Équanimité

De Mi caja de notas

L’équanimité, égalité d'âme, d'humeur[1], est une disposition affective de détachement et de sérénité à l'égard de toute sensation ou évocation, agréable ou désagréable.

En tant que résultat d'une pratique spirituelle, ou d'un cheminement de croissance personnelle, ce détachement s'enracine et se stabilise par une acceptation de soi-même et de ses circonstances, passées ou actuelles, un lâcher-prise constant malgré les caprices de sa volonté et de sa réactivité personnelle, ainsi qu'une base de confiance dans le bien-fondé des données de la vie, par une intuition grandissante de leur nature réelle. Ces processus très variables auront fini par élaborer un apaisement intime de l'esprit devant tout désir, peuretc.

Philosophie occidentale

Dans la philosophie occidentale, on parle d'ataraxie, « tranquillité de l'âme résultant de la sagesse, en particulier de la modération dans la recherche des plaisirs (Épicuriens), d'une appréciation exacte de la valeur des choses (Stoïciens), de la suspension du jugement (Pyrrhoniens ou Sceptiques). »[2] Le concept d'équanimité est très développé chez les Stoïciens, y compris dans la tradition romaine liée à Marc Aurèle.

« Zénon voulait que l'on vécût en un calme parfait sans aucune agitation, au fond clair et net, la partie imaginative et passive de l'âme totalement aplanie et régie par la raison »,Plutarque[3].

Le texte de Marc Aurèle Pensées pour moi-même détaille sa philosophie sur le devoir, la mort et la conduite du sage face aux erreurs et à la méchanceté des humains. Pour lui, tout humain a le profond devoir de ne pas s'inquiéter de ce qui ne dépend pas de lui, c'est-à-dire les biens matériels, les honneurs, l'opinion des gens, mais doit en contrepartie se rendre parfaitement maître de ses émotions, avis, opinions et jugements, la seule chose dont il possède un parfait contrôle.

Le texte de Schopenhauer traitant de l’illusion du voile de maya de par son apologie du détachement de l’homme qui élargit son empathie aux autres êtres subissant la souffrance perpétuelle du monde peut également être rattaché à l’équanimité dans la pensée philosophique occidentale. L’homme en question atteint la paix, la tranquillité dans le renoncement et la contemplation des vouloir-vivres extérieurs.

Jaïnisme

Dans le jaïnisme, l'équanimité est une valeur fondamentale, qui consiste à considérer du même œil toutes les créatures : l'équanimité est la source de la non-violence (ahimsâ), de même que la non-violence est la source du végétarisme.

Bouddhisme

Dans le bouddhisme les termes upekkhā en pali et upekṣā en sanskrit sont généralement traduits par « équanimité, impartialité[4] ». Comme le précise Nyanatiloka, « upekkhâ, imperturbabilité, ne devrait pas être confondue avec la sensation d'indifférence (adukkham-asukhâ vedanâ). C'est l'une des quatre habitations sublimes (brahma-vihâra) et l'un des facteurs de l'Éveil (bojjhaṅga)... Les quatre habitations sublimes ou spirituelles, appelées aussi les quatre états illimités (appa-maññâ) sont : la bonté toute d'amour (mettâ), la compassion (karunâ), la joie altruiste (muditâ), l'imperturbabilité (upekkhâ)... Les sept facteurs de l'Éveil sont : la présence d'esprit (sati-sam), l'investigation sur la Loi (dhamma-vicaya-sam), l'énergie (viriya-sam), le ravissement (pîti-sam), la tranquillité (passaddhi-sam), la concentration (samâdhi-sam), l'imperturbabilité (upekhâ-sam)[5]. » Thích Nhất Hạnh indique que : « Le Bouddha enseigna à Ânanda les six mondes - le bonheur (sukha), la souffrance (dukkha), la joie (mudita), la douleur mentale (domanassa), le lâcher-prise (upeksha) et l'ignorance (avidya)[6] ». Dans ce contexte on entend par lâcher-prise l'impartialité, l'intention de bienveillance aussi bien envers un proche qu'envers un inconnu ou même envers quelqu'un de malveillant à notre égard.

Référence

  1. « Équanimité », sur CNRTL (consulté le ).
  2. P. Foulquié et R. Saint-Jean, Dictionnaire de la langue philosophique, PUF, 1978, p. 53.
  3. Plutarque, Comment on pourra apercevoir si on profite de l'exercice de la vertu. Trad. : Jean Brun, Les stoïciens, PUF, 1957, p. 96.
  4. Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Seuil, 2001, p. 776.
  5. Nyanatiloka, Vocabulaire pâli-français des termes bouddhiques, 1956, version française, Adyar, 1961, p. 250-251, 53, 51.
  6. Thích Nhất Hạnh, Le Cœur des enseignements du Bouddha, 1998, trad., Pocket, 2000, p. 103.

Voir aussi

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(en español Ecuanimidad)

Voir aussi : equanimité

Français

Étymologie

(1572) Du moyen français equanimité, latin aequanimitas (« sentiments bienveillants ; égalité d’âme »).

Nom commun

Singulier Pluriel
équanimité équanimités
\e.kwa.ni.mi.te\

équanimité \e.kwa.ni.mi.te\ féminin

  1. (Soutenu) Qualité d’une âme équanime, qui reste égale à elle-même, qui ne s’émeut pas facilement au choc des événements ; paix de l’âme ; égalité d’humeur ; tranquillité.
    • [Comme les hommes] ne peuvent retenir en leur mémoire le passé, ni le comprendre et arrêter, ils se rendent eux-mêmes vides et vains à chaque jour présent, et dépendant toujours du lendemain ; comme si ce qu’ils firent <par le passé> ne leur appartenait en rien. C'est ce qui trouble l’équanimité et la tranquillité de l’esprit. — (Plutarque, De la tranquillité de l’âme, [473e], traduction Amyot, 1587, texte modernisé)
    • Mon exaspération, après avoir atteint son maximum, fait place peu à peu à une résignation fataliste. Et à dix heures, quand mon domestique revient enfin pour m'annoncer que les mules ne sont pas encore ferrées et que, les chameliers n’ayant pas été prévenus, leurs bêtes sont parties au pâturage, c’est presque avec l’équanimité d’un vrai croyant que j’accueille ces déclarations. — (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : Étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 26)
    • Équanimité : être pareil à soi-même. — (Théodore Agrippa d’Aubigné)
    • La constance, équanimité, persévérance, sont égales entre elles. — (François de Malherbe)
    • Bouddha a encouragé de nombreuses vertus positives comme la bonté, le don, le détachement, le renoncement, l'équanimité, la patience, le pardon, la chasteté, etc. — (Quentin Ludwig, Le grand livre du bouddhisme, Éditions Eyrolles, 2012)
    • La haine anime ceux qui se plaisent à décrire la France comme une entreprise en liquidation. Ils se délectent de cette veillée funèbre, de l’attente de la catastrophe. Dans cet élan destructeur se mélangent la rancœur, le reniement de soi, le plaisir trouble qu’engendre le refus de connaître et de comprendre. Dommage que l’équanimité, qualité d’une âme détachée, à l’humeur égale, ait pratiquement disparu du vocabulaire. — (Jean-Paul Kauffmann, Remonter la Marne, Fayard, 2013, Le Livre de Poche, pages 192-193)
    • L’avalanche quotidienne de nouvelles délirantes en provenance des hautes sphères du pouvoir politique et financier a fini par avoir raison de l’équanimité d’un certain nombre d’entre nous, dont moi. J’ai donc décidé de réunir tous ceux qui le voulaient, pour retracer le fil des événements que notre noyade nous empêche d’apercevoir. — (« Politiques culturelles : 40 intellectuels dénoncent le bilan de François Hollande dans un livre », propos recueillis par Laurent Nunez pour Marianne.net, 10 septembre 2016)

Variantes orthographiques

Synonymes

Antonymes

Traductions

Prononciation

Voir aussi

Références

Moyen français

Étymologie

(XVIe siècle) Emprunté au latin aequanimitas (« sentiments bienveillants » ; « égalité d’âme »)[1].

Nom commun

équanimité *\Prononciation ?\

  1. Orthographe modernisée de equanimité.
    • […] ceux-ci, à faute qu’ils ne peuvent retenir en leur mémoire le passé, ni le comprendre et arrêter, ains [mais au contraire] le laissent toujours écouler, se rendent eux-mêmes par effet et au vrai vides et vains à chaque jour présent, et dépendant toujours du lendemain, comme si ce qu’ils firent ou qu’ils eurent l’année passée, ou naguère, ou même hier, ne leur appartenait en rien, et du tout ne leur fût oncques advenu. Cela donc est l’une des choses qui trouble l’équanimité et tranquillité d’esprit. — (Plutarque, De la tranquillité de l’âme, [473e], trad. Amyot, 1587 - orthographe modernisée)

Références

  1. Félix GaffiotDictionnaire latin français, Hachette, 1934 → consulter cet ouvrage

Voir aussi : equânime

Français

Étymologie

(XVIe siècle) Du latin aequanimus.

Adjectif

Singulier Pluriel
Masculin
et féminin
équanime équanimes
\e.kwa.nim\

équanime \e.kwa.nim\ masculin et féminin identiques

  1. (Rare) Dont l’humeur reste égale.
    • […] ; M. de Chevreuse, toujours équanime, toujours espérant, toujours voyant tout en blanc, essaya de nous prouver, par ses raisonnements de physique et de médecine, qu’il y avoit plus à espérer qu’à craindre, avec une tranquillité qui m’excéda et qui me fit fondre sur lui avec assez d’indécence, mais au soulagement de Mme de Chevreuse et de ce peu qui étoit avec eux. — (Louis de Rouvroy de Saint-Simon, Mémoires de Saint-Simon, 1829, tome 10, chapitre IV)
    • L’histoire physique du monde serait rapidement épuisée, laissant place à des propriétés de plus en plus seules, qui clignoteraient faiblement dans l’éternité – si la main d’un dieu équanime ne vient pas fermer les yeux effrayés de cet univers sans vie. — (Aurélien Bellanger, La Théorie de l’information, Gallimard, 2012, page 396)

Variantes orthographiques

Apparentés étymologiques

Traductions

Anagrammes

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Références

L'équanimité est un état d'esprit calme et serein, qui permet de rester stable et impartial face aux événements de la vie, qu'ils soient positifs ou négatifs. C'est une qualité qui consiste à accepter les choses telles qu'elles sont et à ne pas se laisser perturber par les émotions négatives telles que la colère, la tristesse ou la peur. L'équanimité est considérée comme une vertu dans de nombreuses traditions spirituelles et philosophiques, car elle peut aider à maintenir un état de paix intérieure et à mieux gérer les difficultés de la vie. En résumé, l'équanimité est la capacité à rester calme et à garder son sang-froid dans les situations difficiles.

Comment devenir équanime ?

Il existe plusieurs façons de développer l'équanimité

Pratiquer la pleine conscience : en prenant conscience de ses pensées et de ses émotions, on peut mieux les comprendre et les accepter, plutôt que de se laisser emporter par elles.

Cultiver l'acceptation : accepter les choses telles qu'elles sont, plutôt que de lutter contre elles, peut aider à réduire le stress et à maintenir un état d'esprit équilibré.

Trouver un sens à sa vie : avoir un but dans la vie et des valeurs qui nous tiennent à coeur peut nous aider à garder perspective et à rester calme dans les moments difficiles.

Pratiquer la compassion : être bienveillant envers soi-même et envers les autres peut nous aider à maintenir un état d'esprit équilibré et à mieux gérer les émotions négatives.

Gérer le stress : apprendre à gérer le stress de manière efficace peut aider à prévenir les émotions négatives et à maintenir un état d'équanimité. Des techniques de gestion du stress comme la méditation, le yoga ou la respiration profonde peuvent être utiles.


Il est important de noter que le développement de l'équanimité est un processus continu et que cela peut prendre du temps et de la pratique. Il est également important de se rappeler que tout le monde est différent et que ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas être efficace pour une autre. Il est donc important de trouver ce qui fonctionne le mieux pour vous.