2020-086

De Mi caja de notas

🚲 Fronton de l'Élysée-Montmartre orné d'une gracieuse figure féminine réalisée en staff, daterait de 1908. [1]

jeudi 26 mars 2020


Covid-19 et après

Envisager la sortie

2020-03-25 Bruno Latour : Bruno Latour : « La crise sanitaire incite à se préparer à la mutation climatique »


(...) Mais il y a une autre raison que la figure de « la guerre contre le virus » rend incompréhensible : dans la crise sanitaire, il est peut-être vrai que les humains pris en bloc « luttent contre » les virus – même si ceux-ci ne s’intéressent nullement à nous et vont leur chemin de gorge en nez en nous tuant sans nous en vouloir.

La situation est tragiquement inverse dans la mutation écologique : cette fois-ci, l’agent pathogène dont la virulence terrible a modifié les conditions d’existence de tous les habitants de la planète, ce n’est pas du tout le virus, ce sont les humains ! Et pas tous les humains, mais certains, qui nous font la guerre sans nous la déclarer. Pour cette guerre-là, l’Etat national est aussi mal préparé, aussi mal calibré, aussi mal dessiné que possible car les fronts sont multiples et traversent chacun d’entre nous. C’est en ce sens que la « mobilisation générale » contre le virus ne prouve en rien que nous serons prêts pour la suivante. Il n’y a pas que les militaires pour être toujours en retard d’une guerre.

Mais enfin, on ne sait jamais, un temps de carême, fût-il laïque et républicain, peut entraîner des conversions spectaculaires. Pour la première fois depuis des années, des millions de gens, bloqués chez eux, retrouvent ce luxe oublié : du temps pour réfléchir et discerner ce qui les fait d’habitude s’agiter inutilement en tous sens. Respectons ce long jeûne imprévu.

📻 📖 La Comédie humaine : 💃 les bals publics

Le bal Mabile, Champs-Elysées - NYPL Digital Collections.jpg

📻 2019-02-25 Perrine Kervran - LSD France Culture : Foule sur le parquet de bal

Comment la société d'ancien régime a inventé le bal public qui va devenir, pour longtemps, le principal loisir des français, quelle que soit leur condition sociale.

Les bals sont d’abord une affaire d’argent. Lorsque le bal public est créé, à l’instigation du régent, l’idée c’est de renflouer les caisses de l’Opéra de Paris. —— Mathias Auclair

Hiver 1715, le régent autorise le bal de l'Opéra de Paris, qui sera le premier bal public en France, (même si le public en question reste un public fortuné). Cette festivité liée au carnaval va devenir un bal légendaire qui durera jusqu'à la fin des années 20 du XXe siècle. C'est donc le crépuscule de la société d'ancien régime qui a donné naissance aux bals publics et a permis à la danse de devenir un loisir de masse, même si, là où l'on danse et comment on danse,  dépend toujours de sa classe sociale. Paris va donc voir se multiplier au XIXe siècle les petits bals de quartiers, les guinguettes et les grandes salles qui proposent des attractions et des éclairages multicolores comme au légendaire bal Mabille

Le 14 juillet 1790, la fête de la fédération est suivie, trois jours plus tard, par d’immenses bals qui sont organisés de la Bastille aux Champs-Élysées, le long de la Seine. Il y a au moins quatre grands bals qui attirent chacun près de 100 000 personnes. — Antoine De Baecque

Pourtant,  dès le départ le bal et la danse font aussi peur, car ce sont des prétextes pour se toucher et s’étourdir, particulièrement avec l'arrivée des danses de couples fermées comme la valse et la polka. Mais le bal est surtout une possibilité de se mélanger dans les dancings qui se multiplient dans l'entre-deux guerres et c'est cette question de la mixité sociale et ethnique va qui devenir centrale.

Il y avait une mode des merveilleuses, où les femmes se vêtaient dans des tissus très très fin, et parfois même mettaient de l’eau sur leur costume pour être bien vues, presque transparentes. C’était le tee-shirt mouillé du XVIIIe siècle. — Elisabeth Claire