination générique « Les Baux de Provence » reconnaissant l’identité spécifique de ce vignoble de la région des Baux concernant sept communes du massif des Alpilles. Sa production est de 15 500 hectolitres par an dont 75 % en rouge et 25 % en rosé[38].
Le vin de pays des Alpilles est un vin de pays de zone, au nord des Bouches-du-Rhône, qui a vocation à labelliser, après dégustation, les vins ne pouvant postuler à l'appellation d'origine coteaux-des-baux-de-provence. Jusqu'en 2000, il portait le nom de vin de pays de la Petite Crau. La production est d'environ 6 000 hectolitres par an. Son vignoble, installé sur un plateau caillouteux, est limité, au nord, par la Durance et au sud, par les Alpilles[39].
La commune produit de l'huile d'olive de la vallée des Baux-de-Provence, protégée par une appellation d'origine contrôlée (AOC) depuis un décret pris par l'INAO, le . Les variétés d'olives qui entrent dans son élaboration sont la salonenque, la béruguette, la grossane et la verdale des Bouches-du-Rhône[40]. Elle produit aussi des olives cassées et des olives noires qui relèvent du même décret de l'INAO. Les variétés d'olives cassées proposées à la commercialisation sont la salonenque et la béruguette. Pour les olives noires, la seule variété acceptée est la grossane[41],[42].
Un marché aux fruits et légumes se déroule en fin d'après-midi, réunissant acheteurs, maraichers, petits et gros producteurs ainsi que touristes et particuliers.
Tourisme
Hormis l'agriculture, l'économie la plus facilement identifiable autour du massif des Alpilles est liée au tourisme. Même les producteurs viticoles et oléicoles semblent tenir compte du développement du tourisme et de plus en plus de domaines proposent de la dégustation, voir dans certains cas de véritables cours d'initiation à l'œnologie.
On peut considérer trois principales sortes de tourisme dans les Alpilles. Tout d'abord, le tourisme historique et culturel qui s'appuie sur un patrimoine riche (les Baux-de-Provence, Glanum, etc.) ou sur des festivals. Ensuite, le tourisme détente qui se traduit par un important développement des chambres d'hôtes, de l'hôtellerie et de la location saisonnière, par une concentration importante de piscines et par des animations comme des marchés provençaux. Enfin, le tourisme vert qui profite des nombreux chemins de randonnées et du cadre protégé qu'offrent le massif et ses environs.
Culture et patrimoine
Lieux et monuments
Église de Saint-Étienne-du-Grès.
la statue de la Mourgue au parc d'activités de Laurade : cf section « Préhistoire et Antiquité ».
le grand parc de la communauté protestante des Sœurs de Pomeyrol (domaine de Pomeyrol).
la demeure dite Grand Mas (façade, tourelle, four) inscrite aux Monuments Historiques par arrêté du [45].
Manifestations culturelles et festivités
Oratoire Saint Éloi (Sant Aloi), Saint-Étienne-du-Grès.
Le pèlerinage de Notre-Dame-du-Château est une tradition religieuse et populaire bien ancrée localement : « En 1348, la ville de Briançon, désolée par la peste, fit vœu d’envoyer une députation au tombeau de Sainte-Marthe, dès que la contagion aurait cessé. [...] Quelques délégués se rendirent à Tarascon, portant avec eux une image de la Vierge qui était honorée dans une chapelle de la Vallouise [...] L'enthousiasme populaire nomma dès lors la Belle Briançonne. Deux ans plus tard, les Vaudois dévastaient la Vallouise. L'ermite Imbert préposé à la garde de la sainte image, prit le chemin de sainte Marthe pour y porter son trésor. On lui bâtit une chapelle près du château comtal - d'où son nom -. Les juifs qui avaient leur synagogue dans le voisinage, se plaignirent des désagréments que cette affluence leur causait. Les Tarasconnais transportèrent alors la Madone sur une colline et les juifs soldèrent la dépense de la chapelle qui y fut bâtie. Le 5e dimanche après Pâques, le peuple entier va chercher la Bénurade sur la colline et l'amène à la ville. » selon l'abbé M. Constantin[46]. La fête religieuse et procession des Rogations jusqu'à la chapelle servait aussi à demander le beau temps et de bonnes récoltes.
À Saint-Étienne-du-Grès, on célèbre aussi saint Éloi, le patron des maréchaux-ferrants, le deuxième dimanche d'août. Quatre jours de fête continue du samedi après-midi au mardi soir, le samedi et le dimanche course au grand galop de la « carreto ramado » (charrette garnie de buis et d'asperges montées) attelée en ligne d'une quarantaine de chevaux de trait harnachés « à la mode sarrasine » (collier à grande pointe multicolore, avec pompons, plumes, miroirs, grelots).
↑Population municipale de référence en vigueur au 1er janvier 2025, millésimée 2022, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2024, date de référence statistique : 1er janvier 2022.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Guy Bègue-Willier, Tarascon - Eclats d'Histoire, Éd. Alan Sutton, 2002.
↑Louis Renard, poème "La Mourgue" : « "Tu la verras donc vers Laurade / Si un jour tu hantes la draille / Car c'est là qu'elle est pétrifiée / Là où murmure un ruisselet », cf bibliographie.
↑Frédéric Mistral, long poème Nerte, en 7 chants et un épilogue, 1883 ; Raphèle-les-Arles, éditions CPM, 1996. Traduit en italien, catalan, tchèque, et allemand. Opéra de Charles Marie Widor.
↑Maurice Bellemère qui a écrit un ouvrage sur Saint-Etienne-du-Grès, cf bibliographie.
↑Jacques Melchionne, La Mourgue de Saint-Etienne-du-Grès, dans le Bulletin de la Société de Mythologie Française n° 212, 2003 ; Fernand Benoît, « L’art primitif dans la vallée du Rhône », dans les Annales de la Faculté des Lettres d'Aix, 1955 ; Henri Donenville, Histoire et géographie mythiques de la France, Paris, Maisonneuve et Larose 1973.
Les Alpilles. Encyclopédie d'une montagne provençale, Forcalquier, Les Alpes de Lumière, (ISBN978-2906162976).
« Les Alpilles et la Montagnette », Carte archéologique de la Gaule, t. 13/2, 1999, p. 203-207, (ISBN978-2877540599).
Jean-Paul Clébert, Guide de la Provence mystérieuse, Paris, Éd. Tchou, .
Jean-Maurice Rouquette, Provence romane. La Provence rhodanienne, t. 1, La Pierre-qui-Vire, Éditions Zodiaque, coll. « la nuit des temps » (no 40), (ISBN978-2736901387).
Patrick Saletta (dir.), Provence Côte d'Azur : Les Carnets du Patrimoine, Paris, Les Guides Masson, , 552 p. (ISBN2-7072-0409-9).
Louis Renard, La Mourgue, dans la Revue des Amis du Vieux Tarascon, s.d.
Maurice Bellemère, Saint-Etienne-du-Grès, Raphèle-les-Arles, Ed. CPM, 1981.