Louis de L’Esclache, De la conformité de l’Ortôgrafe Francéze avec la prononſiaſion. dans Les Véritables régles de l’ortografe francéze, 1668
Omme les régles que je donnerai
dans ce petit Traité,
ſont opozées à céles que les
Grammairiens ont établies
ſur l’üzaje ordinaire ; je prie le Lecteur
de le lire antiéremant, avant que d’an
jujer : car les opinions des hommes
ſont trés-diferantes, touchant
l’Ortôgrafe Francéze.
Les uns panſent qu’éle doit étre
conforme à la parole ; & les autres âſûrent qu’éle doit marquer l’origine des mos que nous amploïons pour exprimer nos panſées.
Ceus qui ne ſavent pas la Langue
Latine, & qui ont de l’eſprit, dizent que nous devons écrire comme nous parlons : mais quelques Savans ſoûtiénent que céte metôde, nous faizant perdre l’origine des paroles, nous ampécherét d’an conétre la propre ſignificaſion.
Il ſample que les premiers, qui n’ont
pas âſés de force pour bien établir leur opinion, n’aient pas âſés d’autorité pour nous oblijer à la ſuivre. Comme les autres ne peuvent ſoûfrir que l’on face injure à la Langue Latine, ni à la Gréque, ils s’atachent à leurs ſantimans avec beaucoup d’opiniâtreté.
