Tout va très bien madame la marquise (chanson)

De Mi caja de notas

Comment ça va chanson Claude

Allô, allô James !
Quelles nouvelles ?
Absente depuis quinze jours,
Au bout du fil
Je vous appelle ;
Que trouverai-je à mon retour ?
Tout va très bien, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.
Pourtant, il faut, il faut que l'on vous dise,
On déplore un tout petit rien :
Un incident, une bêtise,
La mort de votre jument grise,
Mais, à part ça, Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien.
Allô, allô James !
Quelles nouvelles ?
Ma jument gris' morte aujourd'hui !
Expliquez-moi
Valet fidèle,
Comment cela s'est-il produit ?
Cela n'est rien, Madame la Marquise,
Cela n'est rien, tout va très bien.
Pourtant il faut, il faut que l'on vous dise,
On déplore un tout petit rien :
Elle a péri
Dans l'incendie
Qui détruisit vos écuries.
Mais, à part ça, Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien.
Allô, allô James !
Quelles nouvelles ?
Mes écuries ont donc brûlé ?
Expliquez-moi
Valet modèle,
Comment cela s'est-il passé ?
Cela n'est rien, Madame la Marquise,
Cela n'est rien, tout va très bien.
Pourtant il faut, il faut que l'on vous dise,
On déplore un tout petit rien :
Si l'écurie brûla, Madame,
C'est qu'le château était en flammes.
Mais, à part ça, Madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien.
Allô, allô James !
Quelles nouvelles ?
Notre château est donc détruit !
Expliquez-moi
Car je chancelle
Comment cela s'est-il produit ?
Eh bien ! Voila, Madame la Marquise,
Apprenant qu'il était ruiné,
A peine fut-il rev'nu de sa surprise
Que M'sieur l'Marquis s'est suicidé,
Et c'est en ramassant la pelle
Qu'il renversa toutes les chandelles,
Mettant le feu à tout l'château
Qui s'consuma de bas en haut ;
Le vent soufflant sur l'incendie,
Le propagea sur l'écurie,
Et c'est ainsi qu'en un moment
On vit périr votre jument !
Mais, à part ça, Madame la Marquise,
Tout va très bien, tout va très bien.



Tout va très bien, madame la marquise est une chanson de 1935, paroles et musique de Paul Misraki, publiée aux éditions Ray Ventura ; c'est un des grands succès de l'orchestre de Ray Ventura et ses Collégiens avec Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ? et Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine. Tout va très bien Madame la Marquise est devenue une expression proverbiale pour désigner une attitude d'aveuglement face à une situation désespérée et une tentative maladroite d'en cacher la réalité.

Sources du thème, du Moyen Âge aux années 1930

Le thème circule à travers toute l'Europe depuis le Moyen Âge. Les plus anciennes traces littéraires ont été retrouvées dans les Exempla (en latin) de Pierre Alphonse (XIIe siècle)[1]. Dans Exemplum de Maimundo servo, l'esclave raconte successivement à son maître que la chienne Bispella est morte, qu'elle a été piétinée par la mule effrayée (qui est ensuite tombée dans un puits), que la mule a été effrayée du fait de la mort du fils du maître, que sa mère en est morte de chagrin, que la maison a brûlé quand une servante a laissé une chandelle allumée dans la chambre pendant la veillée mortuaire de la maîtresse, et que la servante est morte en tentant d'éteindre le feu.

D'autres traces existent dans les exempla de Jacques de Vitry (XIIIe siècle).

Le thème est aussi présent dans plusieurs contes russes. Dans ses Contes populaires russes (1871), Alexandre Afanassiev les rassemble sous le titre générique Khorocho, da i khoudo (« Ça va bien et même pire »). La version numérotée 230f/417[2], intitulée dans la traduction française « Tout va très bien ou le Noble ruiné »[3], reproduit un dialogue entre un châtelain (barin) et son intendant, est similaire au texte de la chanson. Ce texte recueilli dans le gouvernement de Perm a d'ailleurs été censuré dans la première édition du recueil[4]

En 1928, l'humoriste américain Frank Crumit enregistre un monologue, No News (or « What Killed The Dog »)[5] qui reprend la même progression narrative. Ce disque, que Ray Bradbury écoutait inlassablement à l'âge de cinq ans lui inspirera en 1996 la nouvelle Le chien est mort, mais à part ça tout va bien.

L'origine (moderne) du refrain est attribuée à Bach et Laverne, auteurs d'un sketch portant le même titre.

La chanson

Création

Selon Paul Misraki (dans Tout va très bien, la vie d'un compositeur, manuscrit inédit[réf. nécessaire]), la composition de la chanson a lieu à la suite de l'échec d'une première soirée de tournée de Ray Ventura et de ses Collégiens, à Nîmes.

Les musiciens catastrophés cherchent ensuite tous une idée pour relancer le spectacle. C'est Coco Aslan qui aurait suggéré l'idée du « sketch avec la Lady écossaise ». Paul Misraki se met alors au travail, trouve assez vite les premières notes, puis compose toute la nuit[6]. Le lendemain matin, le compositeur s'accorde une ultime fantaisie : le « pont » qui commence par « un incident, une bêtise... », en rupture totale avec le rythme et l'ambiance de la chanson jusque-là[pas clair]. Le soir, c'est un triomphe.

Un succès mondial

La chanson est adaptée

  • en russe dès 1935 par Alexandre Bezymenski, et interprétée dans cette langue notamment par Léonid Outiossov, en duo avec sa fille Edith ;
  • en hébreu, par Dan Almagor[7] ; en allemand (Heinrich Pfandl, 2010[8]),
  • en italien [9].
  • en anglais, par Tom Lehrer ("All is Well")

Paul Misraki aura toute sa vie du mal à assumer ce fulgurant succès (il avait 28 ans, et la chanson s'est faite en une nuit), plusieurs de ses écrits mentionnant cette chanson comme un « incident », justement.[réf. nécessaire]

Le texte

Analyse

Chantée à trois voix à l'origine, la chanson raconte une conversation téléphonique entre une aristocrate et son valet James qui lui fait part des catastrophes survenues dans son château pendant son absence de deux semaines, mais de manière antéchronologique, commençant par la mort de la jument (« un incident, une bêtise ») et remontant jusqu'au suicide de son mari, qui a appris qu'ils sont ruinés.

Utilisation médiatique avant et pendant la Seconde Guerre mondiale

Au même titre que le film de Jean Renoir La Règle du jeu, Tout va très bien madame la marquise est devenu un raccourci historique pour dépeindre les années d'avant-guerre (1935-1939) en France et l'aveuglement des dirigeants face à la montée des périls (notamment au moment des accords de Munich de ).

Dès l'année suivant son enregistrement ([10]), la formule fait florès chez les journalistes. L'expression « Tout va très bien monsieur Herriot » est employée au moment des grèves de .

Par la suite, on aura Tout va très bien Monsieur Mussolini[11], puis Tout va très bien mon Führer à Radio-Londres[12].

Au cinéma

  • 1936: Allo... Allo... James, film en semi-animation par le procédé des papiers découpés par les frères Norbert et Roger Vanpeperstraete[13].
  • 2012 : Ma bonne étoile - bande originale - version a cappella interprétée par les acteurs qui rythme le film dans toutes ses étapes.

Discographie

Vidéos

Notes et références

  1. (la)Texte source : Die Disciplina clericalis, Ex. XXVII, De Maimundo servo.
  2. (ru)Texte original sur FEB : Хорошо, да и худо.
  3. Afanassiev, Contes populaires russes (tome III), traduit et présenté par Lise Gruel-Apert, Imago, 2010 (ISBN 978-2-84952-093-2), p. 292-294.
  4. Voir les indications de l'édition de 1984 des Contes d'Afanassiev par Lev Barag et Novikov[Qui ?], qui parlent aussi des sources médiévales et indiquent que le sujet a été mis en scène en Russie dans une farce citée par Ontchoukov (Drames populaires du Nord : le Barine nu, 1911).
  5. Disque His Master's Voice (ref. 2859).
  6. Avec un camembert qu'il aurait mangé tout entier.
  7. Voir (he) Version en hébreu sur YouTube.
  8. Voir (de) Version en allemand sur YouTube, avec les paroles en allemand.
  9. Voir (it) Version en italien sur YouTube., avec les paroles en italien
  10. [audio] « Ray Ventura et ses collégiens », D’un air entendu, sur rts.ch, Espace 2, (consulté le ). Par le biais d'archives et de textes choisis, cette émission de la Radio suisse romande, diffusée sur Espace 2, retrace la carrière et le parcours du musicien, compositeur et interprète Ray Ventura. Production : Daniel Robellaz. Durée : 55:32. La date d’enregistrement de la chanson « Tout va très bien Madame la Marquise » est mentionnée à 30:10. L’historique et le contexte relatifs à l’élaboration de ce titre transparaissent à partir du minutage 25:19, notamment au travers d’une interview de Paul Misraki.
  11. Jean-Claude Klein, Florilège de la chanson française, 1990, p. 185.
  12. Maurice Van Mopès, Chansons de la BBC, Éditions Pierre Trémois, Paris, 1944 cité dans Jean-Claude Klein, Florilège de la chanson française, 1990, p. 185.
  13. Nation Belge, « Interview des frères Vanpeperstraete », sur KBS Belgica Press, (consulté le )
  14. Olivier Platteau, « Tout va très bien, Madame la Marquise » (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
  • Jean-Claude Klein, Florilège de la chanson française, Bordas, 1989 (ISBN 2-04-018461-9) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Liens externes


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