Idriss Aberkane

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Idriss Aberkane
Portrait de Idriss Aberkane
Biographie
Naissance
Nom de naissance
Idriss Jamil AberkaneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
Activités
Essayiste, vlogueur, conférencierVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Directeurs de thèse
Site web

Idriss Aberkane, né le , est un conférencier, essayiste et polémiste français. Il est médiatisé notamment pour ses conférences de développement personnel, ses interventions et ses entretiens sur YouTube à caractère politique.

Il fait l'objet de critiques, pour avoir gonflé son CV et pour l'utiliser afin de traiter de sciences qui ne sont pas dans son domaine de compétence. La crédibilité scientifique de ses déclarations et de ses publications est également remise en question. Ses travaux et ses positions politiques sont régulièrement sujets à critiques.

Dans les années , il diffuse des thèses complotistes et de fausses informations sur la pandémie de Covid-19, devenant ainsi l'une des figures du mouvement antivax.

Biographie

Famille et origines

Idriss Jamil Aberkane[1], né le [2],[3] à Pithiviers (Loiret)[4] est de nationalité française d'origine algérienne, plus précisément kabyle.

Formation

En , il obtient un DEUG mention très bien de biologie à l'Université Paris-Sud [5]. La même année, il est également admis sur dossier en première année de magistère de biologie à l'École normale supérieure[5].

En , Idriss Aberkane dépose une thèse en diplomatie au Centre d'études diplomatiques et stratégiques. Le doctorat que lui délivre le CEDS est un diplôme non reconnu par l'État français[6],[5].

En , il obtient un doctorat en littérature comparée à l'Université de Strasbourg[5],[7].

En , il obtient un doctorat en sciences de gestion, préparé à l'École polytechnique et soutenu à l'Université Paris-Saclay[5],[8] . Cependant la valeur de celui-ci est remise en cause car Idriss Aberkane le présente dans son CV comme un doctorat en « Neurosciences cognitives et économie de la connaissance » bien qu'aucune de ces disciplines ne fasse partie des compétences de l'école doctorale de l'École polytechnique[9]. En , un chapitre de 47 pages de cette thèse s'avère comporter un plagiat : un copier-coller presque intégral de lignes de codes d'un logiciel disponible gratuitement sur internet[5],[8]. Une procédure est lancée, amenant en une commission éthique de l'École polytechnique à contacter Idriss Aberkane. Aucun accord amiable ne pouvant être trouvé, la commission éthique propose l'annulation de son doctorat en , Idriss Aberkane ayant fourni des réponses jugées « agressives et insultantes », accompagnées de menaces de poursuites judiciaires, et déniant un plagiat. La sanction n'est cependant pas appliquée, Aberkane ayant commencé sa thèse à Polytechnique et l'ayant finie à l'Université. L'Université renvoie vers Polytechnique la charge d'exécuter la sentence, alors que Polytechnique affirme ne pas en avoir le pouvoir juridique[10],[6].

Activités

Médiatique

En , Idriss Aberkane est impliqué dans divers prises de parole, dont il diffuse ensuite les vidéos sur les réseaux sociaux. Celles-ci comptabilisent des millions de vues et des dizaines de milliers de partages[11]. En , Aberkane publie Libérez votre cerveau ! qu'il présente comme de la vulgarisation sur les neurosciences et l'économie du savoir. Initialement tiré à 13 000 exemplaires, il est réimprimé à 40 000[11]. Ces chiffres provoquent plusieurs invitations et portraits d'Aberkane dans les médias[11],[12].

Lors de la pandémie de Covid-19, il endosse une posture hostile aux mesures sanitaires et apporte son soutien à des personnalités controversées pour leur propos concernant la maladie, son traitement ou le vaccin, telles que Didier Raoult[13], Christian Perronne ou l'avocat Fabrice Di Vizio[5].

Entreprises

Idriss Aberkane possède plusieurs entreprises, notamment Eirin International au Sénégal (une société de microcrédit agricole), et Scanderia (société de jeux éducatifs). Aucune de ces entreprises ne semble cependant avoir d'activité réelle en dehors de la promotion d'Idriss Aberkane[14],[15].

Selon Thomas C. Durand, la société de jeux sérieux « Scanderia » fondée par Aberkane n'a pas produit le moindre jeu, et son site web est à l'abandon depuis . Par ailleurs, il serait impossible de trouver des informations sur l'activité de sa société de microcrédits agricoles, Eirin International, qui n'est mentionnée que sur des pages web liées à Aberkane[14].

La société General Bionics créée en et implantée à Neuchâtel en Suisse (et qu'il présentait comme « le futur "McKinsey du biomimétisme" ») est fermée et est placée en liquidation à l'automne [16], et fait l'objet d'une enquête pour des soupçons de « gestion déloyale » de la part du ministère public du canton de Neuchâtel[5],[8].

La seule société d'Idriss Aberkane encore existante en est la « fondation Bioniria », elle aussi implantée en Suisse, qui promeut « le développement durable et la bio-inspiration à l'échelle internationale », et semble avoir mené quelques activités humanitaires au Sénégal avant d'être gelée par la justice suisse[5].

Prises de position politiques

En , Idriss Aberkane prend position publiquement lors de l'entre-deux tours de l'élection présidentielle française de en appelant à une « union sacrée » contre Emmanuel Macron en faveur de Marine Le Pen[17].

Critiques

Controverse sur son curriculum vitae

Idriss Aberkane décrivant son diagramme Love Can Do au TEDx de Rennes en .

En , Idriss Aberkane apparaît dans le paysage médiatique en se présentant comme « consultant international titulaire de trois doctorats ayant donné plus de 160 conférences sur quatre continents, dont cinq TEDx, et créé trois entreprises en France et en Afrique »[18]. La une du Point le présente comme « chercheur à CentraleSupélec et à l'École polytechnique […] également affilié à l'université Stanford et au CNRS », précisant être « enseignant-chercheur à Paris-Saclay via CentraleSupélec »[12]. Ce CV « hors norme » est généralement mis en avant lors de ses interventions télévisuelles, par exemple dans l'émission Actuality du Thomas Thouroude le présente comme « enseignant-chercheur à l'École polytechnique, docteur en neurosciences »[12].

Le , Le Monde consacre un portrait dithyrambique à Aberkane dans sa rubrique « Science & Médecine » : on y découvrait un « jeune chercheur » d'à peine 30 ans, « bardé de diplômes » et « passionné de neurosciences, biologie, informatique, mathématiques, philosophie, géopolitique », qui s'est donné pour mission d'« ouvrir les sciences au grand public ». Le milieu académique se penche sur son CV et montre, selon Sebastian Dieguez, chercheur en neuroscience, que le CV d'Aberkane est « gonflé aux hormones »[19]. Le Monde supprime alors l'article de son site pendant quelques heures pour y apporter des modifications[12], indiquant notamment que le CV d'Idriss Aberkane est « flatteur » et qu'il « joue des codes honorifiques d'un milieu académique souvent plus frileux », révélant qu'il n'est en fait pas « normalien » comme annoncé précédemment mais a été « prédoctorant » à l'École normale supérieure[19],[11]. Lors d'une interview donnée dans L'Écho en , Aberkane évoque son échec à Normale Sup ainsi que le refus de sa thèse[20].

Plusieurs enquêtes mettent alors en lumière qu'il n'est ni enseignant-chercheur à CentraleSupélec (« Idriss Aberkane est certes enseignant vacataire à Supélec. Mais il n'y effectue "aucune activité de recherche" »), ni chercheur au CNRS ou à l'École polytechnique (« Ayant fini sa thèse en début d'année, Idriss Aberkane reste chercheur associé au laboratoire pendant 1 an, mais il n'est ni enseignant-chercheur CNRS, ni Polytechnique »)[12]. L'École polytechnique précise par ailleurs en qu'« Idriss Aberkane n'a jamais été chercheur à l'X. Il a obtenu un diplôme de docteur en science de gestion de l'université Paris-Saclay auprès d'un professeur de l'X. Nous n'accordons aucune caution scientifique à ses conférences. »[5],[18]

La version donnée par Aberkane de son parcours scolaire a fait l'objet d'enquêtes de vérification des faits qui ont révélé de nombreuses manipulations et exagérations, notamment concernant ses prétendus multiples doctorats[12]. Thomas C. Durand affirme que le fait que toutes ces thèses aient été effectuées dans des disciplines non étudiées par Aberkane, dirigées et évaluées par le même petit groupe de personnes dont presque aucune n'exerce dans les disciplines revendiquées, suggère qu'il s'agit de « thèses de complaisance », sans réelle valeur universitaire, ce que semble confirmer l'absence de publications universitaires significatives issues de ces travaux[14]. Selon Durand, des trois doctorats revendiqués par Aberkane, deux seulement sont recensés sur la base de données françaises sur les thèses (theses.fr) : une thèse de doctorat en littérature générale et comparée à l'université de Strasbourg, et une autre en sciences de gestion sur l'« économie de la connaissance », et aucun n'implique la moindre compétence en « neurosciences » et la composition du jury de sa thèse en littérature est sujette à caution, les professeurs présents n'étant pas spécialistes du domaine abordé[14].

Enfin, le président du comité d'éthique de l'École polytechnique informe en que le , la délibération a à l'unanimité proposé l'annulation de la thèse d'Idriss Aberkane pour plagiat et du fait d'un refus absolu de celui-ci de discuter. L'université Paris-Saclay et l'École polytechnique se renvoient alors la responsabilité d'annuler le doctorat d'Idriss Aberkane[10].

Sur ses travaux

Les « recherches » d'Idriss Aberkane sont critiquées notamment en raison du fait qu'il met surtout en avant son parcours d'études plutôt que les résultats de son travail, alors qu'il se présente en tant que chercheur titulaire de trois doctorats obtenus entre et (« diplomatie », « littérature comparée » et « économie de la connaissance »)[21]. Midi libre indique par exemple que des chercheurs signalent la faible quantité des publications scientifiques d'Aberkane depuis et précise que CentraleSupélec n'a plus de contact professionnel avec ce dernier depuis [13]. La Société des neurosciences française ne le considère pas comme un chercheur, étant donné qu'il n'a aucune activité de recherche identifiable : « il ne publie pas dans les revues et ne présente pas ses résultats dans les conférences scientifiques »[5].

Ses quelques publications académiques sont toutes fantaisistes, et ont été publiées dans des « revues prédatrices », c'est-à-dire de fausses revues scientifiques publiant tous les articles qu'on leur envoie sans relecture et moyennant finance, mais les bases de données plus restrictives ne connaissent jamais le nom d'Aberkane[5].

L'Express pointe également que son livre Libérez votre cerveau !, censé être sa référence en matière de neurosciences, « comporte de grossières erreurs qu'un spécialiste aurait évitées »[5], et multiplie à la place les métaphores « qui rendent parfois sa lecture difficile » et d'abuser de mots — parfois de son invention — comme « neurodroits, neurochronologie, neuro-infirmité, neuro-inspiration, neurocybernétique, neuronaissance, neuropsychologie, neurophénoménologie, neurofascisme, neurodatasome » sans en expliquer le sens, au risque d'aller à l'encontre de ce que devrait représenter un travail de vulgarisation scientifique[12].

Ses talents de vulgarisateur et ses qualités transdisciplinaires sont défendus par des membres de ses jurys de thèse, tandis que d'autres chercheurs se montrent plus sceptiques sur ses compétences — allant même jusqu'à l'accuser de produire de la « poudre aux yeux » — et soulignent que ses publications académiques sont peu nombreuses. Sur ce point, Aberkane répond : « Mes ennemis ne m'ont jamais rencontré et n'ont pas lu mes travaux. Je publie moins car je fais de la recherche industrielle, et l'on est tenu à la confidentialité »[11] et affirme que ses travaux ne sont pas accessibles car soumis au secret industriel et secret défense. Néanmoins, cette version est contredite par le Ministère des Armées qui affirme n'avoir jamais collaboré avec l'essayiste[5].

Dans un billet de blogue qu'il rédige avec plusieurs scientifiques, le journaliste Olivier Monod critique la chronique vidéo hebdomadaire Le biomimétisme selon Idriss Aberkane, diffusée sur le site du Point de à . Il explique que la plupart de ces émissions sont basées sur des approximations, voire des aberrations scientifiques que ne saurait justifier un souci de vulgarisation[22].

Nicolas Gauvrit, mathématicien français spécialisé en psychologie et en sciences cognitives, conteste la rigueur scientifique du travail d'Aberkane[23]. Ainsi, concernant l'affirmation d'Aberkane selon laquelle l'ensemble des connaissances est infini[O 1], Nicolas Gauvrit remarque que la seconde « démonstration » apportée par Aberkane est mathématiquement fausse, car impossible en vertu du théorème de Cantor[23]. Il analyse ensuite d'autres exemples, jugeant que l'approche d'Idriss Aberkane dans ses travaux sur l'économie de la connaissance consiste à agrémenter ses formules mathématiques de « phrases qui semblent profondes à certains, mais qui ne résistent pas à l’analyse ». Pour lui, « il y a un nom pour cette méthode qui permet d’avoir l’air futé en ne disant rien de profond : le baratin ou, version anglophone, le bullshit »[23].

Le chercheur en neurosciences Sebastian Dieguez, auteur du livre Total bullshit ! Au cœur de la post-vérité, s'attaque également aux écrits d'Idriss Aberkane. Jugeant que Libérez votre cerveau ! « ne fait que trimballer le lecteur d'une chose à l'autre sans que l'on sache jamais où l'auteur veut en venir », il conclut qu'« un fatras ininterrompu de faits isolés, de digressions sans but, d'anecdotes et d'opinions personnelles, d'erreurs grossières, de coq-à-l'âne inexpliqués, de « théories » bidon, de truismes, d'hyperboles et d'aphorismes péremptoires, ne font pas vraiment de la bonne vulgarisation »[19].

En , le site Arrêt sur images relate une vague de pressions à l'encontre des auteurs d'articles critiques envers Aberkane. Les auteurs, éditeurs et hébergeurs desdits articles ont reçu une mise en demeure de la part de l'avocat des Éditions Robert Laffont demandant le retrait et le déréférencement des articles[21]. Franck Ramus, qui dirige le master en sciences cognitives suivi par Aberkane, qualifie les concepts développés par ce dernier de « neurofoutaises » et de « pures inventions qui n'ont aucun fondement scientifique ». Pour lui, « ce que fait Idriss Aberkane n'est pas très différent de ce que font bien d'autres écrivains à succès et gourous médiatiques. Ce qui est désagréable pour les chercheurs du domaine, c'est qu'il revendique une crédibilité scientifique qu'il n'a pas »[24].

En [25], il prétend avoir résolu la conjecture de Syracuse, ce que réfutent catégoriquement les mathématiciens qui se sont penchés sur sa proposition à la suite de la sollicitation du journal L'Express en . Notamment, Fabien Durand, enseignant-chercheur à l'université de Picardie Jules-Verne et président de la Société mathématique de France, estime qu'il a commis des erreurs et que « la plupart de ses preuves sont d'un niveau de première année de licence, voire de lycée »[5].

Plagiat

L'Express rapporte qu'Idriss Aberkane est soupçonné d'avoir plagié le chapitre 13 de sa thèse soutenue en . Dans les 47 pages de ce chapitre, il aurait copié quasi intégralement la documentation du logiciel open source Chromium Embedded Framework (en) publié sur Internet avant la soutenance de celle-ci. Le comité d'éthique de l'École polytechnique doit traiter ce dossier qui pourrait aller jusqu'à la suppression du doctorat associé[5].

Finalement, en , Benoît Deveaud, qui a dirigé le comité d'éthique de polytechnique chargé de l'enquête, confirme ce plagiat et annonce la sanction proposée, à savoir le retrait du doctorat d'Idriss Aberkane[6].

Conférences sur l'Histoire et la géopolitique

En , Aberkane sort une nouvelle conférence en vidéo sur sa chaîne YouTube dans laquelle il invite ses auditeurs à envisager que le séisme qui a touché le mois précédent la Turquie et la Syrie puisse avoir été déclenché artificiellement par une technologie américaine[26]. Pour justifier son hypothèse, il affirme que le célèbre ingénieur Nikola Tesla aurait, dès les années , réussi à « faire trembler des bâtiments entiers avec de tout petits résonateurs », et avance pour preuve d'une volonté américaine de nuire à la Turquie, une supposée complicité de la CIA dans la tentative de coup d'État ayant ciblé le gouvernement turc en [27]. Le journaliste et essayiste David Medioni, dans Franc-Tireur, qualifie cette conférence de « melting-pot indigeste » reliant de façon « délirante » au séisme qui en est le sujet, des événements de l'actualité géopolitique sans rapport, et des théories complotistes comme les « Twitter files »[28].

Sur ses conférences sur le développement personnel

Dans ses conférences, Idriss Aberkane évoque la neuroergonomie. Cependant des neuroscientifiques relèvent que celles-ci ne concernent pas en réalité ce sujet et ne sont constituées que d'« anecdotes et néologismes par dizaines, name dropping à foison » dans le but unique d'impressionner les spectateurs. Selon L'Express, l'aura d'Aberkane s'explique par un fort relais médiatique à travers des interviews dithyrambiques dont il a bénéficié en tant qu'ex-chroniqueur au Point jusqu'en [29]. D'après Thomas C. Durand cette situation est l'« illustration de l'effet gourou, un mécanisme qui amène des individus à admirer et à juger profonds des énoncés qu'ils ne comprennent pas » en séduisant « les curieux qui cherchent un sens caché dans ses banalités ». Il précise qu'Aberkane est selon lui « grillé et se tourne vers la sphère complotiste »[29].

Accusation d'atteinte à la liberté de la presse

En , dans le cadre d'une interview sur ses conférences sur le développement personnel, Idriss Aberkane enregistre l'entretien avec les journalistes de L'Express avec leur consentement en s'engageant à ne pas diffuser publiquement l'interview « pour un usage commercial ou non, sur les réseaux sociaux ou ailleurs ». Néanmoins, selon ces derniers, il rompt son engagement et l'hebdomadaire lui envoie alors une mise en demeure[29]. Les journalistes de L'Express rapportent que le conférencier a alors utilisé celle-ci pour « pour se victimiser et crier à la tentative de censure » et qu'il « s'était autorisé des propos paranoïaques et méprisants » qui peuvent engendrer « la haine des journalistes dans les réseaux complotistes »[29]. Après la diffusion de l'interview, la rédaction de L'Express affirme que ses journalistes ont été rapidement pris pour cible sur les réseaux sociaux et ont « reçu des dizaines de messages méprisants et insultants ». La rédaction estime que de telles pratiques d'exposition à la vindicte de milliers d'abonnés d'Aberkane avaient pour objectif de les intimider[29].

Selon L'Express, l'enregistrement est publié sur le site complotiste FranceSoir et serait « à l'encontre de ce qui avait été convenu »[30]. Le site de désinformation justifie son choix dans le but de « contribuer au débat d'intérêt général sur les pratiques du monde journalistique contemporain » en se reposant sur la Charte de Munich de . Selon Rudy Reichstadt, cette charte écrite dans un contexte médiatique différent de l'époque actuelle est « suffisamment généraliste pour pouvoir prêter le flanc à ce genre d'utilisations fallacieuses » et il précise qu' « à l'ère de la post-vérité, il devient donc aisé de dénoncer un manquement au premier devoir de "respect de la vérité", alors même que tout le monde ne s'accorde plus sur la notion même de "vérité" »[30].

En , Aberkane lance une campagne de dénigrement du site de vérification des faits Fact & Furious. Selon Libération, le conférencier, avec le soutien du site complotiste FranceSoir, a déclenché une campagne de harcèlement sur les réseaux sociaux qui a abouti à la fermeture du site et au harcèlement de ses principaux contributeurs[31],[32]. Il affirme que les informations mises sur le site sont expressément créées pour être ajoutées sur Wikipédia[33].

Sur ses propos concernant la pandémie de Covid-19

Idriss Aberkane a relayé plusieurs informations erronées sur la pandémie de Covid-19 et est devenu l'une des figures de la complosphère antivax en relayant des infox sur les réseaux sociaux et distingue « par la propagation de fausses informations »[34],[35].

Le conférencier partage régulièrement des tweets et déclarations de nombreuses personnalités qui participent à la désinformation sur la Covid-19 telles que l'avocat Fabrice Di Vizio ou le collectif antivax Verity France[36],[37]. Selon Rudy Reichstadt, « il essaye de trouver dans l'écosystème complotiste un nouveau public. Il s'est grillé partout avant, il ne lui reste plus que ça. »[37].

Le , il publie une vidéo sur YouTube intitulée « Raoult est notre Rommel » où il compare le professeur Didier Raoult à Erwin Rommel, un général allemand de la Seconde Guerre mondiale n'ayant pas commis de crime de guerre ou de crime contre l'humanité. D'après Arrêt sur images, cette vidéo portant sur la chloroquine « a été vivement critiquée par d'autres chercheurs en neurosciences, estimant qu'il évoquait de manière trompeuse des éléments factuels disparates pour appuyer son opinion » en minimisant notamment le fait que la dose mortelle de ce médicament est « facilement atteignable » ou « que la décision de le retirer de la vente libre précède l'apparition du Covid-19 »[38].

Le de la même année, il publie une vidéo sur YouTube intitulée « Raoult avait raison ! Donc on essaye de l'abattre », dans laquelle il défend le traitement à l'hydroxychloroquine proposée par Raoult. La source qu'il mentionne pour appuyer son argumentation, le site hcqmeta.com, est une supposée « méta-analyse la plus rigoureuse et approfondie jamais conduite sur les publications scientifique sur l'HCQ ». Or, selon Sciences et Avenir, hcqmeta.com ne présente pas une méta-analyse, puisqu'il ne fait que répertorier les études concernant l'hydroxychloroquine, et ne démontre pas l'efficacité du traitement[39].

En , Idriss Aberkane prétend sur Twitter que la chaîne de télévision américaine Fox news aurait finalement admis que « l'hydroxychloroquine fonctionne contre le SARS-CoV-2 ». En réalité, l'extrait diffusé accordait la parole à des intervenants qui avançaient des arguments controversés qui ne permettent pas de prouver l'efficacité de l'hydroxychloroquine contre la Covid[40].

En , Aberkane affirme sur Twitter que le PDG de Pfizer vient de pénétrer dans le territoire israélien sans être vacciné. L'essayiste fonde en réalité son propos sur un document de [41]. Le même mois, il certifie que les autorités de santé allemandes ont déjà préparé un scénario de rappel de trois autres doses de vaccin en s'appuyant sur un document prétendument issu de l'institut Robert-Koch. L'Institut affirme pourtant ne pas être à l'origine du fichier[42]. En , l'essayiste affirme à tort que le témoignage d'un patient en faveur du vaccin aurait été manipulé par les médias[43]. Durant la même période, il partage une information qui prétendait qu'un article publié dans le dictionnaire Vidal « déconseille catégoriquement le panachage des vaccins Pfizer et Moderna ». Cette affirmation fut contredite par l'auteur de l'article en question qui confirme que cette infox était en réalité une interprétation abusive d'un article non mis à jour[44],[45].

En , Aberkane affirme qu'un document interne de Pfizer dévoilait selon lui la liste des effets secondaires graves du vaccin contre la Covid. Il s'agissait en réalité d'une liste qui comprend tous les effets surveillés, mais pas nécessairement ceux liés au vaccin en particulier[37].

Le , il remet en cause le témoignage d'un patient atteint de Covid filmé en réanimation et décédé peu après en se prévalant de la présence de ce témoin au même moment dans deux hôpitaux différents, l'un à Montreuil et l'autre à Nice. Libération et d'autres sites de fact-checking réfutent ces allégations en prouvant que le malade en question est décédé quelques jours après son témoignage[46],[47],[13] et qu'en réalité il s'agissait d'une simple ressemblance entre les deux patients[48].

En , Idriss Aberkane publie une vidéo intitulée « 18 mensonges contre Didier Raoult » et qui sera relayée par ce dernier. Le quotidien Midi libre précise que « ses arguments s'appuient sur des sources parcellaires » et utilise « une rhétorique abondamment utilisée par les complotistes »[13].

En , il relaie sur Twitter une infox affirmant qu'un enseignant italien s'était immolé après une suspension pour défaut de passe sanitaire[49]. En réalité l'enseignant était vacciné et ce geste n'était pas en protestation au passe sanitaire[50].

En , il affirme sur Twitter qu'« une étude suédoise » montrait que les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna basés sur la technologie de l'ARN messager modifient le génome humain. Cependant, La Libre Belgique remarque qu'aucune étude publiée depuis le début de la recherche sur la Covid ne démontre cette affirmation[51].

Diffusion d’infox, accusations de complotisme et de cyberharcèlement

En , Idriss Aberkane affirme sur Twitter que l'Arizona avait déclaré le bitcoin comme une monnaie légale. L'AFP précise que l'information est fausse et qu'elle se fonde sur une proposition de loi déposée par une sénatrice américaine, Wendy Rogers (en), qui n'a pas été approuvée ni débattue au niveau parlementaire[52].

Durant la même période, Aberkane affirme sur Twitter que des avocats américains auraient « obtenu 2 milliards de dollars de réparation » à la suite du « scandale du Gardasil », vaccin contre les infections à papillomavirus humain liées aux cancers du col de l'utérus. Après avoir contacté les avocats cités, l'AFP contredit les propos de l'essayiste et précise qu'à ce jour aucun procès n'a encore eu lieu. L'argent obtenu correspond en réalité à une indemnité exigée à Monsanto/Bayer lors d'un procès d'un cas de cancer causé par le Roundup en . Le Centre national de référence papillomavirus précise par ailleurs « qu'il n'existe pas de preuves scientifiques d'effets indésirables sévères du vaccin »[53].

En , il relaie une infox qui prétend que le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avoue avoir payé la presse pour bénéficier d'un traitement médiatique favorable. L'infox relayée était une vidéo sciemment coupée afin de tromper les internautes[54].

En , il diffuse une infox qui prétendait que l'OTAN avait fourni des ordinateurs à un groupe d'extrême droite ukrainien[34].

En de la même année, il affirme que l'État de New York a fait de la publicité pour du Fentanyl dans le métro alors qu'il s'agissait en réalité d'une campagne de prévention contre l'analgésique opioïde[55].

En , selon Le Monde, Idriss Aberkane fait partie d'un groupe de personnalités « controversées » ayant relayé hors contexte les propos de l'astronaute Thomas Pesquet, propos qui ont relancé les théories conspirationnistes sur le programme Apollo selon lesquelles le NASA aurait monté un canular et que les humains n'auraient jamais mis les pieds sur la Lune[56].

L'Express estime qu'Aberkane est une figure de la complosphère française qui a rejoint l'argumentaire pro-Kremlin[57]. Idriss Aberkane voit dans les manifestations de Kiev qui protestaient en contre l'intervention russe en Crimée la main de la CIA. Dans une vidéo publiée en , alors que la Russie a envahi l'Ukraine, le conférencier affirme également que l'ancien président des États-Unis, Barack Obama, serait toujours « le chef des États-Unis » et chercherait à déstabiliser la Russie à tout prix[57].

En , dans le contexte de la guerre en Ukraine, il affirme que Vladimir Poutine aurait orchestré la mutinerie du groupe Wagner afin d'encourager l'Ukraine dans son conflit face à la Russie dans le cadre d'une maskirovka[58].

Fin , après que Aberkane s'indigne sur les médias sociaux que « quinze ans de prison » aient été « requis contre un officier de gendarmerie qui a fait son travail et effectué les sommations réglementaires avant d'ouvrir le feu sur un narcotrafiquant fugitif », Libération relève que son discours est mensonger[59].

Début , il fait l'objet, avec André Bercoff et Xavier Azalbert, d'une plainte pour cyberharcèlement déposée par le vidéaste Thomas C. Durand[60].

Enquête pour gestion déloyale

En , la RTS annonce que la justice du canton de Neuchâtel enquête sur Idriss Aberkane pour « gestion déloyale ». Il est soupçonné d'avoir confondu ses comptes personnels et ceux de sa société General Bionics, notamment pour payer ses impôts en France[16]. L'enquête a été déclenchée par la dénonciation de créanciers de General Bionics, s'estimant lésés à hauteur de centaines de milliers de francs suisses. De son côté, Aberkane rejette la faute sur ses associés successifs, qui, selon lui, auraient notamment tenté de lui faire signer des reconnaissances de dettes infondées. Quant à la société General Bionics, elle est en liquidation, et ses avoirs en Suisse sont gelés[16].

Publications

Notes et références

Références

  1. « Aberkane, Idriss Jamil (-…) », sur IdRef.fr, Agence bibliographique de l'enseignement supérieur.
  2. « Idriss ABERKANE - Dirigeant de la société Scanderia », sur dirigeants.bfmtv.com, BFM TV (version du sur Internet Archive).
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Publications et références primaires

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Voir aussi

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