Différences entre versions de « Introspection »
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2022-08 : The power of introspection
Étymologie
- (XIXe siècle) De l’anglais introspection.
Nom commun
Singulier | Pluriel |
---|---|
introspection | introspections |
\ɛ̃.tʁɔ.spɛk.sjɔ̃\ |
introspection \ɛ̃.tʁɔ.spɛk.sjɔ̃\ féminin
- (Philosophie) Observation intérieure, observation par la conscience, examen fait par le sujet lui-même des phénomènes psychologiques qui se passent en lui.
Quand il avait achevé un examen il tombait dans une longue méditation, que nous nous gardions d’interrompre, le regard en introspection, le visage incliné de côté, ainsi que s’il percevait de très loin le confidentiel chuchotement de la nature. Il en oubliait la circonstance, ses obligations, l’heure de son repas. Il sortait de cette rêverie brusquement quelquefois, par un « ah bah ! » retentissant, à l’aide duquel il se raillait de lui-même.
— (Léon Daudet, Souvenirs littéraires – Devant la douleur, Grasset, 1915, réédition Le Livre de Poche, page 129)…le génie spirituel de Bergson se détache de l’introspection d'un Maine de Biran en ce sens que c’est le Moi profond à l’état pur qui l’a ressaisi par delà tout caractère accidentel d’un Moi individuel : la personne ici est vraiment le lieu et rien que le lieu où passe, que traverse, le courant spirituel.
— (Du Bos, Journal, 1922)- C’est sous l’emprise de cette introspection que je me suis abîmé dans la contemplation, habité par l’esprit des temps qui courent … — (Cornéliu Tocan, Aux confins de l'invisible. Haïkus d'intérieur illustrés, Créatique, Québec, 2020, page 8)
- (Programmation) Capacité d'un programme à examiner son propre état.
Antonymes
Traductions
- Anglais : introspection (en)
- Arabe : إستبطان (ar) istibTaèn
- Coréen : 성찰 (ko) (省察) seongchal
- Italien : introspezione (it) féminin
- Polonais : introspekcja (pl) féminin
Prononciation
- France (Lyon) : écouter « introspection [Prononciation ?] »
- France (Vosges) : écouter « introspection [Prononciation ?] »
Anagrammes
→ Modifier la liste d’anagrammes
Voir aussi
- introspection sur l’encyclopédie Wikipédia
Références
- « introspection », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (introspection), mais l’article a pu être modifié depuis.
Étymologie
- (XVIIe siècle) Sur la base de intro- et in-spection, dérivé du latin introspectus, participe passé de introspicere (« regarder à l'intérieur »).
Nom commun
Singulier | Pluriel |
---|---|
introspection \ɪn.trə.spɛk.ʃən\ |
introspections \ɪn.trə.spɛk.ʃənz\ |
introspection \ɪn.trə.spɛk.ʃən\
Prononciation
- New Jersey (États-Unis) : écouter « introspection [Prononciation ?] »
L'introspection (du latin « introspectus », métaphoriquement l'acte de « regarder à l'intérieur » de soi) est une séance d'attention portée à ses propres sensations, états ou pensées. Il s'agit en psychologie de la connaissance intérieure que nous avons de nos perceptions, actions, émotions, représentations, différente en ce sens de celle que pourrait avoir un spectateur extérieur.
Philosophie
En philosophie, l'introspection est un mode d'appréhension des états de conscience par accès direct et retour sur soi du sujet. Pour la philosophie du sujet plus particulièrement, l'introspection désigne la réflexivité d'une conscience subjective qui se pense ainsi en première personne (du point de vue du « je »). Pour Kant notamment, elle permet au sujet de « posséder le je dans sa représentation »[1].
Descartes a posé dans ses Méditations les fondements de la notion d'introspection en affirmant non seulement le principe de la conscience réfléchie (cogito) mais aussi celui de la « transparence » de soi à soi.
En tant que procédé de connaissance, l'introspection est objet de controverses depuis Descartes et les critiques qui ont été formulées à l'encontre du cogito. Auguste Comte, notamment, récuse cette « prétendue méthode » et fait valoir qu'on ne saurait être à la fois observateur et observé. Il va jusqu'à affirmer que « l'esprit humain peut observer directement tous les phénomènes, excepté les siens propres »[2]. En suivant cette inspiration positiviste, le béhaviorisme (Watson, Skinner) et son principe méthodologique de la « boîte noire », entend fonder une psychologie scientifique, objective, du comportement, à l'encontre de la psychologie introspective et subjective des états de conscience.
Psychologie
En psychologie, l'introspection est une méthode d'observation et d'analyse de soi (psychologie introspective) en vue d'étudier sa propre personne et d'acquérir une connaissance de soi ou de l'esprit humain en général.
L'introspection était la principale méthode utilisée aux débuts de la psychologie expérimentale, à la fin du XIXe siècle. Mais diverses critiques ont été émises contre cette méthode, mettant en doute la capacité même d'un sujet à s'observer lui-même. Wilhelm Wundt, par exemple, évoque l'impossible « indépendance » de l'observateur par rapport à l'objet observé dans un tel processus et juge « comique » une telle approche[3].
Avec l'apparition de la psychanalyse (Freud, 1900) et de la psychologie analytique (Jung, 1913) – et plus généralement l'émergence du concept d'inconscient – le rapport de l'individu à lui-même se complexifie : la conscience de soi doit désormais composer avec toutes sortes de refoulements et de résistances. Jung parle ainsi de « dialectique du moi et de l'inconscient »[4].
Dans le champ de la psychologie cognitive, l'utilisation des verbalisations concomitantes (think-aloud protocol) par des chercheurs comme Newell et Simon est parfois critiquée en tant qu'elle fait appel à l'introspection.
S'agissant de l'observation et de la compréhension de son propre fonctionnement psychique, l'introspection est désormais envisagée de manière expérimentale pour la compréhension de la façon dont se constitue la théorie de l'esprit, notamment en tant qu'elle est une grille de lecture des états subjectifs d'autrui.
Spiritualité
Le processus d'introspection correspond, pour un mystique ou un penseur religieux comme Saint Augustin, à un mouvement d'ascension vers Dieu en même temps qu'à un examen de conscience[5],[6].
Certains types de méditation peuvent être assimilés à de l'introspection.
Références
- E. Kant, Anthropologie du point de vue pragmatique (1798), I, § 1.
- A. Comte, Cours de philosophie positive (1830), Leçon I.
- Psychologie cognitive Éditions Bréal, 2006, p. 58.
- Carl Gustav Jung et Roland Cahen (traduction, annotation et préface), Dialectique du Moi et de l'inconscient, Paris, Gallimard, .
- Les confessions, Livre X
- Pour saint Augustin, Claude Lorin, Grasset, 1988 « Le plus grand chef-d'œuvre d'introspection de tous les temps. ».
Voir aussi
Bibliographie
- David Hume, Traité de la nature humaine (1740), Paris, Flammarion, 1995
- Maine de Biran, De l'aperception immédiate (1807), Paris, Vrin, 1995
- Ernst Mach, L'Analyse des sensations (1886), Nîmes, ed. Jacqueline Chambon, 1996
- Henri Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), Paris, PUF, 2011
- Carl Gustav Jung, L'homme à la découverte de son âme (textes publiés entre 1928 et 1934), Genève, Éditions du Mont-Blanc, 1950 ; réed. Albin Michel 1987
- Ludwig Wittgenstein, L'intérieur et l'extérieur (1949), Mauvezin, T. E. R., 1991
- Gilbert Ryle, La notion d'esprit (1949), Paris, Payot, 2005, notamment le chapitre : "L'introspection", p. 268-272
- Jacques Bouveresse, Le mythe de l'intériorité (1987), Paris, Editions de Minuit, 1987
- Stéphane Chauvier, Dire "Je" : Essai sur la subjectivité (2001), Paris, Vrin, 2001
Articles connexes
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Ressources relatives à la recherche :
- Définition sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales